Chapitre 1 ~ Une rencontre peu prometteuse

« NEWT ! BOUGE TES FESSES, TU VAS ÊTRE EN RETARD ! »

Et merde. Pourquoi moi ?

Parce que c'est moi qui l'ai choisi. Quel con.
Mon premier cours de dessin.

Pour être plus précis, c'est ma sœur qui l'a choisi pour moi.
Sonya, en effet, alors qu'elle faisait un "rangement" dans ma chambre (je pense qu'elle essayait juste de trouver des photos ou des indices de ma petite-amie qu'elle s'était inventée), est tombée à la place sur mes dessins.

Je me souviens de sa tête ébahie quand elle était descendue à pas bruyants au rez-de-chaussée, où je regardais tranquillement une série américaine typique.
Elle s'était plantée devant moi, bloquant ma vue, et avait sorti de derrière elle mes dessins.

J'ai cru que ma vie allait s'écrouler quand j'ai reconnu ce visage masculin, ces traits fins que j'avais mis des heures à parfaire, ce nez retroussé, ces cheveux en bataille.

A ce moment, je me suis dit : et merde.
Elle va critiquer mes dessins.
Elle va me harceler.
Elle va comprendre que c'est pour ça que je déclinais ses offres de sortie frère-sœur.
Que je reste enfermé dans ma chambre.

À la place de ça, elle a froncé les sourcils et m'a demandé d'une voix claire et nette :

« Est-ce que tu es gay ? ».

Attends. Pardon ?

« QUOI ?

- Newtie, tu peux me dire, tu sais. Je suis ta sœur adorée.

- MAIS... QUOI ?

- Calme-toi ! Je me disais bien que t'étais le seul à ne jamais faire de commentaires dans les films par rapport aux filles ! Je le SAVAIS !

- Mais...

- Non. Newt, tu n'es pas obligé de dire quoi que ce soit ! Ce garçon, sur les dessins, c'est ton petit ami, c'est ça ? Tu pourras me le présenter ? Vous vous embrassez souvent ? Je pourrais être demoiselle d'honneur à votre mariage ? COMMENT IL S'APPELLE ?

- Son'... je sais pas qui c'est... il est pas réel... ce n'est rien qu'un DESSIN ! »

Et là, c'est le bug.

Sonya a eu un regard vide pendant une minute. Je voyais clairement ses rêves de costumes, de robes et de célébrations s'effacer de son esprit. Elle me regardait comme si je venais de lui dire que Léonardo DiCaprio était mort (son idole).

« Mais, alors... pourquoi tu as dessiné ça ?

- J'sais pas... l'inspiration du moment...

- Mais Newt... il y en a plusieurs, de dessins ! C'est exactement la même personne !

- Ben je sais pas... mais sérieux qu'est-ce que tu foutais dans ma chambre ?

- Heu... je rangeais. Tu sais, le bazar.

- Tu rangeais le placard fermé avec la clé cachée dans un autre placard fermé avec la clé cachée dans un tiroir de ma table de nuit ?

- Et bien... oui.

- Sonya, ça s'appelle un INTRUSION à la vie privée, ça !

- Ben peut-être... toujours est-il que... pourquoi tu m'a caché que tu savais dessiner comme ça ? T'as un super talent, c'est génial ! Faut le montrer ! »

J'ai poussé un grand soupir.

« Comment t'expliquer que dessiner, c'est la lose, quand t'es en terminale... les garçons jouent au foot, à mon âge. Ils sortent, vont à des soirées... c'est juste pas mon truc. »

Sonya s'est approchée de moi et a passé un bras autour de mes épaules.

« Newtie... dans la vie, faut faire ce que tu veux pour que tu sois heureux ! Tu t'en fiche, des autres ! Franchement, ces dessins, ils sont extras ! Tu devrais prendre des cours. Fréquenter des gens qui ont les mêmes passions que toi. C'est comme ça que tu réussiras ! »

Je haussais les épaules, me levais en prenant les dessins des mains de ma sœur, et pris la direction de ma chambre.

J'entendis derrière moi Sonya me dire :

« Mais du coup, t'es gay ou pas ?

- FERME-LA ! »

Trois jours plus tard, elle m'inscrivait à un cours spécialisé dans les arts.

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Retour au présent...

Sonya m'attendait en bas depuis une demi-heure maintenant, me harcelant pour que je me dépêche, alors que j'étais largement dans les temps.

Avec un soupir, je me détache de mes dessins, les fourre dans une pochette et descend les escaliers quatre à quatre.

Elle avait insisté pour m'accompagner, et j'avais décliné gentiment.
Enfin les deux premières fois.
La troisième fois s'est terminée par un échange de grossièretés. Entre frère et sœur, c'est courant.

Notre père travaillait du matin au soir dans son usine, il avait peu de temps à nous accorder. Je ne pense même pas qu'il sait que je passe mon bac cette année. Ou que j'ai commencé à faire du dessin.
Ma mère nous a abandonnés quand Sonya était enfant et que je venais de naître. Je n'ai aucun souvenir d'elle, et c'est très bien comme ça.

Toujours est-il que Sonya est devenue en quelque sorte ma mère adoptive (bien qu'elle aie seulement deux ans de plus que moi : elle en a presque 20 et je viens d'en avoir 17).

Elle m'attendait en bas de l'escalier. Elle a fait semblant de s'essuyer les yeux et m'a dit :

« Ta nouvelle vie commence ici, Newtie...

- Ne m'appelle PAS...

- Passe un bon cours. Fais toi des amis !

- Son', j'ai pas...

- Allez ! Bye ! »

Tout en parlant, elle me poussait devant elle jusqu'à je sois dehors. Elle referma la porte en me regardant d'un regard faussement fier, et hilare.

Clac.

Super, la fraternité.

Bon, il fallait que j'y aille, j'allais vraiment être en retard sinon.
Je respirais un grand coup et commençais à avancer, en serrant ma pochette contre moi.

Je pensais, en marchant, à ce que je faisais ici.
Je ne me serais jamais imaginé aller un jour à un cours de dessin. Je ne pensais pas avoir beaucoup de talent, mais Sonya avait l'air convaincu.

Je n'avais jamais vraiment dessiné. Toujours la même chose. Toujours le même visage. Toujours le même garçon. Cet inconnu, dont le visage était pourtant imprimé dans ma tête, comme gravé au fer rouge.

Je n'avais jamais rencontré cette personne, il fallait croire que je me l'étais inventé... mais il me semblait si réel pourtant !

Ce visage... ces grains de beauté sur sa joue. Ces cheveux bruns en bataille, ces petites fossettes, ce sourire en coin...
Tout était si clair dans mon esprit.

Perdu dans mes pensées, je ne regardais pas devant moi. Je tournais au coin de la rue, quand j'entrais en collision avec quelque chose.

Pas quelque chose... quelqu'un...

Sous le choc, je m'adossais au mur, tandis que l'autre continuait dans son élan et se prenait le poteau en poussant un cri aigu.

Il se releva tant bien que mal, la tête baissée vers ses vêtements en vérifiant que tout allait bien.

« Sérieux, tu peux pas faire ATTENTION ? Y a pas que toi dans cette rue, bordel ! »

Il leva finalement avec colère ses yeux vers moi.
J'allais lui sortir une répartie acide sur son sens de la logique, quand je croisai son regard.

Un frisson me parcourut.

Non. Non. Ça ne pouvait pas. C'était impossible.

C'était lui.

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Salut tout le monde, et bienvenue !
Voilà pour le premier chapitre de cette histoire. Je ne sais pas encore quelle longueur elle fera. Seul le temps dira !

En tout cas, j'espère qu'il vous a plu !
J'avais juste envie de m'embarquer dans un truc plus long qu'un simple OS.

N'hésitez pas à laisser un avis dans les commentaires ! Ça m'aiderait vraiment !

Bisous

- Alice

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