Chapitre 11 ~ Discussions
Thomas et moi marchions depuis maintenant plusieurs minutes en silence.
Aucun de nous n'avait prononcé un mot depuis que nous avions quitté la rue de la dispute.
Je me sentais mieux, ma tête ne me faisait presque plus mal, mais j'avais toujours du mal à tenir debout tout seul. De plus, pour une raison que j'ignorais, j'étais en quelque sorte réconforté par le bras de Thomas autour de ma taille.
Je m'appuyais contre lui, et j'appréciais le fait de pouvoir me reposer contre quelqu'un. Physiquement et mentalement.
Thomas prit finalement la parole, brisant le silence commun établi entre nous.
« Newt, je... je voulais te remercier. Pour tout à l'heure. C'était... cool, ce que tu as fait. Pour moi. »
Je hochais la tête, ce qui me fit grimacer, car cela ranima les douleurs.
Il poursuivit.
« Tu sais que tu n'étais vraiment pas obligé de te mettre comme ça dans le pétrin.
- Je pouvais pas la laisser t'attaquer injustement. »
Il baissa la tête.
« Je comprends juste pas pourquoi tu fais ça pour moi. Je n'ai jamais été gentil avec toi. Depuis qu'on s'est vu pour la première fois. Je suis juste asociable et sur la défensive en permanence. J'étais pas comme ça avant. Juste depuis... »
Les muscles de son visage se contractèrent.
Je finis sa phrase doucement.
« Chuck. »
Il hocha la tête.
Je recommençais à parler.
« Tu te demandes pourquoi je fais ça pour toi. Pour être tout à fait honnête, je n'en sais rien. J'ai juste l'habitude de ne pas laisser passer les injustices. J'en ai horreur, et je m'en rend pas compte, mais parfois je commence à parler sans m'arrêter aux personnes, en les attaquant. C'est un réflexe. »
Il me regarda en souriant.
« Pas mal, comme réflexe. »
Je lui souris en retour.
« Tu peux dire ça... »
On recommença à marcher en silence. Je me rendis compte que j'étais complètement en train de rater le cours de dessin. Je ne pouvais de toute façon pas y aller dans cet état.
« Je pense que je devrais également te remercier pour autre chose... Merci de m'avoir ouvert les yeux. Je veux dire... à propos de Teresa. C'est en quelque sorte grâce à toi que j'ai trouvé le courage d'arrêter. »
Je lui serrais l'épaule de la main que j'avais passé autour de son dos pour me soutenir.
« C'est normal. Tu te forçais pour rien. Elle en valait pas vraiment la peine.
- C'est sûr... »
Il eut soudain un grand sourire.
« Bon... être gentil avec toi est assez épuisant. Tu veux pas m'engueuler un coup et arrêter d'être sympa, histoire que je puisse te frapper ? »
J'éclatais de rire. Ce garçon était vraiment étrange. Mais j'aimais bien son caractère aléatoire.
Je répliquais d'un ton ironique :
« Tu sais que je fais du dessin, maintenant. Tu as toutes les raisons du monde de te moquer de moi... alors vas-y, si ça peut te faire plaisir. »
Il réfléchit quelques secondes.
« Hmmmm... nan. J'aime bien le dessin, même si je n'ai aucun talent. Se moquer de toi, ce serait être hypocrite.
- Ce serait pas la première fois... » je lui fis remarquer en haussant les sourcils.
Il me donna un coup d'épaule.
« J'aimerais quand même bien voir ce que tu fais... tu dessines quoi en particulier ? »
Bug.
« Oh, tu sais... des visages. Des portraits.
- Sur demande ? Tu pourrais faire le mien par exemple ? »
Il avait prononcé cette phrase ironiquement en riant.
Bien sûr.
« Heu...
- Hé, je te taquine ! T'as aucune raison de faire quoi que ce soit pour moi... »
Son visage s'obscurcit.
Je le regardais en fronçant les sourcils.
« Thomas... je pense pas que tu sois une mauvaise personne. Enfin... si, parfois, mais tu as un bon fond. Tu me l'as montré plusieurs fois déjà. »
Il me regarda d'un air perdu.
« Tous les trucs avec Teresa... c'était pas clair. Mais tu as montré que tu savais être compréhensif, en parlant de Chuck. Je pense que tu essayes de paraître fort devant ton entourage, mais qu'au fond de toi, tu es capable d'avoir de vrais sentiments. »
Il s'arrêta lentement de marcher, et lâcha ma taille. Je n'avais de toute façon plus mal, et j'étais tout à fait capable de marcher seul.
Mais j'étais inquiet d'être allé trop loin dans mes paroles.
« Excuse-moi... je ne devrais pas m'avancer comme ça. C'est... désolé. »
Je commençais à m'éloigner de lui en marchant rapidement, mais il me rattrapa et me prit le bras.
« Non, Newt... non ! C'est pas ça ! C'est juste que... »
Il s'arrêta, et moi avec lui.
« Que personne ne m'a vraiment jamais compris ni fait... attention à moi. C'est nouveau pour moi. »
Je soutenais son regard, mais il n'y avait rien de défiant dans celui-ci, juste de l'incompréhension.
Il toussota, apparemment gêné.
« On...on devrait y aller. »
Je hochais la tête.
Je ne comprenais pas.
Thomas était capable de passer d'un garçon attentionné à une façade froide et inexpressive.
Laquelle de ces faces était sa vraie personnalité ?
On continua à marcher côte à côte en silence. Aucun de nous ne parla jusqu'à ce que ma maison soit atteinte.
Je me tournais avec hésitation vers lui, et ancrais mon regard au sien.
« Merci de m'avoir raccompagné. C'était cool. »
Il hocha la tête, et il s'apprêtait à dire quelque chose quand la porte de ma maison s'ouvrit.
Je me retournais en sursaut pour voir Sonya qui nous regardait, bouche bée, la main sur la poignée.
Je prenais la parole en vitesse.
« Heu... salut Sonya ! Je te présente Thomas, une... connaissance. Thomas, Sonya. Ma sœur. »
J'articulais à ma sœur des mots silencieux : "Qu'est-ce que tu fais là ?".
Elle répondit à voix haute.
« Oh ! J'allais justement faire quelques courses. »
Elle descendit du perron, tandis que je lui faisais des gestes désespérés, essayant de lui faire comprendre de ne rien faire de gênant.
« Enchantée de te rencontrer, Thomas ! Newt m'a... »
Regard noir.
« ... pas du tout parlé de toi ! »
Thomas lui serra la main, un sourire hésitant aux lèvres.
Sonya s'enflamma, comme j'imaginais qu'elle le ferait.
« Tu veux entrer ? Pour qu'on fasse connaissance ? »
Elle me fit un clin d'œil.
Je mourus intérieurement.
Et sauvais la situation.
« Non ! Je ne peux pas ! J'ai rendez vous avec Minho ! Bientôt ! »
Thomas repoussa l'invitation lui aussi.
« J'ai aussi des choses à faire... je dois y aller. Ravi de t'avoir rencontrée, Sonya. »
Il me fit un petit signe de main.
« A plus tard. »
Et il s'éloigna dans la rue, les mains dans les poches.
Le "à plus tard" résonna dans mes oreilles. Il y aurait donc un "plus tard".
Sonya me regarda en haussant les sourcils.
« Connaissance, hein ?
- Oh, tais-toi !
- Mouais... en passant, tu es censé avoir dessin. Tu peux pas avoir rendez vous avec Minho. Trouve une meilleure excuse la prochaine fois. »
Je sentis le rouge me monter au coup.
Pourquoi fallait-il toujours que je me ridiculise ?
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Huh huh. Je n'ai rien à dire.
C'est tout.
Bisous.
- Alice
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