Chapitre 2.
-Si une chose n'a jamais été vu, ça ne veut pas forcément dire que ça n'existera jamais.
-Wow! Tu te surestimes, Yamikumo! se moqua Katsuki.
Mikumo en avait marre de son comportement railleur qui le faisait tant se remettre en question. Pourquoi n'était-il pas capable de s'opposer à lui? Ils se dévisagèrent sans rien dire. Que devait-il bien faire? S'opposer ou faire comme d'habitude, c'est-à-dire ne rien dire et laisser couler? Il pesa le pour et le contre. Plus personne n'était dans les couloirs. Ils n'étaient plus que tous les deux. Si jamais Mikumo venait à énerver son ami, celui-ci ne se gênerait pas pour lui mettre une raclée. Mais était-il réellement obligé de le laisser le rabaisser sans rien dire? Il baissa les yeux, ferma les poings et prit une profonde inspiration, tentant de calmer les battements frénétiques de son cœur. Quand il se sentit prêt, il débuta:
-Écoute, Katsuki... Je t'ai assez supporté comme ça mais maintenant, il est temps que ça change.
Il ne comprit pas ce qui lui arriva. Il n'avait pas fini de parler. D'un seul coup, il s'était fait propulser sur le côté, le dos au mur. La main de Katsuki le serrait au col, le forçant à lui faire face. Il osa lever les yeux sur la mine grave de son ami.
-Ah oui? Tu te rebelles, maintenant?
Il avait un timbre de voix menaçant. Mikumo crut même que son cœur avait raté un battement. Il savait bien que cela finirait de la sorte...
-On va rien changer du tout parce qu'il y a rien à changer. Tu vas gentiment continuer à te soumettre à ma volonté. Il est temps que tu te réveilles parce que tout ce que tu crois être ton avenir n'est qu'un rêve.
Mikumo avait la boule au ventre. C'était dur pour lui de l'écouter parler. Il savait bien qu'en n'ayant pas d'Alter, ses chances de devenir un héros étaient quasiment nulles. Mais cela lui faisait trop mal de renoncer à ses rêves d'enfant...
-Katsuki... Arrête de me faire la morale. Avec ton caractère, toi aussi tu auras du mal à devenir un héros!
Il était lui-même surpris par ce qu'il venait de dire. Il ne s'en pensait pas capable! Il se sentit fier mais ce sentiment ne fut que de courte durée car il se prit un coup dans l'estomac, ce qui lui coupa le souffle.
-Répète, pour voir!? explosa Katsuki, le regard noir.
On aurait presque pu lire dans ses yeux couleur sang: "Je vais te buter!". Mikumo prit peur et voulut se recroqueviller, comme une tortue rentrerait sa tête dans sa carapace pour se protéger du danger. Hélas, Katsuki resserra le col du collégien, l'empêchant de s'enfuir.
-Tu veux que je te dise? T'es qu'un bon à rien! Avec toi comme héros, tu ne ferais que déranger tes acolytes! T'es pas fait pour jouer dans la cour des grands!
Chaque réplique de Katsuki lui faisait l'effet d'une balle en plein cœur. Il se mordit la lèvre inférieure. Il avait terriblement envie de pleurer...
-T'es faible! T'es qu'un égoïste! Tu te crois tout permis, tu crois encore pouvoir poursuivre ton rêve alors que tu sais très bien que c'est impossible puisque t'as pas d'Alter!
Mikumo n'aimait pas la tournure que prenait cette dispute. Recevoir ses quatre vérités dans ces circonstances lui pesaient.
-Tu fais pitié, sérieux. T'es juste lâche. Tu n'oses pas voir la réalité en face.
Ses yeux larmoyaient. Il avait du mal à retenir ses larmes. Cela devenait de plus en plus dur. Katsuki le remarqua et pensant qu'il avait enfin compris le message, il le lâcha. Il replaça ses mains dans les poches de son pantalon et en rajouta une couche avant de partir.
-T'as pas les qualités nécessaires pour être un héros. Regarde-toi, t'es même pas capable de te défendre. Comment veux-tu sauver les civils si t'as peur?
Il lui tourna le dos et sortit du couloir pour rentrer chez lui, abandonnant son martyr dans les couloirs déserts du collège Oridera. Celui-ci était totalement sonné, ayant l'impression d'être sorti d'un terrible cauchemar. Et malgré son réveil, il était toujours effrayé. Il se laissa tomber au sol et accepta de libérer ses larmes trop longtemps refoulées. Il n'en pouvait plus. Ce type lui faisait trop souffrir, à le rabaisser plus bas que terre. Cette fois-ci, c'était la goutte de trop. Il saturait.
Plusieurs minutes s'écoulèrent et il se résigna à rentrer chez lui. Il se leva mais fut pris d'une vive douleur au ventre. Katsuki ne l'avait pas manqué. Il déboutonna sa veste et souleva son t-shirt. Aucune trace d'hématome, ce qui le rassura. Toutefois, il grimaça quand il effleura le point d'impact du bout des doigts. En rentrant chez lui, il appliquerait de la pommade.
Les longues minutes de marche devenaient une torture au fil du temps. Ses abdominaux se contractaient et accentuaient sa douleur. Ce fut une délivrance quand il arriva à destination. Il reposa son cartable dans l'entrée, se débarrassa de ses chaussures avec difficulté et du haut de son uniforme, et se dirigea vers la salle de bains après avoir salué au loin sa mère. Il ne voulait pas qu'elle remarque les marques laissées sur son visage. Plusieurs passants l'avaient observé d'un drôle d'œil quand ils avaient aperçu ses yeux bouffis et ses joues rouges.
Il ouvrit le tiroir de la salle d'eau et repéra le tube de pommade. Quand il l'ouvrit, il remarqua autre chose qui attira son attention. Un petit objet brillant dans une boîte en plastique transparente. Il comprit immédiatement de quoi il s'agissait.
-Tiens, mais c'est à Papa, constata-t-il en la prenant pour regarder de plus près.
Il l'observa et une idée saugrenue se faufila dans ses pensées sombres.
-Non... Je ne peux pas faire ça...
Et pourtant, une petite voix dans sa tête lui proposa d'essayer. Peut-être que cela le soulagerait, après tout?...
Le lendemain, il arriva en cours comme à son habitude. Il était motivé par cette nouvelle journée. Son altercation avec Katsuki ne faisait plus trop partie de ses soucis, il l'avait presque oubliée grâce à sa bonne nuit de sommeil. Il n'était pas inquiet de le croiser.
Soudain, une main se posa sur son épaule et toute la gaieté qu'il avait en lui se volatilisa. Finalement, il n'avait toujours pas digéré ce qui s'était passé la veille. Mais quand il entendit la voix de la personne qui l'avait touché, la pression retomba d'un coup.
-Salut Yamikumo! Tu as passé une bonne nuit?
-Très bonne, Yuu. Et toi?
Elle se mit à sa hauteur et ils continuèrent leur route l'un à côté de l'autre.
-En fait, je suis un peu énervée. Je me souviens que mes rêves étaient fantastiques mais impossible de m'en rappeler!
Mikumo se mit à rire quand il vit la mine boudeuse de son amie qui s'excitait toute seule. Il n'avait aucune raison de se sentir mal à l'aise quand elle était là. Son amie était essentielle pour son bien-être même si elle n'en avait pas conscience. Il n'oserait jamais lui faire un compliment aussi valorisant!
-Au fait, je ne savais pas que Bakugo et toi étiez amis. Depuis quand?
Sur le coup, quand il entendit le nom "Bakugo", le temps s'arrêta. Son cœur se compressa et sa gorge se noua. Mais il s'efforça à ne rien laisser paraître.
-C'est compliqué... Katsuki et moi nous connaissons depuis le jardin d'enfant. Mais on s'est éloigné pour diverses raisons.
-Je vois... Il n'est pas aussi désagréable qu'il ne le laisse paraître?
"Si, bien sûr qu'il l'est! Il est même pire que tu peux le penser!", voilà ce qu'il aurait aimé lui répondre. Mais il ne voulait pas enfoncer le couteau dans la plaie et préférait mettre un terme à cette conversation.
-Il n'a jamais été très bavard et s'énerve facilement mais sinon, il peut se montrer humain quand il le veut, sourit-il faussement.
Yuu ne fit pas attention au mot "humain" qu'il avait employé. Elle ne remarqua pas que pour son ami, Katsuki était loin d'être une personne gentille. Il n'était - justement - pas humain.
Ils entrèrent en classe et quelques minutes plus tard, ils se séparèrent pour s'asseoir à leur place respective et suivre le cours qui n'allait pas tarder à débuter.
Ils se retrouvèrent à l'heure du repas à l'endroit habituel et commencèrent à discuter des héros, des nouveaux exploits de certains depuis la veille. Ils avaient tous deux un immense sourire aux lèvres, transportés par leur euphorie. Et à force de trop parler, ils n'eurent plus rien à se dire. Ils demeurèrent silencieux quelques secondes, le temps de trouver un sujet qui permettrait de relancer la conversation. Tandis que Mikumo apportait ses baguettes à sa bouche, il constata que Yuu le fixait avec attention. Il se sentit mal à l'aise et décida de briser la glace pour se retrouver une contenance:
-Qu...Qu'est-ce qu'il y a?
Sans un mot, elle approcha une main de ses cheveux et décala la mèche mauve qui recouvrait une partie de son visage. Mikumo n'osait plus bouger le moindre petit doigt.
-Je me disais que tu serais encore plus joli si on voyait ton visage dans son entièreté.
Il se mit à rougir comme une tomate et prit une mine gêné. Il rit nerveusement en se grattant l'arrière de la nuque en cherchant une réponse à lui fournir mais elle le coupa avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche.
-Qu'est-ce que tu t'es fait!?
Elle lui agrippa le bras qu'il avait levé pour se gratter et elle tenta de retrousser la manche qui s'était abaissée. Mikumo remarqua que des marques étaient visibles sur sa peau et son cœur se serra. Il éloigna immédiatement son bras de la jeune fille, le regard tétanisé.
-C'est quoi, ces marques?
Elle était profondément inquiète.
-Laisse-moi voir, insista-t-elle.
Vite, vite, vite! Une excuse!
-N...Non, ne t'en fais pas! Hi...Hier soir, en rentrant...avec Katsuki...j'ai vu un chat dans une ruelle. Il éventrait les poubelles. J'ai voulu le caresser mais il a pris peur et il m'a agrippé et griffé.
Il se força à rire comme pour montrer le pathétique de la scène qui n'avait jamais eu lieu. Sur le coup, Yuu eut un doute. Lui mentait-il? Au premier coup d'œil, elle avait cru qu'il s'agissait de marque d'auto-mutilation. Mais pourquoi Mikumo se scarifierait alors que sa vie semblait paisible? Il n'avait aucune raison de s'infliger une pareille torture. Ce fut sur ces pensées qu'elle finit par le croire.
-Tu devrais faire attention. Il ne t'a pas manqué! le charia-t-elle en lui faisant une petite tape sur l'épaule.
-Oui. Je suis rentré en vitesse pour désinfecter.
Il s'enfonçait de plus en plus dans son mensonge. Au moins, Yuu n'aurait pas à s'inquiéter pour lui...
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