Chapitre 45: Lucie
Je fixais le ciel étoilé, allongée sur le sol du jardin glacé par le soir d'hivers. Chacun de ces astres semblaient briller de mille feux dans la nuit noire. Je restais là, allongée, préférant la beauté de la nuit à mon téléphone et la chaleur d'un toit.
Les jumelles étaient couchées depuis un petit quart d'heure, après m'avoir raconté chacune leurs tours leurs péripéties de la veille. Bien que la première les ait marqué et terrifié au plus profond de leur cœur, elles semblaient raconter leurs histoires comme s'il s'agissait d'un simple jeu pour savoir qui serait la plus courageuse. C'est ainsi que j'ai appris pour la noyade dans le noire et la solitude pour Mia, et la piscine de serpents mortels.
Je ne pouvais que respecter leurs courage, surtout à leur âge. Moi, j'étais restée pétrifiée par les aiguilles qui me transperçaient, et j'y serai sûrement restée s'il ne m'avait pas aidé.
Vic... ou plutôt Matt.
Il me suffisait de fermer les yeux pour revivre notre chute mortelle.
Je ressentais encore le vent qui traversait mes vêtements, devenant de plus en plus violent à mesure que l'on prenait de la vitesse dans notre tombée. Je revoyais le sol qui tendait les bras et sonnait notre mort imminente.
Lorsque Matt nous avait précipité dans le vide, j'ai su qu'une seule chose. Si je survivais, je m'occuperai de le tuer personnellement à petit feu, après lui avoir pourri la vie.
-Tu m'en veux encore? demanda une voix que je reconnus immédiatement.
Il était enfin rentré.
Le silence s'installa de nouveau après son arrivée.
-J'aurais dû te parler de mon don, reprit-il.
Sa voix ne venait pas de bien loin. Il devait sûrement être posté dans l'embouchure de la baie-vitrée qui séparée le jardin du salon.
Je ne pris ni la peine de lui répondre, ni d'ouvrir les yeux pour le regarder en face. Je sentis son corps s'allonger à mes côtés sur le sol. J'avais beau lui en vouloir, sa simple présence suffisait à me rassurer.
J'ai repensé à son don. La douceur avec laquelle on s'était posé sur le sol, chacun dans les bras de l'autre. J'avais semblé flotter comme sur un nuage au milieu de la pluie de grava qui nous entourait.
-Tu crois que sur l'une d'elle se trouve une rose? demanda-t-il.
J'ai ouvert les yeux pour comprendre. Il était lui aussi tourné vers les étoiles et pointé de son doigt l'étendue noire au dessus de nos têtes.
-À quoi tu joues Matt? répondis-je avec une pointe de colère face à son comportement puéril.
-Tu ne connais pas le Petit Prince?
J'ai soupiré bruyamment et j'ai tourné la tête dans sa direction.
-Bien-sûr que je connais. Je ne vois juste aucun rapport.
-Moi j'en vois un. On m'empêche de rêver lorsque je dors, alors j'ai bien le droit de rêver réveillé. Et puis, une rose, c'est beau. On se fait mal avec ses épines, mais on l'apprécie tout de même. Un peu comme toi et les jumelles. C'est pourquoi ça m'importe beaucoup si tu m'en veuilles.
J'ai lâche un second soupir. Est-ce que je lui en veux de m'avoir précipité du haut de 500 mètres de vide? Évidemment. Est-ce que ça méritait de lui faire la tête en bonne gamine têtue que je suis, alors qu'il m'a sauvé à deux reprises? Sûrement pas. Même si on se chamaille beaucoup, on est bien vite passé d'étranger à ami avant même que je ne m'en rendes compte. Je ne regrette en rien cette rencontre.
Mais avant même que je ne lui réponde, il préféra bien vite combler le silence qui c'était installé entre nous, par la suite de son monologue.
-Tu sais, ça fait de nombreuses années que je ne m'étais pas fait d'ami en dehors du sport. Lorsque je tire en escrime , sous mon masque, on re garde pas à quoi je ressemble. Au lycée, je suis entouré par des filles stupides, les amis de ces filles stupides, les amis de ces filles et des les garçons qui courent derrière ces filles. C'est difficile de faire de véritable rencontre dans ces conditions et petit à petit on accepte sa situation. On pense que ça ne pourrait pas être différent. Mais ça se peut. Tu me l'as montrée. C'est pour cette raison que je serai triste si je perdais ton amitié. Je m'en voudrais d'abandonner la seule chose de bien dans ce lycée et la fille qui m'a fait sortir de ma cage. J'ai besoin de toi et les jumelles aussi.
-C'est pitoyable d'utiliser mon lien affectif avec Mia et Rose pour te faire pardonner.
Il lâcha un petit rire sincère.
-Alors, tu me pardonnes? insista-t-il en tournant la tête dans ma direction.
On plongeait nos yeux dans celui de l'autre et on est resté ainsi pendant une longue minute, qui paru durer une éternité. Aucun de nous deux semblait vouloir bouger et on restait à se regarder, comme si on était hypnotisé. Je ne savais as trop quoi lui répondre et lui paraissait tellement sincère pour une fois que j'avais peur de lui faire du mal à la moindre parole.
Qu'il se livre à moi été déjà extraordinaire. Il était du genre renfermé lorsque ça concernait ses sentiments les plus profonds. Mais moi, j'étais pire et ses paroles me laissaient sans voix.
-Des macarons, répondis-je finalement.
-Je te demande pardon et tout ce que tu réponds c'est un nom de pâtisserie?
Il n'y avait aucune once de colère ou de douleur, seulement de l'étonnement et de l'amusement. Un petit sourire semblait élire domicile sur ses lèvres et on sentait qu'il se retenait de rire.
-Je ne parle pas de n'importe quelle pâtisserie, je te parle de macarons. Et si tu veux te faire pardonner, tu as intérêt à m'en offrir une boîte et qui plus est de bonne qualité.
Ce fut trop pour lui, et il ne put continuer de contenir son rire plus longtemps.
-Je suis très sérieuse Matt!
-Mais je te crois Lucie, dit-il entre deux crises d'hilarité. Je te crois et je t'offrirai une boîte de macaron comme tu le désires.
Face à ses rires, je ne pus continuer de rester sérieuse plus longtemps. Ses éclats de rire furent bien vite accompagné des miens.
Je ne sais pas combien de temps on est resté comme ça, allongés sur le sol du jardin, à fixer les étoiles en riant côté à côté. Une minute? Une demie-heure? Une heure? Peut-être plus. Une chose était sûre, cet instant magique sembla durer une éternité , et, un instant, je me sentis flotter parmi l'herbe glacée du jardin. Comme lorsque Vic changea la gravité la nuit dernière, pour nous sauver tout les deux.
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