Chapitre 1
— Aly ! Lève-toi !
La voix aiguë de Noémie m'arrache à mon doux rêve. Bordel, elle ne pouvait pas attendre quelques secondes avant de me réveiller ! Kalvin était à deux doigts de plonger sa langue dans ma bouche ! Je n'arrive pas à croire qu'elle vient d'anéantir ce moment magique...
— Ouais, j'arrive ! lancé-je frustrée de ne pas avoir goûté aux lèvres du mec sur qui je fantasme depuis trois ans.
Kalvin Somer est juste le type le plus beau, le plus sexy, le plus populaire du bahut. Il a un charme de dingue, des cheveux bruns qu'il porte mi-longs, des yeux verts à en tomber dans les vapes et un cul... Seigneur ! Un cul à croquer ! Ce gars est le fantasme de toutes les filles du lycée et je suis folle de lui depuis mes quinze ans. Malheureusement, il ne me voit pas. Passant d'une petite amie à une autre, sans jamais poser son regard sur moi. En fait, nous nous tirons dans les pattes tous les deux à longueur de temps.
— Bouge-toi, sérieux ! J'vais être à la bourre, gronde Noémie en m'arrachant à mes pensées.
Je me lève péniblement en levant les yeux au ciel pour montrer mon agacement, enfile ma robe de chambre en bâillant. Je tends mes deux bras vers le plafond avant de pousser un râle en m'étirant.
— Dépêche-toi, bon sang ! crie ma sœur en me jetant mon jean au visage.
Ses joues sont rosies par la colère, ses longs cheveux bruns s'agitent quand elle secoue la tête en signe de désapprobation.
— Ça va, calme-toi, tu ne seras pas en retard, lâché-je en enfilant mon pantalon.
Depuis presque un an maintenant, je vis avec elle. Lorsque j'ai atteint la majorité, en mars, elle a décidé de me donner un double des clés de son appartement. Je dois avouer que j'étais ravie quand elle m'a proposé cette colocation. Vivre avec mon père était devenu trop... compliqué. Après la mort de maman, il a totalement baissé les bras. Papa a démissionné de son rôle de père le jour où il a ouvert sa première bouteille de pastis.
— Tu as trois minutes, top chrono, Aly. Je dois être au bar dans moins de vingt minutes.
Noémie bosse depuis plusieurs années dans cet endroit complètement dingue, le Week, un QG qui sert de repère aux types les plus barges de la ville. Ces gars, tous aussi tarés les uns que les autres se font appeler les One. Tout ça parce qu'ils sont imbus d'eux-mêmes et ne font passer que leurs intérêts avant tout le reste. Ils ont pour la plupart grandi dans notre ville, mais ils sont dangereux : ils dealent, volent, trafiquent, bref ce sont des délinquants. Je le sais, car ma meilleure amie Lexie est sortie avec l'un d'entre eux, ça a bien failli mal finir...
— Tu y seras, t'inquiète ! dis-je en me dirigeant vers la cuisine pour me préparer un café sur le pouce.
Noémie enfile ses chaussures, puis me regarde d'un air énervé en me voyant prendre mon temps.
— Franchement, Aly, tu abuses ! Je ne t'ai même pas entendu rentrer, hier soir... Tu agis comme une irresponsable en sachant que tu avais cours aujourd'hui ! Où étais-tu ? Encore en train de casser des véhicules à la casse ou je ne sais quelle connerie ?!
Nous y voilà ! La grande sœur qui tente d'agir comme une mère... Elle sait pourtant que ça m'agace quand elle fait ça ! Surtout en cette période de fêtes...
— Ne commence pas, Noémie, je suis une grande fille, t'en fais pas pour moi !
— Ça me regarde à partir du moment où les flics m'appellent pour que je vienne te récupérer au commissariat ! s'énerve-t-elle en plaquant les mains sur les hanches.
— Comme si ça arrivait tous les jours ! Une seule fois tu as dû venir me chercher, ça ne s'est jamais reproduit alors arrête ! me défends-je, en portant mon mug à mes lèvres.
— Une seule fois... pour le moment..., grogne-t-elle en insinuant que je vais forcément finir par me refaire arrêter.
C'était en avril. Pendant une de mes crises de colère, je n'ai pas su me contrôler et j'ai brisé les vitres d'un abribus... Manque de bol, les flics n'étaient pas loin, je me suis fait embarquer. Depuis je prends des précautions, lorsque j'ai besoin de détruire pour calmer mes nerfs, je vais à la casse ou à la décharge... Je fais des efforts, mais elle ne le remarque même pas !
J'avale d'un trait le contenu de ma tasse, puis décide de ne pas répondre à ses insinuations. Je fonce vers la salle de bain pour me brosser les dents, me rendre présentable. Je regarde le miroir face à moi, je ne supporte pas le reflet que celui-ci me renvoie. Mes cheveux bruns sont emmêlés, mon mascara de la veille a bavé sous mes yeux marron. Je suis monstrueuse. Avec cette tête affreuse, c'est sûr que Kalvin me remarquera encore moins que d'habitude...
— Allez ! Aly !!!
La voix hystérique de ma sœur me parvient alors que je m'asperge le visage avec de l'eau glacée. Je déteste le fait de ne pas avoir mon permis de conduire et de devoir être dépendante de Noémie. Être sans cesse obligée de compter sur elle pour m'amener au bahut, lui demander de me déposer si je veux aller en ville, ça m'exaspère ! Il va vraiment falloir que je songe à passer ce satané permis !
Une fois prête et assise dans la voiture de ma sœur, je regarde dans mon sac pour vérifier si je n'ai rien oublié. Noémie démarre, non sans râler contre moi. Le trajet jusqu'au lycée se fait en silence, ma sœur est concentrée sur la route ; et moi, hypnotisée par les paroles de Lartiste qui sortent de mes écouteurs. Jamais abandonner, le titre d'une de ses chansons, qui me touche au plus profond de moi. Ne jamais baisser les bras, tomber pour mieux se relever, c'est ce que j'essaie de faire. En permanence.
— À ce soir, Aly, tu me rejoins au bar après les cours ? Et par pitié, pas de connerie ! lâche-t-elle en fixant ses prunelles marron sur moi.
Je souris niaisement à ma sœur, puis acquiesce en descendant de la voiture. Je me dirige vers l'entrée du bahut tandis que Noémie s'éloigne. Lorsqu'elle est assez loin pour ne plus pouvoir me voir, je fais demi-tour et prends la direction opposée. Aucune envie d'aller en cours ce matin. Je préfère rejoindre Lexie. J'ai la chance que mon lycée soit à deux pas de chez ma meilleure amie. Elle a deux ans de plus que moi et, à mon grand désarroi, n'est plus lycéenne. Néanmoins, nous avons grandi ensemble, ici, à Romans, petite ville de la Drôme. C'est donc d'un pas décidé que je me dirige chez elle. Sur le trajet, j'envoie un texto à Vanessa, ma pote, afin qu'elle ne m'attende pas.
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