Chapitre 13.

Vendredi, à la fin des cours, toute la classe 1-A s'attendit devant le portail du lycée Yuei, un sac de cours sur le dos et un autre avec des affaires de rechange et tout l'attirail pour passer une bonne soirée entre amis. Ils étaient tous excités à l'idée de passer les prochaines heures tous ensembles. Cela s'annonçait prometteur: ils allaient pouvoir oublier les cours pour la soirée. Une petite pause ne leur serait pas de refus!

-C'est bon? Tout le monde est là? demanda l'hôtesse avec un large sourire, ravie d'avoir pu organiser cette petite fête.

-Oui! répondit tous les autres d'une seule voix.

-Alors on y va!

Izuku resta auprès de Tenya et d'Ochaco, où ils se mirent à discuter des événements qui suivraient avec enthousiasme. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de regarder autour de lui, vérifiant que cet inconnu qui lui avait fait une peur bleue la veille n'était pas dans les environs. Heureusement, aucune trace de cette personne. Ce qui le débarrassa d'un poids.

-Je suis content que tu sois venu, Katsuki! annonça gaiement Eijiro, dans le dos d'Izuku.

-Comme si tu m'avais laissé le choix..., grommela le concerné dans sa barbe.

-Oui mais c'était pour la bonne cause! Je n'allais pas laisser mon pote s'ennuyer chez lui alors qu'il y a une fête organisée qui s'annonce géniale!

-Ouais ouais...

-Toujours aussi insociable..., pensa Izuku, qui avait écouté la conversation.

Ils arrivèrent à la station de métro et s'installèrent là où il y avait de la place - c'est-à-dire pas beaucoup. C'était beaucoup plus bondé que d'habitude puisqu'il y avait plus d'une dizaine de personnes en plus qui avait pris ce véhicule. Ils étaient tous collés serrés, ce qui les gonflaient. Ils pouvaient à peine bouger le bras pour aller sur leur téléphone!

Izuku avait eu la chance d'avoir trouvé une place assise, avec quelques uns de ses amis. Mais ses épaules étaient malgré tout compressées entre ses voisins. Il soupira, se disant que cela ne pouvait pas être pire.

Quand le transport en commun s'arrêta à la première station, beaucoup de personnes sortirent, ce qui permit à la classe 1-A de reprendre leur souffle. Mais il y avait toujours autant de monde. Et d'autres personnes rentrèrent à leur tour. Le pire, c'était qu'ils devaient encore attendre trois stations...

Se sentant moins à l'étroit, Izuku leva les yeux sur les passants pour vérifier que ses amis étaient toujours dans les parages. Toutefois, son regard se posa sur une petite dame qui se faisait bousculer à seulement trois mètres d'Izuku. Ayant un cœur en or, il se redressa et se pencha un peu en avant pour pouvoir l'interpeller.

-Excusez-moi Madame mais cela vous dit que j'échange ma place avec vous?

Elle ouvrit ses petits yeux cachés derrière une grosse paire de lunettes, et acquiesça doucement, un doux sourire aux lèvres.

-Vous êtes bien aimable, jeune homme. Merci beaucoup.

Il lui sourit en retour et lui tendit la main pour lui faciliter le déplacement. Tandis qu'elle s'installait à côté d'Ochaco et d'un inconnu, elle le regarda d'un air attendri.

-Cela ne vous dérange vraiment pas? demanda-t-elle d'une petite voix.

-Pas du tout, Madame! Ça me fait plaisir!

-Merci encore, vous êtes une bonne personne.

Il rougit brusquement en entendant cette déclaration. Il se sentit ému. Ce genre de compliment lui faisait très plaisir.

-C'est gentil à vous. Je vous souhaite une bonne journée!

Il se déplaça là où il y avait de la place, même s'il se retrouvait toujours entouré de personnes qui infiltraient son espace vital. Son dos touchait le bras d'un inconnu et il était face à un homme beaucoup plus grand que lui qui était tourné vers lui. Seulement, il n'osait pas lever la tête pour regarder son visage. Il se sentait mal à l'aise d'être entouré d'hommes qu'il ne connaissait pas mais cela le rassurait d'entendre les voix de ses amis un peu plus loin. Il sortit son téléphone de sa poche et tenta de se concentrer sur l'écran d'actualité du réseau social qu'il venait d'ouvrir. All Might avait encore sauvé des civils sans grande difficulté. Cette fois-ci, les victimes étaient les enfants d'un orphelinat qui avait brûlé. Et cela ne ressemblait pas à un incendie accidentel. La police était sur le coup et Izuku espérait que le coupable se fît arrêter dans les plus brefs délais. S'en prendre à des enfants était le pire acte qu'un vilain pouvait commettre. Dans un élan de volonté, il releva la tête et se promit intérieurement de faire en sorte que tous les vilains se fissent capturer très rapidement quand il deviendrait héros. Il était hors de question de les laisser vivre leur vie comme s'ils n'avaient rien fait. Ils devaient payer en conséquence!

Soudain, son regard croisa celui de la personne en face de lui. Son cœur se serra quand il la reconnut. C'était l'homme devant le lycée qui l'avait suivi la veille! Il le regardait d'un œil luisant qui le pétrifia.

Pourquoi était-il ici? Qu'est-ce qu'il lui voulait? L'avait-il suivi sans qu'il ne le remarquât? Pourquoi faisait-il cela? Que comptait-il lui faire?

Il ne cessait de se poser ces questions dans sa tête, en rythme avec les battements erratiques de son cœur. Il avait peur. Il pouvait l'emmener avec lui, les autres n'y verraient certainement que du feu. Il était tellement grand que sa silhouette camouflait complètement celle d'Izuku. Paniqué, il sortit sa main gauche de sa poche, rangeant son téléphone dans l'autre, prêt à utiliser son Alter en cas d'agression. Le véhicule s'arrêta. Une vague de passants se déplaça vers les portes pour sortir, qui bouscula ceux qui restaient. L'homme lui sourit comme s'il était fou, ce qui produisit un frisson dans la nuque de l'adolescent. Un sourire narquois mais il ne fit rien de plus et suivit le mouvement. Il était sorti sans lui faire le moindre mal. Ses jambes tremblaient tellement qu'il crut s'effondrer mais il se retint à l'une des barres, ce qui lui permit de garder l'équilibre. Il reprit son souffle, les tempes humides.

-J'ai eu si peur..., pensa-t-il, effrayé.

-Wow.

La bouche grande ouverte, ils observaient avec des étoiles dans les yeux l'immense salon de la famille Yaoyorozu. L'espace était très aéré et était richement décoré.

-On se croirait dans un château de conte de fée, laissa échapper Mina, ébahie.

-C'est magnifique!

Les pommettes de Momo rosirent et elle rit doucement.

-J'espère que vous vous plairez ici. Posez vos affaires dans l'entrée. Les domestiques les monteront dans vos chambres.

Le milieu social élevé de leur amie les désarçonna quelque peu mais ils finiraient par s'y accoutumer. Ils se mirent à l'aise et s'installèrent sur les canapés de luxe disposés à cet effet. Ils commencèrent à discuter de tout et de rien, dans la joie et la bonne humeur. Ils firent un peu plus connaissance avec les personnes qu'ils ne connaissaient pas très bien, se rendant compte qu'ils avaient des passions communes, ce qui réjouissait l'hôtesse, satisfaite que tout le monde s'entendît aussi bien.

Les heures passèrent et l'horloge afficha bien vite dix-neuf heures. Les boissons et les apéritifs furent apportés. Ils s'étaient même trouvés des petits jeux pour passer le temps. Ils avaient tous le sourire aux lèvres. Cependant, même si Izuku était ravi d'être parmi tous ses amis, il ne pouvait s'empêcher de penser à cet homme dans le métro. Ce n'était pas normal qu'il se fût trouvé à cet endroit à ce moment-là. Il était devenu la proie de cet inconnu qui lui voulait certainement du mal à en juger son sourire terrifiant qu'il lui avait adressé.

-Midoriya? l'interpella Denki, la pile électrique. Tu peux me passer la bouteille de soda, s'il te plaît?

Cela eut le don de le ramener à la réalité. Il se redressa brusquement pour le regarder et mit une seconde et demi pour digérer l'information. Il se tourna pour chercher la bouteille du regard. Quand il la trouva, il l'attrapa et la tendit à son ami blond. Mais maladroit comme il était, son coude heurta le verre en plastique à sa droite qui se renversa sur le t-shirt de son voisin. Ses yeux s'écarquillèrent et il s'empressa de s'excuser tout en attrapant les serviettes au centre de la table.

-Putain! T'aurais pu faire attention, Deku!

Il fut surpris par ce surnom que venait de lui donner Katsuki, énervé par la maladresse de son camarade. Il se sentit même un peu blessé. Après tout, "Deku" était un dérivé de son prénom "Izuku" en kanji qui signifiait "bon à rien". Rien de plus humiliant pour le garçon aux taches de rousseur.

-J...Je suis désolé... Tiens, des serviettes...

Il les lui arracha des mains et s'empressa de les frotter contre son t-shirt blanc. La pire couleur à nettoyer sur un vêtement. Il lui lança un regard noir, ce qui figea Izuku, penaud.

-Désolé..., répéta-t-il d'une toute petite voix.

Momo arriva à leur hauteur et jaugea la situation. Elle appela une domestique.

-S'il vous plaît. Pouvez-vous mettre ce vêtement à laver afin de rattraper les dégâts? (Elle se retourna vers Katsuki.) Tu as un t-shirt de rechange? Elle va t'emmener dans la salle de bains. Tu pourras te changer.

Il acquiesça et suivit la jeune femme qui l'emmena dans les escaliers. Izuku, quant à lui, se sentait profondément honteux d'avoir commis une telle gaffe. Une main rassurante se posa sur son épaule. C'était Ochaco qui lui souriait gentiment.

-Ne t'en fais pas. Il sait très bien que tu n'as pas fait exprès.

Mais il n'écoutait pas ce qu'elle lui disait. Il se sentait mal. Quel idiot, franchement!

Après quelques secondes à peser le pour et le contre, il décida de se lever et de le rejoindre. Il fallait qu'il lui parle.

-Tu vas où?

-J'arrive, se contenta-t-il de répondre.

Il monta les escaliers, réticent à l'idée qu'il lui fasse une scène, mais il avait besoin de le voir. Il arriva au premier étage. Il y avait beaucoup de portes et il se sentit perdu durant un court instant. Où pouvait bien se trouver la salle de bains? Il reconnut la domestique qui avait accompagné Katsuki dans la buanderie et décida de l'aborder.

-Mmh... Excusez-moi mais où se trouve mon ami?

Elle se retourna et lui sourit. Elle le rejoignit dans le couloir et lui pointa une porte du doigt.

-Il est là. Pourriez-vous lui dire que son t-shirt est en train d'être lavé?

-D'accord, merci.

Il s'avança et s'arrêta devant la porte désignée. Un dilemme s'offrit à lui: rentrer ou rebrousser chemin? Il savait bien qu'il allait lui tirer la tronche s'il venait le déranger mais en même temps, il avait besoin de le voir pour discuter. Il voulait profiter de l'occasion qu'il soit seul pour lui parler. Il prit une longue et profonde inspiration avant de frapper à la porte. Un "ouais" grognon lui répondit et il actionna la poignée. Il s'immisça dans la grande salle de bains puis referma la porte derrière lui, le menton baissé. Quand Katsuki se rendit compte que c'était lui qui était venu, il se crispa, les sourcils froncés.

-Dégage.

-Bakugo... Je... Je voulais vraiment m'excuser... J'étais dans mes pensées et je n'avais pas remarqué ton verre... Et du coup, je...

-J'me fiche de tes excuses. C'est pas comme si tu m'avais blessé ou quoi que ce soit. Maintenant, laisse-moi tranquille.

Mais il ne se défila pas. Il devait lui parler. Ces questions qui lui tournaient en boucle depuis qu'il l'avait rencontré, il devait les poser.

-Bakugo?

Il ne lui répondit pas. Mais Izuku ne se laissa pas déstabiliser.

-...Je peux te poser une question?

-Quoi encore?

Le garçon aux cheveux de la nature se rapprocha jusqu'à se retrouver à deux pas de l'explosif qui se lavait le ventre avec un gant de toilette. Le jus de fruit avait traversé son t-shirt et lui collait à la peau.

-Tu m'veux quoi, le nerd?

-Pourquoi tu sembles si triste? demanda-t-il de but en blanc.

Il ne s'attendait pas à une telle question. De quoi se mêlait-il, cet imbécile?

-Qu'est-ce qui te fait croire que c'est le cas?

-Tes yeux. À chaque fois que tu me regardes, tu as cette lueur de douleur dans le regard.

Son sourcil tressauta et il ricana méchamment.

-Tu vois des trucs bizarres, sérieux.

-Qui est Yamikumo?

L'allure décontractée de Katsuki changea aussitôt. Comme s'il lui avait dit la pire des horreurs. Ses poings se resserrèrent autour du lavabo, la poitrine douloureuse.

-Personne.

-Ça n'a pas l'...

-Mais tu vas la fermer, oui!!!?

Il l'attrapa vigoureusement par le col et le plaqua contre l'armoire qui se situait juste derrière lui, le fixant d'un regard acerbe. L'attitude d'Izuku changea à son tour. Tout son courage devint évanescent, remplacé par la peur d'avoir ravivé les flammes d'une haine enfouie au plus profond de son être. Ses prunelles reflétaient sa crainte même s'il ne bougea pas d'un pouce, ayant toujours la volonté de lui tirer les vers du nez. Katsuki était tenté de lui mettre son poing dans son joli minois mais en faisant face à ce visage effrayé, l'image de son ami décédé se superposa et le déchira. Les muscles de son bras se relâchèrent autour du col de son voisin de table, le regard empli de cette souffrance que connaissait bien Izuku.

-Tu lui ressembles...

Sa voix se cassa presque, ce qui bouleversa Izuku. Néanmoins, il se risqua à l'orienter dans cette direction.

-...À qui?

-À Yamikumo.

Les pièces du puzzle commençaient à s'emboîter. Mais il demeurait toujours des zones d'ombre qui ne demandaient qu'à être éclaircies pour se joindre aux autres pièces et compléter dans son intégralité ce paysage cartonné. Le blondinet prit une grande bouffée d'air avant de poursuivre par lui-même. Il était peut-être temps de s'ouvrir. Il n'avait plus jamais reparlé de cette histoire à qui que ce soit depuis six mois déjà.

-C'est... C'était une personne que j'aimais beaucoup...mais il est décédé l'année dernière...

Cette déclaration eut l'effet d'une claque au plus petit, toujours plaqué contre l'armoire. Il ne s'attendait pas à une telle confession.

-...Je suis désolé...

Il souffla du nez, comme s'il riait devant la débilité de cette phrase.

-T'y es pour rien.

Il ne savait plus où se mettre, ce qu'il fallait dire. Il ne pouvait tout de même pas rester dans le silence. Katsuki n'était pas le genre de personne à parler de lui, surtout des passages douloureux comme celui-là. Cela avait dû lui demander un effort considérable pour s'ouvrir à quelqu'un qu'il ne connaissait pas tant que cela.

-Ça a dû être dur de remonter la pente.

-Dur?

Il leva un regard méprisant qui fit regretter à Izuku de ne pas avoir réfléchi à ses mots avant de les expulser de sa bouche.

-Tu penses que c'est dur?

Le plus petit se mordit la lèvre inférieure, ne sachant que lui répondre. Le garçon à l'Alter d'explosion se pencha vers le tacheté et cracha presque le fond de sa pensée.

-C'est juste insurmontable. Tu comprends ça!?

L'adolescent aux cheveux verts remarqua que l'autre main de Katsuki crépitait, comme s'il n'arrivait plus à contrôler son Alter. Il déglutit difficilement.

Contrairement à Katsuki, il n'avait jamais connu la mort d'un proche. Il ne pouvait pas comprendre ce que celui-ci ressentait, bien qu'il en avait une vague idée. Alors il préféra se taire afin de pas enfoncer le couteau dans la plaie.

L'explosif s'éloigna, relâcha sa prise et dévia la direction de son regard.

-J'aurais pas dû m'emporter. ...Désolé.

Cela semblait lui irriter les lèvres de prononcer ces mots d'excuse. Mais il n'avait pas à le faire.

-Non, je comprends ta réaction. C'était déplacé de ma part...

-Ouais, de toute façon, c'est tout ce dont est capable un incapable comme toi, Deku, déclara-t-il avec un sourire perfide.

-Eh! Ne m'appelle pas comme ça!

-Moi, je trouve que ça te va bien.

Il gonfla les joues en croisant les bras contre sa poitrine, agacé par son comportement.

Au moins, il avait l'air d'aller mieux, comme si s'être livré l'avait débarrassé d'un poids. Izuku esquissa un petit sourire, satisfait que son ami semblait aller mieux.

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