Prologue

Une nouvelle journée se termine.

Un à un, mes vêtements tombent au sol – chemise, pantalon, veste – et, rapidement, c'est l'entièreté de mon uniforme qui finit au pied du lit. Je m'assieds au rebord de celui-ci, passe mes mains sur mon visage, et les fais lentement remonter jusqu'à ma chevelure verte en bataille.

Aujourd'hui a de nouveau été une journée des plus banales, composée en grande majorité des cours du lycée. Aujourd'hui a de nouveau été une journée illuminée par la présence de mes amis, en particulier Ochako, Shouto et Tenya. Aujourd'hui...a de nouveau été une journée pendant laquelle Katsuki Bakugou, mon ami d'enfance, n'a rien trouvé de mieux à faire que de me traiter de « gonzesse ».

Pour commencer, je ne comprendrai jamais cette propension que peuvent avoir certaines personnes à utiliser toutes sortes d'adjectifs du mot « fille » pour en former des insultes destinées à des hommes que l'on considère comme n'étant « pas assez virils ». Est-ce qu'une fille devrait se sentir insultée simplement parce qu'elle est une fille, dans ce cas ? De mon point de vue, c'est totalement absurde.

Ensuite, pourquoi se sent-il obligé de me répéter inlassablement les mêmes choses ? Avec le temps, je pense avoir compris qu'il me trouve faible et pas à sa hauteur. Mais non, lui revient toujours à la charge avec ses humiliations verbales, ses petites piques s'enfonçant en mon être comme le feraient des aiguilles dans ma peau.

Et pour finir...cette remarque m'a blessé.

Je sais ce que vous vous dites. « Si tu ne considères pas ça comme une insulte, pourquoi te sentirais-tu blessé » ? A cause de l'intention qui se trouve, derrière celle-ci. Et également pour une autre raison. Une raison qui m'est propre. Une raison que – je crois – toutes les personnes de ma classe ignorent. A l'exception de mes professeurs.

Je m'approche lentement du grand miroir présent dans un coin de ma chambre pour regarder le corps s'y reflétant ; mon corps. De taille moyenne, la peau pâle, avec des formes qui ne me déplaisent étonnamment pas. Mon regard parcourt les muscles s'étendant le long de celui-ci. Il m'a fallu beaucoup de temps et d'efforts, pour arriver à ce résultat. Un petit rire s'élève de ma gorge, quand je repense à pourquoi j'ai commencé à travailler à ce niveau-là. A cause de mon admiration sans faille pour Katsuki Bakugou. A mes yeux, il a toujours été une sorte d'exemple et, lorsque son corps a commencé à se développer pour s'embellir jour après jour, j'ai ressenti ce besoin d'y ressembler.

Est-ce que cela fait de moi quelqu'un de bizarre ? Je ne sais pas trop. Certains pencheraient pour le oui. D'autres se diraient qu'il est normal d'être facilement influencé par une personne que l'on a côtoyé toute sa vie. De mon côté, j'ai...besoin d'avoir un corps comme celui-là. Sinon, je n'ose pas imaginer le malaise que je ressentirais en me regardant, chaque jour, dans ce miroir. Ce n'est qu'une satisfaction personnelle, j'en ai bien conscience. Et je me désespère parfois moi-même à me montrer aussi superficiel.

« Les garçons ont tout type de corps ! »

Je le sais bien. Et peut-être me serais-je rapidement habitué si j'en avais possédé un différent. Rond, mince, frêle, costaud... Ce n'est pas cela qui définit qui nous sommes, à l'intérieur.

Mais il n'y a pas grand monde qui adhérerait à cette façon de penser. Du moins, jusqu'à une certaine limite.

Mes mains se lèvent, effleurant mes hanches pour remonter peu à peu le long de mes côtes, avant d'attraper enfin cette préoccupation qu'est la mienne. Ce truc qui fait que, pour beaucoup, il est inconcevable que je sois un homme. J'aurai beau le hurler, le revendiquer, je sais que par la présence de cette simple chose, la majorité me le refuserait, préférant décider pour moi de ce qui « doit être ».

Je presse délicatement l'objet de mes préoccupations, la raison de mon mal-être quant aux remarques de Katsuki, tandis qu'une petite grimace traverse mon visage dont les joues sont parsemées de taches de rousseur ; une poitrine rebondie, dont les seins sont légèrement plus gros que le creux de mes mains.

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