Tyran (3)

Kakashi était en route pour le domaine Uchiha où il assisterait comme habituellement, à titre de vassal du seigneur à chaque congrès qui se déroulait hebdomadairement. Mais alors que sa troupe était déjà à mi-chemin, un messager vint leur barrer la route, en les informant que le seigneur était tombé malade et que la réunion était reporté jusqu'à la guérison.

L'homme aux cheveux argents avait soupiré en passant une main sur son visage, essayant de chasser la lassitude de ses traits.

- Vous auriez pu prévenir avant que je ne me mette en route...
- Je m'en excuse, répliqua le messager. L'ordre vient tout juste d'arriver.

Kakashi n'avait pas été d'humeur à batailler, il avait été extrêmement épuisé de sa rude séance d'entraînement de la veille, donc il remercia poliment le messager et ordonna à ses hommes de faire demi tour. Ils trottaient tous presque boudeusement au retour, surtout que Kakashi n'avait pas du tout envie de rentrer au domaine, là où il serait assailli par toutes ses femmes en manque d'affection.

Alors quand il vit la forêt sur le chemin du retour, il prévint ses hommes qu'il allait chasser et leur demander de continuer sans lui même si un de ses hommes le mit en garde.

- Vous allez chasser monseigneur ? Comme cela ? Sans équipement ni arme ? Vous avez quand même de grande chance de tomber sur des fauves qui cherchent quoi se mettre sous la dent par ce froid. Laissez-moi au moins vous accompagner...
- Ne t'inquiètes pas pour moi, j'ai une dague et un canif, ça suffira amplement. Et je refuse que quiconque m'accompagne, vous devez tous être aussi fatigué que je ne le suis. Rentrez donc au domaine pour vous reposer.

S'en suivit des "oui, monseigneur" à l'unisson et bientôt Kakashi s'engouffra dans l'épaisse forêt, détaché du reste du groupe, son canif à la main et toujours à dos de son cheval. En plus du froid, il y avait une humidité assez dense qui flottait dans l'air et qui créait un léger brouillard et obscurcissait la forêt outre mesure.

Quand la végétation fit mine de se resserrer, il dut abandonner son cheval et continuer à pied. Il se fichait pas mal de l'endroit où il se rendait, il voulait juste se changer les idées et rester loin de l'ambiance du domaine où il devait à tout instant jouer le rôle du chef dominant. Le "monseigneur" de ses hommes et le "maître, que puis-je faire pour vous" de ses esclaves. C'était assez harassant pour lui qui ne cherchait que la tranquillité.

Pendant qu'il flânait entre les arbres, il fit aussi ce pour quoi il était venu. Alors presque une demi heure après, quand il s'était suffisamment enfoncé dans la petite forêt, il finit par repérer au loin, un ensemble de lapins sauvages, terrés au pied d'un grand arbre.

Il les abattit sans problème avec son arme, omettant volontairement la fichue prière pour leurs âmes. Il croyait que sa besogne passagère était fini mais il semblerait que l'odeur du sang fut assez forte pour que Kakashi ait la surprise de tomber sur un prédateur qui l'attendait, les babines retroussés, juste derrière.

Un énorme loup des bois.

Vu la position de ses pattes, il semblerait qu'il avait prévu de manger du lapin aussi et au passage, se farcir un bourgeois. Kakashi n'aurait pas eu peur d'un simple loup si celui-ci avait eu une taille normale. Mais taille normale n'était absolument pas le terme qu'on aurait pu employer pour cet animal. Musclé et enragé, il faisait paraître les grands arbres montant jusqu'au ciel pour des pépinières de prairies.

Kakashi hésitait à s'enfuir car le loup le rattraperait en peu de temps donc la seule option était de se défendre un tant soit peu avec sa dague dont la taille était semblable à toutes les griffes que la grosse bête affichait fièrement juste à quelques pas devant lui.

Le loup bondit soudainement dans sa direction et c'est seulement là qu'il se rendit compte qu'il n'avait toujours pas lâcher ces stupides lapins. Le loup, plus rapide que lui, lui sauta dessus, accrochant ses crocs fermement dans son épaule gauche et le renversant au sol, dans les herbes sauvages. Un coup de canif fit dévier la gueule. C'était l'occasion de fuir pensa Kakashi mais sa fuite fut de courte durée, une mâchoire puissante lui tordit la cheville en le tirant vers l'arrière.

On l'avait bien prévenu pourtant.

Soudain, des aboiements stoppèrent l'assaut brutal du loup. Des chiens.

Des chiens ? Ses hommes! Les chiens et un homme muni d'une lampe à bougie avait réussi à faire fuir la grosse bête.

Kakashi pensait que ses hommes l'avaient retrouvé, qu'il avait échappé à une morte certaine tandis qu'un gros coup de pression le quittait.
Pourtant... 
L'homme venu à son secours restait immobile, n'affichant aucune intention d'aller aider cet homme blessé à terre.

- Aide-moi, je t'en prie, je suis blessé...

Soudain, l'homme se pencha à côté de son corps étalé à terre et quand l'inconnu retira sa capuche, Kakashi reconnut un de ses esclave malgré la faible lumière du feu. A ce moment , Kakashi ne croyait plus en sa bonne fortune, c'était le blond auquel il avait affligé de nombreuses punitions et celui-ci se vengera surement sur lui maintenant qu'il était affaibli. Il subira funestement, le même destin que sa pauvre mère agressée par ces barbares d'esclaves. Kakashi avait fermé les yeux, s'attendant au coup fatal.

Pourtant il ne vint pas. Au lieu de cela, une paume chaude vint appuyer chaleureusement sur son front fiévreux puis se poser sur sa poitrine.

- Ne vous inquiétez pas, je ne vous veux pas de mal. Je vais vous soigner et vous ramener au domaine.

Et son esclave blond dit tout cela de façon claire et compréhensible qui finit de le choquer.

- Qu.. Quoi ?

- Pourriez-vous faire l'effort de monter sur mon dos ?

- De... Je... Je pense.

Kakashi était tout embrouillé et il ne se posait pas de question pour l'instant. Sa cheville le lançait beaucoup trop pour qu'il puisse refuser de l'aide. Quand il reprit un tant soit peu ses esprits, il était déjà sur le dos du blond, cramponné à son énorme manteau épais dont il ignorait complètement d'où un esclave aurait pu s'en procurer de pareil et ils étaient en route pour il ne savait pas trop où.

Confusion.

Le plus étonnant était le fait qu'il lui faisait confiance pour, effectivement, l'aider même si une multitude de question l'assaillait sur ce curieux personnage qui préférait aider son bourreau plutôt que s'en délivrer.

Confusion.

La situation était telle que malgré son état un peu trouble, son subconscient inondait ses pensées avec de nombreuses questions qui méritaient justification passant de "comment a-t-il fait pour sortir aussi impunément du domaine ?" à " Mais d'où viennent ces chiens ??! ". Kakashi déduit après une lente analyse qu'à ce moment, il avait le choix entre être hostile au péril de sa vie ou essayer de se faire pardonner.

- Tu n'as pas peur de moi ? Je veux dire... Si tu me ramènes, je pourrais te punir en sachant que tu es sorti des murs et que tu as certainement voler tout le matériel que tu trimbales, commença Kakashi en désignant l'attirail harnaché aux grands chiens qui les suivait au pas. Ce ne serait pas plus simple de me tuer ?

- Ce serait peut-être plus simple, oui. 

- Alors, pourquoi ?

- Parce que je suis médecin et que dans ma nature j'aide les gens au lieu de les tuer.

Kakashi resta bouche bée, ses méninges tournant à fond pour comprendre tout ce que cela impliquait.

- Médecin ? Mais... D'où sors-tu ? Tu n'étais pas censé être un esclave ?

Le blond fut secoué d'un petit rire alors qu'il secouait la tête avant qu'il ne réponde.

- Je trouve que personne n'est censé être un esclave. Mais si vous voulez savoir, je m'appelle Naruto et je ne sais absolument pas d'où je viens à part que je vivais dans un petit village nommé Konoha où il ne faisait jamais aussi froid. J'exerçais tranquillement mon métier et j'étais en route pour apporter mes services au prélat quand j'ai fait l'erreur de me perdre. On m'a enlevé, battu et s'en est suivit une longue liste d'injustice dont je ne comprenais pas trop l'utilité. Et ce depuis maintenant plusieurs mois... Tout ça parce que, malheureusement, j'avais la peau un peu trop foncée.

Naruto avait dit tout cela d'une traite, laissant planer le ton de l'ironie vers la fin et était complètement essoufflé, preuve qu'il retenait toutes ces paroles en lui depuis assez longtemps pour que cela sente comme une profonde frustration. Kakashi l'avait écouté sans l'interrompre et après chaque parole, il sentait la culpabilité serrer sa poitrine.

- J'ai toujours gardé cette stupide idée d'imposer à tout prix l'autorité sinon… , Kakashi ne finit pas sa phrase avant qu'il continue.
Tu ne méritais pas tout ce que je t'ai fait.
- Hmm.

Il y eut un moment de silence après cela où l'on entendait que le bruissement des feuilles et les craquements de brindilles à chaque pas de Naruto ou ceux de ces chiens. Kakashi, lui, se concentrait sur Naruto. Il passa lentement un doigt sur ce visage à la mâchoire carré qu'il n'avait que trop observé, caressant du coussinet de son doigt la peau couleur miel. Il traça silencieusement les trois marques sur la joue et garda son doigt là.

- Tu as une jolie couleur de peau.

Naruto se dégagea tout doucement du contact du doigt, un peu gêné parce que le compliment avait comme qui dirait, éveillé des picotements au niveau de son bas-ventre, une agréable sensation de chaleur qu'il n'était pas censé ressentir, du tout. Alors qu'il savait que Kakashi délirait un peu à cause du froid et de la fatigue.

Mais ça restait extrêmement perturbant de sentir son maître le serrer de ses grands bras et souffler dans son cou. Il avait l'air tellement inoffensif. Il ne ressemblait plus du tout à l'homme qui l'avait attaché à un pilier et l'avait laissé ainsi toute la nuit jusqu'à qu'il en attrape une fièvre délirante dont il avait eu beaucoup de peine à guérir. Il avait bien cru qu'il allait y rester. Mais heureusement ou malheureusement, il avait déjà vécu bien pire par le passé. On peut dire... Qu'il y était habitué.

Kakashi toujours sur son dos, Naruto s'avança vers une étroite entrée coincée entre de grands rochers et qui donnait accès à une grotte qui suintait l'humidité. Kakashi fut assez étonné de découvrir que la température autour de lui se réchauffait petit à petit, il le ressentait sur les parcelles de peau autour de sa blessure béante où le tissu de ses vêtements s'était enfoncé et déchiré. Il ne savait pas si sa blessure était grave, mais ainsi pressé contre le corps chaud de sa récente obsession qui le portait, il n'arrivait pas à ressentir la douleur. Il n'arrivait pas à ressentir quoique ce soit à part cette sensation de flottement agréable, cet état d'inconsciente insouciance de laquelle il se serait violemment méfié avant de véritablement faire la connaissance de ce gamin aux cheveux blonds et au rire aigu qui devenait appréciable une fois qu'on connaissait le personnage.

Pour une fois, il se sentait bien.

Alors que Kakashi était perdu dans ses pensées, ils débouchèrent sur une large grotte où quelques mètres plus bas, on apercevait une source chaude d'où s'échappait des volutes de fumées.

- Comment tu connais cet endroit ? Demanda Kakashi, les yeux fixés sur la vapeur d'eau.
- J'y viens souvent pour prendre des bains parce que cela semble impossible au domaine...

Kakashi se laissa aller à culpabiliser alors que si ce fut été quelqu'un d'autre qui se serait lamenté, il lui aurait rit au nez.

- Un de vos hommes a appris que je pouvais guérir les gens et il est venu me demander mes services. Je l'ai aidé et il m'a rendu la pareil en m'amenant ici quand j'ai été pris de fièvre après que…
-… après que je t'ai attaché dehors dans le froid… Je…

Kakashi lui caressa inconsciemment le bras avant de continuer.

- Je suis content qu'il l'ait fait. Je m'excuse pour...
- Non, c'est bon... C'est pardonné. Et Naruto dit cela en tournant légèrement de la tête vers celle affalé sur son épaule et en lui souriant chaudement comme si, effectivement, il n'y avait jamais rien eu à pardonner.

Kakashi s'accrocha plus fermement quand Naruto commença à dévaler une pente rocheuse et il fut posé délicatement à côté de la source chaude.

- Pourriez-vous m'aider à vous déshabiller ?

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