A l'approche des examens (2ème partie)

Content Warning : Au cours de ce chapitre, Izuku est victime d'une crise de dysphorie l'amenant à une crise d'angoisse. 

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« Si je réussis les examens, je dirai à Tenya ce que je ressens pour lui. » m'a confié Ochako, lorsque nous nous sommes retrouvés à discuter tous les deux.


Ce doit être un moyen qu'elle se donne afin de se motiver, je la connais suffisamment pour le deviner. Et, effectivement, après en avoir décidé ainsi, elle s'est plongée dans les révisions comme jamais je ne l'ai vue le faire. Elle est devenue quasiment injoignable après les cours, passant énormément de temps à revoir leçon après leçon, synthétiser le plus important, refaire certains exercices pour s'assurer avoir bien compris. J'ignore si elle se retrouve poussée par la simple force de sa résolution ou s'il y a autre chose derrière. Peut-être le fait de ne pas vouloir 'décevoir ses parents', comme elle a pu nous en faire part. Ou, simplement, sa peur d'échouer malgré le travail qu'elle fournit déjà. Dans tous les cas, elle s'y donne à fond, et nous pouvons tous le constater au cours de nos séances de révisions. Elle profite d'ailleurs de ses dernières pour nous demander conseils auprès de sujets qu'elle n'est pas sûre de maîtriser et prendre de minutieuses notes en écoutant nos explications.

J'ai d'abord craint pour elle, pensé que tenir un tel rythme ne serait pas bon, qu'elle finirait par s'épuiser à la tâche et mettre sa santé de côté au profit de quelques heures de travail en plus. Mais, après lui en avoir fait part, elle m'a assuré tout de même faire attention : elle ne va pas non plus jusqu'à sacrifier ses repas ou ses heures de sommeil. Elle sait qu'il est important d'en prendre soin pour que l'activité cérébrale soit des plus efficaces : ce qu'elle recherche, justement. Bien sûr, elle m'a avoué qu'il lui est parfois difficile de résister à la tentation de se distraire en se mettant devant une série ou en passant du temps sur les réseaux sociaux. Mais elle parvient à tenir le coup.

Nos groupes de révisions sont efficaces : nous nous rendons les uns chez les autres, parvenons à nous motiver mutuellement et à nous entraider. Nous ne nous retrouvons pas seuls, isolés, avec nos cahiers comme uniques compagnons. La présence des autres nous fait véritablement du bien. De temps à autre, nous faisons une petite pause, grignotons et buvons un petit quelque chose, discutons quelques minutes avant de nous y remettre. Bien que ce ne soit pas une activité des plus amusantes, nous parvenons tout du moins à la rendre agréable et chaleureuse.

... Du moins, c'est ainsi que les choses auraient dû se dérouler. En réalité, nous passons beaucoup plus de temps à parler entre nous que prévu, au grand dam de Tenya qui a, tant bien que mal, essayé de nous rappeler à l'ordre sans grand résultat : lorsqu'il nous rappelle que nous sommes là pour réviser, nous replongeons dans nos cahiers...avant que l'un d'entre nous ne reprenne la parole en abordant untel ou untel sujet. Cela ne veut pas dire que nous ne travaillons pas du tout, bien sûr ! Mais sur les quatre à cinq heures que nous passons généralement ensemble, seules une ou deux sont consacrées réellement à nos cours. D'ailleurs, Shouto et moi avons trouvé une astuce pour mieux retenir nos leçons : lors de notre première séance, j'ai eu l'idée de mettre en fond sonore des versions instrumentales d'opening d'animes. Cette ambiance, censée nous aider à nous concentrer, a rapidement fini par devenir un nouveau moyen de retenir ce que nous révisions : nous nous sommes mis, le bicolore et moi, à fredonner puis carrément chanter le contenu de nos cahiers sous les rires d'Ochako, Tsuyu et – malgré lui – Tenya.

Quelque part, je finis par me dire qu'il vaut peut-être mieux que Katsuki ait décliné mon invitation à nous rejoindre. Mes séances de révisions en sa compagnie sont bien différentes de celles que je passe avec mes amis. Au cours de celles-ci, le silence est d'or. Les mots tracent leur chemin jusqu'à nos esprits respectifs sans le moindre artifice pour leur faciliter la tâche. De plus, avec lui non loin de moi, j'ai du mal à véritablement me concentrer. Levant souvent les yeux en sa direction, je me surprends à le scruter, à promener mon regard sur ses cheveux retombant légèrement devant son visage, à analyser la position dans laquelle il se tient, la manière qu'il a de faire jongler son crayon entre ses doigts. Et je ressens l'envie de me blottir contre lui, d'attraper ses mains et de rester ainsi, sans bouger, des heures durant. Puis, je reviens à moi et plonge à nouveau le nez dans mes notes, sans un mot. Le silence est seulement occasionnellement perturbé par le son des pages se tournant. Je n'ose pas briser celui-ci en sollicitant mon ami d'enfance, de peur de le déconcentrer et de le dissuader d'étudier en ma compagnie à l'avenir. Malgré tout, lorsque je parviens à garder mon attention sur le cours face à moi, cette absence de bruit n'est pas désagréable. La simple présence de Katsuki parvient d'elle-même à m'atteindre et à me faire me sentir bien mieux que si j'étais seul.

Les deux ambiances n'ont rien à voir l'une avec l'autre. Pour autant, les deux me plaisent et me permettent de travailler dans de bonnes conditions – si l'on oublie mes petits égarements lorsque je suis seul avec le blond. Les examens de l'année suivante seront deux fois plus difficiles, alors autant savoir tout de suite comment m'y prendre lorsque nous y serons : certainement de la même manière, si les autres sont de cet avis.


« Pour ça, faudrait que t'y arrives, à l'année suivante ! me raille Katsuki lorsque je lui présente l'idée, à la fin de l'une de nos séances.

- Je vois pas pourquoi ce serait pas le cas, j'ai autant de chances d'y arriver que toi !

- Pas si tu continues de me lorgner pendant qu'on est censés bosser. » répond-il avec un sourire moqueur.


A cette accusation, je pique un fard et sens mes doigts se crisper contre mon cahier de sciences désormais fermé. Il l'avait donc remarqué ? Moi qui pensais tout de même me montrer un minimum discret, lorsque cela arrivait... J'ai sous-estimé les capacités d'observation de mon ami d'enfance.


« Tu crois quoi ? ricane-t-il. J'révisais mes cours, j'étais pas non plus dans une autre dimension. »


Je ne sais que répondre, sachant pertinemment que je ne ferai que m'enfoncer si je viens à m'y risquer. Je me contente alors de détourner le regard afin de poser celui-ci devant moi tandis que Katsuki se lève de sa chaise et s'éloigne du bureau sur lequel nous avons passé une bonne heure et demie pour aller s'affaler sur son lit, à l'opposé de la pièce, dos contre le matelas et visage tourné en direction du plafond, les bras écartés.


« Ca m'saoule. Vivement que tout ça soit passé que j'puisse me vider le crâne de tout ce qu'il est en train d'ingurgiter. Rien qu'moi qui révise que quand t'es là ça m'fatigue. Mais alors toi qui, en plus, le fais avec un autre groupe à côté... J'sais pas comment tu tiens.

- Je suis habitué à passer pas mal de temps sur mes cours. Et puis, avec les autres... Disons que l'ambiance n'est pas tout à fait la même. On a beau passer des heures avec nos cahiers ouverts, on n'étudie jamais autant que prévu. Mais c'est quand même efficace.

- Ugh, c'est dans c'genre de cas que j'suis bien content d'avoir des facilités à retenir les choses. Mes résultats seraient certainement pas les mêmes, sinon.

- Arrête, je sais très bien que tu tiens trop à être un bon élève pour ça. Si tu n'avais pas autant de facilités, tu passerais sûrement le même temps que moi à réviser, malgré ta patience légendaire ! ironisé-je en me levant à mon tour pour aller le rejoindre, m'asseyant sur le rebord du lit. D'ailleurs, comme tu n'as pas besoin d'autant réviser que ça... Tu aurais pu accepter l'invitation d'Eijirou et Mina, non ? Je veux dire, même si vous ne révisez pas vraiment, ce n'est pas ça qui risque de te pénaliser, je me trompe ?

- Si on est censé réviser, on fait pas autre chose, grogne Katsuki. Et pis, ils en auraient vite marre que je les somme de retourner bosser. »


Je ne peux m'empêcher de rire doucement à cette déclaration. La manière dont il reprend les autres n'a rien à voir avec celle de Tenya. Ce dernier se ferait vite submerger par les amis du blond tandis que, lui, ne se laisserait jamais démonter et, j'en suis sûr, ligoterait même les deux autres à leurs chaises, un bâillon dans la bouche, s'il le faut.


« On arrête pour aujourd'hui ?

- Ouais. »


Tandis que Katsuki se redresse, je me lève du lit pour retourner au bureau et ranger mes affaires. Mieux vaut que je le fasse maintenant, je risquerais de les oublier, sinon. Cahiers, trousse, feuilles de synthèse... Tout y est. C'est lorsque je me redresse après avoir refermé mon sac que je sens deux bras m'entourer la taille et un corps se presser contre le mien. Un peu pris au dépourvu par ce geste auquel je ne m'attendais pas, je me fige le temps de quelques secondes avant de poser les mains contre celles s'attardant au niveau de mon ventre. Malgré les petites marques d'affection que nous pouvons avoir l'un envers l'autre, c'est bien la première fois que mon ami d'enfance m'enlace de la sorte. Je peux sentir son souffle contre ma nuque me hérissant les poils, laissant une nuée de frissons parcourir mon corps. Je décide alors de me retourner pour laisser mon front aller à la rencontre du sien, mes phalanges quitter les siennes afin d'attraper délicatement ses hanches. Nous nous observons un instant, sans un mot, attaqués par nos hormones d'adolescents s'agitant à cause de ce simple contact.


« Deku... finit par murmurer Katsuki sans me quitter du regard.

- Mhm... ?

- J'ai envie de t'embrasser. »


Cette fois-ci, je ne lui en donne pas l'autorisation. Non, je n'en ai pas le temps. Car dès que cette déclaration quitte ses lèvres, les miennes viennent s'y poser, répondant d'elles-mêmes à sa demande. Et c'est sans attendre qu'il répond à ce baiser qui n'a rien à voir avec tous ceux que nous avons pu, jusqu'alors, expérimenter. Nous nous laissons guider par nos envies, rythmées par les battements de nos cœurs respectifs. Nos bouches s'entrechoquent à plusieurs reprises, se mouvant avec maladresse sans véritablement parvenir à se coordonner jusqu'à ce que Katsuki tente, malgré tout, d'ajouter ses dents à l'addition. Il attrape ma lèvre inférieure entre celles-ci afin de la mordiller tout en bougeant son corps de sorte à me faire reculer, lentement. Je pousse un petit gémissement et revient plaquer mes lèvres contre les siennes, l'incitant ainsi à libérer sa proie. Toute pensée quant aux révisions, aux examens, est passée à la trappe, nous laissant profiter de cet intime moment pendant lequel la température monte rapidement entre nous, nous enivrant de ces sensations que nous découvrons pour la première fois.

Timidement, toujours aussi gauchement, alors que Katsuki attrape mon visage entre ses mains, nos langues se rencontrent à leur tour, commençant d'abord par s'effleurer sans se brusquer, puis se frottant un peu plus frénétiquement l'une à l'autre sans trop savoir comment s'y prendre. Nous sommes tous deux novices dans ce domaine, après tout. Mais cela ne nous empêche pas d'apprécier cet instant comme il vient, sans nous soucier de quoi que ce soit d'autre. Une partie de moi a très envie d'aller plus loin, encore plus loin, de repousser les limites et de partir à la découverte du corps de mon ami d'enfance, de ce trésor que je convoite depuis maintenant des années et qui se trouve là, juste sous mes doigts.

... Une autre prend conscience de ce qui est en train de se passer et où cela risque de nous mener lorsque l'arrière de mes genoux heurte le bord du lit du blond, rompant notre étreinte buccale, et que mon dos s'affale sur le matelas, suivi par mon partenaire se plaçant au-dessus de moi et me scrutant d'un regard brillant, empli de désir. Ses mains sont de nouveau contre mon ventre et ses doigts remontent mon t-shirt jusqu'au-dessus de mon nombril afin de caresser ma peau et, si mon cœur se met à battre de manière assourdissante à ce geste, ce n'est plus à cause de l'excitation que je pouvais ressentir quelques secondes plus tôt. Cette dernière a laissé place à une soudaine panique, à une anxiété me coupant le souffle. Mon ami n'a donc pas le temps d'aller plus loin que je repousse ses phalanges et que je me redresse, en profitant pour attraper les épaules de Katsuki afin le décaler légèrement. Je prends conscience de ma poitrine, serrée dans mon binder, semblant prendre bien plus de place que d'ordinaire. J'ai l'impression de manquer d'air.


« Stop, arrête... soufflé-je, la respiration hachée.

- Deku ? me questionne Katsuki en haussant les sourcils. J'ai fait quelque chose qui—

- Non. Non, c'est pas toi, tenté-je de le rassurer. C'est moi, je... »


Sans prévenir, mon souffle se fait soudainement plus rapide, inspirant et expirant à un rythme effréné. Mes poumons ne parviennent pas à assimiler correctement l'oxygène ingéré, ne parviennent pas à suivre cette cadence imprévue générée par la panique ayant pris possession de mon corps. Les larmes me montent aux yeux. Une boule se forme dans ma gorge. Je ne parviens plus à penser de manière claire, la totalité de mon cerveau se trouvant désormais en état d'alerte et cherchant à rendre à ma respiration son rythme normal tout en essayant de gérer la peur à l'origine de ce problème.


« Deku... ? »


Contre mon corps tremblant, une main tente de se poser, certainement dans le but d'essayer de me rassurer. Mais à peine a-t-elle eu le temps de m'effleurer que je me décale en secouant vivement la tête, entourant mon abdomen de mes propres bras.


« S-s'il te plait, non. Ne m-me touche pas. Si tu me touches, t-tu me détesteras...

- Hein ? Mais pourquoi j'te détesterais ? Qu'est ce qui t'arrive... ? »


Le ton adopté par Katsuki m'indique qu'il ne comprend pas ce qui est en train de se passer. Qui peut l'en blâmer ? Voir la personne que l'on aime partir en crise d'angoisse simplement parce qu'on a effleuré sa peau n'est pas une chose à laquelle l'on est généralement habitué à assister.

Tentant de demeurer concentré sur ma respiration, je ne réponds pas directement à mon ami, attendant que son rythme diminue peu à peu et que sa course endiablée finisse par se faire remplacer par un flot de larmes qui stagnait jusqu'alors au coin de mes yeux.

Je n'ai plus le choix, je dois lui en parler. Je dois lui confier ce que je m'efforce de cacher depuis si longtemps maintenant, de peur de m'attirer des ennuis. J'aurais sûrement dû le faire avant. Je crois. Je n'en suis pas sûr. Quel est le moment opportun pour dire à quelqu'un que l'on est transgenre ? Je me suis toujours dis que je n'avais en rien l'obligation d'en parler à qui que ce soit. Mais lorsque Katsuki a effleuré ma peau, je me suis imaginé son expression dégoûtée, s'il venait à découvrir que mon corps n'est pas celui d'un garçon cisgenre. Aurait-il dit que je l'ai trahi ? M'aurait-il repoussé, frappé comme l'on peut le voir dans certains cas ? Je n'arrive pas à y penser de manière cohérente. Je n'arrive pas à savoir ce que je dois faire. Ce que j'aurais faire. Comment s'y prennent les autres, au juste ?


« K-Kacchan, je... Je suis désolé, j'ai... »


Trébuchant sur mes mots et ne parvenant pas à former une phrase correcte, je décide d'inspirer longuement puis d'expirer. Mon corps se fait secouer de spasmes tandis que je réitère l'opération plusieurs fois. Je délie mes bras d'autour de moi, laissant mes poings échouer contre le drap du lit de Katsuki, que je serre entre mes doigts tremblants. Il me regarde, silencieux, attendant probablement que je sois pleinement calmé et que je lui explique enfin ce qu'il se passe.


« Je n'ai pas...un corps que l'on pourrait s'attendre à voir, chez un garçon... » finis-je par murmurer sans oser relever les yeux vers lui.


Un instant passe entre nous sans que le moindre mot ne soit prononcé. Katsuki doit être confus, ne rien comprendre à ce que je raconte. Je rassemble mon courage pour reprendre la parole et lui expliquer de manière plus concrète lorsqu'il s'adresse à moi à son tour, nonchalamment, prononçant une simple phrase qui parvient à me figer d'étonnement et d'incompréhension à mon tour.


« Je l'sais, ça, Deku.

- ... Hein ?

- Je sais. Je sais que t'es un mec transgenre. »

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