Chapitre 54: Éthan

Elle était assise sur les gradins, les yeux perdus dans ses rêveries. Elle était magnifique ainsi. Ses cheveux bruns tombaient doucement sur ses épaules, alors qu'elle jouait mécaniquement avec les doigts de ses mains. On devinait se dessiner un petit sourire dont elle seule avait le secret sur son visage. Le genre de sourire qui suffisait à illuminer une journée et raviver la flamme du bonheur enfouie en chaque homme et femme.

J'aurais pu la regarder ainsi pendant des heures. Seule, assise sur ses gradins vieux sûrement bourrés de sueurs jusqu'au plus profond de leur bois et parsemés de chewing-gum bien trop âgés. Mais il avait fallu qu'elle tourne la tête. Qu'elle me porte son attention. Qu'elle me sourit gaiement en me faisant de grand signe de la main.

Alors je me suis avancé vers elle.

-Je savais que je te trouverai là, lui dis-je doucement.

-Cette endroit me manquera sûrement, se justifia-t-elle avec un petit rire charmant.

-Ce gymnase crasseux ?

-Non ! s'exclama-t-elle amusée. Seulement les souvenirs de tous les bons moments qu'on a vécu dedans. Et aussi les mauvais.

-Tu apprécies aussi les déceptions et les pleurs?

Elle s'esclaffa doucement. Il y avait des fois où j'avais du mal à la comprendre.

-Il faut se rappeler des épreuves et des difficultés. Elles font également de nous ce que nous sommes.

Je me suis assis à ses côtés, et je l'ai doucement pris dans mes bras après lui avoir embrassé le front.

-Tu as raison. Il faut s'en souvenir.

-Je me souviens surtout que tu as toujours étais là pour me consoler.

-C'est parce que tu es une personne incroyable Anna. Je serais toujours là pour toi. Jusqu'à la dernière seconde.

-Toi aussi tu es incroyable Ethan, dit-elle avant de m'embrasser doucement.

J'étais vraiment comblé au près d'elle. Je crois que mon cœur ne s'habituera jamais à l'effet qu'elle me fait. Je le sents tambouriner dans ma poitrine chaque fois que j'ai la chance de l'avoir à mes côtés.

Certains pourraient dire que je suis mielleux. Moi je pense que je suis seulement heureux, car conscient de la chance que j'ai.

-Tu crois que le basket peut nous manquer quand on est mort ? me demanda-t-elle innocemment.

-Je crois que peu importe la situation, le basket te manquera si tu n'en fais pas. Ce sport, c'est la vie.

Elle me sourit tendrement.

-Je crois que l'expression "c'est la vie" veut tout dire, se moqua-t-elle gentiment.

-Tu sais que ce n'était pas ce que je voulais dire ?

-Je sais. Rappelle-toi que je sais tout de toi.

-Ce n'est pas faux, répondis-je amusé. Puis-je te proposer de tirer quelques paniers avant de rentrer ?

-Avec plaisir.

Alors on s'est levé, et on s'est mis à jouer. À jouer comme on l'avait déjà fait des centaines voir des milliers de fois. On était insouciant et ça nous allait. Chaque dribble, chaque passe, chaque lay up ou lancer franc une saveur particulière. Pas de peine, ni de malheur. Ça ne ressemblait pas non plus à de la colère de savoir la fin proche. Non, c'était une saveur particulière de bonheur. Une joie intense qui savait nous prendre jusqu'au cœur de nos entrailles.

Ce moment passé ensemble était parfait. C'était unique. C'était magique. C'était tout ce que l'on voulait l'un comme l'autre.

Nos rires se mélangeait à notre fatigue qui commençait à monter. Mais rien à faire, on voulait continuer de profiter de cet instant jusqu'à ce que toute énergie quitte notre corps. La vie est faite pour être vécue sans aucun regret. Avec fierté et bonheur quelqu'en soit la durée. Alors autant la vivre jusqu'au bout avec ceux que l'on aime. Jusqu'à la dernière heure. Jusqu'à la dernière seconde.

Lorsque nous sommes sortis de ce vieux gymnase repli de souvenirs, il pleuvait dehors. On n'était pas surpris, loin de là. On entendait depuis une demi-heure le son de l'eau qui venait se fracasser sur la tôle du bâtiment. Cela tambourinait comme si tout allait se rompre et s'effondrer d'ici un instant.

L'air morose autour de nous tranchait fortement avec notre humeur comblée par le bonheur. C'était un étrange paysage que nous formions.

Elle s'avança vers l'extérieur. L'eau vint rapidement imbiber ses vêtements, et son sac de toile. Pourtant, sous ce déluge qui s'écoulait dehors, elle ne fit que siffler.

La mélodie remplit l'espace en peu de temps, comme-ci elle avait toujours été là.

-Tu te rappelle, la fois où on avait déclenché le système d'alarme du gymnase ? me demanda-t-elle en arrêtant quelques instants sa musique.

-Comment pourrais-je oublier cette journée. On a tous les deux terminer par s'enfuir en courant, en étant poursuivi par le coach. On était trempés jusqu'à l'os et lui aussi.

-Tu te rappelles de ce que j'ai dit ce jour-là.

Comment te dire que je me rappelle de tous les mots que tu as prononcé sans que tu ne me prennes pour un fou ? Je ne sais pas comment te répondre. Mais ton sourire qui irradiait ton visage me criait de répondre sans aucune crainte. Que tu ne cesserais jamais de m'aimer.

-Tu m'as dit que lorsqu'il pleut sur notre vie, il faut danser et chanter dessous pour ramener le beau temps. Et ainsi, même sous la tempête, la vie paraîtra plus belle et plus facile musique et en danse.

-I'm singin' in the rain
Just singin' in the rain
What a glorious feeling
I'm happy again

Son chant semblait fendre le temps et atteindre l'éternité. Sa voix raisonnait dans la rue, malgré ce déluge qui tentait de lui faire obstacle.

Alors, elle lâcha ses affaires déjà inondées et me tendit sa main. Des gouttes perlaient le long de sa peau, et ses cheveux brun paraissaient à présent noir, plaqué sur son visage. Pourtant, comme ça elle semblait magnifique et rayonnante de lumière sous cette sombre pluie.

Je me suis laissé porter, comme ce jour là où elle avait dansé sous cette eau qui tombait du plafond du gymnase. Je lui ai répondu, continuant cette chanson.

-I'm laughin' at clouds
So dark up above
The sun's in my heart
And I'm ready for love

Elle rit pendant que ses mots franchissaient ses lèvres :

-Rejoin-moi !
Let the stormy clouds chase
Everyone from the place
Come on with the rain

Je les rejoins sous ce torrent. La pluie frappait mon visage et inondait ma vision. Tout paraissait un peu flou dans un premier temps, avant que je ne m'habitue. Après tout, il fallait faire avec si l'on voulait que le soleil brille demain.

On a dansé son cette tempête. On a dansé sous cette eau qui voulait nous noyer, recouvrir nos être.

-I've a smile on my face

-I'll walk down the lane

-With a happy refrain

Ce fut elle qui prononça les derniers mots.

-Just singin'
Singin' in the rain

__(💠)__

C'est un chapitre un peu particulier, mais que voulais vous? Il faut croire que l'approche de la fin me fait écrire des choses que je n'aurais pas pu imaginer avant.

Seulement, voilà. Lorsque je me mets à la place de mes personnages, c'est ce qui en sort, c'est leurs personnalités et j'espère qu'elles vous plairont tels quels.

Ps: À toi qui ne lira ces lignes que dans un peu plus d'un mois et qui se reconnaîtra. Je suis désolée de t'imposer cette musique même dans mon écriture. Mais que veux-tu ? Il faut bien faire venir le soleil après la pluie.

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