Chapitre 65 Lucie
Où suis-je ?
La douleur dans ma poitrine me criait que j'étais en vie. Elle me tordait le corps sous le poid de sa torture. Pourtant, malgré cette punition constante dans mon cœur, la simple idée que je respire encore me réjouissait.
La flèche ne m'avait simplement pas tuée.
Mais tout me revient en mémoire, telle une ombre vengeresse. La peine et la peur était de mise alors qu'il me semblait encore entendre retentir dans mes oreilles les écrous et les vis de mon bras devenu mécanique. Comment cette nuit pouvait-t-elle avoir autant virée au cauchemars ?
Alors que mes yeux s'ouvraient lentement pour laisser voir la chambre plongée dans le noire, je me rendis enfin compte de la réalité qui m'entourait. Je n'étais pas chez moi. Cet espace au mur gris sale m'était inconnu. Je pouvais à présent percevoir l'appareil respiratoire qui me bloquait mes naseaux pour me faciliter la respiration. Je sentais le cathéter plongé dans mon bras. J'entendais chacune des alarmes sonores de l'électrocardiogramme qui suivait le rythme de mon coeur.
J'étais vraiment tombée bien bas.
Je savais que j'avais été emmenée à l'hôpital. Je savais que j'avais été prise de violentes hallucinations. Mais toutes les horreurs de cette nuit était quant à elles bien réelles. Il fallait que je parte. Il fallait que j'en ai le cœur net.
Alors, d'un geste sûr et réfléchie, j'ai fait la chose la plus stupide que pouvait faire une personne auscultée à l'hôpital. Je me suis débranchée sans aucune hésitation dans mes mouvements. J'ai rapidement enfilé les vêtements que je portais la veille et qui se tenaient sur la chaise de l'autre côté de la chambre. Je ressentais l'engourdissement de mon bras au par avant perforé par l'aiguille. Puis j'ai entendu ces pas accourir dans le couloir. Alors je n'ai pas réfléchi. Je me suis cachée le plus vite que je le pouvais sous les couvertures dans la penderie.
Je préfère qu'il me cherche plutôt que de devoir rester enfermée dans cette chambre loin de la vérité.
J'ai retenu mon souffle du mieux que je pouvais, alors que j'entendais les infirmiers s'exciter dans toute la chambre. Je les entendais se poser mille et une questions sur ma disparition. Je les entendais s'affoler de ma fugue qui leur semblait tellement impossible. Mais qu'aurais-je bien pu faire hormis me taire ?
Un seul mot, un seul geste, et j'aurais perdu toutes les possibilités d'accéder au savoir dans les plus brefs délais. Alors je suis désolée pour tout ça, mais il le fallait.
Les paroles et les pas semblèrent quitter la chambre et je me suis doucement dégagée du dessous des couvertures. Prudemment, j'ai ouvert les portes de l'armoire et je m'en suis extraite. Plus personne n'était dans la chambre. C'était à mon tour de disparaître définitivement de cet endroit.
J'ai jeté un coup d'oeil dans le couloir, m'assurant qu'aucun infirmier ne s'y trouvait et je me suis enfuie.
Arrivée vers les lieux principaux de passages, ce n'était plus vraiment la peine de faire attention. J'étais devenue une patiente comme une autre et personne ne faisait attention à ma présence sur les lieux. J'ai passé la porte d'entrée sans trop d'encombres et je me suis précipitée vers l'arrêt de bus le plus proche. J'ai regardé le numéro des transports qui passés et j'ai regardé comment rejoindre mes réponses.
Alors que je suis montée dans l'un d'eux, et je bien vite sentis mon cœur qui commençait à s'emballer. Plus la distance entre moi et ma destination finale que je convoitais s'écourtait et plus la peur de contempler la vérité se faisait sentir dans mes veines. Elle chamboulait mon corps entier, tout comme mon esprit.
S'il vous plait. Faite que ce ne sois qu'une illusion. Qu'un mauvais rêve, qu'un cauchemar.
— Bonne journée et au revoir, lançais-je au chauffeur avant de descendre à mon arrêt.
À ce moment là, tout s'accéléra en une fraction de seconde.
Mon souffle, mon cœur, les chocs de mes pieds contre le goudron qui recouvrait le sol. Je courrais autant que mon corps pouvais se le permettre. Je courrais et me supplais de tenir la cadence sans penser au pire et aux conséquences.
Des larmes commençaient déjà à couler sur mes joues alors que je ressentais le froid de ce début d'hivers me brûler la gorge. La température avait semblé chuter en une nuit tout comme mes espoirs et mes rêves.
Lorsque je vis ma maison en vue, ainsi que sa voisine, le temps sembla s'arrêter quelques instants. Le doute me saisit et mes gestes ralentirent comme soumis à cette nouvelle part de moi-même.
Toutefois, devant le bâtiment encore endormi qui se dressait devant moi, mes mains se posèrent d'elle même sur la sonnette de l'interphone.
J'entendais de la rue la musique retentir dans la maison. Mais aucune réponse.
Alors j'ai réessayé.
Encore.
Encore.
Aucune réponse ne se fit.
C'est à ce moment précis que je l'ai vu.
J'ai vu l'absence de cette voiture qui pourtant se garait tout les jours sur la place devant la maison. L'absence de mouvement ou de lumière dans cette maison plongée dans le noire malgré l'heure. L'absence de mouvement de la part de ces adultes qui pourtant se levait toujours si tôt le matin.
Mais alors que tout semblait perdue. Je vis une lumière doucement s'allumer. J'observa une silhouette descendre au rez-de-chaussée. J'entendis les bruits de cette clef qui tournait dans la serrure pendant que je sentais la peur me serrer les tripes.
— Que fais-tu là Lucie ? sonna cette voix endormie que je connaissais trop bien.
— Il faut que tu me laisse entrer Alya, répondis-je en me précipitant au près de ma meilleur amie sur le seuil de la porte. Je t'en supplie.
L'émotion commençait à monter alors qu'elle se décalait déjà pour me laisser un passage afin d'entrer chez elle. Mais alors que je m'engouffrais dans la bâtisse et me précipitais vers les escaliers, j'entendis sa voix à présent tissée dans l'inquiétude et la peur retentir:
— Lucie, que se passe-t-il ? Lucie.
Je l'entendis se précipiter à ma poursuite.
Une fois l'étage atteint, il fallut moins d'une seconde pour pousser la porte de cette chambre que je redoutais. Je redoutais de ce qu'elle pouvait bien pouvoir me montrer. Je redoutais sa solitude.
Mes jambes lâchèrent et je me suis effondrée à genoux sur le sol. Je semblais démunie de voix devant ce spectacle que je connaissais pourtant trop bien. Je l'avais imaginé un millier de fois pendant que j'étais en chemin, mais j'avais refusé d'y croire.
Alya s'était arrêtée à l'entrée de la pièce. Je sentais son regard dans mon dos qui détaillait chaque partie de mon corps à la recherche d'une réaction quelconque.
— Depuis combien de temps ? soufflais-je. Depuis combien de temps Tristan est parti ?
— Depuis hier. Sa promesse était un mensonge.
Un de plus.
Je sentis un larme couler le long de ma joue. Puis deux. Puis tout un bataillon qui témoignait de ma détresse. Des flots de peine dévalaient la pente et je sentis ma meilleur amie s'assoir à mes côtés et me prendre dans ses bras. Je m'y suis blottie, abattue par le chagrin et la trahison. Grey savait ce qui allait ce passer et Tristan m'avait abandonné. Cette même personne avait montré à deux reprises que j'avais eu tord de chaque jour continuer de croire lui et ça me déchirait le cœur.
C'était injuste !
La sonnerie de mon téléphone retenti et ce fut Alya qui me le tendis. Je le pris au creux de mes mains et le porta à mon oreille.
— Allô, dis-je d'une voix faible en luttant difficilement contre mon sanglot.
— Lucie, c'est Matt. Je suis aux urgences et on me dis que tu es introuvable, que tu t'es enfuie. S'il te plait, dis moi où tu es et jure moi que tu vas bien.
— Je suis en vie. Je suis chez Tristan.
Le silence fut de plomb au bout du fil. Il attendait inquiet mon verdict et je ne fis pas attendre plus longtemps la sentence.
— Il s'est enfuie.
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