Chapitre 33 - A l'approche des examens (1ère partie)
Plusieurs jours ont passé. Plusieurs semaines. Finalement, avant même de nous en rendre compte, nous sommes arrivés à un petit mois des examens. Ceux qui marqueront le début de notre dernière année au lycée. Petit à petit, mes camarades de classe réalisent que la date fatidique approche et le stress commence à émerger parmi eux. Au sein de mon habituel groupe d'amis, c'est Ochako qui se révèle être la plus paniquée : elle estime ne pas avoir suffisamment travaillé au cours de l'année, a l'impression d'oublier toutes les leçons ayant eu lieu depuis le début de celle-ci et se retrouve donc persuadée qu'elle est condamnée à échouer. Tenya, organisé comme il l'est, s'est déjà préparé un programme serré de révisions à suivre tout au long de ce dernier mois. Tsuyu pense s'en sortir avec un peu plus de la moyenne si elle maintient son rythme actuel. Shouto ne semble pas s'en faire outre-mesure. Et moi... Ce serait mentir que d'affirmer que je ne ressens pas la moindre once d'anxiété. Je suis toujours du genre à m'en faire très rapidement, et les examens ne font pas exception à la règle. Seulement, je tente de me rassurer au maximum en me disant qu'en travaillant un peu tous les soirs comme je l'ai fait depuis le début de l'année, il y a peu de chances que je finisse recalé. Comme Tsuyu, j'ai adopté mon propre rythme et fais confiance à celui-ci.
« Qu'est-ce que je vais faire, si je me rate ? se lamente Ochako. Mes parents seront tellement déçus, je pourrai plus les regarder en face...
- Tu te rateras pas ! tenté-je de la rassurer. Tu as toujours eu d'assez bons résultats donc tu n'as pas à t'en faire. Je suis sûr que tu passeras les examens sans problème ! Et au pire du pire, si tu te rates... Ca arrive ! Tu sais, ce n'est pas ça qui définit ta valeur, ni même ton intelligence, ou quoi que ce soit d'autre. »
Ma dernière phrase ne semble pas avoir l'effet escompté puisqu'en l'entendant, ma meilleure amie gémit de désespoir et baisse la tête en se mordant la lèvre inférieure. Mince, ce n'était pas mon intention ! Je reprends donc, lui tapotant gentiment l'épaule.
« D-de toute façon, tu y arriveras ! Je le sais : t'es la meilleure !
- Si tu ne t'étais pas déjà fixé une petite routine de travail, essaye de t'en instaurer une, la conseille Tsuyu.
- Je peux te recopier la mienne, si tu veux ! propose le délégué.
- Tenya, je ne pense pas que beaucoup de gens seraient aptes à suivre un programme aussi chargé que le tien. Rien que de le voir, ça me file mal au crâne... rétorque notre amie.
- On pourrait se faire des sessions de révision, tous ensemble, proposé-je. Comme ça, ça nous motiverait et on serait en mesure d'aider les autres, en combinant nos points forts et points faibles.
- Ah mais je... Je ne veux pas vous déranger seulement parce que je... commence Ochako.
- Tu ne nous dérange pas, la coupé-je. Ca nous serait bénéfique à tous. »
La main posée sur son épaule remonte jusqu'à ses cheveux coupés en carré plongeant afin de les ébouriffer, ce qui me vaut des complaintes de sa part tandis qu'elle s'éloigne d'un pas pour tenter d'y remettre de l'ordre.
« C'est une bonne idée. » acquiesce Shouto qui est, jusqu'alors, resté silencieux.
Suite à cela, chacun de mes amis opine, un à un, et nous commençons alors à discuter de la manière dont l'on pourrait organiser ces sessions. Où les faire, quand, quelles matières aborder tout en sachant que nous ne pourrons décemment pas toutes les revoir à chaque fois.
Je me demande si je pourrais inviter Katsuki. Personne ne s'y opposerait, au sein de mon groupe. Mais je ne suis pas sûr que lui accepte de se mêler à autant d'autres personnes pour réviser. Je pourrai toujours essayer et je verrai ce qu'il en pense.
Depuis notre date, quelques semaines plus tôt, la situation n'a pas vraiment évolué entre nous. Nous nous voyons dès que nous en avons l'occasion pour discuter, nous amuser et nous montrons très affectueux l'un envers l'autre, n'allant cependant jamais plus loin qu'un baiser, toujours plus ou moins maladroit, lorsque nous nous quittons. Pour autant, nous ne sommes toujours pas ensemble, lui et moi. Du moins, pas officiellement, même si notre comportement vis-à-vis de l'autre le suggère. Il faut dire que nous n'avons pas vraiment abordé la question, agissant simplement de manière des plus naturelles sans se poser davantage de question. Il attend certainement que je fasse le premier pas. Ce serait logique, puisque je lui ai dit qu'il me fallait du temps. Mais au vu de notre situation, cette histoire de temps est-elle encore d'actualité ? Je ne saurais le dire moi-même. Je suis simplement heureux de pouvoir passer du temps avec Katsuki, me tenir à ses côtés.
Du côté de Shouto, celui-ci vit désormais chez son frère, comme prévu. Nous avons proposé, ma mère et moi, de l'y amener le jour où il est parti s'y installer, mais il a décliné notre offre, prétextant ne pas vouloir nous embêter davantage – nous avons beau lui assurer que tel n'a jamais été le cas, il n'a pas démordu – et s'est contenté de nous remercier à profusion avant de partir seul, son gros sac de sport à l'épaule. Apparemment, Fuyumi lui a apporté le reste de ses affaires au cours de la même journée. Dans tous les cas, mon meilleur ami semble plus heureux depuis qu'il s'y est installé.
« Ca me fait du bien de pouvoir être moi-même. » m'a-t-il dit avec un sourire, lorsque je lui ai demandé si tout se passait bien, là-bas.
Si j'ai bien suivi, son frère Touya est, comme lui, gay. Et cela avait pas mal secoué la famille Todoroki, le jour où celui-ci l'a annoncé à leur père. Alors, il en est parti dès qu'il l'a pu pour s'installer chez son copain de l'époque, coupant tout lien avec les autres membres à l'exception de Fuyumi à qui il donnait parfois quelques nouvelles. Aujourd'hui, il tient une boutique de tatouage au niveau de la vieille-ville et vit au-dessus de celle-ci. Il est également membre d'une association LGBT du nom de PRISME en tant que bénévole et se rend disponible dès qu'il le peut afin de se mettre à l'écoute de jeunes dont la situation n'est pas toujours facile.
J'ai déjà entendu parler de ce centre. Mais je ne m'y suis jamais rendu, de peur de tomber sur quelqu'un susceptible de me reconnaître. Selon Shouto, qui a déjà demandé à Touya de l'y emmener, l'ambiance y est bonne, conviviale, et toutes les personnes qu'il y a vu sont ouvertes et bienveillantes. Peut-être devrais-je voir pour l'y accompagner, un jour.
A la fin de la journée, je retrouve mon ami d'enfance devant la grille. Il m'attend afin que nous rentrions tous les deux, comme tous les jours depuis déjà quelques semaines. En me voyant arriver à sa hauteur, il esquisse un léger sourire et nous nous mettons alors à cheminer en direction de nos demeures respectives. Lorsque j'ai parlé de l'avancée fulgurante s'étant opérée entre nous à Ochako, j'ai bien cru mourir étouffé au vu de la force avec laquelle elle m'a serré dans ses bras. Il faut dire que pour n'importe qui voyant notre relation passée de l'extérieure, les chances que l'on se rapproche de la sorte étaient bien infimes. Et pourtant voilà où nous en sommes aujourd'hui, lui et moi.
Alors que nous avançons, nos phalanges s'effleurent parfois de manière intentionnée ou non. Nous échangeons un regard, que Katsuki s'empresse de détourner. Aucun d'entre nous n'ose prendre la main de l'autre. Peut-être avons-nous peur de la réaction que cela pourrait engendrer. Peut-être ne voulons-nous pas être vus. Ou peut-être est-ce de la simple nervosité. Nous nous en tenons donc à ces infimes caresses ne manquant jamais de faire sursauter mon cœur.
« On va se faire des groupes de révisions, avec les autres. Comme les examens sont dans un mois, on s'est dit que ce serait plus efficace de travailler comme ça, finis-je par annoncer.
- Ah ouais ? Eijirou a proposé la même chose quand il s'est rendu compte que ça approchait. »
Oh. Donc peut-être Katsuki a-t-il déjà prévu de se joindre à leur groupe. Ce serait normal, bien entendu, mais pas moins dommage.
« Denki a dit qu'y'avait encore le temps, ricane-t-il. Il pourra toujours courir pour que j'l'aide quand il restera plus qu'une semaine.
- Il a toujours été comme ça...
- Ouais, et ça lui retombera dessus un jour. M'enfin. Perso, j'ai refusé. Pour avoir déjà vécu des séances de révision avec Eijirou et Mina... J'peux te dire que ne pas réviser apporte le même résultat.
- Rho, Kacchan, c'est méchant ! »
Il hausse les épaules tandis que je me mordille l'intérieur de la joue. Donc, il ne s'est pas joint à eux. Ce qui signifie que je peux très bien lui demander s'il veut intégrer notre groupe. Je lui jette un regard en coin et inspire profondément avant de me lancer, liant mes mains afin de laisser mes doigts se triturer entre eux.
« Du coup, tu voudrais... Te joindre à nous ? Je suis sûr que ça ne dérangera pas les autres et puis comme Tenya sera là, il ne risque pas d'y avoir d'écarts ou quoi que ce soit de ce genre, donc...
- Nan, c'est gentil Deku, mais j'préfère bosser seul. J'arrive mieux à me concentrer comme ça.
- Ah, hum, oui, je comprends... rétorqué-je tout de même un poil déçu.
- Enfin, si t'y tiens, on peut quand même voir pour se faire des séances de révisions tous les deux. J'devrais pas trop être déconcentré par la présence d'un nerd. »
Sa main vient trouver la mienne, encore liée à sa jumelle, et il autorise son index à caresser brièvement le revers de celle-ci, ce qui occasionne chez moi une soudaine bouffée de chaleur au niveau de mon visage. Ce dernier s'abaisse en direction du sol avant de vivement acquiescer, n'ayant pas besoin d'y réfléchir à deux fois. Il sait vraiment comment s'y prendre pour me mettre dans tous mes états.
« Avec plaisir, oui. »
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