Chapitre 29 - PDV Casti
Nous marchons, un par un, suivant le chef devant nous, qui a le bras dans un foulard. Il s'arrête et parle à un gamin. Puis, il se tourne vers nous :
- Regarde... fyuuuuuh... Boum !
Je saute, et me recroqueville au sol, me tenant la tête, pleurant presque.
- ça va aller ?
C'est le gamin. Il s'approche de nous.
- Votre brassard est à l'envers.
Il replace le brassard de l'amnésique, puis, il s'approche de moi et me frotte la tête. Je le fixe, prenant un air effaré.
- Votre visage... (Il se tait quelques instants.) Ne vous en faites pas, vous ne retournerez plus dans vos tranchées. Vous irez plus jamais au combat.
Il pose sa main sur mon visage et caresse doucement mes brûlures, qui déforment ma tête. Il soulève mon bandeau, sur l'œil gauche. Il fait une grimace de dégoût.
- Vous avez perdu votre œil...
Il se relève. Il part. J'adresse un regard à l'amnésique. Il se met debout tant bien que mal. J'esquisse un sourire. Et passe mes mains sur mes cheveux au carré. Lui, il a les cheveux longs, des bandages sur l'œil et un bout de jambe en moins.
Lui, c'est Eren. Moi, c'est Casti. Ici, c'est le territoire des Mahr.
***
J'observe Eren discrètement. Il prépare des affaires.
- Où comptes-tu aller ? Demandai-je en fermant la porte derrière moi.
- Casti ?
Il se tourne vers moi. Il claque la langue et se frotte la nuque.
- Je viens avec toi.
- Mais...
- Je viens chez les Mahr avec toi. Je veux savoir si c'est la liberté, là-bas. Et je ne peux pas te laisser partir seul.
- Et le caporal ?
- Je suis passée caporal, moi aussi.
- Quand ça ?
- Lorsque nous avons eu de nouvelles troupes, hier soir.
Il soupire. Il compte partir ce soir.
- Prépare tes affaires.
- C'est prêt.
- Et Livai ?
- Je lui ai laissé un mot.
- Tu avais prévu de me suivre dès le début ?
- Oui.
Je sors une lettre de ma veste. Je lui mets dans les mains.
- Tiens-la moi deux minutes.
Je tire un couteau et des ciseaux de ma poche. J'attrape le plus gros de mes cheveux et coupe d'un coup sec. Je fourre mes cheveux dans la lettre et la ferme. Je tends les ciseaux à Eren.
- Arrange-moi ça, s'il te plaît. Je veux à la garçonne.
Il saisit les ciseaux et s'exécute. Puis, après que j'aie posé ma lettre, nous partons, un regret au fond de mon cœur.
***
- Hé !
Je relève la tête, adossée au mur. Eren a appelé le gosse, qui observait les blessés, les vrais. Il enlève sa béquille, laissant une place au jeune garçon.
- Merci, pour l'autre jour.
- Vous avez l'air de bien vous rétablir...
- On ne soigne que les blessures psychologiques, ici. Moi, je me fais passer pour amnésique, histoire de ne pas rentrer chez moi. Je ne suis pas en état de revoir ma famille. Tu ne me dénonceras pas ?
- Non, bien sûr que non.
- T'es blessé, à ce que je vois. C'est l'entraînement pour devenir un guerrier Mahr ?
Le garçon se tait. Puis, il répond :
- Oui. Mais il y a une autre recrue plus douée que moi. C'est elle qui sera prise, je n'ai aucune chance.
- Ah oui ? Tant mieux.
- Hein ?
- Tu es quelqu'un de bien. Tu mérites de vivre mieux.
Il fixe Eren et soupire :
- J'ai pas envie qu'elle réussisse, en fait.
- Pourquoi donc ? C'est une fille ?
- Oui. Elle est célèbre, ici, elle s'est déjà illustrée sur le champ de bataille et s'en vante. Pour tout le monde, c'est clair qu'elle obtiendra le cuirassé.
Le cuirassé... Reiner est donc bien ici.
- Moi, je suis à la ramasse, je suis un bon à rien.
- Tu sais... Depuis que je suis arrivé, je me demande à quoi tout cela rime. Des gens sont détruits physiquement et psychologiquement, privés de liberté, réduits à l'états de loques. S'ils avaient su, ils ne seraient jamais partis en guerre. Et pourtant, quelque chose les a poussés là-bas. L'obligation, pour la plupart, mais les volontaires, ceux qui ont été prêts à partir en laissant ceux qu'ils aimaient derrière eux, ils ont vu quelque chose au fond de l'enfer. Un rayon d'espoir, la liberté, toute simple.
Le chemin de la liberté commence en enfer. C'est ce que papa m'avait dit, une fois. Falco, le garçon, est revenu, jour après jour. Et moi, nuit après nuit, je suis sortie, cherchant cette personne.
- Falco, je peux te demander un service ?
- De quoi s'agit-il, monsieur Kruger ?
- Poste cette lettre pour moi, tu veux ?
- C'est pour votre famille ?
- Oui, je veux qu'ils sachent que je vais bien.
Il part en courant. Je relève la tête. C'est Reiner, là-bas.
Regarde, Jirô, il est là. Il a grandi, lui aussi.
Les cheveux d'Eren sont longs. Les miens repoussent, eux aussi, petit à petit. Et dans pas longtemps, j'aurai dix-huit ans. Bientôt, cela fera trois ans que je n'ai pas revu les autres.
- Après la grande fête, je rentrerai chez moi, dit Eren à Falco. Il y a mon amie, qui m'accompagne, aussi.
Il se tourne vers moi. Je souris et continue de jouer avec l'herbe, les jambes écartées. Puis, le garçon s'en va. Un docteur s'assoit près d'Eren.
- Je m'appelle Jäger. Je tiens un cabinet médical à l'intérieur du camp de Revelio.
- Enchanté, moi, c'est Kruger.
- Alors votre nom, c'est tout ce dont vous vous souvenez ?
- Oui.
- Ce garçon vient souvent vous voir, il paraît. Vous vous entendez bien ?
- Plutôt, oui.
Je baisse la tête et me mets à bâiller. Vivement la grande fête. On aura un peu d'action. Le vieux Jäger se met à crier. A ce que j'ai compris, c'est le grand père de Eren. Le criard se fait récupérer par deux docteurs. Eren envoie en l'air la balle de base-ball.
Je ne souris pas. Cette balle, c'est Sieg qui lui a donné. Et pour être franche, Sieg est pour moi l'ennemi numéro un.
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On a fait un grand bond en avant !
Contente de tes cheveux Casti ? Je t'avais dit que je te les mettrais court !
#Historia
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