Chapitre 3 ~ La fête
"BIIIIIIIIP BIIIIIIIP BIII..."
Je laissais échapper un grognement sourd après avoir éteint la sonnerie. Saleté de réveil.
Je me levais en m'étirant et en baillant, m'habillais rapidement, puis descendais manger. Les événements de la veille me semblaient déjà loins, ils n'étaient plus qu'un pâle souvenir.
C'est tout du moins ce que je me forçais à croire en avalant mes céréales.
Après avoir fait rapidement ma toilette, je sortais de chez moi et prenait la direction du lycée. Un des (nombreux) inconvénients d'être en terminale était que j'avais cours le samedi. J'en étais plus que ravi.
Le lycée ne se situait pas très loin de notre maison, si bien que je me levais généralement peu de temps avant que les cours commencent. J'étais donc super souvent en retard.
C'était le cas aujourd'hui.
Je n'étais pas un garçon sportif, mais, quand je vis que les cours commençaient dans cinq minutes, je commençais à accélérer en soufflant d'énervement.
J'arrivais au lycée juste au moment où les portes se fermaient et où la cloche de début de cours sonnait.
Je repérais Minho près des marches de l'entrée du bâtiment qui m'attendait. Il se mit à me faire de grands gestes en m'appelant.
En secouant la tête, je marchais vers lui.
« Hé, c'est bon Min', je t'avais bien vu, je suis pas sourd...
- Je pouvais pas résister à la tentation de te mettre la honte. »
Il me fit un sourire malicieux qui me fit lever les yeux au ciel.
« Moi, avoir honte de toi ? Jamais... »
Il laissa échapper un rire sonore, me donna une bourrade dans le dos (qui me fit mal, car il était beaucoup plus musclé que moi), puis on entra dans le bâtiment pour prendre la direction de notre salle de cours.
Nous avions pris tous les deux la filière S, et on commençait par un TP de physique.
Personnellement, je détestait la physique, mais l'avantage d'un TP était qu'on pouvait discuter sans avoir trop de chance de se faire prendre.
Arrivés dans notre salle de cours, on s'installa tous les deux sur une même paillasse.
« Hé, t'as fait quoi, hier ? J'ai essayé de t'appeler pendant tout l'après-midi...
- Si je te dis, tu me promets de pas rire ?
- Heu... ça dépend ?
- Super. J'avais un cours de dessin. »
Minho me fixa quelques instants, puis leva un sourcil.
« Tu dessines. Toi.
- C'est si difficile à croire ?
- Assez, oui ! »
Ses yeux reprirent leur côté rieur.
« Hé, mec, faudra que tu me montres ce que tu fais ! C'est trop de la balle !
- Je verrais... et je suis sûr que l'expression "trop de la balle" a disparut du vocabulaire courant depuis au moins cinq ans.
- Oh, arrête un peu, crétin.
- Tu arrêtes ! »
On continua à se chamailler jusqu'à ce que notre professeur de physique nous rappelle à l'ordre.
Je glissais à Minho quelques minutes plus tard :
« Hé, mec... c'est chez qui la fête, ce soir ?
- Heu... Chez un ami d'un ami. D'un ami. Je crois.
- Ah bon. »
Fin de la discussion.
Le reste de la journée se déroula sans problèmes apparents, Minho continua à me harceler de questions sur ma capacité à savoir dessiner.
En fin de journée, il me donna l'adresse et l'heure de la fête, me fit un clin d'œil du genre "ça va être dément, même pour toi, garçon ne sachant pas s'amuser. ».
Je rentrais chez moi, et je fus accueilli par Sonya, qui revenait de son cours de cuisine.
« Ah, Newtie... tu connaîtras un jour la liberté de ne pas être au lycée et de pouvoir faire ce que tu veux ! Comment s'est passé ta journée ?
- Très mal comme d'hab. Et exagère pas non plus, tu fais quand même des études !
- Pas le samedi ! Aujourd'hui j'ai appris à faire des pancakes maison ! Je suis sure que t'aimerais.
- Ouais, sans doute... bon, je monte, bye. »
J'aimais beaucoup ma sœur, mais elle avait une capacité à parler pendant des heures de sa cuisine, alors que ce qu'elle faisait en général était très mauvais. Je ne lui avais jamais dit, de peur de lui briser ses rêves de devenir la cuisinière attitrée de Leonardo diCaprio, de le séduire, de l'épouser et d'aller vivre avec lui sur une île déserte.
Elle peut parfois être très immature.
La fête commençait à 20 heures, soit dans deux heures. Je traînais un peu dans la maison, avant d'enfiler un T-Shirt et un jean propre, histoire de passer pour un garçon un minimum hygiénique.
Je quittais la maison après que Sonya m'ait harcelé sur le fait de la prévenir si je tombais subitement amoureux d'une personne. Elle avait dit « personne » avec un petit sourire. Mais quel était son problème ?
A 20h30 (j'avais très mal calculé mon coup), j'arrivais les mains dans les poches devant la maison d'où sortait une musique retentissante, et des lumières écarlates.
Quelques adolescents vomissaient dans le jardin, et je les contemplais avec désespoir avant d'envoyer un SMS à Minho, lui disant de me rejoindre dehors.
Il se pointa deux secondes plus tard.
« Hé, Newt ! T'es venu ! Allez, entre, tu vas adorer ! »
Je doutais fortement de cette dernière partie, mais je le suivais en grommelant vers ma mort certaine.
__________
Au moment où j'entrais dans la maison, je fus submergé par l'odeur de l'alcool et de la nourriture. Une grande piste de danse avait été aménagée au milieu d'une immense pièce.
Une dizaine d'ados dansaient, et les trois quarts des autres étaient affalés sur des chaises autour et discutaient entre eux.
« Hey ! Minho ! C'est cool de te voir, vieux ! »
Un jeune homme blond s'approcha de nous, un grand sourire aux lèvres, il avait une tête assez carrée et le visage couvert de taches de rousseur.
Il me tendit la main après avoir étreint Minho.
« Salut ! Moi, c'est Gally.
- Newt.
- Enchanté, mec. Suivez-moi, je vais vous présenter notre hôte. »
Mais je n'écoutais plus. Quelque chose avait attiré mon regard sur la piste de danse. Un jeune homme dansait avec une fille au milieu de la salle. Quand un rayon de lumière tamisée passa sur son visage, je retins une exclamation.
Oh non.
Il fallait que parte de cette maison.
La voix étouffée de Minho me parvint, de plus en plus nette.
« Newt ! Hé, Newt ! Tu me reçois ? »
Je secouais la tête et détachais mon regard de la piste de danse.
À côté de Gally se trouvait maintenant un autre garçon, à la peau noire et aux yeux foncés.
Il prit la parole.
« Salut, greenie ! Moi, c'est Alby ! C'est ma fête.
- Ah, heu... félicitations ? »
Il parut satisfait de ma réponse et recommença à parler avec Gally.
Tout en m'efforçant de regarder autre part qu'à ma gauche, j'oscillais d'un pied à l'autre, peu à l'aise de me trouver ici.
« Hé, Alby, t'aurais pas d'autres verres ? Les autres arrêtent pas de se plaindre, j'en peux plus... »
Oh non. Oh non.
Le jeune homme brun qui avait pris la parole se glissa à côté d'Alby, les yeux interrogateurs.
Il balaya des yeux le groupe, et, quand ses yeux tombèrent sur moi, ils s'écarquillèrent et il faillit s'étouffer dans son verre de punch.
J'avais une forte envie de disparaître sous terre.
Alby lui tapa à grands coups dans le dos.
« Bah alors, mon vieux ! Qu'est-ce qui t'arrive ? On dirait que tu viens de voir l'amour de ta vie ! »
Il éclata de rire. Je ne trouvais pas ça extrêmement drôle.
« Les gars, je vous présente Thomas. C'est le mec le plus populaire de notre lycée, et il ne s'étouffe normalement pas quand il boit. »
Thomas baissa la tête, me jetant un regard furibond au passage.
« Désolé... salut tout le monde. »
Alby s'exclama :
« Au fait, t'inquiètes pas pour les verres, je m'en occupe. Profitez de la soirée ! »
Il s'éloigna.
Gally attrapa Minho par le bras.
« Viens, faut que je te présente quelqu'un. »
Je lançais à Minho un regard de désespoir pur.
Il laissa échapper un petit rire.
« C'est bon, Newt ! C'est pas comme si je te laissais à l'abattoir. Tiens, fais connaissance avec Thomas, je reviens tout à l'heure ! »
Avant que j'aie pu dire quoi que ce soit, il s'éloigna dans la foule avec Gally.
Ce qui me laissait seul.
Avec la personne avec qui j'avais le moins envie d'être seul.
Qui continuais à me regarder comme s'il voulait m'arracher la tête.
« Mais qu'est-ce que tu fous là ?
- Ben j'ai été invité, figure-toi. Qu'est-ce que tu fous là ?
- Je suis un ami d'Alby. C'est en quelque sorte ma fête. Donc un peu de respect.
- Non mais je rêve ! C'est toi qui m'agresses, ducon ! Je t'ai rien fait !
- Ouais, c'est ça ! Fais pas genre. On dirait que t'es toujours au bon endroit pour me faire chier.
- Ben tu sais quoi ? C'est tout à fait ça. Je te stalke, en fait. Tu me passionnes tellement, avec ta tête de con !
- Excuse-moi ?
- Tu m'as très bien entendu ! »
Je me rendis compte qu'on avait haussé le ton, parce que les gens autour commençaient à nous regarder.
Une fille se fraya un passage jusqu'à nous.
« Tom ? Tout va bien ? Reviens danser !
- Ça va, Teresa, dit-il en me fusillant du regard. »
Je reconnus soudain la fille. C'était celle de mon cours de peinture.
Elle eut l'air de me reconnaître aussi et me scruta avec ses yeux perçants.
« Vous vous connaissez ? Demanda-t-elle avec un air suspicieux.
- NON ! »
Thomas et moi avions parlé en même temps.
Teresa eut l'air satisfait.
Thomas eut un regard dédaigneux vers moi.
« J'espère ne plus te revoir dans mes jambes. »
Je haussais les sourcils.
« Amuse-toi bien aussi, Tommy ! »
Quoi ? Qu'est-ce que j'avais dit ?
Thomas me regarda bizarrement et s'éloigna en entraînant Teresa avec lui, me laissant seul et bouillonnant de rage et de honte.
Qu'est-ce qui m'avait pris de l'appeler comme ça ?
Je le regardais de loin danser et embrasser Teresa sous les projecteurs.
Je sentais une boule dans mon ventre en les observant.
Mais qu'est-ce qui me prenait ?
Il fallait que je sorte d'ici.
Je me sentais de moins en moins bien.
Pas le temps de prévenir Minho.
Je me dirigeais vers la sortie et sortais à l'air libre en claquant la porte derrière moi.
Je voulais m'éloigner le plus possible de cet endroit.
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Et voilà !
Troisième chapitre terminé ! Il était un peu long, je sais, et peut-être un peu embrouillé, mais j'ai beaucoup aimé l'écrire (croyez-le ou non, mais faire Newt et Thomas se détester est beaucoup plus facile que de les faire s'aimer).
Mais ne vous inquiétez pas pour la suite, tout ira bien !
Bisous
- Alice
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