Le jour n'était pas encore levé lorsque j'ai ouvert mes yeux. La pénombre régnait en maître dans la chambre. Il se dégageait tout de même quelques faisceaux de lumières à travers les volets de la pièce, alors que les lampadaires continuaient de guider les passants matinales.

Mon corps se releva d'un seul geste lorsqu'il se rendit compte de son état.

J'étais réveillé. J'étais dans le monde réel.

Alors une seule pensée envahit mon esprit. Un seul nom sonnait dans ma tête telle une incantation que l'on ne pouvait s'empêcher de prononcer.

— Anna.

Je me suis levé du lit, me jetant sur l'interrupteur pour pouvoir y voir clair. La lumière du plafonier me brûlait les yeux, mais qu'importe face au spectacle qui se trouvait juste devant moi.

Le corps de Anna était étendu là, immobile et enroulé dans la couverture comme elle en avait l'habitude. Mais rien ne bougeait plus. Pas même son ventre au rythme d'une quelconque respiration. Rien.

Toute énergie avait été annihilée de son corps.

— Non, murmurais-je en me jetant près d'elle.

— Non ! criais-je en la secouant. Anna, réveille toi !

Mais j'avais beau la tirer dans tous les sens, lui dire tous les mots de la terre, le résultat restait le même. Anna poursuivait inlassablement son profond sommeil.

Les yeux clos et le corps allongé sur le lit, elle semblait détendue et simplement dormir. Pourtant, la rigidité de ses muscles lorsque j'ai essayé de la faire bouger dans les premières secondes et la froideur de son corps trahissait la véritable nature de son sommeil.

Elle ne se réveillerait pas.

Elle était morte à côté de moi.

Mes sanglots envahirent la pièce alors que la porte s'ouvrait sur mes parents terrifiés et la réalité qui s'acharnait sur moi avec sa fatalité. Il se précipitèrent à mes côtés, me détachant de son corps glacé pour voir l'étendue du problème. Je les entendis appeler les urgences, appeler au secours du mieux qu'ils pouvaient pour cette enfant qu'ils voyaient comme leur fille. Pour cette personne qu'ils animaient de tout leurs coeurs.

Je restais là, sur le sol de la chambre. Le parquet semblait être imprégné d'une certaine douceur comparée à elle. Les bruits autours de moi paraissaient sonner comme de vague échos. Je ne distinguais plus le moindre son de la bouche de mes parents. Je voyais juste la forme de son corps à travers ce mur de larme. Que pouvais-je faire de plus?

Tous les événements de la nuit dernière me revinrent en mémoire:  la noyade, la peur, les retrouvailles, la joie, la déesse, la colère, l'attaque, la détresse, sa mort, le désespoir, l'anéantissement, mon meurtre.

Qu'ai-je fais ?

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Je sais, ce chapitre est très court. Mais je ne me voyais pas rajouter des longueurs inutiles pour faire durer. Et d'un autre côté, je pense que ce chapitre est indispensable pour la suite.

Alors, à vous de me dire ce que vous en pensez.

Dans tous les cas, ça me fait tellement étrange de savoir qu'il ne reste presque plus de chapitres. C'est vraiment déstabilisant.