Chapitre 16.
Titubant, il avança dans la cour, prêt à pénétrer dans le bâtiment, afin de ne croiser personne. Il y avait beaucoup trop de gens dans cette école pour avoir la paix. Il préférait se réfugier dans la salle de classe, là où les gens ne lui prêtaient pas grande attention. Mais avant de pouvoir accéder à la cage d'escalier, une main ferme lui agrippa l'épaule, le faisant tressauter.
-Tiens tiens. Regardez qui voilà.
Il comprit de qui il s'agissait mais ne releva pas la tête. Il savait pertinemment que ce qui allait suivre n'allait pas lui plaire. Le bras du chef de la bande se glissa le long de sa nuque, le forçant à se courber un peu vers l'avant.
-Viens avec nous. Il y a un endroit cool qu'on aimerait te montrer.
La tête basse, il se fit entraîner par le petit groupe de collégiens aux toilettes qui étaient désertes. Il se fit lourdement bousculer et il se retrouva par terre, à quatre pattes car il s'était retenu avec ses mains lors de sa chute. Un pied vint se poser sur le haut de son dos, juste au-dessus de son sac à dos, qui s'enfonça dans sa peau, ce qui le força à baisser la tête jusqu'à se retrouver la joue contre le carrelage froid. Une personne s'abaissa pour lui souffler à l'oreille:
-Alors? Qu'est-ce qu'on va te faire, aujourd'hui?
Une douleur dans le ventre lui coupa le souffle. Durant trois secondes, il tenta d'inspirer par la bouche. Quand il réussit enfin à respirer, il se mit à tousser. On venait de lui donner un coup de pied dans l'estomac. Sympa comme accueil!
-T'as pas frappé assez fort. Laisse-moi faire.
Il reçut un autre coup dans les côtes. Ce fut tellement violent que son corps chavira sur le côté, tremblant. Pourquoi...? Pourquoi devait-il subir ce genre de châtiment...?
Il s'en prit un nouveau dans le ventre.
Qu'avait-il fait dans une vie antérieure pour vivre ça?
Ses prunelles furent embuées de larmes. Il souffrait mais serrait les dents pour ne pas crier. Un pied se posa sur son torse, le forçant à s'allonger sur le dos. Il était dans une position bien inconfortable, car son sac était toujours dans son dos.
Il avait l'impression d'être une coquille prête à se faire écraser à tout instant. Les larmes coulèrent au coin de ses yeux, ne pouvant plus les retenir.
-Tiens-toi tranquille. Ça gâche le plaisir.
Quelqu'un lui grimpa dessus, appuyant sur son ventre où plusieurs hématomes avaient fait leur apparition, le faisant gémir. Il se prit deux coups successifs dans la figure. Un liquide chaud s'échappa de sa narine.
Il était déconnecté de la réalité, le regard vide. Il ne comprenait pas pourquoi ils s'acharnaient sur lui. C'était insensé. Il ne leur avait jamais manqué de respect. Pourquoi se faisait-il harceler?
-Tu mérites ce qui t'arrive. Arrête de pleurnicher!
Une pluie de coup s'abattit sur lui comme pour approuver les dires de son persécuteur.
-Crève!
L'instant d'après, il se retrouva assis dans une salle de classe qu'il ne connaissait pas. La pièce était vide. Juste des bureaux inoccupés. Ses yeux se posèrent sur sa table. Contrairement aux autres, quelque chose s'y trouvait. Un petit vase avec une fleur rouge, une Higanbana, fleur permettant de conduire les âmes dans l'au-delà.
Izuku ne sentait plus ses bras ni ses jambes. Son corps était lourd et s'enfonçait dans le matelas. Il avait l'impression que des millions d'aiguilles avaient percé sa peau, ce qui l'incita à ouvrir les yeux en grommelant de douleur. Il eut du mal à accommoder sa vision, comme s'il n'avait pas ouvert les yeux depuis plusieurs jours. Tout ce qu'il put percevoir était un fond blanc. Le seul endroit qui correspondait à cette description et qui lui venait à l'esprit était une chambre d'hôpital. Effectivement, il reposait dans l'une d'elles. Mais il ne comprenait pas pourquoi. Que lui était-il arrivé? Tout était si flou dans sa tête.
Un grincement de porte fit dériver ses pensées vers le médecin qui venait d'entrer dans sa chambre.
-Bien le bonjour, jeune homme. Comment vous portez-vous?
-B...Bonjour.
Sa bouche était pâteuse et sa gorge sèche.
-Pourrais-je avoir un peu d'eau, s'il vous plaît?
-Tout de suite, monsieur, lui dit le médecin en souriant.
L'adulte en blouse blanche se déplaça vers la petite salle de bains en commun avec la chambre et versa l'eau du robinet dans un petit gobelet en plastique.
-Qu'est-ce que je fais ici? demanda-t-il tandis que le médecin était toujours dans la salle de bains.
-Ce sont les autorités qui ont appelé une ambulance pour récupérer les blessés lors d'une attaque au lycée Yuei. Vous étiez inconscients alors on vous a emmené ici.
Sa mémoire lui revint peu à peu. Oui... Les vilains avaient attaqué le lycée... Le médecin lui tendit le gobelet.
-Merci. Et...on est quel jour?
-Mercredi en milieu d'après-midi. Vous avez dormi deux jours entiers. Vous étiez complètement vidé de vos forces.
Deux jours!? Alors cela correspondait au risque encouru lorsqu'il utilisait de manière excessive son Alter? Ce n'était pas sain pour lui du tout.
On vint frapper à la porte.
-Entrez, autorisa le médecin.
La porte s'ouvrit sur une femme rondelette. Quand elle aperçut l'alité, les larmes lui montèrent aux yeux.
-Izuku!
Elle se précipita vers lui pour lui prendre la main.
-Maman!
Enfin un visage qui lui était familier! Il avait l'impression de ne plus appartenir au même monde depuis son réveil.
-Bon, je vais vous laisser. S'il se sent mieux d'ici la fin de la journée, il pourra rentrer.
-Merci Monsieur, remercia sa mère.
Quand il referma la porte, elle rapporta son attention sur son fils.
-Tu m'as fait une de ces peurs! Yuei m'a tout expliqué. On m'a dit que tu avais protégé ta classe avec bravoure. Mais qu'est-ce qui t'a pris!? Tu sais bien que ton Alter a des répercutions sur ta santé! Regarde dans quel état tu t'es mis!
-Maman... Calme-toi... Je vais bien, tu vois?
-Je n'aurais pas dit ça les jours précédents! J'ai vraiment cru te perdre une seconde fois...
Il culpabilisa d'avoir autant inquiété sa mère. Il ne regrettait pas ce qu'il avait fait, loin de là. Il s'était comporté comme n'importe quel héros l'aurait fait, mais savoir qu'il était la cause des pleurs de sa mère lui retournait l'estomac et lui pinçait la poitrine.
-Je suis désolé... Je ne voulais pas t'inquiéter...
Elle sécha ses larmes discrètement puis se calma. Après tout, son fils allait bien finalement.
-Comment tu te sens?
-Je me sens engourdi mais tout va bien!
-Promets-moi de faire attention la prochaine fois. N'utilise plus ton Alter à foison comme tu l'as fait. D'accord?
-Promis Maman.
Sa mère resta une grande partie de l'après-midi en compagnie de son fils, rattrapant ainsi les quelques jours où elle ne l'avait pas vu. Puis, une demi-heure avant la fin de l'heure des visites, elle le quitta, en lui faisant un bisou sur la joue comme pour lui dire au revoir.
Un vide se creusa dans le cœur d'Izuku, une fois seul. Son corps lui faisait mal, comme si les coups qu'il avait reçu dans son rêve avaient des répercutions dans la réalité. Pourtant, alors qu'il soulevait son t-shirt pour constater l'état de son corps, il n'y avait aucune marque de blessure. Cela devait être les effets secondaires de l'utilisation à outrance de son Alter.
Puis, tandis qu'il observait son corps, la porte s'ouvrit, ce qui le fit sursauter. Il fut surpris de voir un garçon aux cheveux blonds en pétard et aux regards aussi rouges que les rubis entrer dans la chambre. Celui-ci l'observa étrangement quand il le vit dans cette posture, tenant son t-shirt comme un enfant, exhibant son corps plutôt bien bâti. Izuku se mit à rougir et abaissa aussitôt son vêtement, honteux d'être pris en flagrant délit.
-Ce...Ce n'est pas ce que tu crois...
-Je ne crois rien du tout, Deku.
Il avait un petit sourire narquois au coin des lèvres qui réchauffa davantage les joues de l'alité, craignant que cela engendrât de la vapeur. Katsuki ferma la porte et le rejoignit, s'installant au bord du lit.
-Qu'est-ce que tu viens faire ici? demanda timidement le tacheté.
-Je suis juste de passage. J'voulais voir comment t'allais...
Il paraissait dérangé de l'admettre. Izuku ne savait comment l'expliquer mais il se sentait...heureux?
-Tu t'sens comment, du coup? demanda-t-il pour changer de sujet.
-Ça peut aller. Je me sens encore un peu faible mais sinon, ça va.
Un petit silence s'installa entre eux. Ils ne savaient pas quoi dire, après tout. Katsuki était passé car il pensait que son ami était toujours en train de dormir. Il ne s'attendait pas à le retrouver éveillé, et encore moins en train d'admirer ses abdominaux...
-Tu sais... J'm'attendais pas à ce que tu utilises autant ton Alter pour secourir les autres. Donc t'imagines c'que j'ai pu ressentir quand j't'ai vu t'écrouler sous mes yeux...
Il avait l'air embarrassé, mais cela faisait plaisir à Izuku de savoir qu'il s'inquiétait pour lui.
-Et...j'tenais à t'remercier...d'm'avoir sauvé..., avoua-t-il en détournant le regard.
Izuku se sentit pousser des ailes. Katsuki, la personne la plus impassible qu'il ait connu, le remerciait. Cela devait lui coûter au niveau de l'ego alors il était d'autant plus ravi qu'il lui avoue. Avec de petites rougeurs au niveau des taches de rousseur, il lui répondit:
-Moi aussi j'aimerais te remercier de m'avoir sauvé juste avant. Dans l'état que j'étais, je ne pense pas que j'aurais pu être capable de leur tenir tête si je m'étais retrouvé dans leur repère...
Katsuki le regardait intensément. Le garçon aux cheveux de la forêt avait les lèvres pincées, regardant ailleurs, le rendant inéluctablement adorable. Sans s'en rendre compte, l'explosif se pencha légèrement en avant, se sentant irrésistiblement attiré à lui, tel un aimant. Izuku remarqua ce rapprochement et ne sut comment se comporter. En son for intérieur, il paniquait. Ce qui allait peut-être suivre lui plaisait grandement mais comme il n'avait jamais embrassé qui que ce soit - ou du moins, il ne s'en souvenait pas -, il ne savait pas quelle attitude adopter. Il choisit alors la meilleure option: rester immobile et attendre. Il sentit la sueur dégouliner dans son dos, le cœur battant la chamade. Quand il ne restait plus que quelques centimètres séparant leurs lèvres, Izuku ne put s'empêcher de fermer les yeux. C'était trop dérangeant de le regarder dans les yeux! Il sentit son souffle contre ses lèvres, le frustrant que cela ne se passât pas plus vite. Il attendit, attendit longtemps. Mais rien ne se produisit. Il se décida à ouvrir les yeux pour voir ce qu'il se passait. Katsuki le fixait intensément, mais pas dans les yeux.
-Qu...Qu'est-ce que tu fais...?
-Je compte tes taches de rousseur.
Ah.
Bon, il s'était fait des illusions. La frustration grandissait en lui. Il avait tellement espéré!
-Et...pourquoi, au juste?
-J'aimerais savoir si tu as le même nombre que Yamikumo.
Son palpitant qui battait si vite se fissura vivement.
"Yamikumo"? Il ne pensait qu'à lui, il avait l'impression. Il se mordit la lèvre inférieure, profondément blessé, mais il chercha à le cacher du mieux qu'il le pouvait.
-Et...
-Attends, Deku. Tu m'déconcentres.
Il demeura silencieux quelques instants, attendant que Katsuki finît de compter. L'alité portait son attention sur les détails de la chambre, à la recherche d'une occupation et ainsi oublier la proximité entre lui et Katsuki. Tout à coup, il lui attrapa le menton et décala son visage sur le côté. Ce contact fut tellement soudain que son cœur fit un bond. Il se mit à rougir, la température de son corps augmentant considérablement.
-Vingt-trois.
-Hein...?
-T'as vingt-trois taches de rousseur.
-Et il en avait combien, Yamikumo?
-Pareil.
Au fond de lui, Izuku croyait que Katsuki s'intéressait à lui car il lui rappelait son ami décédé. Il faisait de la transplantation, et cela ne lui plaisait pas du tout. Katsuki ne le voyait pas comme Izuku Midoriya mais comme Yamikumo.
-Je ne sais pas si c'est déplacé de te demander ça mais...c'était qui Yamikumo pour toi?
Cela jeta un froid dans le regard brûlant de Katsuki. C'était peut-être son petit-ami qu'il n'arrivait pas à oublier? Il avait peut-être peur de connaître la réponse mais il le fallait.
-C'était un ami d'enfance. Mais on ne s'entendait plus aussi bien que lorsqu'on était enfant. Il s'est suicidé l'année dernière.
Le froid se propagea dans le cœur d'Izuku qui regretta instantanément sa question indiscrète.
-Je...Je suis désolé de t'avoir demandé quelque chose d'aussi personnel...
-T'en fais pas. J'savais où ça me mènerait de t'en parler. J'savais bien que t'allais me poser plein de questions par la suite.
Il se sentit gêné. Il n'aurait réellement pas dû demander un truc pareil. Katsuki approcha sa main du front du blessé et lui fit une pichenette.
-Aïe!
-Ne te torture pas pour ça. J't'en veux pas, tu sais?
-Oui mais...
-Laisse tomber, OK?
Il se leva et le salua.
-On se voit demain, en cours?
-Si on accepte de me laisser sortir, répondit-il avec un petit sourire.
Quand il se retrouva de nouveau seul, il se recroquevilla et plaqua sa main contre son œil, pestant contre lui-même.
-Non mais quel imbécile...
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