Chapitre 19: Anna
Cela faisait bien 10 minutes qu'on s'évitait du regard. Ok, j'avais peut-être été dure en refusant ses avances, quelques jours auparavant. Mais je faisais ça pour ne pas le faire souffrir.
Le jour après que la nouvelle soit arrivée, je suis allée trouver Prophétie. En vue de sa prémonition, je voulais savoir s'il était hors de danger. Malheureusement, c'était tout le contraire. Il allait se faire tuer. Je savais quand, comment, par quoi, par qui, et pourquoi.
Mais je refusais que cela n'arrive, et j'avais fait mon choix. Au signal que me donnera Prophétie, je mourrai à sa place.
Alors à quoi bon sortir avec lui, à part le faire souffrir davantage le moment venu?
-Si ce que je t'ai dis t'embête tant que ça, je comprendrai si tu voulais qu'on arrête de ce voir.
Il tourna la tête dans ma direction.
-Je te dégoûte tellement que tu veux te débarrasser de moi maintenant.
-C'est pas ça Éthan, mais...
-Mais alors quoi?
J'ai baissé la tête. Il me faisait de la peine, et je n'aimais pas le voir dans cet état.
-Écoute, laisse moi un peu de temps et je t'en reparle, promis.
-Pour que tu t'enfuies de nouveau? Non merci, je veux connaître la vérité. Et maintenant.
-Laisse moi au moins jusqu'à ce soir.
Il sauta du muret où il était assis, et commença à partir.
-Ce soir 19h au niveau du terrain de basket. Sois pas en retard Anna.
Puis il partit, définitivement.
Je ne pouvais officiellement pas lui dire la vérité, il refuserait mon choix. Il fallait donc que je trouve autre chose à lui dire. Un mensonge qu'il accepterait, et où il n'essaiera pas de me sauver.
Et je savais déjà comment m'y prendre.
Il était déjà 19h 10, et cela faisait bien 15 minutes que je l'observais dans son dos, sans oser venir le voir. Je devais avoir l'air du stalkeuse avec ce genre de manière.
-Tu comptes rester ainsi pendant longtemps, finit-il par dire sans même se tourner dans ma direction.
Il lança son ballon, et il marqua le trois-points. Je sortis toute honteuse de ma cachette.
-Depuis combien de temps tu sais que je suis là?
-Depuis le début, soit un bon quart d'heure.
Mon honneur prit un sacré coup. Je me sentais encore plus ridicule que d'habitude.
-Pourquoi tu ne l'as pas dit avant?
-Parce que j'apprécie quand tu me regardes réellement.
Pas la peine d'être devin pour savoir que je devais rougir violemment. Après, je ne pouvais pas me voir, alors je devais garder espoir que je n'avais rien.
-Tu as attrapé un coup de soleil? me demanda-t-il inquiet, lorsqu'il se tourna vers moi. Tu as le visage couleur tomate.
Ok, maintenant il n'y a vraiment aucun espoir.
-C'est pas drôle! Tu as vu une seule once de soleil ces derniers temps?
-Pas faux.
Il y eut un silence pesant.
-Arrêtons de tourner autour du pot et dis-moi plutôt la vérité.
Je me tortillais, gênée.
-Je vais mourir.
Au moins, j'avais été directe. C'est ce qu'il voulait non? Il me regardait fixement, sans savoir quoi dire, comme si son monde venait de s'écrouler.
-Tu... Tu peux répéter?
-Tu as très bien entendu ce que j'ai dit.
-Non, c'est impossible. Il y a forcément une solution. J'en suis convaincu.
Des larmes coulaient doucement de ses yeux. Il était comme paralysé par mes paroles.
-Je m'y suis faite et c'est ainsi. Tout arrive pour une raison, et les dernières choses que je désire voir sur ton visage sont des larmes.
-C'est injuste.
Je lui ai doucement souri, puis j'ai fini par le prendre dans mes bras pour le rassurer. Il me serrait tellement fort contre lui que j'avais par moment du mal à respirer.
-Tu sais que je serai toujours là pour toi Éthan?
-Non, tu seras morte.
-Mais les souvenirs existent, eux. Une existence entière ne se réduit pas à vivre ou mourir. Ce que l'on a fait ou apporté pendant notre vie, compte bien plus.
Je le sentais resserrer son étreinte.
-Mais je t'aime, et je refuse d'abandonner.
Je me suis doucement détachée de lui.
-Pourtant il le faut.
-Tu ne peux pas me demander ce genre de chose. J'ai besoin de toi.
-Je le sais, et tu crois réellement que je désire mourir? Non. Je désire vivre aux côtés de ceux que j'aime. Passer du temps avec toi, ou encore être ta copine mais c'est impossible. Et à chaque fois que je m'endors, j'ai peur de ne jamais me réveiller. Mais j'essaye de garder le sourire pour les autres.
C'est malin, maintenant, c'était moi qui m'étais mise à pleurer comme une madeleine. Pourtant je m'étais promise de ne pas le faire.
Mais ce qui m'étonna le plus, ce fut la rédaction d'Éthan. Il se penchait sur mon visage et il finit par m'embrasser. Lorsqu'il se dégagea, la seule chose qui sortit de ma bouche ce fut un bien stupide «Pourquoi?».
-Tu as dis que tu désirais être ma copine, il me répondit d'un ton faussement innocent.
C'est ça, profite de la situation de faiblesse que j'ai eu. Je te dirai rien.
-Mais ça ne rime à rien à part à te faire souffrir d'avantage le moment venu.
Il se mit à rire. À rire? Sérieusement? Je lui parle de ma mort imminente, et il en rit? Mais c'est qu'il se fiche de moi en plus!
-Sois un peu plus égoïste. Toi tu vas bientôt disparaître. Alors pense un peu à toi et ce que tu veux. Tu l'as toi-même dit, c'est pour bientôt. Alors je compte bien en profiter autant que je peux. À toi de savoir si tu le veux aussi.
Bien-sûr que je le voulais. Bon, dit comme ça, on dirait presque une demande en mariage. J'ai frissonné à cette pensée. Trop peu pour moi.
Je me suis logée dans ses bras, et j'ai caché ma tête dans son cou. Ça faisait franchement cliché de film à l'eau de rose.
-Tu resteras toujours avec moi?
-Toujours, me répondit-il.
Mon choix était fait. Il allait sûrement me détester au moment venu, mais il l'avait lui même dit. Je devais être plus égoïste. Et je le voulais à mes côtés.
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