Je suis sorti des vestiaires, j'ai salué tout le monde, et je suis parti du gymnase. J'étais en train de me diriger gentiment vers l'arrêt de bus lorsque je la vis s'étirer dans le parc que je traversais.

  Je me suis approché d'elle, intrigué. Il devait être bien 20h 30 passé, et ce n'était pas vraiment une heure adéquate à une séance de sport.

-Puis-je savoir la raison pour laquelle tu es dehors si tard? j'ai demandé d'une voix innocente.

  Elle sursauta, et leva rapidement la tête dans ma direction, sûrement pour connaître mon identité. Elle me répondit sur un ton faussement innocent.

-Tiens, regardez qui voilà. Mon voisin légèrement narcissique de français. Je sais pas si ça se voit, mais je suis en pleine séance de saxophone.

  Je l'ai regardé incrédule. C'est moi ou cette fille se fichait allègrement de moi?

-Vu que tu sembles avoir perdu ton sens de l'humour, je vais te répondre plus sérieusement. Je m'étire après une bonne séance de footing.

-Tu fais du footing à 20h 30?

-Tu fais de l'escrime jusqu'à 20h 30, je vois pas ce qui te choque.

  Je l'ai regardé surpris, et cela la fit drôlement rire.

-Je me suis renseignée sur ton identité, pour éviter d'avoir accepté la compagnie d'un dangereux psychopathe. Alors ne fais pas cette tête. Enchanté de te connaître Matt.

-Dois-je m'inquiéter du fait que tu viens de me comparer à un psychopathe?

  Elle secoua vivement la tête.

-Pas vraiment. Mais si tu veux le prendre comme ça, fais-toi plaisir. Source, à plus!

   Elle se leva avec une rapide impulsion sur ses deux jambes, et je la regardais partir en sautillant.

-À plus tard princesse, j'ai murmuré tout bas. Il faut vraiment que je sache qui elle est.

  Je suis à peine arrivé chez moi que deux petites tête me sautèrent dessus. Je suis tombé à la renverse, me heurtant le dos contre la porte. Deux petites gamines m'écrasaient au sol, et je ne pouvais plus bouger.

-Aïe! Faites attention les filles s'il vous plait. Je suis fatigué à la sortie d'un entraînement.

  Deux petites relevèrent leur tête et me fixèrent.

-Tu es en retard Oni-chan, me dit l'une d'elle.

-On n'est pas dans un manga, ou dans un animé Mia. Appelle moi grand-frère comme une petite fille normale. Encore désolé du retard, mais j'ai raté mon bus.

  La deuxième petite se mit à signer.

  Tu nous doit un gros câlin avant de dormir pour t'excuser de ton retard.

-Promis Rose, mais seulement si vous êtes sage. Promis?

  Elles me répondirent seulement par un cri de joie de Mia.

-Maintenant, il faut se relever pour que je puisse enfin bouger. À moins que vous ne voulez pas aller manger, ni avoir de câlin?

  Elles se levèrent rapidement, et Mia poussa un grand «non» plutôt sonore. Elles partirent toutes les deux en direction de la cuisine en sautillant. Je suis rapidement allé dans ma chambre déposer mes affaires, puis je les ai rejoint dans la cuisine.

  Elles se dépêchèrent de mettre la table. Rose bouscula Mia dans la précipitation, et je n'ai pu rattraper les verres qu'elle tenait, qu'au dernier moment.

-Merci Matt, me dit ma mère en entrant à son tour dans la cuisine. Les jumelles se croient dans un concours​ de vitesse aujourd'hui. Tu sais comment elles sont. Toujours très énergiques.

  Je me suis approché d'elle, lui faisant un petit bisou sur la joue. Elle émit un petit rire léger.

-Bonsoir maman. Papa n'est pas là?

-Non, il a une réunion importante ce soir. Mais il s'occupera de vous demain pendant que je serai de garde à l'hôpital. Tu pourras l'aider à faire à manger. Il a toujours la flemme les soirs de semaines, et vous avez déjà mangé au fast-food il y a peu de temps.

  J'ai hoché la tête, puis j'ai frappé dans mes mains pour attirer l'attention de tout le monde.

-À table maintenant, et calmez-vous les jumelles.

  Elles se stoppèrent immédiatement et s'installèrent calmement à leur place. Enfin on pouvait souffler. Ma mère apporta le repas et on mangea tranquillement en famille.

  À la fin de celui-ci, j'aidai ma mère à coucher les jumelles, qui attendaient patiemment leurs câlins.

-Merci beaucoup Matt, me dit ma mère lorsque que l'on sortit de la chambre. Tu nous aides beaucoup ton père et moi. Si tu te sens fatigué, ne te sens pas obligé de nous donner un coup de main et repose toi.

-Ne t'inquiète pas pour moi. Je suis grand maintenant. Je peux au moins vous aider avec ce genre de détail.

  Elle m'embrassa sur le front, et elle partit dans le salon regarder un film.

-Matt? m'appela une petite voix. J'ai peur.

  Je me suis retourné vers Mia, qui tremblotait de tout ses membres. Je me suis approché d'elle et je l'ai prise dans mes bras pour la rassurer.

-De quoi tu as peur.

-De m'endormir et de rêver.

-C'est normal Mia. Mais je serai toujours là pour te protéger.

-Même en rêve?

-Je te l'ai déjà dit Mia. Même en rêve.

  Je l'ai portée jusqu'à son lit, et je l'ai bordée. Puis je suis parti me coucher à mon tour.

  Étais-je réellement sûr de pouvoir toujours les protéger? Je donnerai ma vie pour les sauver. Mais est-ce suffisant?