Chapitre 19.

Katsuki avait très mal dormi suite à sa dispute avec Izuku. Il n'avait fait que reproduire cette scène en boucle dans sa tête, comme s'il voulait inconsciemment culpabiliser davantage. Il avait bien compris qu'il avait mal agi, qu'il n'aurait pas dû dire certaines choses. Il n'avait pas voulu que son petit-ami s'engageât plus que cela dans la conversation alors il avait joué les indifférents, faisant mine que la mort de Mikumo ne lui faisait plus rien. Alors que ce n'était pas du tout le cas. Au fond, il comprenait qu'Izuku le considérait comme un monstre. Il avait tout fait pour que cela se produisît, même sans le vouloir.

"Tu ne mérites pas de devenir un héros."

Cela lui faisait bizarre de se dire qu'il n'avait cessé de répéter cette phrase à Mikumo et que finalement, Izuku le lui disait en retour. Peut-être qu'il avait raison. Agir aussi méchamment était l'attitude des petits délinquants de rue, rien à voir avec un sauveur de la société.

Néanmoins, il avait changé, il s'était endurci et avait gagné en maturité. Il savait désormais ce qui était bien ou mal, même si son caractère de cochon refaisait souvent surface. Il cherchait toujours à camoufler ses faiblesses. Une attitude qui lui portait parfois préjudice, puisque les autres le considéraient comme un être méprisant, insensible. Mais il s'en fichait. C'était sa personnalité et si les autres n'étaient pas contents, ce n'était pas son problème. Cependant, si Izuku venait s'ajouter à l'équation, cela contrebalançait ses principes. Il ne supporterait pas que l'adolescent aux cheveux verts lui en voulût à cause de son mauvais tempérament.

Peut-être qu'il n'était pas encore trop tard et qu'il pouvait toujours aller lui parler afin de s'excuser et de lui parler plus posément, sans hurler l'un sur l'autre. Même si ce n'était pas dans ses habitudes, il allait prendre sur lui. Il s'était épris de ce nerd, à son plus grand dam. Ce garçon et lui étaient diamétralement opposés. Mais il n'y pouvait rien. Son maudit cœur n'en avait fait qu'à sa tête et sa raison ne s'imposait pas assez pour lui faire oublier ce sentiment. Il avait fini par accepter sa condition et il le vivait plutôt bien. Mais voilà qu'ils s'étaient disputés et qu'il culpabilisait pour son mauvais comportement de la veille.

C'était donc décidé: il allait lui parler le plus tôt possible. En espérant qu'Izuku accepterait ses excuses et ses explications. Le connaissant, cela serait fortement possible, sauf s'il s'entêtait comme cela lui arrivait parfois. Quand il était dans cet état, il était pratiquement impossible de lui faire entendre raison quelque soit les arguments qu'on lui fournissait.

Il arriva en classe et rejoignit Eijiro qui lui souriait joyeusement.

-Salut Katsuki! Tu as réussi les exercices de maths qu'on avait à faire?

-Ouais, pourquoi?

Il se mit face à lui, les bras de part et d'autre de son corps et se pencha vivement en avant, formant une équerre.

-Je t'en supplie! Tu pourrais me donner tes réponses?

-En quel honneur? demanda-t-il en s'installant à sa place, laissant le pauvre garçon aux cheveux rouges courbé devant la porte.

-Je n'ai pas eu le temps de les faire, expliqua-t-il en se rendant compte que son ami n'était plus devant lui. Hier soir, je n'étais pas chez moi et je n'ai eu le temps de rien faire. S'il te plaît!!!

Il reçut l'instant d'après un cahier en pleine figure qui s'écrasa simplement sur le sol. Il s'agissait de son cahier de mathématiques. Un immense sourire illumina le visage d'Eijiro, éprouvant la folle envie d'enlacer son ami qui gardait une expression neutre.

-Merci mon pote! T'es le meilleur!

Il se précipita sur sa table, sortit ses affaires et commença à recopier les réponses sur son cahier, cherchant en même temps à comprendre au fur et à mesure le raisonnement de son ami.

La classe se remplit peu à peu, puis quand la sonnerie retentit, le professeur arriva et autorisa aux élèves de s'asseoir. Seule une personne manquait à l'appel.

-Quelqu'un saurait ce qui est arrivé à Midoriya? demanda M. Aizawa d'un ton détaché.

Personne ne sut répondre. En revanche, Katsuki avait un mauvais pressentiment. Était-ce à cause de leur dispute qu'il avait décidé de ne pas venir en cours? Apparemment, il n'avait aucune envie de le croiser s'il avait décidé de sécher.

Sans plus de sommation, l'enseignant commença le cours tandis que la classe ne s'était pas inquiétée plus que cela de l'état de l'absent. Peut-être était-il tombé malade? Il semblait distrait depuis quelques jours et puis, il avait passé un petit séjour à l'hôpital quelques jours plus tôt. Il était peut-être tout simplement épuisé. Mais Katsuki ne l'entendait pas de cette oreille. Il ne put s'empêcher de croire que c'était de sa faute.

Pourtant, une quinzaine de minutes plus tard, la porte coulissa sur un adolescent aux cheveux verts, les pommettes recouvertes de taches de rousseur.

-Bonjour. Excusez-moi du retard.

-Bien, rejoins vite ta place.

Il referma la porte derrière lui et s'avança rapidement vers la seule place de libre. Il sortit ses affaires et écouta les cours. Katsuki se retourna pour le sonder, cherchant à analyser son comportement à son égard. Remarquant qu'il se sentait observé, Izuku leva les yeux vers lui. Après une demi-seconde à se dévisager sans réagir, il lui adressa un petit sourire, ce qui fit hausser un sourcil à l'explosif. Il ne s'attendait pas à cette réaction. Peut-être préférait-il ne pas revenir sur leur dispute de la veille et faire comme si rien n'était? Quoi qu'il en fût, il était décidé à lui adresser quelques mots pour remettre les choses au clair. Hors de question de rester sur un malentendu.

La pause du matin arriva enfin et les élèves se levèrent un à un pour se regrouper et discuter de ce qui leur passait par la tête. Ochaco et Tenya approchèrent Izuku qui pianotait sur son téléphone.

-Dis-donc Izuku, que t'est-il arrivé pour que tu arrives en retard? C'est rare venant de toi.

Il leva les yeux de l'écran et leur sourit doucement.

-Je n'ai pas dû entendre mon réveil. Je suis désolé de vous avoir inquiété!

-Si ce n'est que ça, tant mieux. Mais tâche de faire en sorte que cela ne se reproduise plus, avertit Tenya, toujours très à cheval sur les règles de bienséance.

-Oui oui! Compte sur moi!

Katsuki aurait aimé lui parler seul à seul mais cela semblait impossible avec les deux pots-de-colle qui lui servaient d'amis. Il fulminait sur sa chaise mais fut rapidement ramené à la réalité quand Eijiro le rejoignit en compagnie du reste de la bande.

-Merci, vieux! Je savais que je pouvais compter sur toi! déclara-t-il en lui rendant son cahier de mathématiques.

-Sinon, vous êtes au courant? commença Mina. J'ai entendu dire que deux élèves de Yuei avaient réglé leur compte dans les couloirs hier, après les cours. Plusieurs élèves ont entendu des cris. Mais ils n'ont trouvé personne.

Katsuki comprit de suite qu'il s'agissait de son altercation avec Izuku. Mais il se tut, faisant mine de ne pas être intéressé.

-Sérieusement!? s'exclama Denki. Ils se sont battus?

-Je ne sais pas mais je me demande de qui ils s'agissaient! C'est rageant de ne pas avoir plus d'infos!

Heureusement que personne ne les avait surpris. Ils auraient été dans de beaux draps pour s'expliquer auprès du proviseur!

Mina continua de s'interroger à ce sujet jusqu'à ce que la reprise des cours ne la forçât à rejoindre sa place et se concentrer sur les explications de leur professeur de littérature moderne.


Finalement, à l'heure du midi, Izuku s'apprêta à suivre ses deux amis mais Katsuki l'arrêta juste avant en lui disant fermement:

-J'ai à te parler.

Le garçon aux grands yeux le dévisagea un long moment avant de regarder Ochaco qui lui proposa de se rejoindre plus tard au réfectoire. Les deux adolescents se dirigèrent vers l'arrière du bâtiment, comme à leur habitude. Personne ne viendrait les déranger en ce lieu. Izuku reposa son dos contre le mur, observant sagement son camarade de classe, attendant qu'il prît la parole. Katsuki ne savait pas comment démarrer la conversation. Les mots se mélangeaient dans sa tête, n'ayant aucun sens quand ils les assemblaient entre eux. Puis, au lieu de se stresser pour rien, il demanda simplement:

-Tu m'en veux encore?

-Pour quelle raison?

Izuku avait l'air sincère. Il ne semblait pas éprouver le moindre ressentiment envers lui. Cela le rassura mais l'inquiéta en même temps.

-Tu sais très bien de quoi je veux parler.

Izuku paraissait perdu même s'il faisait mine de rien. Après quelques instants sans ouvrir la bouche, il finit par lui répondre:

-C'est oublié, ne t'en fais pas.

-T'es sûr?

Il hocha la tête pour lui certifier que c'était le cas, bien que dans son regard, Katsuki remarquait qu'il semblait perturbé.

-Il t'est arrivé quelque chose?

-Rien du tout. Tu t'inquiètes pour rien.

Ils se regardèrent longuement. Katsuki n'osa pas l'approcher. Il paraissait ailleurs. Il ne préféra pas envenimer la situation.

-On s'voit plus tard, dans ce cas.

Puis il tourna les talons, afin de rejoindre sa bande au réfectoire.


Il se sentait lourd, sa tête lui pesait. Elle devait faire au moins une tonne. Son odorat se sentait agressé: l'odeur qui émanait de cet endroit rappelait les égouts. II tenta d'ouvrir les yeux mais ils se refermèrent aussitôt. Ses paupières le faisaient souffrir, comme s'il avait dormi trop longtemps. Ses bras et ses jambes étaient cotonneuses. Il n'arrivait pas à les bouger. Il était simplement en mesure de dire qu'il était assis sur le sol humide, le dos contre une paroi froide, menotté dans le dos et aux chevilles. Il essaya une nouvelle fois d'ouvrir les yeux mais il fit face à l'obscurité la plus totale. Il n'y avait pas de fenêtre et aucune lumière ne l'éclairait. Il avait sombré dans les ténèbres du néant.

Il était frigorifié, avec un simple t-shirt et son caleçon pour le couvrir. Il se recroquevilla, cherchant à se réchauffer par lui-même. Il grelottait et bougeait ses poignets dans tous les sens pour tenter de se débarrasser de ses menottes.

Il se remémorait peu à peu ce qui lui était arrivé. Il s'était fait enlever par les vilains qui les avaient attaqué à Yuei quelques semaines plus tôt. Aucun témoin. Si personne ne prenait conscience de son absence, il se s'en sortirait jamais.

La porte du mur opposée s'ouvrit sur l'homme aux mains partout sur le corps. Le prisonnier tenta vainement de se libérer de ses liens, pris de panique. Il était vulnérable et personne ne viendrait le sauver s'ils venaient à l'attaquer. Le vilain se rapprocha de sa victime qui se rétracta. S'il avait une carapace, il s'y serait bien logé sans demander son reste. L'homme s'accroupit face à lui. Il pouvait à peine distinguer son seul œil visible, étant donné que le reste de son visage était recouvert par une épaisse main. La respiration du garçon se coupa, fixant avec terreur cet homme qui lui faisait face sans rien dire.

-Enfin réveillé? Tu as roupillé toute la nuit et une bonne partie de la matinée.

Le jeune héros ne répondit pas, trop effrayé pour faire le moindre geste. Il s'était fait kidnapper et se trouvait désormais dans le repère d'un groupe de vilains bien organisé. Pas comme les autres qu'il pouvait voir à la télévision, qui s'en prenaient aux civils individuellement.

-Tu nous excuseras de te laisser dans cet accoutrement, mais nous prenons nos précautions pour que tu ne puisses pas contacter le monde extérieur.

Il fit balancer son cellulaire sous ses yeux, comme le ferait un hypnotiseur avec un pendule.

-Ah! Et ne cherche pas à utiliser ton Alter contre nous. Nous t'avons placé des menottes anti-Alters.

OK. Izuku était définitivement sans issu. Sa situation le réduisait à l'état d'être inoffensif. Il continua de le fixer avec crainte, le cœur battant durement.

-D'ailleurs, j'ai oublié de me présenter: Shigaraki Tomura. Et j'ai l'Alter de désintégration. Pour faire simple, tout ce que je touche se désagrège et tombe en miette.

Il tendit sa main face à son visage déformé par la peur.

-Ce que j'essaie de te dire, c'est que si tu oses faire quelque chose qui ne me convient pas, il me sera très facile de te faire disparaître. Alors, t'as intérêt à coopérer avec nous si tu ne veux pas finir en grains de poussière.

Izuku comprit parfaitement le message. Toutefois, il ne pouvait pas se permettre de venir en aide aux vilains. Ce serait contraire aux principes des héros. Dans un élan de courage - et peut-être d'inconscience -, il renchérit:

-Mais votre plan risque rapidement de tomber à l'eau. Mes proches vont finir par se rendre compte de mon absence et c'en sera fini de vous.

Malgré la paume de la main qui recouvrait son visage, il aperçut un sourire carnassier étirer ses joues.

-Je n'en serais pas si sûr à ta place.

La lumière de la pièce s'alluma brusquement, ce qui fit cligner des yeux le prisonnier. Quand il s'accommoda à l'éclairage de la pièce, il jeta un coup d'œil au nouvel arrivant.

L'écarquillement de ses yeux dévoila clairement sa stupeur. Face à lui, un adolescent de son âge, aux cheveux verts et bouclés, avec de grands yeux clairs et aux taches de rousseur, venait de faire son apparition.

"M...Mais... Comment est-ce possible...?"

Effectivement, face à lui, une personne lui ressemblait parfaitement. Il ne pouvait pas en croire ses yeux. Son sosie se rapprocha à son tour et se pencha, un sourire narquois aux lèvres.

-Je suis bien content de te revoir! Je me présente: appelle-moi Midoriya Izuku!

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