Jeudi matin le réveil fut assez difficile mais pour une fois je n'étais pas en retard. Je suis actuellement dans le lycée, plus précisément devant mon casier pour y déposer des cahiers et livres. J'entends une conversation entre Lucrecia et Cayetana qui m'a l'air intéressante.

« - L'ONG sourire pour un enfant vient d'arriver en Espagne. Je suis l'ambassadrice espagnole.

- C'est vrai ? Demande Lucrecia, visiblement étonnée.

- Oui.

- C'est super.

- En fait, ils sont super pour aider les enfants pauvres des pays en développement. Ils font un travail génial. J'aimerais organiser un truc. Un dîner caritatif pour commencer, avec une quinzaine de personnes, explique Cayetana.

- Bien.

- Mais je n'ai pas de contacts ici.

- Et tu veux mon aide ?

- Oui.

- Compte sur moi, réponds fièrement Lucrecia.

- Merci tu es la meilleure ! »

Je vois du coin de l'œil Cayetana prendre Lucrecia dans ses bras pour la remercier.

« - Je passe quelques appels et je te dis.

- Bien !

- À plus ! »

Lucrecia part et je sens le regard de Cayetana sur moi. Puis je sens qu'elle s'approche de moi pour me parler alors je continue de faire semblant de fouiller dans mon casier.

« - Tu.. as tout entendu n'est ce pas ?

- Oui j'ai tout entendu, je suppose que l'argent sera pour toi et non pas pour l'association, elle s'apprête à parler mais je la coupe, ne t'en fais pas. J'ai déjà assez de problèmes alors je vais continuer à faire comme si je n'étais pas au courant pour ta situation.

- Merci, elle commence à sourire mais je la stoppe à nouveau.

- Mais un jour tout va finir par se savoir Cayetana. Fais attention à toi. Tu risquerais de le regretter. »

Je ferme mon casier et pars en direction de mon premier cours de la journée, ne laissant pas Cayetana répondre à ma dernière phrase.

Les deux premiers cours de la journée se passe rapidement. Il y a ensuite la pause du matin puis nous devons de nouveau aller en cours. Je m'installe aux côtés de Lydia dans le fond de la salle. J'entends bien évidemment Cayetana et Lucrecia parlaient du dîner caritatif.

« - La pêche a été bonne, commence Lucrecia tout en avançant dans les rangs de la salle de classe un carnet à la main, j'ai environ quatre vingt personnes intéressées qui ont déjà confirmé, le sourire de Cayetana s'efface, la plupart sont des parents de la classe. Ceux qui peuvent contribuer, évidemment.

- C'est un peu trop Lu, le lieu que j'ai loué ne sera pas assez grand. »

La pauvre. Elle qui s'attendait à une quinzaine de personnes elle se retrouve avec plus de quatre vingt volontaires. Elle va le regretter plus vite que prévue finalement.

« - On trouvera un autre endroit, lui réponds Lucrecia.

- On n'aura pas le temps.

- Tu sais à qui tu parles, chérie ? Lu s'approche de Cayetana. J'adore dire ça, ça en jette ! Elle sourit puis se déplace jusqu'à sa place de cours, je t'ai mise dans le pétrin je t'en sortirai, d'accord ? Mon père connaît le proprio de l'hôtel Starlight. La terrasse est magnifique. Fais-moi confiance. J'ai oublié combien c'est bon d'aider les pauvres. Et j'adore les fêtes. Toi aussi.

- Je veux t'épargner. Demandons à ta mère de nous aider.

- Non ! Elle n'est pas au courant. Je ne veux pas interrompre ses voyages. »

Ses voyages ? Wow alors apparemment Lucrecia, la plus proche amie de Cayetana ne semble pas être au courant de la réelle situation de Cayetana. Ça va être un gros carnage quand elle va savoir la vérité.

« - C'est rien.

- Tu es mignonne, Lucrecia rit légèrement.

- C'est trop, réponds Cayetana, stressée par la situation.

- Tu m'écoutes ? Je tourne ma tête vers Lydia et vois qu'elle tient mon poignet entre ses mains.

- Ugh ?

- Ça fait cinq minutes que je te parle mais visiblement tu es trop occuper à écouter la conversation de Lucrecia et Cayetana.

- Excuse moi.

- Mouais, je disais que mes parents sont invités à un dîner caritatif, toi aussi ?

- Oh.. aucune idée. Je te dirai si mes parents me le disent en rentrant chez moi.  »

Elle hoche la tête de haut en bas et reprends son dessin. Elle est en train de dessiner un loup et d'après ce que je vois elle est toujours aussi douée avec son crayon.

« - On révise ensemble cette après-midi les gars ? Cette voix familière me fait tourner la tête vers la droite, c'est Guzmán qui parle avec Ander et Polo.

- Polo, tu l'auras de justesse de toute façon, autant se marrer.

- Ander ? Il lève sa tête vers Guzmán. Tu vas nous trouver quoi comme excuse cette fois ?

- Je passe l'après midi avec Rosa. »

Guzmán acquiesce tandis que Ander s'installe à sa place et regarde en ma direction. Je lui fais un petit sourire qu'il me rends directement, mon dieu je dois avoir les joues toutes rosées. Je n'avais pas prévu de sortir avec lui cette après midi mais je suis heureuse qu'il ait pensé à moi. Le cours débute alors dès que le professeur rentre dans la salle de classe, avec du retard.

La matinée se termine et Lydia me salue, me disant qu'elle doit aller à son cours de piano. Je pars alors vers mon casier et prends mes affaires. Ander est à mes côtés lorsque je referme mon casier.

« - Salut toi ! Je m'approche de lui et l'embrasse.

- Salut, il m'attire contre lui.

- Il fallait que je te parle.

- Ah oui ?

- Mes parents veulent que tu viennes dîner à la maison samedi soir.

- Vraiment ? Il me réponds avec un air angoissé.

- Oui. Pas de panique tu connais bien mes parents non ?

- Oui c'est juste que le premier dîner chez les beaux parents c'est toujours stressant non ?

- Je suis d'accord. Mais tu veux bien venir alors ?

- Bien sûr ! Il m'embrasse et me sert dans ses bras. »

Il me prends la main et nous sortons du lycée tous les deux. On part à pieds jusqu'à chez lui mais je vois bien que quelque chose le tracasse.

« - Qu'est ce qui ne va pas ? Je lui demande alors.

- Je trouve toujours des excuses pour ne plus sortir avec Guzmán et Polo.

- Alors.. je suis une excuse ? J'hausse les sourcils.

- Non ! Non, c'est pas ça, je voulais vraiment passer l'après midi avec toi. Je trouve que je m'éloigne trop de toi en ce moment et tu me manquais.

- Mais ?

- Mais si je continue Guzmán va se douter de quelque chose.

- Vas réviser avec eux alors ?

- Et toi ?

- Moi ?

- Tu vas faire quoi ?

- Je.. je peux venir avec toi ?

- Tu es sûre que ça va aller ?

- Oui, répondis-je après quelques secondes d'attente.

- Bien, si ça ne va pas, je suis là ok ? Tu me sers la main ou un autre du genre.

- Je tirerai sur tes belles bouclettes, il me regarde, perplexe, ça va je déconne. Allons-y. »

Je lui prends la main et nous nous dirigeons à la Cabaña à pieds. Les garçons sont assis dans le fond du restaurant, on avance alors vers eux.

« - Salut !

- Tu es venu finalement ? Avec ma petite Rosalie en plus.

- Commande des bières, ordonne Polo à Guzmán.

- Pablo ! Il lève le bras et se tourne vers le serveur. Trois bières et un mojito s'il te plaît ! »

Je souris lorsque je remarque que Guzmán se souvient que je préfère boire un mojito plutôt que de la bière. Ander et moi nous nous installons avec les garçons. On commence alors à discuter tous les quatre. Puis à réviser. Et à parler de nouveau, de tout et n'importe quoi. Quelques heures après on décide d'aller sur la terrasse, il fait meilleur dehors. Guzmán part chercher des bières pour Ander et lui. Polo a déjà la sienne tandis que moi j'ai pris un diabolo fraise. Ander et moi sommes donc assis sur une chaise chacun, Polo lui est assis sur une rambarde. Un grand lac se présente derrière lui. Guzmán devient tout sourire avec les bières, il s'installe alors après avoir donner celle d'Ander.

« - Ça me manquait ça. Tous les quatre. Comme avant. »

En effet les garçons et moi sommes amis depuis des années maintenant. J'ai commencé à m'éloigner d'eux au collège, je grandissais et je préférais les laisser entre garçons. J'étais donc plus souvent avec Lydia. Malgré ça les garçons étaient toujours là pour moi, à me protéger. On a grandit ensemble, on était inséparables.

« - Si ce con parle encore de vous, je le démolis, il désigne Polo et Ander.

- Qui ça ? Demande Polo dans l'incompréhension.

- Samuel.

- Il dit quoi ?

- Rien. Des conneries.

- Allez, dis-nous. »

Ander m'attire vers lui en mettant son bras autour de mes épaules. Il a sûrement vu que je n'osais pas prendre sa main et que j'ai peur que Guzmán se doute de quelque chose. Putain qu'est ce que ça me fait mal de ne rien lui dire. Je vais bientôt craquer, il faut que j'en parle.

« - Tu veux savoir ?

- Oui.

- Comment te dire, Guzmán semble réfléchir, que tu as tué ma sœur, personne ne parle pendant quelques instants.

- Sérieux ? Il a pas pu inventer autre chose ? Polo rit nerveusement.

- Non ce n'est pas une blague. Le con est sérieux.

- Putain de merde, il boit une gorgée de sa bière. »

Le silence pèse alors après cette conversation. Heureusement mon téléphone me sort de mes pensées et de ce moment gênant. C'est ma mère qui m'ordonne de rentrer pour garder mes sœurs. Je salue alors les garçons, Ander se lève et propose de me raccompagner. Je suppose que lui aussi ne veut pas rester ici. Il me raccompagne alors jusqu'à chez moi à pieds. Devant ma maison je lui demande s'il veut rentrer, il refuse et m'embrasse rapidement puis part à son tour. J'entre alors dans ma maison et vois ma mère mettre son manteau.

« - Super tu es enfin là ! Je te laisse les filles, on se voit plus tard dans la soirée ou demain. »

Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu'elle est déjà partis de la maison. Je soupire alors, trouvant son comportement assez étrange. Je passe donc ma soirée à surveiller mes sœurs et à réviser. Ou plutôt à essayer de réviser.

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