Chapitre 14 - Moi aussi, je suis comme toi
Mais c'est que je vous gâte, cette semaine, dites-moi!
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Point de vue externe
Les minutes passent. Le silence persiste.
Les deux garçons restants se tiennent là, debout, dans la chambre. L'un a les yeux rivés sur le sol, visiblement bouleversé. L'autre regarde son ami, ne sachant que dire, comment réagir. Il ignore même s'il vaut mieux parler, ou laisser cette absence de son bercer celui aux taches de rousseur. Il peut voir son corps légèrement trembler, ses doigts se crisper autour du tissu de son pyjama. Il ne peut pas le laisser ainsi. Alors il se décide à prendre la parole.
« Je suis désolé. »
Son ami lève les yeux, l'observe sans comprendre. Il cligne des paupières, plusieurs fois, avant de laisser un petit sourire sans joie étirer ses lèvres.
« Tu n'y es pour rien, assure-t-il. C'était idiot de ma part de... Je sais pas. Je sais pas à quel moment j'ai fait une erreur. Peut-être que j'aurais pas dû lui proposer de rester.
- Il a accepté de son plein gré, murmure Shouto.
- Dans ce cas, j'aurais pas dû lui proposer qu'on dorme tous les deux.
- Izuku... »
Le bicolore soupire. Il sait que son hôte ne portera jamais la faute sur Katsuki. Il le porte bien trop haut dans son estime pour cela. Mais tel n'est pas son cas. Alors il ne se gêne pas pour en vouloir au blond, qui s'est soudainement emporté pour balancer toutes ces choses à Izuku avant de partir comme une tornade. Izuku qui ne parvient plus à se contenir et qui, soudainement, éclate en sanglots. Il se mord violemment la lèvre dans le but d'étouffer ceux-ci, mais cela ne fait qu'intensifier ses tremblements.
Et Shouto se sent douloureusement impuissant. Doit-il le prendre dans ses bras ? Le rassurer ? Le laisser évacuer ? Il n'est pas doué lorsqu'il s'agit de s'occuper de quelqu'un qui ne va pas bien. Etant le cadet de sa famille, les autres s'occupaient toujours de lui. Enfin, sa grande sœur, surtout.
« J'aurais pas dû... hoquète Izuku. J'aurais pas dû lui dire ce que je ressentais... »
Oh. Tout s'éclaire, à présent. Le rejet de Katsuki, son dégoût... D'accord, il cerne mieux la situation. Et cela ne fait qu'alimenter sa colère envers le blond. Sourcils froncés, il attrape le poignet du tacheté pour le tirer à lui et, avant que celui-ci n'ait une chance de comprendre, il se retrouve dans ses bras, emprisonné dans une étreinte protectrice visant à le rassurer.
« Izuku, je t'interdis de te sentir coupable vis-à-vis de tes sentiments. Le seul qui se trouve dans le tort, actuellement, c'est Katsuki. Il n'avait pas à agir de la sorte. Tu n'as rien fait de mal. Ce n'est pas de ta faute s'il s'est senti menacé dans sa fragilité hétéro. »
C'est bien la première fois que le vert entend Shouto parler de la sorte. La haine émanant de lui est palpable, tellement qu'elle effraye presque Izuku sur le moment. Lentement, prudemment, il lève son visage strié de larmes vers le sien, sans pour autant chercher à se défaire de l'étreinte.
« Shouto, tu...
- Moi aussi. Moi aussi, je suis gay, Izuku. »
L'intéressé écarquille les yeux. Il ne s'attendait pas à ce coming out soudain de la part de son camarade.
Bon, Izuku n'est pas exactement gay, mais bi... Mais il choisit de ne pas relever sur le moment. De toute façon, avant qu'il n'ait le temps de répliquer quoi que ce soit, Shouto le relâche pour reculer d'un pas. Il défait son bandage, dévoile sa brûlure. Son expression se fait traverser par une lueur de tristesse.
« Et moi aussi, on m'a blâmé pour ça. »
Recroquevillé dans son lit, le corps totalement recouvert par sa couette, Katsuki ne parvient pas à s'arrêter de pleurer. Cela fait longtemps qu'il n'a plus laissé ses émotions se déchaîner de la sorte. Heureusement que personne n'est là pour y assister. Il a bien fait attention à rester discret en arrivant chez lui, afin de ne pas réveiller ses parents, et est directement monté dans sa chambre.
Et le voilà maintenant dans cette position, tremblant comme s'il se trouvait aux portes de la mort, sanglotant à s'en déchirer l'âme. Il a osé. Il a osé sortir ces méchancetés à son ami d'enfance, sans en penser un seul mot. Par simple peur. Par couardise pure et simple. Et il se déteste pour avoir agi de la sorte. Pour avoir tourné en dérision les sentiments du vert alors qu'il ressent la même chose. Et que, contrairement à l'autre garçon, lui n'est pas capable de les faire éclater au grand jour.
Son visage n'est éclairé que par l'écran de son téléphone. Face à lui, le profil Facebook d'Izuku. Il veut lui envoyer un message. S'excuser. Lui expliquer.
Il n'y parvient pas. L'effort lui paraît insurmontable. Comme s'il devait parcourir l'entièreté de l'océan à la nage.
« Putain... »
Il verrouille son téléphone. Le serre contre lui. Plusieurs fois, il inspire puis expire, essayant de se calmer comme il le peut.
Il n'y arrivera pas. Pas tout seul. Cela lui fait mal de l'admettre, mais il a besoin d'aide. Et il ne voit qu'une seule personne apte à l'écouter, à le rassurer.
Il ravale sa fierté, déverrouille son téléphone à nouveau. Il quitte le profil d'Izuku, se rend sur celui de son meilleur ami. Eijirou saura quoi faire. Il saura le conseiller.
Envoyer un message.
『 Mec, faut que j'te parle. 』
Il inspire de nouveau. Expire.
Il ferme les yeux. Rassemble son courage.
Envoyer.
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