Chapitre 10 - PDV Extérieur

//Il y a six ans ; PDV Extérieur//

Elle avait mal. Mais elle ne disait rien. Elle encaissait sans broncher. Mieux que ça, elle réfléchissait à un moyen de tuer l'homme qui l'avait capturé et amené ici, puis de se faire la malle. Elle se haïssait, pour s'être fait capturer et enlevée si facilement.

Elle avait un regard de tueuse. Pas comme l'autre.

- C'est bon, arrête, elle a eu son compte. Et puis c'est qu'une gamine, lui dit le complice du premier homme.

- Haa... haaa... ha...

La jeune fille cracha le sang qui était dans sa bouche, tout en haletant. Elle devait bien avoir une ou deux dents cassées.

- Haa...

- Tu en veux encore, c'est ça ?!

- Arrête ! Sinon elle va perdre de la valeur !

L'homme attrapa les cheveux verts de la jeune fille, et la leva. Il la fixa dans les yeux, avec un regard noir.

- Vous pouvez... me frapper, me torturer, me vendre, me faire ce que vous voulez... mais il y aura une chose que vous ne pouvez pas me faire... me prendre mes rêves, réussit-elle à prononcer entre ses halètements.

- On peut te les prendre, en te tuant, sale insolente !

- Encore faudrait-il en avoir le courage, bande d'attardés mentaux... dit-elle avec un grand sourire.

L'homme lui envoya un coup de poing, qui la fit voler jusqu'au mur. La jeune fille frappa le mur de plein fouet, et tomba, allongée. Cependant, elle essayait de se relever. La rousse la regardait. Elle ne pouvait pas la lâcher des yeux, même si elle la voyait un peu flou. Parce qu'elle était tout son contraire. Elle se battait encore contre les ravisseurs, alors que la fille aux yeux violets avait, elle, renoncé à se rebeller ou se battre. La rebelle avait les yeux brillants. Alors que d'ordinaire, dans les bas-fonds, on y naissait pour pourrir comme un déchet jusqu'à la mort. Tous avaient un regard assombri.

- Bon, toi, tu vas être sage, hein ? Demanda le premier homme à la rousse.

Elle hocha la tête comme elle put. Elle s'était soumise, consciente qu'il n'y avait pas d'espoir.

- Bien ! Je vois que tu es obéissante, toi.

L'homme retourna près de son ami. Ils parlaient du prix qu'ils pourraient en tirer. Les deux sortirent alors. Il y eut un silence, puis la rousse regarda l'autre fille. Elle lui dit, en voyant que la verte avait ouvert les yeux :

- Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ? Répondit-elle après un petit silence.

- Pourquoi tu te bats encore ?

- Tu as abandonné, pas moi, répliqua-t-elle au bout d'une dizaine de secondes. Je veux sortir d'ici. Je veux retrouver mon amie.

- Ton amie... elle habite dans les bas-fonds ?

- Non. A la lumière. Comme moi.

- Moi... je suis née ici. Mon rêve, c'est d'avoir assez d'argent pour pouvoir partir. Je voudrais sentir la chaleur sur ma peau. Je voudrais être éblouie par le soleil. Je voudrais... quitter ce monde, dit la rousse, en regardant le plafond, noir.

- Tu n'as qu'à venir avec moi.

- Hein ?

- Quand je me serai enfuie, je retournerai en haut. Tu viendras avec moi.

- Je ne sais pas si...

- Ton rêve, c'est d'aller voir le soleil. Moi, c'est d'aller voir le monde extérieur.

- Le monde... extérieur ? Répéta la rousse.

- Oui, ce qu'il y a après le mur Maria. C'est ça, mon rêve. D'ailleurs, à propos de ton rêve... tu sembles avoir abandonné et placé ton sort entre les mains de nos ravisseurs. Même si ton rêve se trouvait à portée de main, est-ce que tu abandonnerais ? Tu ne veux pas te battre pour y accéder ?

Les deux jeunes filles se turent, et ce fut la rousse qui brisa le silence :

- Dis...

- Hm ?

- Comment tu t'appelles ?

- Casti. Casti Ricome. Et toi ?

- Ashley Nazaru.

- Comment tu l'écris, ton prénom ?

- A - chu - re - i. Mes ancêtres étaient ce qu'on appelait des "Anglais".

- C'est en dehors des murs, ça ! Donc la plupart de tes ancêtres vivaient hors du mur !

La rousse sentait une excitation dans sa voix. La verte se mit à ramper au sol pour rejoindre sa nouvelle camarade.

- Mes parents ont été tués. Mon père pour protéger ma naissance, ma mère pour ma sœur, il n'y a pas trois mois. Cela fait des années qu'on essaye de me tuer, ou de me capturer.

- Mais pourquoi ?! S'exclama Casti, du sang coulant sur sa paupière.

- Mes parents avaient un livre chez eux. Il raconte la vérité sur les "titans". Mes parents savaient ce qu'étaient les titans en réalité. Les Brigades Spéciales nous ont déclaré "ennemis de l'humanité".

- Alors un, il nous faut ce livre. Deux, il faut récupérer ta sœur, elle est encore trop petite ! Celui fait combien de temps qu'ils t'ont capturé ?

- Trois jours. Mais j'ai confié ma sœur à un garçon. Il a un équipement de soldat, mais c'est un voyou. Il est souvent avec un garçon aux cheveux noirs et une fille rousse. Je sais où ils habitent. Et toi ?

- J'ai été kidnappée aujourd'hui. Je cherchais mon frère, et puis je me suis perdue dans les ruelles. Allez, maintenant, on sort d'ici, en vitesse.

Casti frotta ses poignets, doucement, et la corde s'enleva d'elle-même. Une fois les mains libres, elle se libéra les chevilles et alla détacher sa nouvelle amie.

- Comment tu as fait ça ?

- En frottant mes poignets, la corde se détend d'elle-même.

Ashley remarqua alors un couteau par terre. Elle prit, et le donna à Casti.

- Compris. Je nous protégerai.

Dans la salle où elles étaient, il y avait deux portes. L'une, par laquelle étaient partis les hommes, l'autre, donnant sur l'inconnu. Les deux fillettes ouvrirent la seconde. Il y avait la rue. Les deux filles coururent jusqu'à la maison d'Ashley, bien qu'elles soient pieds nus. Elles arrivèrent enfin devant la maison de la rousse. Casti entra la première, et laissa entrer son amie. Elle la mena jusqu'à une trappe. En bas, il y avait une collection de livres impressionnante.

- Où est le livre que nous cherchons ? Demanda Casti, le couteau à la main.

- Par ici... Ah le voilà !

Elle le posa sur la table au centre de la pièce, et l'ouvrit.

"En réalité, les titans sont-" Commença à lire Casti, mais un bruit les arrêta.

Les hommes les avaient suivies, et se tenaient, là, en haut de l'échelle.

- Bonjour mes petites... alors comme ça, on nous fausse compagnie ?

Ashley se mit à trembler. Casti ravala sa salive, et prit son couteau dans ses deux mains. Elle le leva en l'air.

- Si vous descendez, je vous tue !

- Faudrait-il encore que tu en aies le courage... répondit l'un.

Casti se figea. Elle était prise à son propre piège. Elle se mit à trembler. Pourtant, elle ne pouvait pas flancher maintenant. Mais elle avait à peine huit ans. Comment tuer deux hommes avec un simple couteau à huit ans ?

- Oh, elles tremblent, regarde ! Descendons les rassurer... ironisa le second.

- Ashley... recule.

- Quoi ?

- Recule ! Cria Casti.

Elle obéit, et Casti en fit de même. Le premier homme était en bas, il descendait dos aux jeunes filles, persuadé qu'elles avaient peur. Casti souffla, et lui sauta dessus. Elle le poignarda, de dos. Il tomba raide mort. Casti reprit le couteau, puis retourna devant Ashley. Pour la protéger d'une éventuelle attaque.

Ses mains tremblaient encore. Le second descendit. Arriverait-elle vraiment à le tuer, lui aussi ?

- Ashley, recule encore.

- Mais je-

- Et ne regarde pas.

- Pourquoi tu veux le tuer ?!

- Parce que. Parce que, nous, les humains...

Casti se tourna, un sourire étrange aux lèvres.

- Nous n'avons pas le choix, c'est comme ça que ça marche. Si on veut survivre dans cette situation, on n'a pas d'autre option.

L'homme encore en vie attrapa Casti par le crâne. Elle ne l'avait pas vu venir.

- Sauf que tu trembles. Tu ne pourras pas tuer un autre humain. Dommage, ta petite phrase était pas mal !

Il l'attrapa cette fois-ci par la gorge, avec une seule main. Il voulait montrer qu'il tuerait la première avec une grande facilité. Il voulait terroriser la rousse, pour la forcer à se soumettre et obéir.

Casti tenta de poignarder l'homme, et de se débattre. Il n'y eut pour effet qu'elle perdait son énergie et son oxygène peu à peu. Elle rassembla ses dernières forces pour envoyer le couteau près de Ashley, terrifiée.

"Je nous protégerai".

Casti laissa pendre ses mains. Elle n'en avait plus pour très longtemps. Ashley se perdait dans ses pensées. Elle d'ordinaire si craintive, elle réfléchissait à toute vitesse.

Si elle ne me protège pas, je vais mourir, juste après elle. Si elle ne peut pas se protéger... qui peut ?

Moi ?

Elle tendit sa main tremblante jusqu'au couteau, qu'elle attrapa.

Je dois la sauver. Après tout ce qu'elle a fait pour moi... Elle est prête à m'aider alors qu'on se rencontre à peine. Elle s'est inquiétée pour ma sœur alors qu'on ignore tout l'une de l'autre.

"Tu ne veux donc pas te battre pour ton rêve, même s'il est à portée de main ?"

"Quand je me serai enfuie, je retournerai en haut. Tu viendras avec moi."

Ashley arrêta de trembler, et serra son couteau. Elle fit une entaille dans le bras de l'homme, qui tomba en hurlant de douleur. Casti se prit le cou entre ses mains et respira un bon coup. La rousse sauta sur l'homme, et le tua, couteau en plein cœur. Les deux jeunes filles haletèrent, puis se regardèrent dans les yeux. Elles se jetèrent dans les bras l'une de l'autre.

- Merci, Ashley, tu m'as sauvée, gémit Casti en laissant couler quelques larmes.

- Casti, j'ai une dette éternelle envers toi. Je me dois de te la rendre, répondit son amie, sur le point de pleurer.

- Alors... deviens mon amie, et ça suffira.

- Casti, je te protégerai toute ma vie. Sans toi... je n'ose pas imaginer où je serais en ce moment.

Elles sourièrent, parmi leurs larmes. Elles se levèrent pour regarder le livre, mais il y avait du sang sur les deux pages. Et il avait coulé sur le livre en entier.

- Le livre est mort, nous ne saurons jamais, déclara Casti.

- Partons.

Ashley commença à monter, et Casti la suivit. Mais quelque chose attrapa sa cheville. L'homme poignardé par Casti. Il la tira, et la mit par terre, sur le ventre.

- Casti !! Cria Ashley.

- Toi, je vais te tuer !

L'homme tira Casti au sol, qui tomba sur le dos, le haut relevé. Il la griffa violemment. La fillette lâcha un cri de douleur. Les griffures étaient saignantes.

- Casti !! Cria Ashley, qui voulut descendre, mais l'homme l'arrêta.

- Si tu descends, je la tue !

Elle ne bougea pas. Elle ne savait plus quoi faire.

Je viens de lui promettre. Je ne peux pas faillir à ma promesse maintenant !

L'homme avait fait des dizaines de griffures dans le dos de Casti. Elle saignait de partout. Casti tendit le bras vers le couteau. L'attraper et lui planter dans le cou suffirait.

- Hé ! Cria Ashley. Venez me tuer, si vous en êtes capable !!

Elle se dirigea vers l'échelle. L'homme, en colère, se leva, lâchant Casti, qui en profita pour attraper le couteau. Elle se préparait à tuer l'homme, mais une sorte de harpon lui transperça le torse et son sang éclaboussa les deux jeunes filles.

- Oï, Farlan, tu n'oublieras pas de nettoyer ton harpon, dit une voix masculine. Le sang des dealers d'humains, c'est dégueulasse.

- Tout le sang qui n'est pas le tien est dégueulasse, pour toi. Hé, je te reconnais, toi ! S'exclama Farlan en parlant à Ashley.

Ashley tenait Casti, qui venait de s'évanouir. La rousse pleurait, en suppliant le blond du regard.

- Aidez-moi, je vous en prie !

- Elle saigne ! Dit Farlan en montrant la fillette à son "chef".

- J'ai vu. On les ramène, déclara le chef.

Le trio emmena les deux jeunes filles pleines de sang dans leur maison. Le plus petit de taille des trois prit Casti et il s'enferma dans une chambre pour la soigner.

- Dites, monsieur...

- Tu veux voir ta sœur, c'est cela ? Viens, elle va bien, ne t'en fais pas, répondit Farlan.

- Merci beaucoup ! Ma sœur est tout ce qu'il me reste ! Je vous payerai, si vous voulez ! Je n'ai pas d'argent, pour le moment, mais...

- Ce n'est pas la peine.

- C'est pas ton genre qu'être sympa comme ça, Farlan !

- Tais-toi et mange, Isabel.

Farlan se leva, et alla vers une chambre. Il en ressortit avec la petite fille dans ses bras.

- Tiens. Je lui ai donné à manger il y a une heure.

- Comment avez-vous fait pour nous trouver ?

- Une intuition de notre chef. On passait dans le coin et il a entendu hurler.

Justement, celui-ci sortit avec Casti dans les bras.

- Je lui ai mis des bandages, je compte sur toi pour l'amener à la surface.

- On les raccompagne ?

- Allez.

Les "adultes" mirent leur équipement, et portèrent les trois enfants jusqu'à une grande porte qui servait de passage.

- Bon ben, au revoir.

- Merci beaucoup, monsieur Farlan et mademoiselle Isabel ! Dit Ashley en faisant une courbette.

- De rien.

Ashley avait Casti sur son dos et sa sœur dans ses bras.

- J'espère que je trouverai les parents de Casti.

- Casti ? Répéta le garçon aux yeux gris acier.

- Oui, c'est ainsi qu'elle s'appelle.

- Casti...

Il s'approcha et caressa la tête de l'endormie.

- Je suis sûr que nous nous reverrons bientôt, Casti.

Le garçon aux cheveux noirs fouilla dans sa poche, et lui attacha quelque chose autour du cou.

- Qu'est-ce que c'est ? Demanda Ashley.

- C'est pour m'aider à la retrouver, le jour où nos chemins se croiseront de nouveau.

Ashley toqua à la porte menant au mur Maria, et on lui ouvrit.

- Pourquoi tu lui a donné ce collier, Livai ? Tu penses vraiment la revoir ? Demanda Farlan.

- Je sais pas. Une intuition, comme ça. Allez, maintenant, allons bosser.

Pendant ce temps, Ashley était tombée sur deux hommes qui montaient la garde, et quatre hommes lambda.

- Hé, toi ! Tu viens des bas-fonds ?! Retourne d'où tu viens ! Cria l'un.

- S'il vous plaît, messieurs, je... !

- Casti !

Les hommes et Ashley se tournèrent vers une jeune fille aux cheveux verts clair qui les avait appelés. Pendant un instant, elle leva la tête et regarda la lune. C'était la pleine lune, ce soir-là. Et la première fois qu'elle voyait la lune et les étoiles.

- Casti, je te cherchais ! Bonsoir, messieurs, je cherchais mon amie, qui était allée voir un proche, dans les bas-fonds ! Repris la verte claire.

- Casti, tu dis ? C'est ton nom ?

Ashley acquiesça, et montra le bébé.

- Voici ma soeur, Mani, et mon amie Ashley, qui s'est endormie !

- Nous partons, messieurs, pardon de vous avoir dérangés !

Ashley suivit la fille aux cheveux verts clairs. Celle-ci attrapa le tissu qui contenait le bébé. Ashley jeta un dernier coup d'œil aux adultes. Ils portaient des capes vertes. Et dessus, un symbole. Les ailes de la liberté. L'un d'eux avait retenu son attention ; il avait de gros sourcils.

- Pfiou, merci ! Souffla finalement Ashley.

- Non, merci à toi. Tu as ramené mon amie Casti.

Alors c'est elle, l'amie qu'elle voulait retrouver... pensa Ashley.

- En fait, c'est grâce à elle qu'on a pu fuir. Je te raconterai tout après, promit Ashley.

- Quel est ton nom ?

- Ashley. Et elle, c'est ma sœur, Mani. Et toi ?

- Louise. Ravie de te rencontrer. Dis-moi, j'ai eu l'impression que tu te forçais à l'appeler ainsi. Et tu as regardé la lune, à un moment.

- Je viens de la nommer. "Mani", est le dieu de la lune, chez un peuple qu'on appelait les "scandinaves", et chez les "germaniques". J'ai appris ça dans un livre de mon père.

- Ashley, c'est ça ? Tu viens des bas-fonds ?

- Oui. J'ai rencontré Casti, nous avons été enlevées. Nous avons finalement fui, et avons récupéré ma sœur. J'avais perdu tout espoir de fuite, mais Casti a continué à insulter, et à se battre. C'est grâce à elle que je suis là.

- Ah, ça ne m'étonne pas. Elle est plutôt courageuse, et impulsive. Elle n'hésite pas à se battre, même si elle saigne. Nous sommes arrivées, c'est chez ma grand-mère. Je vais lui demander de vous héberger.

- V-Vraiment ?

- Je ne vais pas laisser ma nouvelle amie à la rue ! Dit Louise en souriant.

Ashley dut se retenir de pleurer. Elle finit par craquer et fondit en larmes. Et, bien qu'aucune des deux filles ne le remarquât, Casti avait esquissé un léger sourire, dans son sommeil. 

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Le secret du collier de Casti enfin révélé !! 

Oui oui oui c'est bel et bien Livai. Qui entrera dans le Bataillon juste après, c'est un clin d'œil au Birth of Livai !

Bref, qu'en pensez-vous ?

Prochaine étape : La Bataille d'Orvud !!

#Historia

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