13 : Devenir tonton
(8.03) appeler Marion pour luminaires du local + Elias pour gestion système informatique + banque pour fond d'investissement gelé (pq??)
+ prendre un bain pcq t'es tendu gros (-Noam)
CE SOIR ON SE VOIT NANANANANÈREUHHH (-Clare)
...
-Et si elle est moche, j'aurais le droit de le dire ? demanda Audrey en se mordillant la lèvre.
-Quand on te dit de ne pas dire de conneries, ça en fait partie, oui, répliqua Arthur d'un ton las.
Justin avait toujours du mal à être dans un espace confiné avec lui -du genre, une voiture- mais il se réhabituait de plus en plus à sa présence. Il allait lui falloir du temps pour retrouver une relation amicale avec lui, mais il était prêt à tourner la page. De toute façon, sa haine pour son père prenait le pas sur toutes les autres. Et puis, c'était pour la bonne cause.
Noam les avait appelés en urgence en visio' sur leur groupe WhatsApp en leur annonçant la bonne nouvelle : Louise avait accouché à midi pile, et leur petite fille était là. Il leur avait annoncé le prénom -Anaëlle, plutôt mignon- ainsi que son poids, sa taille etc mais Justin n'avait pas vraiment écouté la fin. Il était un peu trop occupé à foncer dans la rue trouver un taxi, histoire de les rejoindre à l'hôpital au plus vite. Heureusement, Fran avait eu la même idée que lui et il était passé le prendre avant qu'ils ne filent dans chaque coin de la ville pour passer chercher toute la joyeuse bande. Voilà comment ils s'étaient retrouvés dans les embouteillages à dix-huit heures en plein Paris -ils maudissaient tous Louise qui avait eu la bonne idée de vouloir accoucher dans une belle clinique de la capitale- à expliquer plus ou moins calmement à Audrey ce qu'elle devait -ou non- dire une fois qu'il seraient en compagnie des futurs parents.
-Et si elle pue, ou un truc comme ça ? Parce que franchement l'odeur de caca dès le matin... dit-elle d'un air concerné.
-De un c'est pas le matin, et de deux : non, tu ne dis pas ça, répondit Fran avec son accent caractéristique.
Audrey hocha la tête, pas blessée le moins du monde. Audrey, quoi.
-Je récapitule, déclare Justin une fois qu'ils sortent de la voiture et s'installent sur le parvis de l'hôpital.
Tous ses amis se mettent en face de lui et boivent ses paroles. Ils ont tous envie de bien faire, et Justin a passé tout le trajet à lire des conseils sur internet. Cette première visite doit bien se passer, sinon Noam et Louise les tueront à la première occasion. Et puis, pas question de gâcher ce jour spécial.
-Règle numéro un : on ne reste pas trop longtemps ; règle numéro deux : on ne crie pas comme des fous -oui Audrey c'est pour toi que je dis ça- ; et enfin règle numéro trois : on se lave les mains avant de toucher le bébé. Surtout que pour certains, on ne sait pas où vos mains ont traîné.
Tout le monde se tourne vers Audrey, qui est en train de replacer sa chaussure. En sentant tous les regards sur elle, elle relève la tête puis s'exclame :
-Oh ça va, j'ai été bébé un jour aussi ! Je sais comment ça marche !
Les garçons échangent un regard désespéré puis passent les portes vitrées en soupirant. Après un numéro de charme interminable joué avec passion par Arthur à la réceptionniste, ils arrivent finalement à la chambre des jeunes parents plus de trois heures après avoir quitté le village. Normalement, ils auraient dû être là en moins d'une heure.
-Foutue circulation, lâche Noam en leur ouvrant la porte, un immense sourire aux lèvres.
Chacun se précipite sur lui pour le serrer dans ses bras et lui ébouriffer les cheveux, ce qui le fait rire. Il a véritablement des valises sous les yeux mais semble tellement heureux qu'on en oublie son air fatigué. Il est littéralement rayonnant, et c'est contagieux : avant même d'entrer dans la chambre, ils ont tous un sourire idiot aux lèvres.
-Alors, vous voulez voir ma princesse ? demande finalement Noam, qui semble au bord de la syncope tant il est heureux.
-Louise ? Bah, on n'est pas venus pour elle, lâche Audrey.
Elle semble si sérieuse qu'ils se tournent tous vers elle. La blonde finit par pousser un soupir en déclarant :
-C'est de l'humour, les gars.
Ils poussent tous des 'ah' soulagés et suivent Noam dans la chambre, où ils retrouvent enfin Louise, qui est allongée sur un lit. Le bébé dort dans un couffin à côté d'elle et le regarde dormir de la façon la plus adorable qui soit. Toute la petite bande se trouve une place autour des deux lits et chuchotent des félicitations à Louise qui n'arrête pas de sourire sans quitter son bébé des yeux.
Anaëlle va être chanceuse, pensa silencieusement Justin.
Le brun avait oublié qu'un bébé était aussi minuscule. À la place des parents, il aurait presque peur de le briser rien qu'en le touchant. Anaëlle avait de toutes petites mains et des doigts si fins qu'ils étaient presque invisibles. Et malgré sa peau encore fripée et son espèce de bouchon au nombril visible à travers son body en coton, elle était sincèrement magnifique.
On croit toujours que notre enfant est le plus beau du monde, et la plupart du temps -voire tout le temps- les gens nous confortent dans cette idée lorsqu'ils voient l'enfant même s'ils pensent le contraire. Seulement, là, Justin n'avait même pas besoin de se forcer : la petite était vraiment superbe. De ses yeux gris à ses lèvres fines et bien alignées jusqu'à ses pieds minuscules, tout était parfait.
Et maintenant, Anaëlle allait faire partie de leurs vies pour toujours. C'est fou.
-Tu réalises ? demanda Justin en entraînant Noam un peu en arrière dans la chambre.
-Pas vraiment, avoua Noam, son sourire ne quittant pas ses lèvres. Maintenant qu'elle est là, c'est sûr que je comprends que je suis réellement papa. Et puis, on n'arrête pas de me féliciter depuis ce matin, ajouta-t-il en rigolant. Mais pour le coup, j'ai l'impression que je vais la laisser ici dans deux jours et rentrer chez moi ; et que tout va redevenir comme avant.
Justin hocha la tête, compréhensif. Il ne connaissait pas ce sentiment, mais tout ce qu'il savait c'est que c'est probablement comme ça qu'il se sentirait s'il devenait père.
-Et, d'ailleurs, poursuivit Noam en posant une main sur son épaule. J'ai appris pour ta start-up.
Justin presse les paupières, près à se prendre une nouvelle douche froide. Noam avait toujours agi comme un grand frère protecteur avec lui, et il n'avait pas spécialement envie d'entendre -encore- que ce projet est une mauvaise idée. Il avait envie qu'on croie en lui, pour une fois.
-Je trouve ça hyper cool, vraiment, dit-il en hochant sincèrement la tête. Et si tu attends encore un an, peut-être que tu pourrais recruter le meilleur commercial de la région... ajouta-t-il d'un air prétentieux.
-Qui ça, Fran ? le taquina Justin.
Son ami secoua la tête avant de conclure :
-Garde-moi une bonne place.
Puis il rejoint Louise, Justin sur ses talons.
Vers sept heures moins le quart, ils décidèrent de remballer leurs affaires et de laisser les jeunes parents se reposer un peu tranquilles. Dans l'ascenseur, ils n'arrêtaient pas de vanter les mérites du nouveau-né et de complimenter leurs amis, visiblement tous déjà gagas.
-Je sens que je vais devoir jouer la baby-sitter très souvent, soupira Audrey.
-Je sens qu'on va tous jouer aux baby-sitter très souvent, corrigea Fran en souriant. Et pour profiter un peu de notre liberté, je propose qu'on aille tous au repère.
Ils semblent tous les trois enchantés de cette idée mais Justin secoua la tête de gauche à droite. Même si l'idée de se caler confortablement dans son coin de la banquette et de siroter une Desperados avec ses amis dans leur bar préféré l'enchantait, il avait déjà d'autres plans. D'autres plans qui, il fallait le dire, le réjouissait encore plus.
-Quoi, tu ne viens pas ? questionna Arthur tandis que Fran et Audrey étaient en train de commander un Uber.
-Non, j'ai prévu quelque chose avec Clare.
Les deux garçons se fixent un instant, instant pendant lequel Arthur semble se demander si c'est réel ou si son interlocuteur cherche à le blesser.
-Vraiment, ajouta Justin sans baisser les yeux.
Il était sincèrement peiné de la tournure qu'avait pris sa relation avec Arthur. Ils avaient été les premiers à se connaître au sein de l'école, dès la soirée d'intégration. Arthur avait dragué une fille qui était en fait attirée par Justin, et ils avaient trouvé ça drôle. Et puis, après quelques bières, ils avaient eu tout de suite l'impression de se connaître depuis des années.
Dommage que tout ça soit parti en fumée, pensa Justin avec une pointe de regrets.
Arthur sembla songer à la même chose mais n'exprima pas le fond de sa pensée et répliqua :
-Tu es sûr ? Ce n'est pas pareil sans toi.
-Je dois vraiment y aller.
Justin appuya sa réplique d'un hochement de tête assuré qui finit par convaincre Arthur. Celui-ci haussa les épaules en annonçant la nouvelle à Francisco et Audrey. Les deux idiots tentèrent de le traîner de force dans le taxi mais Justin fut le plus malin en créent une diversion - de toute façon, avec Audrey, quatre vingt-dix pour cents du monde était une diversion.
Une fois dans le métro, Justin récapitule le plan de sa surprise dans sa tête. Il sait que Clare va l'attendre à la sortie de la bouche de métro, et il n'aura plus qu'à l'emmener là-bas. Normalement elle ne se doutera de rien et la surprise sera un franc succès. Rien que d'imaginer la tête de la blonde en apprenant la nouvelle il trépigne déjà d'impatience.
Jamais le métro ne lui a paru si lent, si bien que lorsqu'il mit enfin un pied à l'extérieur il ne tenait plus : il voulait juste retrouver Clare, et rien d'autre.
Justement, il l'aperçut adossée à une rambarde à quelques mètres de là. Elle avait les yeux rivés sur son portable et ne le vit pas s'approcher par derrière à pas de loups.
-Salut ! s'exclama-t-il en posant ses mains sur ses épaules.
Elle manqua de faire tomber son portable au sol et lui décocha une gifle, laissant Justin sous le choc.
-Pardon, c'est un réflexe ! lâcha la blonde en passant sa main sur la joue de son copain. Excuse-moi ; tu m'as fait peur, j'ai pas réfléchi...
-C'est bon, ça me rassure de savoir que tu ne te laisses pas faire, plaisanta Justin en secouant la tête.
Clare recommença à s'excuser et Justin posa ses lèvres sur les siennes pour la faire taire. Cette technique sembla fonctionner puisque aucun mot ne quitta les lèvres de la jeune femme pendant plusieurs minutes. Puis, lorsqu'il se recula, il ne put s'empêcher de remettre l'une de ses mèches de cheveux blonds derrière son oreille dans un geste tendre.
-Tu es super belle, lui dit-il en déposant un baiser sur sa joue.
C'était presque un euphémisme tant elle était mignonne avec son col roulé blanc surmonté d'une robe noire à carreaux.
Clare lui lança un sourire avec -froncement de nez, les préférés de Justin- tout simplement adorable avant de replacer le col du blouson de son copain et de glisser sa main dans la sienne.
-Alors, tu m'emmènes où ? demanda-t-elle en haussant les sourcils d'un air joueur.
-Je ne t'ai même pas encore dit que c'était une surprise et tu le sais déjà ? demanda-t-il, surpris.
-Je te connais vraiment par cœur, dit-elle en rigolant. Tu m'as fait ta tête de 'je prépare quelque chose' hier soir en FaceTime.
Justin s'arrêta de marcher pour la regarder en faisant la moue. Depuis quand était-il si prévisible ?
-Et là tu me fais ta tête de 'je suis dégoûté parce qu'elle a deviné', ajouta-t-elle en lui pinçant gentiment la joue.
-Touché, avoua Justin en se remettant à marcher, les doigts froids de Clare toujours mêlés aux siens. Mais tu ne sais pas encore ce que je te réserve : et crois-moi, ça vaut le détour, déclara-t-il en déposant un baiser sur leurs mains jointes.
Il y avait que vingt minutes de marche jusqu'à leur destination mais elles semblèrent ne durer que dix secondes. Clare lui raconta chaque détail de sa vie, chose que Justin aimait plus que tout. Il adorait quand elle devenait une vraie pipelette parce qu'il savait qu'il était le seul avec qui elle parlait aussi librement. Les gens croyaient souvent au premier regard que Clare était timide, introvertie voire même muette, mais c'est parce qu'ils ne la connaissaient pas vraiment. Clare pouvait déblatérer un nombre incalculable de mots en une minute si elle le voulait ; il fallait simplement qu'elle soit avec la bonne personne.
-On est arrivés, déclara Justin en s'immobilisant.
Clare fronça les sourcils en détaillant le bâtiment qui se trouvait derrière eux.
-Euh... Un immeuble ? tenta-t-elle.
-Exactement.
-Tu m'emmènes à une fête ? demanda Clare, surprise.
-Pas tout à fait, répondit Justin d'un air espiègle en enfonçant sa clé dans la serrure.
Il tint les portes battantes à sa copine avec une révérence puis l'entraîna dans l'ascenseur, le cœur battant. Si l'excitation l'avait jusque-là empêché d'être stressé, il sentait désormais une légère tension dans ses muscles. Après tout, elle pouvait véritablement mal réagir.
-C'est par ici, dit-il en serrant toujours sa main.
Clare le suivit docilement jusqu'au numéro deux-cent-quatorze sans poser de questions. Pourtant, alors qu'elle regardait Justin chercher la bonne clé sur son trousseau, elle demanda tout de même :
-C'est l'appartement de qui ?
-Tu veux savoir la surprise tout de suite ? demanda Justin en se tournant vers elle.
Elle hocha la tête, le regard brillant.
Bon sang ce qu'elle est belle, pensa Justin alors que son cœur faisait un bond dans sa poitrine.
-Un pote me l'a prêté pour la soirée, avoua-t-il alors. On l'a juste pour nous deux jusqu'à demain matin.
Les yeux de Clare s'arrondirent et un grand sourire se dessina sur ses lèvres.
-C'est trop cool ! s'exclama-t-elle.
Elle remercia Justin avant de l'embrasser chastement sur la bouche, visiblement ravie. Plus les minutes passaient et plus Justin avait envie de lui montrer la vraie surprise.
Une fois la porte ouverte, il laissa Clare pénétrer en premier à l'intérieur. Elle avança d'un pas puis s'immobilisa, surprise.
-Mais... Il est vide ? questionna-t-elle, visiblement sans comprendre..
Justin posa ses mains sur ses hanches et l'embrassa sur l'épaule avant de dire joyeusement :
-Ouais, il vient d'emménager. C'est grave ?
-Euh, j'imagine que non, répondit Clare d'un air dubitatif tandis que Justin traversait la pièce principale, la blonde sur ses talons.
Justin remplit la bouilloire avant de proposer :
-Thé au miel ?
Clare lui lança un grand sourire en penchant la tête, visiblement touchée qu'il ait pensé à tout. Intérieurement, Justin jubilait. Il espérait juste que tout allait se passer comme il l'avait prévu...
-Tiens, dit-il gentiment en lui tendant sa tasse une fois que l'eau était chaude.
Clare trempa ses lèvres dedans puis leva le pouce en l'air pour lui dire que c'était parfait. Elle eut à peine le temps de reculer la tasse de sa bouche qu'elle croisa le regard anxieux de Justin.
-Mais qu'est-ce qui t'arrive ? T'es bizarre depuis tout à l'heure, déclara-t-elle d'un air suspicieux. Elle est finie, ta surprise, non ?
-Pas tout à fait.
Clare pencha la tête, surprise.
-En tout cas ton thé est bon, hein, conclut-elle en posant la tasse sur le plan de travail à côté d'elle -l'un des seuls meubles de la pièce.
-Finis-le.
Clare le fixa un instant sans comprendre, les sourcils froncés mais un beau sourire sur les lèvres. Elle avait l'air d'adorer l'idée de ne pas tout comprendre tout de suite, pour une fois. C'était sûrement la première fois de sa vie qu'elle devait apprécier ne pas avoir le contrôle entier d'une situation. Puis, elle porta de nouveau la tasse à ses lèvres et but lentement son thé. Une fois qu'elle fut entièrement vide, elle jeta un œil à l'intérieur pour vérifier qu'elle était bel et bien vide, et...
-'Marry me' ? lut-elle alors, le cœur au bord des lèvres.
Justin pressa les paupières en s'agenouillant ce qui poussa Clare à reculer d'un pas, une main sur le cœur.
-Par pitié Justin ne fais pas ça, lâcha-t-elle en secouant les mains.
Justin ne put se retenir d'éclater de rire en se relevant, fier de sa blague. Clare poussa un gros soupir avant de s'exclamer 't'es bête !' en lui donnant un grand coup de coude. Puis, Justin déclara d'un ton sérieux :
-J'ai pensé que je pourrais te faire une blague en écrivant ça. Au début je voulais mettre 'veux-tu habiter avec moi ?' mais c'était trop long à graver.
Clare écarquille les yeux, perdant totalement ses moyens.
-Mais... Quoi ? lâcha-t-elle, ébahie.
Justin sent la sueur perler dans son cou mais il ne se démonte pas. Ce n'est certainement pas le moment de tout gâcher, pas après s'être cassé le cul pendant des jours pour cette surprise.
-Est-ce que tu veux habiter ici avec moi ? demanda Justin.
La question du brun résonne tout autant dans l'appartement vide que dans le cœur de la blonde, qui semble ne pas y croire.
-Je croyais que c'était l'appartement de ton pote, dit Clare d'une voix misérable.
Elle est tellement sous le choc qu'elle tente de se raccrocher à quelque chose de réel, du moins quelque chose qu'elle croit réel.
-J'ai dû mentir pour que ça reste une surprise, réplique Justin d'un air espiègle.
Cependant, son sourire s'efface vite quand il sent la main de Clare trembler dans la sienne. Elle a l'air tellement surprise, tellement ahurie, que Justin finit par avaler difficilement sa salive pour dire doucement :
-Je sais que cet appart' est moins bien placé que le tien, mais il est plus grand et on pourra entièrement le refaire à notre goût puisque je l'ai officiellement acheté.
-Comment ?
La voix de Clare semble avoir de la peine à sortir et le cœur de Justin se serre dans sa poitrine. C'était peut-être une très mauvaise idée de lui proposer ça maintenant. Est-ce qu'il aurait brusqué les choses ?
-Mon père a fait un énorme chèque à ma mère pour régler le divorce plus vite et elle l'a divisé entre moi et Elo. Et puis, j'avais des économies alors...
-Tu as tout dépensé ? l'interrompit-elle, les yeux brillants.
-Non, bien sûr que non. Tout va bien, OK ?
Clare déglutit et secoue vigoureusement la tête avant de resserrer sa prise sur les doigts de Justin. Elle ne semble toujours pas en revenir.
-J'ai appelé ta proprio, poursuit Justin d'une voix rassurante. Elle est d'accord pour que tu résilies ton bail dès demain même si on est au milieu du mois.
L'argument semble peser dans la balance puisque Clare se détend un peu, relâchant ses épaules sans le quitter des yeux.
-Mais si tu as envie de continuer d'habiter seule dans ton appartement tu as totalement le droit de me dire non, tu entends ? dit-il en pressant les mains de la blonde dans les siennes. Je te promets que je ne t'en voudrais pas. Jamais.
La jeune femme ne bouge pas d'un iota pendant quelques minutes, puis elle presse ses paupières le temps d'un instant. Et, quand elle rouvre les yeux, un sourire éclot sur ses lèvres. Le premier depuis un bout de temps, mais sûrement le plus sincère d'entre tous.
-Comment est-ce que je pourrais dire non ?
Le soulagement se propage dans chaque cellule du corps de Justin. Il a enfin l'impression de respirer de nouveau et s'empresse d'attirer Clare contre lui. Il enfouit le nez dans ses cheveux et respire son parfum à la rose sans dire quoi que ce soit pendant plusieurs minutes.
Elle a dit oui. Elle a dit oui, bordel !
Quand il se recule, il a un immense sourire sur les lèvres et s'exclame :
-Viens, je te fais visiter !
Il l'entraîne dans chaque pièce en lui répétant chaque détail que lui avait donné l'agent immobilier lors de la visite. Il lui montre aussi les jolies moulures typiquement parisiennes sur les murs et les vieux parquets ainsi que la jolie vue sur la cour intérieure de l'immeuble.
-Ici tu pourras mettre ton projecteur à constellations quand j'installerais des étagères, s'exclame-t-il avec enthousiasme en désignant l'un des murs de la chambre. Et je pensais garder mon lit parce qu'il est plus grand, donc on pourrait le mettre là et...
Clare l'interrompit en posant son doigt sur ses lèvres en le regardant avec un tel sourire qu'il contamine même ses yeux brillants et lui fait froncer le haut du nez. Puis, elle retire son doigt et prend sa bouche en otage.
Cette fois, le baiser n'est plus du tout innocent. Elle enserre sa nuque de ses mains en pressant son corps contre le sien tandis que Justin embrasse chaque recoin de son cou. Les mains du brun sont partout : dans ses cheveux, sur ses joues, sa taille, son ventre, ses seins. Ils titubent à travers l'appartement sans même se poser de questions, leurs bouches toujours l'une contre l'autre.
Justin la guide finalement jusque dans la salle de bains, où il retire promptement son t-shirt avant de descendre la fermeture éclair de la robe de la blonde d'un geste impatient. Il fait descendre le vêtement le long de ses jambes avant qu'elle ne l'écarte d'un coup de pied. Alors, le brun se perd dans ses yeux, dans son cou. Il se perd totalement en elle.
-Je t'aime, murmure-t-il en se reculant un peu pour pouvoir la regarder dans les yeux.
Elle sourit tellement que Justin se demande si ça ne lui fait pas mal.
-Je t'aime aussi, répond-elle dans un chuchotis avant d'attraper sa main.
Elle rit en l'attirant dans la douche avec elle. Justin dégrafe son soutien-gorge sans séparer leurs lèvres, avide de plus. Il l'aime de tout son putain de cœur, depuis toujours et pour toujours.
Et la sentir ainsi contre lui, à lui, c'est la chose la plus réconfortante qu'il ait ressenti depuis longtemps.
Il passe ses mains sur sa peau nue et froide, qui se recouvre de chair de poule à son contact. Son dos est collé au carrelage froid et elle semble toute petite face à lui, mais elle ne peut plus s'empêcher de sourire. Elle se sent en sécurité avec lui, et elle ne regrette pas de lui avoir fait confiance depuis maintenant plus d'un an. Il y a des gens que nous croyons être faits pour nous, et d'autres qui le sont réellement. À cet instant, Clare pense réellement au fond d'elle que Justin est peut-être fait pour elle, pour toujours.
Et le sentir ainsi contre elle, à elle, c'est la chose la plus réconfortante qu'elle ait ressenti depuis longtemps.
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