♣ La Prise du Roi
Commande de elcorazon2003
Ceci est la première partie !
Bonne lecture !
30 avril 2020. Une date banale aux yeux de l'humanité. Une date peut-être inoubliable pour le roi des vampires.
C'est aujourd'hui qu'il organise son plus grand bal de l'année, un bal masqué qui marquera un tournant décisif dans sa vie. Son but ? Trouver une épouse, ou à défaut une femme acceptable. Voilà des années que ses trois premières femmes sont mortes et politiquement parlant cela faisait jaser. Il avait maintenant sur le dos mille et une rumeurs on ne peut plus douteuses... Il s'en passerait bien !
Pour marquer l'évènement aux yeux de tous, toutes les familles influentes, humaines ou vampires, avaient été invitées plus tôt dans le mois. La seule condition était de ramener avec elles leurs filles. La sous condition était qu'une fois la fille choisie, consentante ou non, le roi l'emmenait avec lui. C'était non négociable.
Le roi soupire en regardant sa montre rutilante et hors de prix, dans quelques heures son palais sera rempli de bruits, de cancans, de regards calculateurs, de brouhaha... En bref, beaucoup trop de choses fatigantes et superficielles. Voire mauvaises. Lui aime le calme, ne pas être dérangé dès lors qu'il n'est plus à son travail. Nouveau soupire. Il descend constater l'avancement des préparatifs de la fête. C'est bientôt prêt, les serveurs installent le buffet, la brigade d'entretien termine d'effacer la moindre trace de poussière.
Nouveau regard vers sa montre. Il est 18 heure. Le roi fait volte-face, retourne à ses appartements. Sur son passage, les buandières s'inclinent en murmurant le très polie et protocolaire "Monsieur Karl Heinz..." avant de s'effacer au plus vite, leur panier de draps à laver sous le bras.
Le vampire arrive dans sa chambre, il revêt sa splendide tenue officielle, celle qu'il arbore sans cesse et que tout le monde lui connait. Devant son miroir, il croise son propre regard. Rouge sang. Rouge passion. Des iris animés d'une flamme millénaire et sans âge. Ils lui donnent un regard profond, calme, posé. Pénétrant. Avec le temps, il a appris à sonder le cœur et l'âme de tous ceux qui l'entourent. Le moindre geste, le moindre mouvement est pour lui une représentation des pensées de l'autre. Qu'elles soient inconscientes ou non de cet autre. Quel âge a t-il déjà ? Il n'en ait plus très sûr... Mais quelle importance lorsque l'on est un être quasi éternel ?
L'homme aux mèches blanches à peine bouclées jette un coup d'œil vers sa droite, vers sa couronne plus exactement. Un cercle parfait, des arabesques d'or nées de la main du plus grand orfèvre de tous les temps. Délicatement, il la soulève d'une main. Elle pèse lourd sur sa tête. Un dernier coup d'œil dans le miroir et il sort.
Il claque une lourde porte de chêne derrière lui pour surplomber d'un bel étage la salle de bal. Elle est absolument parfaite dans son classicisme français, des lustres de cristal pendent du plafond tels une pluie de perles scintillantes. Tous les convives sont déjà là, le bruit des robes et des talons, les voix et les rires plus ou moins faux, pas de doute la fête vient bien de débuter. Discrètement, dans l'ombre d'une colonne, il observe cette foule de jeunes femmes. Il cherche du regard lesquelles semblent les plus avenantes à travers les masques bariolés et les éventails.
Celle juste en dessous lui, en rouge, rie à gorge déployée. Elle est plus fausse qu'un diamant de toc. Un peu plus loin, de jeunes filles s'échangent des potins. Tellement superficielles qu'il en aurait bien soupiré. Au fond de la salle par contre, un groupe d'amies discutent paisiblement, un verre à la main sur les fauteuils pourpre. Celle en bleu ne semble pas trop mal. Le roi a choisi sa première candidate à tester, alors il sort des ombres pour descendre l'escalier de marbre.
A peine sa silhouette s'est-elle dessinée dans la lumière, que le monde devient comme figé, un silence assourdissant tout le temps qu'il descende l'escalier. Les gens se sont inclinés, et ils ne relèvent la tête que lorsqu'il pose le pieds sur le sol de la salle de bal. D'un signe de la main tout le monde est invité à se relever. Les convives repartent à leurs occupations épiant discrètement le roi du coin de l'œil.
Les heures passent lentement, Karl Heinz n'a trouvé aucune femme pour éveiller un intérêt réel. Il a dansé par trois déjà, mais rien de concret. Il décide de se poser plus loin des convives agités, le balcon sera parfait. Il se dirige vers l'immense porte vitrée. A sa grande surprise, celle-ci est déjà entrouverte. Qui donc avait bien pu vouloir s'absenter d'un évènement aussi important ? Il pénètre sur le balcon, sa cape glisse derrière lui comme pour effacer toute trace de son évasion de la foule dansante et riante.
Là, juste au milieu, une femme. Elle est de dos et contemple le jardin baigné des rayons de lune. La nuit est tombée plus tôt qu'il ne l'aurait cru. Il observe sa robe : dos bu plongeant, parfaitement blanche mais rehaussée d'or, comme de minuscules constellations parsemant sa robe. Les courbes sont graciles, la chevelure lisse et pâle remontée en un chignon sobre mais élégant.
Il sent qu'elle est humaine, irrésistiblement il est attiré par elle. Il s'avance lentement pour se poser à sa gauche, l'air de rien. La jeune femme sursaute, elle ne l'a pas vu arriver avec son masque de nacre blanche immaculée. Elle commence à s'excuser platement pour avoir pris sa place au balcon avant de reculer pour revenir dans la salle de bal. Le roi la retient. Hors de question de la laisser filer aussi facilement. Sa main s'empare avec délicatesse mais fermeté du poignet de sa proie. Elle lève vers lui un regard de biche, ses yeux marrons sont d'une tendresse touchante, bordés de cils noirs. Les lèvre pleines et rouges lui rappellent la couleur des groseilles en été. Une envie soudaine de les embrasser traverse l'esprit du roi.
Le vampire sourit avec un regard qui se veut le plus doux et confiant possible : "Que fait une aussi jolie demoiselle sur un balcon par une nuit si fraîche ? Votre place serait à la lumière de cette salle de bal, pour éblouir la salle..."
L'humaine rougit de timidité : "Ho... Non merci... Je préfère que l'on me laisse tranquille..."
Le roi lève un sourcil circonspect. En voyant cette réaction, la belle rougit de plus belle, pensant l'avoir offensé : "Non pas que votre présence me dérange, c'est un honneur pour moi votre majesté que de pouvoir vous parler... !"
Le roi ne répond pas, il attend la suite. Elle le ressent aussitôt et soupire intérieurement de devoir s'expliquer avec un homme si influent. Ne pas répondre et avoir par la suite des ennuis jetterait sans nul doute l'opprobre sur sa famille. "Je suis simplement venue accompagner une amie mais elle m'a laissé pour aller séduire le baron de Windsor... Alors je me suis dit qu'en attendant son retour je pouvais m'isoler ici."
Karl Heinz sourit d'un air compatissant : "Quelle histoire... Permettez moi donc de vous tenir compagnie dans ce cas !" Il l'attire à lui en glissant sa main sur sa taille : "Votre nom maintenant ?"
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"Hato"
Elle se met à rougir violemment tandis que le roi la presse plus à lui. Elle est quasi certaine que le roi peut sentir les battements de son cœur contre son torse. En vrai prédateur qui amadoue sa proie il glisse à son oreille "Très joli nom...~"
Un vent bien trop frais se lève et vient la faire tressailllir de froid. Surpris d'abord, le roi à tôt fait de l'enlacer totalement, Hato à le visage au creux de l'épaule du souverain. Contre toute attente son corps semble chaud.
Le roi sait ce qu'elle pense : "Il fait officiellement trop froid pour toi ici, allons danser une de ces valses..." Sans attendre de réponse de sa part, le roi l'entraîne à sa suite. Le retour soudain sous le feu des lustres de cristal fait plisser Hato des yeux. Dans quel pétrin vient-elle de se fourrer ? Tout le monde va la regarder, la juger, parler sur elle.... Elle déteste être sous les feux de la rampe, maudit roi ! Sa seule consolation est ce masque qu'elle porte ce soir...
Il n'a toujours pas enlevé ses sales pattes de ses hanches et maintenant il se met à entrelacer ses doigts gantés aux siens. Les gants de soie sont doux, la main dans la sienne lui paraît immense. Il commence à diriger la valse qui débute sur les notes les plus élégantes. Hato commence à tournoyer avec lui sous les lumières d'or. Le vampire lui fait la conversation. Ils ont beaucoup de points communs au final : lectures, énigmes, calme... Ce qu'il raconte est passionnant, captivant. Avant même de pouvoir s'en rendre compte, la belle laisse son regard de biche se perdre dans ceux de son cavalier, d'un or parfait. Le temps n'est plus là, ou tout du moins il s'est suspendu. Elle se prend au jeu de la discussion, ce roi n'est pas aussi inintéressant qu'elle le pensait jusqu'alors ! Ils finissent par rire, les regards en connivence, au moment où sans le vouloir elle lui écrase le pied.
Karl exige réparation, et sans lui laisser le temps de réagir, vient poser ses lèvres sur celles de la jeune femme. Doux mais avide. Il les convoitait depuis un bon moment visiblement. L'humaine ne sait quoi penser : surprise, joie et incompréhension se bataillent dans son cœur. Tout le monde les a vu réalise soudain Hato. Elle venait de voir sceller son sort face à toute la cour. Karl Heinz l'a choisi. Elle ne va pas rentrer chez elle ce soir. Soudain horrifiée et en panique elle croise le regard éberlué de son amie. Cette dernière la regarde avec impuissance, l'air de dire "Mais dans quel pétrin t'es tu mises ?"
C'est vrai, elle est dans le pétrin le plus total et rien ni personne ne va pouvoir l'en tirer. Pas même ses parents... Dans les quelques minutes qui suivent, l'espace se fait vide autour d'eux, le monarque se prépare à prendre la parole : "Je déclare officiellement cette jeune femme comme mienne !" Une rumeur fébrile monte dans la salle tandis que Hato se liquéfie sur place. Elle est fichue pour de bon. Certes ce roi c'est révélé bien plus plaisant que prévue, mais ça ne voulait pas dire pour autant qu'elle venait subitement d'en tomber amoureuse !
Non de non... Mille paires d'yeux semblent la regarder : haineux, jaloux, suspicieux, curieux, rageux. La belle sent monter la panique en elle, elle est toute rouge et l'air semble de plus en plus liquide, comme si elle allait se noyer. Le roi ne lâche pas sa main. D'un air entendu à toute cette foule, il se dirige vers l'escalier par lequel il était descendu quelques heures plus tôt, sa proie fraîchement capturée sous sa croupe. Ce soir, les parents recevront une lettre du palais. Ce soir, des parents venaient de perdre un enfant. Ou plutôt une enfant, pas même 20 ans...
Les marches à gravir de ses escarpins sont une épreuve terrible. Elle manque de trébucher sur la dernière marche, le roi la retient d'une main sur sa taille. Encore. Si possessif. Elle le guette du coin de l'œil. Il paraît calme, mais elle sent la satisfaction émaner de lui comme jamais. Bientôt, ils sont dans un couloir sombre, loin des tumultes de la fête. Hato a peur maintenant. Et si le roi décide de la faire "sienne" dès ce soir ? Ho non elle n'est absolument pas prête...
La jeune fille s'écarte de lui, les bras croisés sur son torse, effarouchée et encore sous le choc : "Pourquoi ?" Karl Heinz la regarde de toute sa hauteur mais ne montre aucun changement d'humeur. Il est satisfait et surtout patient. Très patient.
"Parce que tu me plais beaucoup trop..." Il remet en place une mèche folle de la chevelure de l'humaine.
"Cependant tu dois être épuisée, alors tu vas aller te reposer comme il se doit." Sans plus attendre, il la conduit dans sa suite. Il lui montre la salle bain puis repart dans la salle de bal, il doit mettre un terme au bal par un discours et inviter tous les présents à regagner leurs appartements prêtés pour l'occasion. En sortant de la suite, il ferme à clé, mettant en cage la belle colombe...
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