Chapitre 9 ~ Déjeuner particulier
« On inspire. On expire. On ex...euh, inspire. On expire.
- Je crois que j'ai compris le geste, Minho. Mais merci pour ton soutien.
- Mais de rien ! Inspire encore pour voir si tout va bien ? Je veux pas que tu meurs d'apnée à cause de moi... »
Minho et moi étions en route pour le MacDo, et il me faisait faire des exercices de respiration car il me considérait comme horriblement stressé. Ce qui n'était pas complètement faux, en y réfléchissant.
Je décidais de changer de sujet (je savais très bien gérer ma respiration tout seul, merci bien !).
« Au fait, je suis désolé pour hier... je t'ai un peu gueulé dessus, et je pensais pas ce que je disais.
- Mais t'inquiète. Ça fait dix ans que je te connais, j'ai eu le temps de m'habituer à ton caractère... particulier. »
Je secouais la tête en souriant, au moment où nous arrivions devant le MacDo.
En fait, notre ville était assez petite, mais était quand même constituée de trois lycées différents. Il n'y avait par contre pas une grande diversité de restaurants, ils se limitaient à trois ou quatre : le MacDo et deux ou trois autres de luxe.
Ce qui ne nous laissait pas un choix immense à chaque fois qu'on mangeait dehors.
« T'es prêt Newt ? On peut entrer ? »
Je soupirais profondément et le poussais à l'intérieur.
Un peu trop fort, apparemment.
Il poussa un cri suraigu, se raccrocha à la porte et à mon bras de ses deux mains, dérapa sur le sol, et s'étala par terre à l'entrée du restaurant.
En m'entraînant avec lui.
Je m'effondrais sur lui avec un "BOUM !" sonore.
J'entendis des rires autour de nous, et je sentis deux mains me prendre par les bras et me relever, puis faire pareil pour Minho.
Je me retournais après avoir essuyé mes vêtements pour remercier la personne qui m'avait aidé, quand je tombais nez à nez avec Thomas.
Je fis un immense bond en arrière, et je faillis m'écraser contre le mur derrière moi.
Il me regarda bizarrement, avant de se retourner vers Minho pour voir comment il allait.
Pourquoi fallait-il toujours que je me ridiculise devant lui ? J'étais complètement maudit. Je me ramassais toujours juste à ses pieds comme une merde. A croire que je le faisais exprès.
Je ne le faisais PAS exprès, en passant, ok ?
Minho se releva en riant, et me serra dans ses bras en s'excusant.
« Désolé, vieux ! »
Puis, il me chuchota :
« Au moins, tu as pu te rapprocher de Thomas !
- Mais FERME-LA ! Bon, je vais aux toilettes. Le sol était mouillé, mon pantalon est trempé. »
Minho me jeta un regard dubitatif, car le sol était en effet on ne peut plus sec.
Mais il me laissa partir.
Je m'engouffrais dans les toilettes et verrouillais la porte, me positionnant devant le miroir.
Il fallait que je me reprenne. Ce n'était qu'un déjeuner, après tout. Avec un garçon que je n'aimais pas particulièrement.
A qui j'avais quand même fait un câlin pendant plusieurs minutes pas plus tard qu'avant-hier.
Je ne savais pas comment je devais me sentir à propos de ça.
Ça ne me dérangeait pas particulièrement, mais lui ?
Il devait se sentir très gêné vis à vis de cet épisode.
S'il choisissait de faire comme s'il ne s'était rien passé, pas de problème. Je survivrai.
Mais il m'avait quand même avoué qu'il n'aimait pas sa vie, qu'il n'aimait pas sa relation avec Teresa, qu'il n'aimait pas ses soi-disant amis.
Il s'était confié aveuglément à moi. C'était quand même quelque chose, non ?
Je me rinçais le visage à l'eau pour mettre mes pensées au clair, et je sortais des toilettes les mains dans les poches et la tête rentrée dans les épaules.
Je remarquai tout de suite la table où Minho, Gally et Thomas étaient assis. Minho et Gally riaient très fort, comme à leur habitude, tandis que Thomas les observait, un sourire distrait au lèvres.
Ce sourire disparut quand il me vit arriver, et il s'appuya sur le dossier de sa chaise, l'air mal à l'aise.
Gally m'accueillit d'une grande tape dans le dos, un immense sourire aux lèvres.
« Comment ça va, Newt, depuis le temps ? »
Sans attendre la réponse, il recommença à raconter son anecdote apparemment très intéressante.
Minho m'adressa un clin d'oeil, et, gêné, je me glissais à côté de lui.
Thomas était en face de moi, et Gally à ma diagonale.
Après avoir commandé, je commençais à écouter ce que Gally racontait. Il parlait de la façon dont il avait réussi à semer une fille un peu trop persistante.
Il ajouta avec un éclat de rire :
« Thomas aurait peut-être dû suivre ma méthode, ça lui aurait évité de se faire gifler devant la moitié du lycée ! »
Je vis Thomas se ratatiner dans son siège.
La question me brûlait les lèvres, mais j'étais incapable de la poser.
Remarquant ma tension, Minho prononça les mots que je voulais moi-même dire.
« Qu'est-ce que tu veux dire par là ? »
Gally jeta un regard interrogatif à Thomas qui hocha la tête, toujours enfoncé dans son siège.
« Et bien, pas plus tard qu'hier, Thomas a largué Teresa devant toutes ses amies ! Comme ça, sans explications ! Il m'a juste dit plus tard que "ça ne lui paraissait pas juste envers elle et lui-même" ».
Je manquais de m'étouffer dans mon Coca en constatant que c'était exactement les mêmes mots que je lui avais dit deux nuits plus tôt.
Thomas leva enfin son regard vers moi, se yeux remplis d'un sentiment que j'avais maintenant l'habitude de voir sur son visage : la tristesse, et l'hésitation.
Je lui adressais un sourire timide. Il cligna des yeux.
Minho suivait cet échange silencieux, un sourire aux lèvres. Gally, comme à son habitude, fut beaucoup moins discret.
« Hé, les gars, vous pouvez arrêter de vous regarder comme si vous représentez l'univers de l'autre ? Vous êtes pas seuls ! »
Je rougis violemment et me forçais à simuler un rire gêné. J'entendis Thomas faire de même.
On se comporta durant le reste du déjeuner comme on se serait comportés d'habitude l'un envers l'autre : en nous engueulant parfois, en nous lançant des piques, rien qui aurait laissé deviner ce qui s'était passé plus tôt.
J'aurais même juré que quand j'ai demandé du sel aux garçons, il s'est quasiment jeté dessus juste pour avoir le plaisir de me le lancer à la figure.
Je me vengeais plus tard en poussant vers lui le bol de ketchup "un peu trop fort", et il se renversa malencontreusement sur son jean.
Je faisais semblant de m'excuser et, tandis que tout le monde l'aidait à se nettoyer, il me jeta un regard et un sourire carnassier, indiquant clairement que "la guerre n'était pas finie !".
Mais j'aurais juré que l'étincelle de défi présente dans son regard était teintée d'humour et d'amusement.
Quand on eut finit de manger, et qu'on sortit du restaurant, on eut la même idée au même moment, et on essaya mutuellement de se faire un croche-pattes, si bien qu'on s'emmêla les pieds et qu'on tomba dans les bras de Minho et Gally.
Je me redressais et lui jetais un regard noir, qu'il me retourna de bonne volonté.
Nous nous fîmes nos adieux, et Minho et moi partîmes dans un sens, et Thomas et Gally de l'autre.
Au moment de tourner au coin de la rue, je me retournais une dernière fois pour les observer s'éloigner.
Thomas eut la même idée, et, des deux extrémités de la rue, nos regards se croisèrent.
Puis il disparut de mon champ de vision.
Minho me regarda avec son sourire en coin habituel.
« C'était vraiment si horrible que ça ?
- Tu peux pas imaginer à quel point... »
Mais je détournais la tête pour cacher un sourire dans mon épaule.
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Houuuu que de progrès ! Ils peuvent à présent se regarder sans avoir envie de s'étriper !
La suite arrivera incessamment sous peu !
Bisous.
- Alice
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