Chapitre 6: Matt

J'essayais désespérément de comprendre le cours, mais je me sentais sans cesse replonger dans mes pensées. Puis, pour mon plus odieux plaisir, groupie n°1 finit par roucouler :

- Tu fais quoi après les cours Matt ?

J'ai soufflé, exaspéré. Ces filles stupides connaissent tout de moi, et elle me demande réellement ce que je vais faire ?

- Entraînement d'escrime, je répondis tout de même blasé.

- Waouh ! Ça doit être super intéressant ! Tu dois avoir tellement hâte !

J'ai de nouveau soupiré face à son absurdité désespérante. Je ne savais pas vraiment ce qui me désolait le plus. Sa manière complètement ratée de faire la conversation ? Ou alors son rouge à lèvre bordeaux qu'elle renouvelait toute les trente secondes ? Je plains son porte-monnaie. Pourquoi beaucoup de filles s'infligent le supplice de la peinture sur le visage, le tout, dans l'excès le plus total. Un peu, pourquoi pas. Cela embellit la beauté naturelle des filles. Beaucoup, ça ne fait ressortir qu'une beauté factice.

- J'ai tous les jours entraînement d'escrime, alors pas vraiment. Je te prierai à présent de bien vouloir me lâcher.

Difficile de pas faire de cliché lorsque certaines personnes de la gent féminine sont aussi superficielles. Ce n'est pas le cas de toutes, simplement d'une minorité. Mais minorité trop collante à mon goût.

Tu as beau leur parler comme des chiens, les rembarrer à chacune de leurs phrases, tenter de les fuir comme la peste, elles s'en moquent.

Tu es mignon et sportif, alors ça leur suffit. C'est tout simplement insupportable, mais on finit par l'accepter et vivre entouré de pauvres cruches écervelées.

Alors petit à petit, tu finis entouré d'un groupe personne au lien d'amitié entièrement factice qui ne sont là que pour le paraître d'être sois disant important, connu dans un lycée. Pourtant, ces précieuses personnes qui osent revendiquer le titre d'amis n'hésiteront pas à vous planter un coup de poignard dans le dos, et si possible à vous éloigner le plus possible des personnes qui comptent pour vous.

Ne vous faites pas d'illusions les garçons, vous avez tout autant le même comportement que les filles.

Alors tout le monde suis cette merveilleuse mascarade, sans oublier  de piétiner ceux qui commence à trop prendre de votre lumière, où encore si un pas qu'ils font est de travers risque d'entâcher votre magnifique façade de mensonge. Alors ils trainent  tous ensemble, prennent pleins de photos, écoute les histoires des autres et se valorise, mentent, et n'oublient surtout pas de se donner plein de petit surnom ridicule pour simuler au mieux leurs sois disant amitié. Alors voici mon monde. Celui dans lequel je vis, celui dans lequel j'ai été traîné sans aucune chose de retour. Car chaque espoir qui croisait ma route se faisait balayer pour mieux me garder sous la main.

- Ça te dit que je vienne chez toi après l'escrime ? dit Groupie n°2. Ça pourrait être parfait pour te détendre.

Là, trop c'est trop, et je frôle le cauchemar. C'est faux moment chez les autres à boire et à faire semblant de bien s'entendre était beaucoup pour moi. Je finis par profiter que le prof soit allé chercher des copies, pour changer de place et m'asseoir un peu plus loin au fond.

- Là au moins, personne ne viendra m'énerver, soufflais-je à peine arrivé à ma place.

-Si tu veux rester ici, parle moins fort.

Je me suis retourné vers la voix qui venait s'élever. Elle provenait d'une fille que je n'avais pas vraiment remarquée. Elle cachait sa tête dans ses bras comme si elle tentait tant bien que mal de dormir, ne laissant paraître d'elle que ses courtes boucles blondes.

- Je ne crois pas qu'un cours soit un endroit pour piquer une sieste.

Elle releva doucement sa tête. On distinguait facilement dans son regard vert qu'elle était énervée, lors que sur son visage se trouvaient deux grandes cernes sous ses yeux endormis.

- Je ne t'ai pas réellement demandé ton avis, et vois-tu je n'ai vraiment pas eu un sommeil de tout repos cette nuit. Alors s'il te plait...

Sur ces mots, elle replongea la tête dans ses bras, alors que le professeur, revenu depuis peu, recommençait à présent le cours.

Je me rappelais qu'il y a quatre mois j'étais dans le même cas que cette jeune fille.

Peu avant ma première immersion, j'étais continuellement fatigué peu importe le nombre d'heures que je dormais. Mais c'est vite passé. Quelques jours suffirent amplement.

J'arrivais parfaitement à présent à jongler entre moi, Matt, ainsi que mon alter-égo Victoire. Même s'il m'avait fallu quelques temps pour y arriver, maintenant c'était fini.

Il fallait que je trouve un moyen d'identifier le phénomène déclencheur de ce qui m'arrivait. Ça  pourrait sûrement nous aider si c'était réellement en lien avec mes rêves.

Rien n'avait réellement changé dans ma vie. J'avais simplement fait réparer mon matériel d'escrime à la vue de la prochaine compétition de sabre. Mon père était rentré d'Inde. Ma mère n'était plus en congé. J'avais donc recommencé à manger au self du lycée.

Ma vie était réellement passionnante. Je me demande ce que je pourrais bien raconter à mes petits enfants sur ma jeunesse, si toutefois j'en avais une un jour. C'était actuellement, mal parti...

Lorsque la sonnerie retentit, j'ai pris mon temps pour rassembler mes affaires. Après tout, l'entraînement ne commençait que dans une heure.

Comme je vis que la fille à mes côtés n'avait pas réagi, je finis par décider de la réveiller. Je la secouais doucement, et elle émit un grognement.

-Il faut se réveiller, c'est l'heure.

Elle se redressa subitement, menaçant de m'envoyer  au tapis en un coup de tête bien placé et ouvrit les yeux péniblement. D'un geste lent, elle finit par commencer à ranger ses affaires.

-Merci de m'avoir réveillée.

-Ce n'est rien.

J'allais partir vers la sortie lorsque Groupie n°3 et 2 me firent respectivement un à demain de loin et l'autre un «appelle-moi» de ses mains. Je fis une mine dégouté. Comme-ci j'allais en plus pendre le temps continuer une telle mascarade en dehors des cours.

- Ça te dérange si je me remets à côté de toi, au prochain cours de français ?

Elle me regarda étrangement surprise, mais elle finit par me répondre après un court moment de réflexion.

- Si tu y tiens, mais comme tu as pu le constater je ne suis​ pas vraiment de très bonne compagnie.

- Crois-moi, tu es une compagnie très calme et tu sembles gentille, alors c'est tout ce que je demande.

Elle émit un instant un petit sourire​.

- Sans vouloir te vexer, c'est plutôt facile d'être de plus agréable compagnie que les greluches qui t'entourent. D'ailleurs je tiens à être indemnisée si elles tentent de me tuer, suite à ton déménagement.

Greluche: mot préhistorique servant à designer ce que j'appelle des groupies et qui me suivent.

Ce fut un mon tour de rire pour une fois. Je n'allais pas m'ennuyer à cette place. Ou  en tout cas, bien moins qu'à la dernière en date.

- Bon, ce n'est pas tout, me dit-elle, mais j'ai mon bus à prendre et je doute que tu n'es rien à faire après les cours. Si tu veux mon avis tu devrais te dépêcher d'aller à ton entraînement.

- Ma réputation m'aurait-elle dépassé?

Elle secoua la tête négativement, après m'avoir regardé bizarrement.

- Pas vraiment vu que en toute honnêteté, je ne sais même pas qui tu es.

C'était plutôt vexant. Mais vu que j'étais incapable de dire son nom, je ne le pris pas trop personnellement.

-Seulement tu es musclé, reprit-elle calmement en rangeant ses quelques affaires, ça se voit. Mais ce sont des muscles fins. Je dirais donc que tu pratiques un sport d'habilité, ainsi que de vitesse. Ce genre de sport demande une pratique intensive et extrêmement régulière pour atteindre ta carrure. Alors je me doute que tu as un entraînement juste après les cours.

Cette fille devait un minimum savoir de quoi elle parle, pour être capable me déballer tous ces informations. Elle me faisait penser un peu à Lolita. À une seul différence. Lolita est nettement plus douce et gentille dans sa façon de parler. C'est pourquoi je le savais pertinemment. Peut importe qui était cette fille, elle n'était pas Loli.

-Je peux savoir comment tu sais tout ça?

-Disons simplement que je m'y connais. Au revoir l'inconnu légèrement égocentrique. On se voit au prochain cours!

Elle sortit de la salle en me faisant un signe d'au revoir de la main. J'ai ri de son comportement. Je dois avouer que ma remarque sur ma réputation était un peu mégalo.

Suis-je réellement mégalo? Sûrement.  Dans un monde d'apparence, je doute que les mœurs ne m'aient aucunement influencé.

Je finis par partir de la salle à mon tour, après être resté planté quelques temps comme un idiot.

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