Le commencement - Espoir brisé

Ses yeux s'ouvrirent, il ne pouvait déterminer si la nuit avait été meilleur ou tout le contraire. Elle était juste comme d'habitude, annonciatrice d'un nouveau jour à endurer. C'est avec ce fil de penser qu'il prononça d'une voix lasse :

- Encore... oui, encore un...

Toujours inconscient de prononcer de tels paroles dont il aurait pu en déchiffrer le sens cette fois-ci, il se dirigea vers sa routine habituelle. Débarbouillage. Salutation matinale. Repas. Silence. Sourire. Bruit de vaisselle. De mastication. D'un léger pas sur le bois. Habitude. ...Bruit sourd. Choc. Cri. Éjection. Sang. Vue limitée. Incompréhension. Peur. Tremblement. Goût du sang. Peur. Tremblement. Peur. Ralentissement. Peur. Figer. Peur. Assombrissement. Peur. Noir. Peur. Noir. Silence. Noir. Silence. Noir. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Fin.

***

Tout s'était déroulé vite, trop vite. Le jour n'était pas encore levé ou alors indiscernable, le temps ne permettait pas de le déterminer. Le silence comme d'ordinaire envahissait tout le village. On ne pouvait qu'entendre le son des habitudes. Et en un instant, les routines de chacun se brisèrent. De nombreuses explosions eurent lieu simultanément, ainsi le village fut ravagé en un instant par les flammes. Personne n'avait pu se prévenir de l'assaut, il y avait des survivants, chanceux, et des morts. C'était tout.

Oui, en un seul instant le quotidien, peut-être morne, mais sans risque des villageois, fut bouleversé. Les bâtiments n'étaient plus, l'aspect paisible du lieu n'était plus, bien des vies n'étaient plus. La destruction avait frappé à leur porte. Des ombres avaient surgi, enfermant le village sous un torrent de flammes synonymes d'enfer. Si la mort n'était pas loin, le Culte de la Sorcière était là.

***

Avant même d'ouvrir les yeux, il devait sentir que ce n'était pas un réveil ordinaire. Il n'avait pas cette douleur lié à la peur. Seul la douleur provoquait l'incompréhension puis la peur. Pourtant, il restait calme échappant à cette dernière partie.

Après une légère toux en reprenant son souffle, il cracha du sang qui vint rejoindre le reste : les détritus, la saleté et le sang. Ces jambes étaient douloureuses, ses bras l'étaient aussi, et à vrai dire le reste de son corps l'était. Il n'avait pas envie d'ouvrir les yeux mais l'inconfort de la situation ne pouvait lui permettre de chercher à s'endormir pour oublier tout le reste. De plus, alors que sa conscience reprenait enfin vie, il se souvenu.

L'explosion soudaine, poursuivi par un violent choc l'ayant mené à l'évanouissement. De part, ce constat plutôt amer, ses yeux s'ouvrirent d'eux même, nul besoin de davantage de motivation. D'un même mouvement, il se releva précipitamment, éloignant un poids lourd écrasant presque l'entièreté de son corps et bloquant en partie sa respiration.

Après un rapide palpage de son corps, il pu estimer que son état était loin d'être grave, principalement au vu la situation. Même s'il ne savait lequel, un danger était apparu, ainsi, s'en sortir avec de simples égratignures était un miracle.
—Il est dommage que les miracles n'existe pas.

Il balaya son regard sur son environnement, il n'était entouré que de débris, sa maison ne faisait plus parti que du passé, à tel point qu'il était difficile de déterminer qu'une habitation viable s'était trouvé ici-même. Il finit son état des lieux par ce fameux poids lourd, sans doute un autre débris jonchant la ruine. Son esprit en pleine analyse de la situation connu une panne.

Il s'était figé soudainement, incapable de quoi que ce soit d'autre. Il se sentait vide. Ce n'était pas un débris. En réalité, la situation était évidente. Il n'était pas seul au moment de l'impact. De plus, le fait de ces faibles blessures n'étaient pas un miracle. Une mère avait couru à la rescousse de son fils comme elle l'avait toujours fait, négligeant son propre sort. Elle avait été sauvé une fois, une chance sans doute. Cependant, la chance tourne toujours, n'est ce pas ? Du moins, elle ne fut pas de son côté cette fois. Entouré par les flammes brûlant presque sa peau, cet enfant trouva le corps froid de sa mère, ayant déjà embrassé la mort après avoir emprisonné son fils d'une dernière étreinte protectrice.

***

Il se sentait vide. Ses pensées avaient été balayés d'un seul coup. Son corps était incapable de bouger ou d'exprimer le moindre signe de tristesse, il n'y eu aucuns pleurs cette fois-ci. Pourtant, elle devait être plus intense, à tel point sans doute que son corps ne savait comment l'évacuer. Alors même qu'il était incapable de formuler la moindre pensée, un élément essentiel que la prudence lui aurait dicté fut oublié.

Il se trouvait sur un champ de ruine, et semblait seul, mais en aucun cas, la disparition des ennemis n'avait été confirmée. Oui, à cet instant il s'est senti plus seul que jamais, pourtant rien n'était moins vrai. Alors même qu'aucunes émotions ne parvenaient à prendre le dessus, c'est bien la peur qu'il a dû affronter.

En un instant, il se trouva plaqué au sol. Il n'avait senti personne arrivé. Et même alors que le danger le guettait, il ne réagissait pas. Il sentait des doigts agripés son cou, et son souffle devenir plus intense alors que la pression de ces derniers augmenté.

Il allait mourir.

Enfin, une pensée s'éleva parmis les autres. C'était simple. Ça ne le dérangeait pas, il allait rejoindre sa mère après tout. Il était épuisé, n'avait-il pas le droit à un moment de repos ?

Ces nerfs auraient lâchés bien vite de toute façon. Résister ne servait à rien. Alors qu'il s'efforçait de fermer les yeux, se préparant à un long sommeil, il souhaita un instant.

Comme dernière action, je veux voir le visage de l'homme qui aura mis fin à nos vies.

Serait ce l'homme qu'il devra haïr ou celui qu'il remerciera ? Il ne le savait pas. Il ne réfléchissait pas davantage. Ouvrant sûrement les yeux pour la dernière fois, il se prépara à retenir ce visage.

Ces yeux...

Ces mains s'agripèrent soudainement à celles de son agresseur. Il ne le fit que instinctivement. Ce regard, il ne le connaissait que trop bien. Un regard dont il avait souvent chercher le sens, qu'il retrouvait que trop souvent chez les autres.

Ces questions sur la signification de ce regard s'envolèrent vite, ici elles n'étaient que futiles. Une émotion si forte s'en dégageait qu'il était impossible de douter. Pourtant, des paroles vinrent appuyer cette sensation.

- ... Ta...faute ...c'est ...faut.. tout... est ...de ta faute !

Leurs mains se resserrèrent à l'unisson ayant pourtant un but opposé. Ses jambes commencèrent à bouger violemment, il se débattait désormais de tout son corps.

Ta faute... ces mots résonnaient avec force dans son esprit.

Ces mouvements étaient inutiles l'homme le chevauchant ne lâchait pas prise, il ne ferait jamais. La force que contenait ses membres disparut alors que le manque d'oxygène commençait à devenir un réel problème.

Pourtant, dans le même temps, son esprit menait toujours bataille.

Ma faute... Ma faute ! Ma faute ?!

Oui, tu as raison, c'était ma faute ! Ça l'a toujours été !

Pour la première fois, une rage d'indignation voyait le jour. Des paroles qu'il n'avait jamais chercher à exprimer, des pensées qu'ils n'avaient jamais osé avoir, voulaient se déverser sur cet homme.

Cependant, la situation ne pouvait s’y prêter, il ne pouvait parler. Alors, il ne fit que relâcher le tout dans son propre esprit.

Quand Maman m'a protégé et est morte, c'était ma faute !

Ses mains se resserèrent à nouveau mais d'une force bien supérieur, d'un niveau tel que leur peau respective saignée.

Quand les règles ont tellement été strictes que les habitants en ont perdu toute joie de vivre, c'était ma faute !

Arrêtant de chercher de l'air, sa bouche forma un arc de haine, sa mâchoire était resserrer au point d'évoquer l'animalité au premier regard.

Et quand grand-père est mort alors que je n'étais que nourrisson, c'était ma faute ! Ma naissance est mon plus grand crime, c'est ça ?!

Voyant l'inefficacité de son attaque, le père commença à connaître une certaine frustration au delà de la colère qui l'avait envahi plus tôt.

- Tu-tu ..vas crever oui ! Tu n'es qu'un monstre qui m'a pris ma femme et mon père !

Je suis un monstre... autant que j'ai une raison d'en être un, n'est ce pas ?
Maman m'a protégé, je ne peux pas mourir maintenant. Et puis surtout...

- Tu sais... Je te hais plus que tout !

Je te hais plus que tout !

Ses pupilles devinrent pareil à de fines fintes, terminant ainsi l'animalité qui avait transformé son corps, un cri de rage, accompagné de la naissance d'une corne unique, retentit dans cette scène d'horreur.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top