Chapitre 41: Lolita
Je veux vivre...
Je ressentais cette envie de loin. Elle était forte, puissante. Je me sentais comme attirée par celle-ci. Elle me poussait à la suivre parmi les dédales de couloirs qui m'étaient jusqu'alors inconnus.
-Attend moi un peu Lolita!
Je me suis retournée un peu vers Nashi, qui peinait à me suivre, encore épuisée par son récent combat. Sa tenue de danse tachée du sang bleu de l'animal semblait lui coller à la peau et la gêner pour avancer. Elle laissait par ailleurs encore quelques marques au sol avec ses ballerines de dance engloutit par le liquide organique de l'araignée.
Elle mis quelques secondes pour se remettre à mon niveau, pendant que je prenais le temps de mieux repérer la provenance de cette envie enivrante. Peut-être fallait-il tourner à droite à cette intersection. Ou bien à gauche. Ce désir semblait si proche, mais ne correspondait pourtant plus à aucun chemin.
-Que ce passe-t-il? me demanda la petite danseuse entre deux respirations
-C'est étrange, je n'arrive plus à localiser cette personne. Je suis pourtant sûr que cela venait d'ici, mais il n'y a rien.
J'ai tournée autour de moi, cherchant désespérément l'origine de cette envie. Elle semblait comme sortir tout droit du mur du long couloir qui nous entourait. Je me suis appuyée contre celui-ci, tendant l'oreille pour chercher ce qu'il cachait. Nashi fit de même et le silence fut pendant un instant des plus pesants.
-Tu entends ce bruit? C'est comme si c'était...
-De l'eau! Elle est en train de se noyer.
Il ne m'en fallut pas d'avantage pour dégainer de nouveau ma hache fleurie et Nashi son FAMAS.
-Pas le temps de faire dans la dentelle, me dit rapidement cette dernière. Je vais tirer dans la parois pour la fragiliser. Lorsque je finis le chargeur, tu te défoules sur cette prison.
Je ne pris pas le temps de lui répondre et je me suis exécutée pendant qu'elle commençait déjà ses tirs. Les balles perforèrent le mur par endroit, faisant fuser de petits jets d'eau. Lorsque les coups cessèrent, il ne m'en fallut pas d'avantage pour me mettre au travail.
J'ai extériorisé toute ma rage sur cette fichue parois. À chacun des coups que je donnais, d'avantage d'eau sortait du mur brisé. J'avais parfois l'impression de me noyer sous la violence des flos, et les assauts devenaient de plus en plus compliqués. Si bien que je finis par être entraînée un peu plus au loin avec Nashi par le puissant courant. Je voulu courir vers le déluge pour finir mon travail, mais un corps endormis fut transporté jusqu'à nous. J'ai peinais à le rejoindre dans l'eau qui continuée de monter.
Je saisi le bras de la petite Luna égarée, essayant tant bien que mal de garder son visage vers la surface.
Lorsque le déluge cessa son combat, je l'ai allongée doucement sur le sol de côté. De l'eau sortait de sa bouche sous la forme d'un petit filet luisant à la lumière de l'habitacle. Nashi se précipita à ses côtés et posa ses doigts sur sa gorge et ceux de l'autre main au niveau de son nez.
-Son cœur bat faiblement et elle ne respire plus, dit-elle avec un très grand sang-froid. Mais elle est encore vivante. Il faut faire ressortir l'eau contenu dans ces poumons.
-Il faut faire quoi? paniquais-je.
Nashi tourna le corps trempé de la noyée et commença à faire des compressions au niveau de son thorax de ses mains, avant de lui faire par moment du bouche à bouche. Je ne pouvais que regarder impuissante la jeune fille faire, incapable de lui venir en aide d'une quelconque façon. J'avais peur nous soyons arrivées trop tard pour la sauver. Je sentais les larmes inonder mon corps, tout comme le torrent peu de temps au par avant. Par moment, son corps semblait comme parvenir à rejeter le liquide envahissant de ses poumons. Et après moins d'une demi-minute qui semblait durer une éternité, la petite inconsciente se mise à cracher fortement sur le sol humide.
Nashi s'est immédiatement écartée, laissant la petite Luna s'égosiller les poumons avec ses quintes de toux, les yeux toujours clos. L'eau qu'elle crachait semblait la faire souffrir, mais je ne savais comment l'apaiser. Pourtant, je ne pouvais qu'être heureuse qu'elle soit en vie malgré ses douleurs.
Je ne prêtais plus attention au décor qui persister dans sa démolition, s'effondrant d'avantage à chaque minutes qui s'écoulaient dans ce monde étrange. Je me focalisais seulement sur le souffle de vie pose cette petite lune. Pour une fois depuis que j'avais émergée, je semblais retrouver un semblant de vie dans cette désolation. Un semblant d'espoir dans cet environnement absurde.
La jeune fille se mise à quatre pattes au prix d'un grand effort, ses mains trempant toujours comme ses pieds dans l'eau glacée. Je me suis accroupie à ses côtés, et je l'ai aidé sans un mot à se relever.
-Je veux vivre... sembla-t-elle souffler comme un murmure alors que je la soutenais.
-Tu vas vivre, répondis-je instinctivement.
Je n'avais aucun moyen de l'affirmer, dans être sûr. Pourtant, quelque chose au fond de moi me faisait ressentir qu'il lui restait encore de nombreuse chose à vivre. Que ce soit des peines, des joies, des amours ou des colères. Je me convainquais moi-même des nombreux souvenirs qu'elle avait encore à forger. À forger lorsque je ne serais plus de ce monde. C'était très étrange de savoir que l'on allait mourir sous peu. Que ce soit à cause du monde des rêves ou bien du temps qui passe.
Moi aussi, je voulais vivre comme elle. Mais je ne pouvais que constater que c'était impossible. Alors si je dois mourir, je souhait esauver un maximum de personne avant.
-Il faut partir d'ici immédiatement, dit Nashi d'un ton très autoritaire et mature pour son âge. L'habitacle va finir par nous tomber dessus si on ne quitte pas immédiatement cet endroit. Luna? Comment tu te sens?
-C'est toi Nashi? dit-elle faiblement en ouvrant ses yeux bleu nuit.
-On est là pour toi avec Loli, lui répondit-elle doucement. Il va falloir avancer. Tu sens-tu capable de te déplacer toute seule?
-Je crois...
-Bien, conclu la danseuse. On y va, essaye d'être le plus rapide que tu puisses, on suivra ton rythme quelque qu'il soit.
La fillette hocha doucement sa tête, et nous avons commencé notre course pour trouver cette échappatoire que nous désirions toutes.
Nous avons dû esquiver de nombreux gravas, escaladant certains pans de mur doucement, mais prudemment lorsque ces derniers c'étaient effondrés sur le sol des dédales de couloirs. J'ai souvent eu peur pour Luna qui a eu du mal à se remettre de ses émotions, ou bien lorsque Nashi fut éraflé sur tout son bras suite à une pierre qui lui était tombée dessus. Pourtant, après plusieurs très longue minutes, peut-être même plusieurs heures, nous réussîmes à trouver notre chemin en débouchant sur la partie que nous connaissions de l'habitacle. Mon ventre s'est serré, je devais l'avouer, lorsque nous avons traversé les pergolas de roses rouges de la place où nous avions vécu de nombreuses fêtes et moments de joie. Vécu notre première épreuve.
Pourtant lorsque le souffle du vent frai extérieur irrita doucement mes joues, je sentis une larme glacer doucement sur mon visage par le froid.
-Tout le monde va bien? demandais-je.
Mes deux amies me répondirent positivement, pourtant, je me suis précipitée vers Nashi dont les mains étaient teintées de rouge après les avoir posées sur son bras. Celui-ci laissait s'écouler quelques rares perles vermeilles par endroit, là où le précieux liquide n'avait pas eu le temps de coaguler.
-Fais-moi mieux voir, l'obligeais-je sur un ton qui se voulait autoritaire.
Elle ne se fit pas prier et souffla seulement pour me montrer son mécontentement.
-Ce n'est rien Loli.
-C'est faux. Tu as un bout de roche coincé dans ton épaule.
-Il n'est pas énorme, me rétorqua-t-elle. Je vais réussir à me débrouiller avec.
-Arrête de faire ta fausse adulte. Être grande signifit également reconnaître ses limites et ses faiblesses, puis agir ainsi en conséquence en se laissant parfois être aidé lorsque c'est nécessaire. Ça ne te rendra pas plus forte de jouer au dur à cuire en souffrant en silence. Laisse-moi également enlever les impuretés imposantes de ta plaie.
Elle sembla chercher un quelconque soutient en quêtant un regard ou une parole encourageante de Luna, mais celle-ci fit mine de ne pas avoir écouté. Elle préférait peut-être rester en dehors de tout cela pour une fois. Nashi finit donc par accepter et je me mis immédiatement et silencieusement au travail.
-Tu sais, me dit la blessée après un pesant silence, je ne cherche pas à ressembler aux adultes. Je ne suis pas pressée de grandir. Ma vie est déjà suffisamment compliquée ainsi. Pourquoi devrais-je chercher à être mature continuellement. J'ai le droit de m'amuser moi aussi, non ?
Les larmes commençaient à tomber doucement de ses joues.
-Je ne veux pas être adulte. Je veux être un enfant comme les autres, avec ses problèmes d'enfant comme les autres. Je veux être de ceux qui ont pour plus grand problème de ne pas savoir ce qu'ils vont porter le jour d'après. Je veux être de ceux dont les secrets qu'ils cachent à leusr parents, c'est d'avoir bu une bière ou deux à une soirée, alors qu'ils sont encore mineurs. Je veux être de ceux qui n'ont pas besoin de se battre sans cesse. Je veux être de ceux qui peuvent vivre leur vie et s'endormir sans croire qu'il ne se réveilleront pas le lendemain. Pourquoi les adultes refusent de croire en invraisemblable lorsqu'il est sous leur yeux et sont si terre à terre. S'il était réellement mature, ne verraient-ils pas à quelle point ont souffre ? À quel point leur manque de confiance nous empêche de nous faire progresser, ou de nous permettre d'évoluer ?
Luna s'accroupit doucement à côté d'elle en la serrant délicatement dans ses bras. J'ai continué ma tâche sans dire un mot. Ses pleurs étaient de plus en plus nombreux sur son visage peiné.
-Je ne veux pas devenir un adulte Loli. J'y suis déjà forcée tous les soirs et ça me détruit. Je suis un enfant et je veux que l'on me traite comme-t-elle.
J'ai posait la dernière caillasse au sol et ma première larme. J'ai encerclé les deux fillettes dans mes bras, les enlaçant tendrement alors que le bâtiment achevait sa destruction derrière nous un peu plus au loin.
-Aucun enfant n'a à subir ce que nous endurons tous les soirs. Pourtant, il en est ainsi, et ainsi va la vie. Fait en sorte de la vivre pleinement, Nashi. Toi aussi Luna. On vous impose des rêves que vous n'avez pas désirés, et ils vous font grandir beaucoup trop vite. Si on vous a volé votre naïveté, votre innocence et votre insouciance la nuit, faites en sorte de les garder intact le jour et de profité de chaque instant. Vous ne pouvez pas faire comme si vous étiez normales, mais vous pouvez au moins être qui vous voulez le jour, et briller sous soleil. Sous le véritable soleil.
Je sentis La petite danseuse sangloter dans mes bras, tandis que des flocons de neiges tombaient peu à peu et recouvrait la chevelure rose de cette dernière. Je savais le froid qu'il faisait en ce moment, mais étrangement, je ne ressentais pas celui-ci avec les jeunes filles blotties contre mes bras sur le sol.
Ce fut Luna qui perça de sa douce voix le silence qui s'était invité :
-Il va falloir que l'on retrouve les autres demain.
-Oui, soufflais-je pour toute réponse.
Nous nous sommes séparées les unes des autres, et nous avons tourné nos visage vers le ciel d'où continuaient à tomber les petits flocons de neige glacées. Ces derniers semblaient briller à la lumière des rares éclaircies dans le ciel gris de ce monde. C'était un joli spectacle, je devais l'avouer.
On avait beau ne pas avoir choisi de vivre ici, nous pouvions tout de même profiter des rares beautés qu'offrait cet univers de désolation.
Ce fut lorsque je finis cette pensée que Nashi se mise doucement à rire, sous la neige, très vite rejointe par Luna et moi.
Le décor commença doucement à se décomposer, et s'évapora en morceau. J'entendis le rire des deux enfants s'étouffer et disparaître dans cet étrange hivers que l'on nous offrait.
Au loin, vers les ruines, je distinguais pourtant une rose écarlate sur le sol blanc. Un ultime vestige me rappelant que la mort continuait de nous traquer. De me traquer. Ces rares moments de bonheur, je voulais les chérir au fond de leur cœur, et j'espérais pouvoir bientôt mourir en me rappelant dans mon dernier instant de ce moment et des autres joyaux qui l'accompagent.
Le tout avant de disparaître une dernière fois.
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