Chapitre 36: Lucky
J'étais penchée vers le vide, assise sur la rambarde. Je regardais l'horizon en soufflant de temps en temps.
-Tu veux sauter? me demande une voix dans mon dos.
Je ne pris même pas la peine de me retourner. J'avais appris à reconnaître les voix de chacune des personnes qui m'entouraient.
-Que veux-tu Vic?
Il s'accouda à la barrière et fixa à son tour le paysage qui s'offrait à nous. Les champs de fleurs, la jungle, les montagne glacées au loin, ses yeux semblaient dizaine tout ces endroits à la fois.
-Je veux juste me vider la tête. Tout le monde est sur ses gardes depuis le message que nous a transmis Nashi... Et j'ai peur pour mes sœurs.
On est restait comme ça pendant quelques secondes sans parler, pendant que j'assimilais lentement les mots qu'il venait de prononcer. Je voulus lui répondre quelque chose de rassurant. Mais rien n'est parvenu jusqu'à mes les lèvres. Le vide. Le néant.
-Je suis désolé, finis-je tout de même par lâcher.
-Je ne vois pas pourquoi tu le serais. Tout cela n'est pas de ta faute.
-Je te promets que tes sœurs s'en sortiront. Elles sont fortes, et on sera là pour les assister en cas de besoin.
Il sourit à ma remarque en lâchant seulement un petit "je l'espère". Il est vrai que Victoire s'inquiète beaucoup pour Sun et Luna, tout comme Matt est toujours derrière ses sœurs Rose et Mia. C'est sûrement cela qui leur permet de tenir le coup, de toujours persévérer et d'aller toujours plus loin. Ils se soutiennent tous les trois mutuellement. Et je les envie. Je désirais tellement avoir une sœur, ou un frère avec qui j'aurais la même complicité. Avec qui je pourrais traverser toutes ces épreuves. Moi, je ne peux compter que sur moi-même ou sur mes actions. Mais je me dois de rester en vie, et ce pour mes parents.
-Je ne t'ai jamais demandé quel était ton don, soufflais-je à Vic. Je connais celui de tout le monde. Lolita, les désirs. Daimond, la visée absolue. Nashi, la télépathie. Sun, l'accroissement des sens. Luna, la vitesse. Grey, la force. Prophétie, les prémonitions. Et toi... Tu restes un véritable mystère. Que désires-tu réellement et quel est ton don?
-Drôle de demande pour une jeune fille qui ne sait même pas le sien. Toi aussi tu restes un véritable mystère à mes yeux.
-Excuse-moi d'être si compliquée, répondis-je en riant doucement. Mais tu as raison. Après tout, je ne sais toujours pas ce que je veux être. Peut-être est-ce pour cela que mon don ne s'est toujours pas manifesté?
J'ai regardé mes mains recouverte en parti par mes mitaines rayées blanches et noires. Quelques une de mes mèches bleues vertes étaient glissées entre certain de mes doigts. Ai-je réellement un don? Ai-je, ne serait-ce, qu'un simple rêve? Je n'en avais pas la moindre idée. Pourtant, je voulais que ça change. Je voulais prendre mon destin en main. Ou plutôt le destin. Quitte à être ambitieux, autant le faire jusqu'au bout.
-Tu as tout ton temps avant de savoir ce que tu veux être et avec qui tu veux exaucer tout tes désirs. Tes véritables rêves et non ce monde illusoire. Tu sais Lucky, ça ne sert à rien de te presser. Après tout, rien ne sers de courir, il faut partir à point.
-Waouh! m'exclamais-je faussement. Tu sites La Fontaine. Je sens que l'on va aller très loin tous les deux.
-Je le sens aussi, Mademoiselle.
-Mademoiselle? Ça sonne vraiment bizarre venant de ta bouche, lui répondis-je amusée.
-Pour une fois que je tente d'être poli, souffla-t-il faussement vexé. Je suis remercié par des rires. Tu aurais peut-être préféré Princesse?
-Princesse Lucky... Je trouve que ça sonne bien.
-Rêve pas trop la petite frimeuse.
On s'est laissé aller à rire pendant quelques bonnes minutes. Moi, toujours assise sur ma rembarre, les pieds dans le vide. Lui, appuyé contre celle-ci. Puis on s'est laissé à contempler le paysage que se monde d'horreur nous offrait. Cette espace avait beau être une prison, c'était une prison de toute beauté. On apercevait au loin des chaînes de montagnes, l'une des falaises que nous avions escaladé, ou bien encore un lac que nous avions traversé.
-Tu n'as toujours pas répondu à ma première question, Vic.
-Tu n'as pas besoin de le savoir. Après tout, rien n'est une question de hasard dans ce monde. Je pense que je devrais en user bien assez tôt.
-Très bien, finis-je par conclure après quelques secondes de silence, si tu veux. On ferait bien de rejoindre les autres. Ce n'est pas prudent de rester seules alors que les épreuves vont débuter à tout moment.
-Ce n'est pas moi qui ai joué les Prophétie en fixant le vide sur un balcon.
-Toujours aussi amusant à ce que j'entends.
-On ne change pas une équipe qui gagne.
-Pas sûr que tu as déjà gagné quoi que ce soit.
Je savais que c'était faux. Il avait gagné de nombreuses compétitions de sabre et je le savais pertinemment. Mais c'était tellement amusant de le charrier.
-Je ne répondrai pas à de telles calomnies, dis-il simplement.
Il me tendit sa main pour m'aider à descendre, et je la saisis volontiers avant de partir vers le point de rendez-vous que nous nous étions fixés. Peu importe les épreuves que nous traverserons, je sais que je pourrais au moins compter sur lui.
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