Chapitre 8 - « A l'aide. »

Point de vue externe.


Il fait froid.

Il fait si froid.

Et pourtant, il a l'impression que son crâne est en ébullition. Qu'un feu se propage dans les veines de son visage, le forçant à respirer de manière saccadée. Le reste de son corps, quant à lui, tremble, engourdi par l'horrible sensation glaciale s'emparant de celui-ci.


Il fait froid.

Et il a peur.

Tellement peur qu'il se demande si la totalité de ses tremblements sont dû à la température ambiante. Il a peur de cette personne. De sa colère. De cette expression furieuse. Elle le paralyse. Lui donne envie de courir se cacher quelque part, où elle ne le trouvera jamais. Une boule de larmes est coincée dans sa gorge, menaçant de remonter, de se déverser le long de ses joues bouillantes. Lui qui ne pleure habituellement jamais n'a qu'une envie : celle de se libérer de ce flot qui semble l'étouffer.


Ses paupières se plissent pour s'ouvrir lentement. Enfin, en vérité, seule l'une d'elle parvient à se mouvoir. L'autre lui fait... Bien trop mal.

Il parvient à discerner un plafond blanc au-dessus de lui, et remarque petit à petit qu'il ne se trouve pas chez lui. Une chambre... Une chambre d'hôpital ? Pourquoi est-il ici ? Que s'est-il passé ? Serait-ce à cause de cette personne ? Il doit réfléchir. Il se souvient de... De cris ? D'un sentiment de terreur ?

Oh, et de quelques mots. D'un message. A l'aide.


Il se redresse avec du mal dans son lit. Son corps exprime quelques difficultés à bouger à cause de sa sensation d'être engourdi par le froid, alors que celui-ci est recouvert d'un drap blanc. Il est seul, malgré la chaise placée à quelques centimètres de son lit, sur laquelle est posée une veste. Il ne l'était certainement pas, quelques minutes plus tôt.

Le garçon pousse un long soupir, et sa tête se penche vers l'avant, alourdie par la chaleur la traversant. Beaucoup de choses courent dans son esprit, bien trop pour qu'il soit en mesure de se concentrer sur l'une d'elles, de réfléchir, de comprendre. La peur et l'incompréhension le dominent pour le moment, malgré son visage marqué par l'impassibilité.


Il se sent mal.

Inconfortablement mal.

Il veut se rendormir. Se rendormir, et se réveiller de nouveau. Sans cette douleur, sans cette peur. Retrouver ses amis du lycée. Passer une journée ordinaire, en leur compagnie.

Malheureusement, quelque chose lui dit que l'ordinaire risque de ne plus faire parti de son quotidien pendant un certain temps. Sa présence dans cette pièce lui souffle qu'il n'est pas au bout de ses peines.


La porte coulissante s'ouvre, laissant entrer une femme portant des vêtements aussi blancs que ses draps. Elle esquisse un sourire en le voyant, et se rapproche, ce qui vaut au garçon d'avoir un léger mouvement de recul. Il ne veut pas que l'on vienne près de lui. Il ne veut pas qu'on le touche. Surtout pas. Il ne veut plus ressentir cette douleur.

Elle s'arrête dans son geste en voyant sa réaction, mais ne se défait pas de son expression pour autant.

« Je suis contente que vous vous soyez réveillé. Vous êtes restés inconscient pendant quatre heures, explique-t-elle. Vous vous sentez bien ? »

Il secoue la tête. Non, il ne se sent pas bien.

« J'ai froid... susurre-t-il d'une voix rauque. Et... Chaud en même temps.

- Mmh, vous devez encore être un peu en état de choc. Au mieux, ce sera calmé d'ici quelques heures. Au pire, un jour ou deux. »

En état de choc ? Ah, c'est peut-être à cause de cela qu'il se sent aussi étrange. Aussi...fiévreux ?

« Je ne vous cache pas que vous risquez de garder une cicatrice à vie, par contre.

- Une cicatrice ? »

Il comprend que cela a un lien avec l'œil qu'il ne parvient pas à ouvrir. Il lève alors lentement une main vers son visage, dans le but d'effleurer sa paupière close, mais ne rencontre que la douceur d'un épais tissu recouvrant celle-ci, dont il n'avait pris conscience auparavant.


« Qu'est-ce que... Qu'est-ce qui m'est arrivé ? »


Pourquoi j'ai aussi peur ?


« Vous avez eu un accident. D'après votre sœur, vous avez glissé et en tombant, vous avez essayé de vous rattraper - par réflexe - à ce qui vous tombait sous la main. Et il s'avère que ce qui vous est tombé sous la main, c'était une casserole posée sur la gazinière. Une casserole remplie d'eau en ébullition. C'est le genre d'accident bête qui peut être grave, mais heureusement votre œil devrait encore être en mesure de fonctionner. »


Alors je me suis brûlé ?


« C'est...ce que ma sœur vous a dit ? »


Pourquoi j'ai l'impression que quelque chose ne va pas ?


« Oui. Pourquoi, il y a autre chose que je devrais savoir ? »


Pourquoi j'ai l'impression que ce n'est pas ce qui est arrivé ?


« Non. Je ne sais pas. C'est encore flou. Je ne me souviens pas vraiment. »


Pourquoi j'ai l'impression qu'il s'est passé quelque chose de bien plus grave ?


« Ca a dû arriver assez rapidement, donc ce n'est pas étonnant. Mais ça devrait vous revenir en même temps que le choc se dissipera. »


J'ai la nausée...


« Ah, Shouto, tu es réveillé ! »

La pupille du bicolore se décolle de son interlocutrice pour se poser au niveau de la porte, où une deuxième personne vient d'apparaître. Une personne aux traits similaires aux siens, aux yeux gris devant lesquels se trouvent des lunettes rectangulaires, et aux cheveux blancs parsemés çà-et-là de mèches rougeoyantes. Elle arbore un air inquiet, malgré le soulagement présent sur son visage.

« Fuyumi... »

La jeune femme présente depuis quelques minutes dans la chambre se tourne vers elle. Elles se mettent à discuter, mais le garçon décide de ne pas prêter attention à ce qu'elles peuvent se dire. Ses yeux se sont détournés pour venir se poser devant lui, au niveau des draps le recouvrant.

Ce n'est pas un accident. Il en est persuadé. Il ne se sentirait pas aussi terrifié, si tel était bien le cas.

Il y a autre chose. Autre chose qui lui échappe. Quelque chose que son esprit maintient hors de sa portée, comme pour le protéger.

Quelque chose d'assez grave pour pousser sa sœur à mentir au personnel infirmier.

La chaleur présente dans son crâne augmente. Il ne parvient pas à réfléchir. Sa vision se fait peu à peu floue et sa respiration accélère soudainement, son corps réclamant davantage d'oxygène pour le maintenir conscient.

Il entend une voix lointaine l'appeler plusieurs fois.

Quelqu'un semble attraper ses épaules.

Mais il n'a pas le temps, ni l'énergie de comprendre de qui il s'agit car, aussitôt, son esprit se ferme, l'entraînant une nouvelle fois dans les ténèbres de l'inconscience.

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Note de l'auteur ;

Hey hey! J'espère que vous allez bien!

Le chapitre de cette semaine était un peu plus court que les précédents. Et bien que le Chapitre 7 se nomme 'Interlude', en vérité, c'est plutôt celui-ci qui devrait porter ce nom. xD Je verrai tout ça lors de la relecture, quand cet écrit sera terminé.

J'avais envie de vous emmener un peu du côté de notre cher bicolore, pour lever légèrement le rideau sur ce qui lui arrive (sans tout dévoiler, bien entendu).

Et pas de panique, Katsuki et Izuku seront de retour dans le prochain chapitre, où l'on passera du point de vue de notre Explosion Boy.

En espérant que ce chapitre vous ai plu, je vous souhaite tout de même un bon courage pour la rentrée. ;)

A la prochaine!

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