Chapitre 25 - Agitation
Point de vue externe
Les exclamations du garçon aux cheveux teints de rouge résonnent aux alentours. Plusieurs paires d'yeux sont posées sur lui, amusées et impatientes, tandis qu'il bascule d'avant en arrière, se fait chahuter, manquant plusieurs fois de chuter. Lorsqu'Eijirou a vu cette mini-attraction consistant à un rodéo sur un taureau automatisé, il n'a pas pu résister et a directement interpelé son amie à la peau dorée afin de parier avec elle quant au temps pendant lequel il parviendrait à dompter cette machine sans tomber. Et, bien entendu, joueuse comme elle est, celle-ci n'a pas pu refuser cette invitation. C'est pourquoi elle se trouve là, à observer son camarade, son téléphone en main afin de filmer son exploit. Les personnes alentours sont, elles aussi, attentives au spectacle. Certaines espèrent qu'il tombera le plus rapidement possible. D'autres l'encouragent à tenir bon. Mais personne ne demeure impassible ; ce n'est jamais le cas, ici. Comme si l'excitation ressentie par la personne se débattant avec le taureau se propageait aux alentours, affectant ceux l'observant.
Cela est vrai la plupart du temps, tout du moins. Car Shouto, lui, le regarde passivement, sans exprimer la moindre émotion. Il se contente d'attendre que son tour se termine, aux côtés de Mina qui se met à ricaner lorsque le rouquin commence à glisser progressivement sur le côté de la bête. Il ne parvient pas à remonter correctement sur son dos tant elle bouge, condamné à espérer gagner son pari dans cette inconfortable position. Il n'est pas dupe : la fin est proche pour lui, peu importe combien il s'accroche. Il espère simplement avoir tenu suffisamment de temps pour que la victoire soit sienne ! Allez, une minute ! Une petite minute, ce n'est rien ! Il l'a forcément déjà atteinte, pas vrai ? Un dernier mouvement du taureau mécanique a raison de lui. Un coup brutal sur la droite lui fait lâcher prise et tomber sur l'épais tapis gonflable en-dessous de lui. Des rires ainsi que des applaudissements lui parviennent. Il souffle longuement et se redresse, cherchant ses camarades du regard afin d'aller les retrouver après avoir récupéré ses chaussures, les enfilant à la hâte tant il est pressé de connaître son résultat.
« Alors, alors ? Comment j'ai été ?
- Je te laisse juger par toi-même ! » rétorque son amie d'un ton espiègle en lui tendant son téléphone.
Il ne se fait pas prier et s'en saisit immédiatement, alors qu'ils se mettent en route, pour regarder la vidéo qui a capturé l'intégralité de sa lutte...et déchante en constatant qu'elle ne dure que...
« Cinquante-quatre secondes ?! Mais nan ! T'as forcément coupé trop tôt !
- Nope. Pile quand t'es tombé. Tu peux la regarder, si tu me crois pas.
- Mais nan, si près du but ! »
Il lance l'enregistrement sous les rires de Mina. Non pas qu'il n'ait pas confiance en elle, mais il veut tout de même être témoin de ce dont il a pu avoir l'air, là-dessus. De l'extérieur, le challenge semble tellement facile mais, en vérité, une fois installé, l'on se rend compte de la force et de l'agilité nécessaire pour ne pas rapidement chuter. Certaines personnes ne tiennent pas dix secondes. Alors, bon, Eijirou s'estime tout de même assez doué pour être parvenu à résister durant cinq-quatre longues secondes. Même si ce n'est pas ce qu'il avait convenu. Tant pis, il y parviendra la prochaine fois.
« Du coup, je te dois quoi ? demande-t-il, le nez plongé dans le téléphone entre ses mains.
- Mmh... Une méga-glace à cinq boules à l'heure du goûter ! »
Face à cette requête, il grogne un instant, faisant remarquer à Mina qu'ils n'ont même pas encore mangé le repas de midi qu'elle pense déjà à ce qu'elle compte ingurgiter d'ici quatre-cinq heures, lorsque son estomac aura été secoué de part et d'autre par les différentes attractions qui leur reste à faire. Elle ne relève pas, se contente de lui tirer la langue. Et son attention vient se porter sur l'autre garçon les accompagnant, les suivant telle une ombre sans émettre le moindre son. Son visage exprime clairement une certaine inquiétude, bien qu'il fasse de son mieux pour la dissimuler. S'il avait seulement été accompagné d'Eijirou, nul doute que ce dernier ne l'aurait pas décelé – il n'a jamais été doué pour ce qui est d'interpréter ce genre de choses. Mais Mina, elle, au contraire, remarque toujours assez rapidement le moindre petit changement chez quelqu'un, observatrice comme elle est. Et puis, il n'est de toute façon pas bien difficile de deviner dans quel genre d'état d'esprit se trouve Shouto, avec ce qu'il s'est passé un peu plus tôt. Elle décide de poser une main sur son épaule et attend que son regard ne dévie vers elle pour lui adresser un sourire encourageant.
« Arrête de t'en faire. Je sais que t'as pas super confiance en Katsuki, et ça se comprend. Mais, crois-moi, il tient vraiment à s'excuser auprès d'Izuku.
- Ouaip ! rétorque Eijirou en rendant son téléphone à son amie. Laisse-lui une chance ! Et puis, au moindre problème, il nous entendra, Mina et moi. Donc t'inquiète pas.
- Vous auriez pu au moins prévenir Izuku avant. Le pauvre a dû paniquer en se rendant compte de notre disparition.
- Il aurait pas voulu venir, s'il avait su que Katsuki était de la partie, vu ce qui semble s'être passé entre eux, soupire Mina.
- Il aurait eu raison, réplique Shouto.
- Rho, dis pas ça ! Certes, c'est nous qui l'avons poussé à se décider à parler à Izuku, quant à tout ça. Mais il a même pas bronché ! Pourtant, tu sais que pour ce qui est de râler, Katsuki est champion toute catégorie ! C'est parce qu'il a reconnu son erreur, et qu'il veut la réparer !
- Mmh... Je le vois vraiment pas s'excuser, avec l'égo qu'il a. Mais bon. Je suppose que nous verrons.
- Mais oui ! Allez, pense plus à tout ça, et profite du parc ! »
La main de sa camarade voyage jusqu'à son dos afin de donner un grand coup dans celui-ci, manquant de faire s'étouffer le bicolore sur le coup. Une petite quinte de toux lui échappe et, suite à celle-ci, il parvient enfin à esquisser l'ombre d'un sourire à l'égard de ses deux amis. Il ne va pas arrêter de s'en faire pour autant, bien entendu. Mais il veut bien accorder un brin de sa confiance à l'ami d'enfance d'Izuku. Il espère simplement que les choses se passent bien, actuellement, entre eux. De toute façon, le garçon aux taches de rousseur a son numéro ; si quoi que ce soit arrive, il espère qu'il aura le réflexe de le prévenir.
« Bon ! s'exclame Mina. Je commence à avoir faim ! On s'arrête un peu pour manger ?
- Je dis pas non ! » acquiesce Eijirou en portant sa paume contre son ventre pour appuyer ses propos.
Il est vrai que la matinée se termine et que Shouto aussi commence à se retrouver en proie à la famine. Bon, ils n'auront certainement pas trop le choix, quant au repas : s'ils désirent se repaitre d'un met plus consistant qu'un sandwich, ils devront se rendre à l'un des petits restaurants au sein du parc...au sein desquels la nourriture coûte très certainement davantage que l'entrée du parc elle-même.
« Hot-dogs ? demande celle aux cheveux décolorés en promenant son regard entre ses deux amis.
- Hot-dogs ! confirme le rouquin.
- Ca me va. » répond le bicolore en opinant.
Et c'est ainsi que les trois adolescents se dirigent, ensemble, en direction de l'un des stands devant lesquels ils sont passés, un peu plus tôt, duquel émanait une bonne odeur de nourriture qui, déjà, avait donné l'eau à la bouche à Eijirou.
Cependant, Shouto n'a le temps de faire que deux pas qu'il s'arrête en sentant la vibration de son téléphone dans sa poche. En alerte, il se dépêche de l'en sortir, s'imaginant déjà voir le nom d'Izuku apparaître à l'écran et devoir se hâter d'aller le tirer des tourments lui faisant subir Katsuki. Mais, en vérité, il n'en est rien : le numéro qui s'affiche lui est inconnu. Il n'est affilié à aucun de ses contacts. Tant et si bien qu'il hésite même à répondre, le temps de quelques secondes. Et s'il s'agissait de son père, l'appelant d'un terminal différent afin de s'assurer d'une réponse de sa part ?
A la quatrième vibration, il se décide néanmoins à décrocher et à porter le cellulaire à son oreille. On ne sait jamais, après tout. Et puis, s'il s'agit bel et bien de son géniteur, il raccrochera simplement à la seconde où il entendra sa voix, et bloquera directement le numéro.
« Oui, allô ?
- Hum, bonjour ? Excusez-moi de vous déranger, vous êtes bien Shouto Todoroki ? »
Tiens ? Cette voix lui paraît familière. Pourtant, il n'arrive pas à coller le moindre visage, par-dessus. Il fronce les sourcils, levant les iris en direction de Mina et Eijirou qui se sont eux aussi arrêtés et tournés vers lui pour l'attendre, un petit air curieux sur le visage.
« Oui, c'est bien moi.
- Ah, nickel, j'ai eu peur de me tromper ! Fuyumi m'a filé ton numéro. Apparemment, t'as eu quelques soucis avec le vieux ? »
Le cœur du bicolore se met soudainement à accélérer au sein de sa poitrine, lorsqu'il prend conscience de qui il pourrait bien s'agir. Cette personne de qui il n'a plus eu de nouvelles depuis maintenant des années. Il peut sentir différentes émotions s'agiter en lui, plusieurs mots chercher à passer la limite de ses cordes vocales.
Qu'est-il censé dire ? Quelle réaction est-il supposé avoir ?
« Je... Tu... Hum... »
Il inhale longuement, expire doucement. Puis, il se racle la gorge et décide de s'assurer de l'identité de la personne à l'autre bout du fil. Il est très probable qu'il s'agisse de celle qu'il a en tête. Mais il veut néanmoins en être sûr.
« Vous êtes ?
- Hein ? Ah, oui, pardon. C'est moi, Shouto. Ton frère, Touya. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top