6 - J'avais pas besoin de ton aide, en fait.

Le lendemain, je me rends compte que l'incident d'hier a eu au moins deux avantages : bien faire rire mes amis, quand je leur ai raconté, et rendre Jayden un peu moins arrogant.

Pour l'instant, du moins. Il n'y a aucun doute que dans quelques semaines, il sera redevenu exactement comme avant. Mais bon, pour l'instant, j'en profite !

Par contre, j'en reviens toujours pas que cet imbécile ait essayé de m'embrasser. Sérieusement, qu'est-ce qu'il lui est passé par la tête ?

Mais bon, pour le bien de ma santé mentale, je préfère me dire que c'était son accident qui lui avait retourné les quelques neurones qu'il possède, et pas autre chose que je n'ose même pas imaginer...

Et je sais toujours pas pourquoi il s'était battu, ni pourquoi il a dû venir se vider de son sang juste devant chez moi...

Bon, à vrai dire, je m'en fiche. Mais quand même !

Et vous vous demandez peut-être comment ont réagi mes parents quand ils ont appris ce qui s'était passé. Eh bah en fait ils m'ont juste félicité pour ma réaction.

(Il est inutile de préciser que je ne leur ai pas dit ce que Môsieur Jayden a essayé de faire.)

On est vendredi. Je viens de passer une épuisante journée au lycée. Sérieux, quelqu'un pourrait m'expliquer pourquoi tous les profs nous collent des contrôles en fin de semaine ? Ça serait plus logique d'en mettre le lundi, hein !

Bref. Je suis sur le chemin pour rentrer chez moi, et comme j'ai fini plus tard que d'habitude, il commence à faire un peu sombre. Sur le coup, ça me paraît donc une bonne idée de prendre un raccourci, n'ayant aucune envie de marcher dans le noir.

Oui parce que je suis à pied. En général, j'évite de prendre ma voiture tous les jours, vu que le lycée n'est pas loin.

Je m'éloigne donc un peu de mon chemin habituel et prends une petite rue qui coupe à travers le pâté de maison. D'habitude, je ne la prends pas car j'aime bien regarder la mer sur le chemin.

C'est vrai que c'est un peu compliqué de regarder le paysage à travers des maisons. Mais bon, comme là de toute façon il fait noir...

Enfin bref. Je suis presque arrivé à la moitié de la ruelle quand je vois un groupe d'hommes baraqués se mettre au bout, bloquant la sortie. Deux d'entre eux s'avancent vers moi, menaçants.

Eh... mais attendez ! C'est les motards qui trainaient avec Jayden le jour de la rentrée !

Ils n'avaient déjà pas l'air très sympa la dernière fois, mais là ils sont carrément flippants ! Et puis d'abord, qu'est-ce qu'ils me veulent ?

Dans le doute, je sors discrètement une bombe lacrymogène de mon sac. Bah oui, vaut mieux prévenir que guérir, comme on dit.

Les deux hommes ne sont plus qu'à quelques mètres de moi. Je ne bouge pas, pétrifiée.

Le plus grand s'adresse à l'autre.

- C'est bien elle, Aaron ?

- Ouais, j'crois bien.

Puis il s'adresse à moi, découvrant ses dents jaunâtres dans un sourire menaçant.

- Alors, ma jolie, j'vais t'expliquer c'qui va s'passer maint 'nant. Tu vas bien gentiment nous suivre, si tu veux pas qu'il t'arrive encore plus de misères !

Malgré la peur qui me tétanise, je ne peux pas m'empêcher d'avoir envie de rire. Sérieux, on a l'impression qu'il a piqué ses répliques dans un mauvais film d'action !

Tremblante, j'ouvre la bouche.

- Mais... mais... pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai... qu'est-ce que j'ai fait ?

Bien évidemment, mes chers compagnons ne répondent pas. Le dénommé Aaron, qui fait quand même 20 centimètres de plus que moi, s'approche et m'attrape le bras.

Ce n'est qu'au contact de ses gants de cuir humides que je réalise vraiment ma situation. Je dégaine avec toute la vitesse dont je suis capable ma bombe lacrymogène et lui en asperge le visage.

Il me lâche et recule précipitamment en gémissant de douleur, mais c'est sans compter ses copains qui se précipitent tous vers moi.

Quelques giclées de gaz chimique plus tard, je sors en courant de la ruelle.

Mais je me cogne sur quelqu'un avant même d'en être arrivée au bout. Je lève les yeux, déjà prête à me battre, quand je vois...

Jayden.

Mais . C'est . Pas . Possible.

Il est aimanté à moi ou quoi ?

- December ! Quand j'ai appris ce qu'ils comptaient faire, j'ai couru ici !

Ah et en plus monsieur veut jouer au chevalier servant ?!

- Ouais, bah je te remercie, mais t'arrives trop tard. Maintenant, dégage et laisse-moi rentrer chez moi, que j'appelle la police ! Et, mais... attends ! Comment t'as su ce qu'ils allaient faire ?

Bizarrement, là, il a l'air d'être devenu muet.

- Je... En fait... C'est que... Vite ! Cours !

Je me retourne et vois mes ravisseurs se relever et s'approcher de nous. Zut. La prochaine fois, c'est pas une bombe lacrymo que j'emporterai, ce sera une bombe tout court !

Je me précipite hors de la ruelle et cours jusqu'à la petite épicerie du coin. Au moins, là, ils n'oseront rien tenter. Je profite de ce répit pour appeler la police.

J'entends quelques cris et des bruits de bagarre, puis Jayden me rejoint en boitant légèrement.

- C'est bon, ils sont hors d'état de nuire pour le moment, t'inquiète pas.

- Oh, mais je m'inquiète pas, Monsieur Macho. La police va arriver, et je leur fais beaucoup plus confiance qu'à toi !

Il me dévisage, stupéfait.

Bah oui, on est plus au 18ème siècle, hein. Maintenant, les femmes savent se défendre et elles connaissent le numéro de la police ! Il croyait qu'il allait arriver et me sauver des méchants tel un prince charmant ?!

- Maintenant, tu vas gentiment m'expliquer comment tu savais ce qu'ils allaient faire, parce que moi, je leur ai rien fait, à ces types !

Jayden ouvre la bouche et se met à parler doucement, comme s'il avait peur qu'on l'entende. Ce qui est débile, puisqu'à cette heure, la rue est pratiquement déserte.

- En fait, ces types, comme tu dis, c'est des... des amis de mon père.

Mais bien sûr. Il va me faire avaler ça.

Je veux bien que Jayden soit peu recommandable, mais son père, c'est un businessman tout comme il faut, qui a déjà travaillé avec mon père.

Mais bon, on va rien dire, je veux quand même savoir pourquoi ses copains m'ont agressé, moi.

- Je sais pas si tu t'en rappelles, mais tu as dû m'apercevoir avec eux, le jour de la rentrée.

Oups. Par contre je savais pas qu'ils m'avaient grillée...

- Sauf que ces types n'aiment pas trop se faire voir...

Ah ah ah, la bonne blague. Dans ce cas pourquoi ils se promenaient tranquilles dans une grande rue de Los Angeles ?

- Et ils sont plutôt... du genre radicaux. En fait, ils ont l'habitude de... supprimer leurs témoins.

Ah ouais. Quand même. A ce point-là, vraiment ?

- Et en fait, l'autre jour, quand je suis... arrivé blessé chez toi, je venais de les empêcher de te rendre une petite visite.

Mais c'est génial. Je viens d'apprendre que Jayden m'a probablement sauvé la vie.

Formidable.

- Ok... Tu... Ça fait un peu beaucoup à digérer, là... dis-je, les yeux dans le vague.

Je me retourne vers lui, sans trop savoir ce que je vais faire.

Non mais j'hallucine. Ce mec a vraiment, mais vraiment, un problème.

Sa tête est à quelques centimètres de la mienne. Il me fixe d'un regard indéchiffrable.

Puis il s'avance vers moi. Pour la deuxième fois, ses lèvres sont assez proches des miennes pour que je puissent sentir son haleine.

Je recule brusquement, et cette fois, aucun mur ne m'en empêche.

Je regarde Jayden, estomaquée.

- Mais t'es vraiment le dernier des idiots !!! Ça t'a pas suffi, la gifle de la dernière fois ?! T'en veux une autre, c'est ça ? Franchement, j'ai jamais vu un imbécile pareil !!!

Puis je lui tourne le dos et rentre chez moi d'un pas digne, sans me retourner une seule fois.

Ce mec est vraiment débile.


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