Chapitre 20: Lucie
Le bruit perturbant du bus commençait à anesthésier mes oreilles. Ces dernières se mettaient à bourdonner, et leurs tintements étaient de plus en plus douloureux.
-Est-ce que tu m'écoutes lorsque je te parle, au moins?
Je me suis retournée vers ma voisine. La petite rouquine me regardait les joues gonflées, avec une petite moue énervée. Elle ressemblait à un petit hamster énervé, tellement mignon!
-Excuse-moi Alya, j'étais dans la lune, je lui ai répondu en lui mettant toute la sincérité dont j'étais capable.
Elle me dévisagea d'un air suspect.
-Qu'est-ce qu'il t'arrive ces derniers temps? Tu m'inquiètes. Déjà la semaine dernière tu passais ton temps à être fatiguée. Maintenant tu es toujours dans la lune.
Si seulement elle savait. Comment pouvais-je lui expliquer mon problème sans qu'elle ne me prenne pour une folle.
Voyons voir... Je sais. Salut Alya, ces derniers temps, je fais des rêves programmés par un malade mental. Il me séquestre moi, et une vingtaine d'autres personnes au moins. Dans un peu plus d'une semaine, ce malade veut nous faire passer des épreuves mortelles. Je risque donc de mourir. Si je suis pas morte avant puisqu'un bon gros masochiste dictateur, s'est dit que ce serait une bonne idée d'aller dans des lieux super dangereux pour s'entrainer. Ou si je ne me suis pas poussée au suicide juste avant car un mec m'a fait des avances juste pour savoir si j'étais amoureuse de lui, car il se croit irrésistible. C'est décidément un cas celui-là. S'il a autre chose que des muscles et un visage agréable, ce sera la révélation du siècle. Et devine quoi? Ce charmant type est ton frère. Mais si, tu sais? Ton jumeau au cerveau de génie que tes parents traitent comme un animal de foire à exhiber.
Alya me regardait toujours, attendant une réponse «relativement valable», venant de ma part.
-Disons que j'ai le sommeil plutôt agité ces derniers temps.
Elle ne fut pas vraiment convaincue par ma réponse, mais elle ne chercha pas à aller plus loin.
-Passons à un sujet plus intéressant, tu veux bien?
J'ai acquiescé inquiète.
-Qui est le charmant garçon avec qui tu discutais, en sortant de ton cours de français?
Et merde. C'était ça le sujet intéressant dont elle voulait parler? Dieu, qu'ai-je fait pour que le karma m'en veuille autant?
-Rien à dire de plus que c'est un squatter qui s'est incrusté pendant un cours pour échapper à ses groupies.
-Pas vraiment intéressant alors.
-En effet, je crois qu'il ne connait toujours pas mon nom après une semaine. Ça fait peine, sachant qu'on fait l'appel à chaque début de cour.
Elle se mit à rire aux éclats bruyamment. Quelques personnes se sont même retournées dans notre direction, en nous fusillant du regard.
La honte. La gêne extrême.
Alya leur envoya à la figure quelques «mots doux», et ils retrouvèrent vite leurs positions d'origine. Une petite expression de peur gratuite ornant leurs visages.
Je me suis mise à ricaner avec mon rire horrible d'hérisson (je plains d'ailleurs ces petites bêtes d'être comparées à moi).
-Bon, ok. C'est loin d'être le garçon parfait, mais il a quand même des qualités.
-Oui, il est gentil. Poli. Sportif.
-Canon?
Je me suis remémorée son visage.
-Oui, c'est vrai que quand on y pense il n'est pas dégueu.
Elle souffla dans le vide, un air désespéré se notait sur son visage.
-Tes critères m'étonneront toujours autant en matière de garçons.
Je me suis légèrement énervée. Parce que si le garçon était un véritable ange on s'en fichait? Désolé de regarder autre chose que son physique en priorité.
-Sors avec lui si tu le trouves si parfait.
-Le prends pas comme ça Lucie, je dis juste...
-Tu dis juste que tu me souhaites bonne chance pour mon entraînement d'épée, car mon arrêt de bus est le prochain et que je dois y aller. Bonne soirée à toi aussi Alya.
Je me suis levée rapidement devant son visage bouche bée, et je suis partie en courant vers l'avant du bus pour rejoindre la sortie.
Le bus se stoppa, et je me suis laissée portée à l'extérieur avec grand plaisir. Enfin un peu d'air frais.
Je me dirigeais tranquillement vers le gymnase, laissant le bus s'en aller au loin, quand mon attention se porta sur deux jeunes filles.
Elles devaient être jumelles. Je me suis soudainement arrêtée sur place. L'une d'elle parlait et l'autre lui répondait en signant.
Ces gamines, cette complicité entre elles. Tout laissait penser que c'étaient Sun et Luna. Vous me direz, des jumelles, il y en a des tas. Mais dans le cas, une muette et l'autre non, il y en a pas trois cent mille. Et puis l'une des théories était bien que l'on était proches les uns des autres? Ce n'était donc sûrement pas une coïncidence, si elles se trouvaient à deux pas de mon centre d'entraînement.
Je voulus aller les voir pour en savoir plus et en avoir le cœur net, mais mon téléphone vibra dans ma poche. Timing pourri. Je le sortis pour regarder le message.
«L'entraînement est avancé, tu peux être là dans 5 minutes?»
Pourquoi pile aujourd'hui? Je me suis mise à sprinter, remettant à plus tard mon espoir d'être éclairé sur ma situation.
Pourquoi le monde est si cruel!
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