Partie 3
Kakashi franchit la porte de la librairie avec joie, lui qui aimait les endroits peu fréquentés, éclairés par des lumières tamisées et chauffés par un chaleureux feu de bois. Misame verrouilla le loquet par sécurité, tira les deux longs et lourds rideaux en velours et débarrassa tout de suite Kakashi de tous ses paquets.
Cette fois était bien l'une des premières que Kakashi se retrouvait seul face à une femme dont il savait déjà qu'il appréciait sa présence. En effet, Misame semblait déjà avoir inauguré le début de la soirée en s'étant revêtue d'une tenue confortable, en ayant relâché ses magnifiques cheveux noirs sur ses épaules et en créant malgré elle une ambiance calme, douce et sereine. Kakashi appréciait plus que tout la tranquillité, et Misame reflétait cette paix qui était indispensable pour lui dans son quotidien.
Kakashi remarqua également qu'il ne s'était pas encore accordé du temps pour contempler Misame. Alors qu'elle humectait les plats les yeux fermés, le Héros au Sharingan ne put s'empêcher de se concentrer sur le visage de cette femme. Ses traits, bien que fatigués, respiraient la gentillesse, ce sourire sincère ne quittait ses lèvres en aucune circonstance, sa voix était à la fois posée mais certaine et Misame semblait surtout être la pure définition de la sensibilité.
Ces détails formaient la raison pour laquelle Kakashi se tenait devant elle. Bien qu'il fût ébranlé de cette vision, le Sixième Hokage ne laissa comme d'habitude rien laisser paraître de ses ressentis, même si Misame ne rencontrait aucune difficulté à voir une expression satisfaisante derrière le masque épais.
- « Je réitère mes remerciements, notamment pour ta discrétion. De fait, je n'ai jamais réussi à imaginer une inauguration, même avec mes meilleurs clients. Je préfère ces petits dîners, bien que je ne pensais pas que tu accepterais mon invitation. ». Misame inaugura cette festivité avec ce petit discours qui plut beaucoup à Kakashi. La simplicité était sans doute l'une des qualités humaines et professionnelles qu'il cherchait dans tous ses interlocuteurs.
- « Sachez immédiatement que ce plaisir est partagé Misame. Personnellement, je n'ai pas réussi à imaginer un autre plan que celui de deux personnes solitaires dînant dans une librairie n'aspirant qu'à la lecture. », répondit-il en sortant un livre d'en dessous de son gilet de Hokage.
Misame rit, et Kakashi sut instantanément qu'il ne regretterait pas un seul instant de sa venue dans la boutique. Effectivement, une grande pile de dossiers l'attendait encore dans son bureau (et même chez lui), mais cette fois était bien la première où il s'autorisa à s'accorder une pause. En réalité, Kakashi ne se reconnaissait pas dans son comportement.
Lui dont les relations (amicales et surtout amoureuses) n'étaient jamais apparues dans son esprit (et dans son cœur) comme une priorité, il se retrouvait ce soir dans un commerce avec une femme qu'il ne connaissait pas encore le matin même. Kakashi réfléchit alors en toute prévoyance à une excuse, lui qui était habitué à les présenter devant ses interlocuteurs souvent estomaqués et agacés de son manque de transparence en termes d'affaires personnelles.
- « Tu n'auras qu'à dire que ce créneau était le seul de libre dans nos agendas pour que tu m'autorises officieusement à exercer. ». Misame lisait-elle dans les pensées, en plus de pouvoir feuilleter en même temps le livre que lui avait tendu Kakashi sans s'en rendre compte ? Kakashi fut soudainement interrompu dans ses pensées, et se retint de reprendre des mains de Misame l'un de ses romans favoris pour adulte : Le Paradis du Batifolage. « Tu as toqué à la bonne porte pour que je te recommande une version physique toute neuve. Le délai sera d'une semaine. »
Kakashi releva la tête vers Misame qui s'était déjà déplacée vers le fond de sa boutique. Elle était affamée, et sentait qu'elle ne pourrait pas résister cinq minutes de plus face à ce dîner dont elle n'était pas habituée à de telles quantités. Quant à Kakashi, il n'osa pas encore bouger parce qu'il voulait photographier de ses yeux tous les détails qui permettaient à ce que ce commerce soit unique à Konoha.
L'organisation de la librairie était simple et stratégique : le client était immédiatement projeté dans un univers dont il ne ressentirait plus l'envie ni le besoin d'en sortir. En effet, il ne pouvait résister à l'appel de cette grande pièce divisée en plusieurs recoins stratégiques. Kakashi aimait cette tactique, qui consistait tout simplement à accompagner la clientèle dans un chemin défini qui parcourait toutes les catégories.
Ainsi, le Hokage se laissa guider, en réalisant sa première halte devant un long îlot central, qui permettait de faire patienter toutes les personnes présentes, même en cas de forte influence. Le rayon traditionnel resterait l'une des valeurs sûres, avec ses ouvrages de cuisine, de mangas, de jeunesse, de littérature, de poésie, de récits policiers ou de voyage, de science-fiction et de théâtre.
Ensuite, Kakashi se rendit dans la première alcôve, identifié notamment par un petit écriteau « N'oubliez pas de porter une attention particulière à toutes les marches ». Kakashi ne sut même pas le motif pour lequel il baissa les yeux. Il aimait l'ambiance de ce commerce, mélange entre la modernité et les traditions (dont le beau parquet brillant sentant bon le vernis et qui apportait une réelle touche de différence). Livres d'histoire, de psychologie, de résilience et même d'apprentissage : Misame voulait que chacun se reconnaisse dans ses propositions.
Puis, le Héros au Sharingan se retrouva de nouveau dans la pièce centrale, et se dirigea vers les hautes étagères dans lesquelles il reconnut un rayon plus intellectuel : celui des sciences humaines, avec des critiques littéraires, de l'ethnologie, de l'anthropologie, de la médecine, de l'histoire, du féminisme, des langues étrangères, de la linguistique, de la philosophie, de la psychologie et de la psychanalyse, de la (science) politique et de la sociologie.
Kakashi faisait à présent face au haut et long comptoir en bois massif, sur lequel était présenté une masse indescriptible de papeterie :
- « Je possède tout à portée de main. ». Misame tendit une tasse de thé à Kakashi qui saisit la anse avec attention et délicatesse. Il osa regarder Misame droit dans les yeux pour la remercier, dont le sourire illumina une fois de plus son visage. « Permets-moi t'anticiper ta question, mais le fait que ce bar soit placé à gauche de l'entrée est mon choix, notamment puisque je fais dos à la vitrine qui laisse entrer tous les matins les rayons chauds du soleil. ».
- « Je viendrai travailler avec vous dès que Naruto deviendra le Septième Hokage, si vous le voulez bien naturellement. ». Kakashi se fit violence pour diriger ses yeux vers la dernière alcôve consacrée à la jeunesse, alors qu'il souhaitait plus que tout plonger son regard dans celui de Misame.
- « Tu te souviens ce que tu m'as dit ? Appelez-moi Kakashi, et tutoyez-moi voulez-vous, vous risquez de me voir souvent. Tu peux aussi me tutoyer Kakashi. ».
Lorsque Misame toucha le poignet de Kakashi, le Héros au Sharingan se laissa pour la première fois déstabiliser et emporter par ses émotions. Or, il aurait aimé qu'un temps mort lui soit accordé dans cette spirale, et si Kakashi avait ainsi pu appeler Obito pour que celui-ci le téléporte dans son espace-temps, il l'aurait fait.
En effet, en plus d'être une belle femme et une excellente libraire, Misame était la première de toutes les compatriotes de Konoha à changer l'expression de Kakashi pour la rendre admirative. Aucune femme ne s'était autant intéressée à lui, et cette attention le perturbait. Elle continuait en plus à le fixer...
Misame et Kakashi se désiraient. Cette pulsion était accentuée et confirmée par ce coup de foudre que des amoureux ne ressentent qu'une fois dans la vie. Misame ne souhaitait (et surtout ne pouvait) donc pas attendre une seconde de plus. L'homme qu'elle aimait était Kakashi Hatake, et ses sentiments étaient bien trop purs et sincères pour être ignorés.
Puiser en soi les ultimes forces pour ne pas se rapprocher, révéler ses intentions (et son visage), se pencher, s'embrasser, se toucher, s'éloigner pour reprendre son souffle et à nouveau s'enlacer... S'admirer à en devenir aveugle, partager ce premier sourire complice, ressentir cette envie immédiate de recommencer. Se délecter des frissons, ne pas réagir face au cœur qui semble exploser et devenir dépendant à cette sensation indescriptible dans le ventre.
Misame s'avança vers Kakashi, passa délicatement ses doigts derrière la tête du Héros au Sharingan, descendit le masque de ce dernier sans ne plus réfléchir, s'approcha et... Kakashi fondit sur les lèvres de Misame, et décida de s'abandonner tout de suite à elle.
Misame était douce dans ses gestes, et Kakashi ne put se retenir grogner de plaisir lorsqu'il sentit des doigts fins caresser son flan, et une main entourer son épaule. Misame et Kakashi se serraient fort, comme s'ils se retrouvaient après une attente interminable. Et Kakashi susurra ces mots à l'oreille de Misame :
- « Je te promets que je n'oublierai pas le goût de ce baiser jusqu'à ton prochain. ».
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