Chapitre 2: Lucky
Lorsque je me suis réveillée, j'étais allongée sur un sol glacé. J'ai péniblement ouvert les yeux, battant plusieurs fois des cils pour m'habituer à la luminosité de la pièce où je me trouvais à présent. Je n'étais plus chez moi, dans mon jardin, assise sous le magnolia. Non. J'étais dans une pièce bicolore qui m'était tout simplement étrangère. Les murs, donnant une forme circulaire à cette pièce, étaient parés de rayures blanches et noires verticales fortement oppressantes. Les carreaux de mêmes couleurs qui recouvraient le sol en damier, n'arrangeaient d'ailleurs en rien l'affaire. Il me fallut un peu de temps avant de remarquer la présence de cette fille et de ce garçon qui m'observaient silencieusement.
Je ne les connaissais pas, tout comme l'endroit.
Comment étais-je arrivée là ?
Ma tête se mit à tourner lorsque je me suis levée sur les deux pieds, me faisant basculer en arrière. Mais je fus bien vite rattrapée par les personnages qui me faisaient autrefois face.
- Vas-y doucement, me fit la fille d'une voix douce.
Maintenant qui j'y pensais, ils étaient plutôt étranges tous les deux.
Le garçon était en costume rouge sang, plutôt grand, des cheveux bruns en bataille, ainsi que des yeux dorés adorables. Mais son regard peu chaleureux et son absence de sourire me signifiait qu'il n'était pas là pour sympathiser.
La fille quant à elle, était plutôt bien assortie à la pièce. La moitié de sa longue chevelure était noire, lorsque l'autre moitié était teintée de blanc. Elle portait une robe de style un peu poupée parée des mêmes couleurs qui se faisant face en une symétrie opposée. Ça lui allait à la perfection il fallait l'avouer. Un mini chapeau de style haut-de-forme ornait sa chevelure du côté blanc. Son regard noir profond contrastait totalement avec son teint porcelaine.
- Tu viens seulement d'émerger. Prends ton temps avant d'essayer de te lever, continua la jeune fille.
- Où... où suis-je ? ai-je murmuré complètement déboussolée. Qui êtes-vous ?
- Tu es en train de rêver, comme nous, me prévient le garçon. Tu vas t'y habituer dans peu de temps.
De rêver? Je me suis repassée ma journée dans ma tête. Non. À aucun moment j'avais mangé un élément potentiellement hallucinogène, hormis les épinards de la cantine. Je pris tout de même le temps de me concentrer pour faire apparaître un lapin. Mais rien ne se passa.
- C'est impossible, ai-je rétorqué. On n'est pas conscient dans un rêve que c'en est un, sinon on peut le modifier à sa guise.
Un petit rire provenant de la jeune fille poupée retenti dans la pièce. Celle-ci sembla comme prendre vie sous l'amusement de celle-ci, er laisser pendant quelques instants son manteau austère.
- Pourtant c'est vrai, s'exclama-t-elle sur un ton amusé. Et sérieusement ? Un lapin ? Tu as pourtant l'air maline. Tu n'as pas plus crédible ?
Je fis un pas en arrière, apeurée par sa révélation. Comment pouvait-elle le savoir ?
- Lolita ! s'exclama le brun. Je t'ai déjà dit de ne pas lire dans les personnes, c'est totalement impoli !
- Excuse-moi Vic, mais je voulais savoir ce qu'elle désirait le plus sur le moment, avoua-t-elle un peu honteuse.
La dénommé Lolita tortillait un peu ses doigts sous l'effet d'un sentiment clair de malaise, alors que moi, je paniquais. Je voulais partir d'ici au plus vite. M'enfuir loin de ce monde de fou. Appeler la police pour qu'ils viennent me chercher. Sortir de cette salle pour trouver de l'aide. Ces personnes étaient complètement folles et je voulais au plus vite m'en éloigner.
J'ai continué de reculer, me heurtant le dos contre un objet froid. Je me suis retournée et j'ai lâché un hoquet de surprise. Si les deux énergumènes se reflétaient parfaitement dans le miroir qui me faisait actuellement face, à la place de mon reflet se trouvait une toute autre personne.
Elle arborait de très longs cheveux bleu-vert attachés en deux couettes. Une sorte de chemise blanche avec une veste de serveuse rayée sans manche par-dessus vêtait son buste, et un short bouffant, des chaussettes noires remontant au-dessus des genoux, des baskets de la même couleur parés le bas. Des mitaines rayées montantes jusqu'aux coudes couvraient également ses bras, alors que sur sa tête se trouvaient deux oreilles de chat en une sorte de dentelle ébène.
Son visage était peigné d'émotion que je connaissais trop bien en cet instant présent: la peur, l'effroi.
Seulement voilà, lorsque j'ai de nouveau reculé, le reflet de la jeune fille fit de même. J'ai baissé la tête sur mes vêtements. Ils étaient semblables à ceux qui se réfléchissaient son encombre dans le miroir.
- Impossible...
- Pourtant ça l'est, me dit le dénommé Vic sur un ton toujours aussi désintéressé et ennuyé. Je n'ai pas que ça à faire que de t'accueillir, alors si tu pouvais me passer la carte que tu as dans ta poche ce serait génial.
J'étais tellement perdue que je me suis exécutée immédiatement. Je cherchais l'objet en question, avant de tomber dessus dans l'une des poches arrières de mon short. Je lui tendis sans même prendre le temps de la regarder. Il l'examina avec Lolita complètement pendue à son bras. Ils passèrent de la carte à mes yeux, puis de mes yeux à la carte, et ce plusieurs fois de suite.
- Il y a un problème ? j'ai demandé peu confiante.
Hormis le fait que tout ce qui se passait était très étrange, ainsi que complètement impossible en temps normal.
Ce fut Lolita qui réagit le plus vite. Elle se plaça devant moi en me prenant ma main droite pour me saluer.
- Enchanté Lucky. Comme tu as pu l'entendre, moi, c'est Lolita
- Excuse-moi mais il y a une erreur sur la personne. Moi je m'appelle...
Mais à peine j'ai essayé de prononcer mon nom qu'aucun mot ne parvenait à dépasser mes lèvres. J'ai essayé, réessayé, rien à faire. Je restais bloquée.
Lucie ! Mon nom c'est Lucie ! Pourquoi aucun son ne sortait à présent de ma bouche ? Je voulais le crier, mais rien ne se faisait. J'étais simplement devenue aphone.
- Ça ne sert à rien. Tu ne peux pas révéler ta véritable identité dans le monde des rêves. Ce serait bien trop simple.
Des larmes coulaient. J'avais peur et je ne comprenais plus rien. Je voulais me réveiller. Je voulais redevenir Lucie, seulement Lucie. Pas Lucky. Mon niveau de courage actuel avait totalement chuté, et je voulais partir loin de cet endroit et ce au plus vite.
- Je veux me réveiller, dis-je de manière toute sauf autoritaire comme je l'aurais désiré, mais plutôt tremblante et hésitante. Si c'est un rêve je souhaite pouvoir me réveiller !
- Tu pourras bientôt, me dit Vic en me tendant la carte.
Je la pris craintive. Il y avait une photo de moi, ou plutôt de mon reflet. À côté du mot « nom » était inscrit «Lucky ». Il y avait également noté mon âge, et une description de moi. «Franche, aime le sport, manger dormir, et a peur pour un rien, et pleure lorsqu'elle est terrifiée. » Quelle belle description de ma personnalité. Je n'aurais pas fait mieux.
Ah... Si. J'aurai rajouté « Atteinte de sarcasme compulsif, peu importe la situation. »
La salle autour de moi commença à bouger. Le décor au loin semblait se décomposer en une multitude de triangles, laissant place à un trou noir qui grossissait de plus en plus, absorbant tout sur son passage à mesure que le monde se détruisait.
- Qu'est ce qui se passe ! demandais-je paniquée.
Les deux adolescents se regardèrent.
- Calme-toi. Tu dois être en train de tout voir se décomposer, non ? me questionna Vic.
J'ai acquiescé. Les marques de mes pleurs étaient abondante le long de mon visage.
- Très bien, tu dois être en train de te réveiller. Respire un bon coup, me conseilla la jeune fille bicolore.
Mes larmes coulaient de plus en plus. Elles formaient un torrent sur mes joues.
Ils finirent par se décomposer à leur tour ainsi que le sol sous mes pieds. Je mis donc à tomber en criant. Puis d'un coup j'atterris violemment.
J'étais sur le sol de ma chambre. Je vis mon père débarquer dans celle-ci, suivi de près par ma mère.
- Ma chérie, est-ce que ça va ? me demanda cette dernière paniquée. On t'a entendu crier.
Je sentais la sueur perlait sur mon corps, alors que mes membres ne pouvaient s'abstenir de trembler. Des larmes coulaient sur mes joues.
Encore des sanglots. Je devais être pitoyable à voir.
- Je... J'ai seulement fait un mauvais rêve. Un très mauvais rêve. Mais tout va bien. Ne vous en faites pas.
Enfin... je crois ?
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