Chapitre 7 ~ Un réconfort inattendu

Thomas leva d'un coup sa tête vers moi.

La vue qui s'offrait à moi me serra le cœur.

Autant 99% du temps il était arrogant, et avait un regard sûr de lui, autant en ce moment, il avait l'air complètement vulnérable et brisé.
Ses yeux étaient gonflés, et d'énormes larmes coulaient le long de ses joues.

Je me stoppais net, m'attendant à une réplique acerbe de sa part. Je l'interrompais sans doute dans un moment où il ne voulait pas être dérangé.

Il s'essuya rageusement les yeux, mais peine perdue, car les larmes recommencèrent à couler, et il laissa échapper un sanglot étranglé.

Je ne pouvais pas partir sans lui poser une question. Je savais que même les plus durs avaient parfois besoin de quelqu'un quand ils allaient mal.

« Thomas... est-ce que tout va bien ? »

Il prit sa tête dans ses mains, semblant désespéré.

« Ouais, je...ouais, c'est juste...rien. Qu'est-ce que tu fous là, de toute façon ? »

Je me serais senti blessé si sa voix de s'était pas brisée sur les derniers mots, et qu'il n'avait pas recommencé à émettre des sanglots entrecoupés.

Prenant mon courage à deux mains (ça m'arrivait souvent depuis le début de la soirée), je faisais quelques pas.
Pas de réaction. Il resta recroquevillé sur lui-même.

Je m'avançais encore un peu, et m'agenouillait près de lui.

Je n'étais pas exactement le plus fort pour réconforter les gens, loin de là. Mais je me devais d'essayer, je ne pouvais pas le laisser là.

« Tu...tu veux en parler ? »

Il ne répondit rien.

J'attendais plusieurs secondes, avant de me lever, ayant la ferme intention d'aller prévenir Minho et Gally.

Alors que j'allais franchir la porte, j'entendais une voix derrière moi.

« C'est...c'est Chuck. »

Je me retournais. Thomas me fixais de ses yeux embués.

Je me rapprochais lentement de lui, et m'accroupissait à nouveau.

« Ton frère ?

- Comment tu le sais ?

- Peu importe. »

Il me fixa quelques secondes puis hocha la tête.

« Aujourd'hui. Aujourd'hui c'est... Enfin ça fait un an qu'il est... qu'il est... »

Voyant son problème à prononcer les mots, je finis sa phrase.

« Mort. »

Il hocha la tête de plus belle, enfouissant de nouveau sa tête dans ses mains.

Je ne savais pas quoi faire, je posais maladroitement une main sur son épaule.

« Hé... ça va aller, d'accord ? Je sais que c'est dur, mais ça va passer. »

Il resta silencieux quelques temps, puis reprit la parole d'une voix rauque.

« T'as déjà perdu quelqu'un ?

- Non, pas vraiment. Mais je n'ai jamais connu ma mère. Je... je sais ce que c'est de ressentir un vide en soi. »

Ma main était toujours sur son épaule, et je le sentais trembler. Je ne pouvais m'empêcher de le comparer à un animal blessé, faible et désespéré, pris au piège par un chasseur.

« Est-ce que tu veux que je te laisse seul ? »

Un silence s'établit. J'allais me lever et partir quand Thomas rompit le silence.

« Non...reste. S'il te plaît. »

Je m'assis en tailleur à côté de lui, pendant qu'il recommençait à sangloter en silence.

Je n'aurais jamais penser faire ça un jour. Je n'aurais jamais pensé avoir pitié de lui.
Mais, pris d'un soudain instinct, je passais un bras autour de ses épaules, sans y penser.

Je me crispais immédiatement. Qu'est-ce qui m'avait pris ? C'était mon pire ennemi, qui se trouvait à côté de moi !

Je m'apprêtais à retirer mon bras et à m'excuser avant que je me le fasse arracher, quand Thomas fit quelque chose de complètement inattendu.

Il se recroquevilla sur lui-même, bascula sur le côté et posa sa tête sur mon épaule, contre mon cou.

Mon cœur accéléra la cadence, je ne savais pas du tout quoi faire.
Était-ce vraiment la même personne, que j'avais tant de mal à supporter habituellement, qui était blotti contre moi en ce moment ? C'était difficile à croire.

Je sentais des larmes chaudes couler sur mon cou et s'écraser sur mon tee-shirt, pendant que Thomas reniflait doucement contre moi.

Je me rendis compte que je m'en fichais, que je ne l'aime pas habituellement. Je m'en fichais, que la réaction que je devrais avoir soit de le repousser. La chose à faire maintenant était d'être là pour lui, pour le réconforter.

C'est pourquoi je passais mon autre bras autour de lui, de façon à l'étreindre complètement, et je posais ma tête sur la sienne, le berçant doucement.

« Parle-moi de lui. »

Je le sentis hocher la tête faiblement.

« Il était...enfin...il n'était pas le plus parfait petit frère du monde. Il avait son propre caractère, et parfois il piquait des crises pour avoir ce qu'il voulait, mais...je...enfin c'était ça qui faisait sa personne, et je... je l'aimais pour ce qu'il était, quoi... »

Je commençais à caresser ses cheveux.

« Continue. »

Il prit une grande inspiration.

« Je suis conscient que je n'ai pas toujours été gentil avec lui, mais...enfin les frères se disputent tout le temps. Il était assez ouvert, et il avait pas mal d'amis. Je...je les aimais pas vraiment, je les considérais comme immatures. Il m'en a toujours voulu pour ça, je pense. Je m'en rend compte maintenant, il avait le droit d'être ami avec qui il veut... »

Il fit une courte pause, puis reprit d'une voix tremblotante.

« Il se faisait parfois embêter sur son physique au primaire, et je m'en suis toujours voulu de ne pas avoir été là pour le défendre. C'est juste quand il est parti que je me suis rendu compte à quel point... à quel point je tenais à lui. »

Il posa ses mains sur mon bras gauche qui l'entourait et le serra de toutes ses forces.

Les larmes m'étaient venues aux yeux.

« Je te comprends. Il avait l'air d'être un garçon merveilleux. »

Je le sentis secouer la tête.

« Non tu...tu comprends pas. Ça me ronge tous les jours, mais je peux pas le montrer. Il faut toujours que je reste fort, que je joue le mec populaire à la vie parfaite, au lycée. Je peux jamais en parler à personne, mes parents sont presque jamais là, toujours en voyage.

- Mais pourtant tu as plein d'amis... »

Il eut un rire amer.

« Non. Je n'ai pas d'amis. Je connais Gally depuis peu de temps, et les dizaines de personnes qui m'entourent tous les jours essayent juste de se faire remarquer, de traîner avec moi pour avoir l'air cool. Je peux pas leur parler.

- Et Teresa ?

- Il faut bien qu'elle sorte avec un gars populaire pour maintenir sa réputation, non ? Sans moi, elle serait rejetée par tous. »

J'écartais brusquement ma tête de la sienne, et Thomas redressa les yeux vers moi, un regard interrogatif au visage.

« Mais... pourquoi tu restes avec elle si tu ne l'aimes pas ? Ce n'est pas juste pour elle, et surtout pour toi !

- C'est difficile, le lycée. Tu fais pas ce que tu veux, tu ne décides rien. Les autres décident pour toi.

- Pas pour moi.

- C'est différent pour toi. T'as aucune réputation à tenir. »

Je posais mes mains sur les genoux et baissais la tête, vexé.

« Pardon, je... désolé, je voulais pas... »

Il avait arrêté de pleurer. Il essuya ses joues et regarda autour de lui, ayant l'air de réaliser où il était, et ce qui venait de se passer.

Il se leva brusquement, l'air gêné, en se tordant les mains.

« Je crois... qu'on devrait y retourner. Ils vont s'inquiéter. »

J'acquiesçais en me relevant. Alors que je passais devant lui, il me rappela.

« Newt ? »

Je tournais la tête vers lui.

« Merci. »

Je lui fit un petit sourire, hochais la tête, et regagnait le salon pour finir le film avec Minho et Gally, qui n'avaient pas remarqué notre longue absence.

Thomas rentra dans la pièce deux minutes plus tard, et évita mon regard pendant le reste de la soirée.

Je me rendais compte alors d'une chose.

C'était la première fois qu'il m'avait appelé Newt.

_____________________________

Hey hey hey !

Je suis super contente de ce chapitre, vraiment !
Il s'est enfin passé quelque chose entre ces deux-là...

Ça m'a fait vraiment plaisir de l'écrire, en tout cas.

Bisous

- Alice

Et au fait, merci pour les 1k de vues !

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