Chapitre 4 - Une suite d'épreuves
Ils marchaient depuis des heures dans la forêt, n'échangeant que quelques mots, tous les sens en alerte. Soudain, Ariane leur fit signe de s'immobiliser. Elle fixa les troncs sombres qui les entouraient, et poussa brusquement un cri perçant :
- Charles, baisse-toi !
Ce dernier obéit sur le champ, de manière presque instinctive. Une flèche siffla à ses oreilles tandis que deux hommes tombaient d'un arbre comme par magie. Si l'un, balourd et massif, poussa un grognement de douleur en atterissant, l'autre, élégant et svelte, se réceptionna avec grâce, comme s'il avait passé sa vie à sauter du haut des arbres - ce qui était peut-être le cas -. Il soupira et annonça d'une voix suave, l'air agacé :
- Ma chère nièce... Quand te décidera tu donc à arrêter de vouloir contrecarrer mes plans ?
Charles et Philippe échangèrent un regard choqué. Sa nièce ? Ne risquait elle pas de la trahir ? Ariane s'en aperçut et les rassura aussitôt :
- Cette ordure a tué mes parents. Jamais je ne rejoindrais son camp.
Le bandit soupira de manière théâtrale et annonça grandiloquement :
- Chère, chère Ariane... Tes parents étaient faibles ! Et tu es en train de devenir comme eux... Ah, et pour information, 'l'ordure' - qui n'est autre que ton oncle, je te rappelle - s'appelle Skiron...
Elle se tourna vers lui d'un geste rageur :
- Va t'en donc, Skiron ! Tu n'as rien à voir avec ces garçons...
- Mais je sais où ils vont... Et mon nouveau maitre n'aime pas leur idée. Il m'a donc envoyé les prévenir de renoncer à l'idée de s'emparer de l'Oiseau, ou ils seront tous exterminés sans pitié. Maintenant, chère nièce, je peux m'en aller. Mais surveillez vos arrières...
Sur ces lots, il s'évanouit entre les troncs, suivit par son acolyte, laissant derrière lui trois jeunes ébahis.
Après un moment de silence, Ariane se retourna vers les garçons :
- Comme ça, vous cherchez l'Oiseau ? Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ? Je sais exactement où il se trouve !
Les deux amis échangèrent un regard plein d'espoir, puis s'exclamèrent en même temps :
- Tu veux bien nous y conduire ?
Elle éclata d'un rire cristallin puis les dévisagea d'un air grave :
- Bien entendu, mais... Je dois vous prévenir : l'Oiseau est gardé par Vrael, le sorcier le plus puissant du pays. Nos chances de réussir sont extrêmement faibles...
Philippe s'avança d'un pas :
- Si c'est le seul moyen de sauver ma mère (A ces mots, Ariane haussa un sourire surpris), je dois le faire. Je... (Il prit les mains d'Ariane et continua) Je t'en supplie, mène nous à l'Oiseau !
Elle lui sourit d'un air rassurant, puis leur dis signe de la suivre et disparut entre les arbres. Les garçons s'emparèrent de nouveau du coffre, et s'élancèrent à sa suite...
Au bout d'une longue semaine de marche, durant laquelle ils avaient vécu du,fruit de leur chasse (plutôt de celle d'Ariane, en fait...), Ariane revint de son exploration quotidienne avec un grand sourire :
- L'Oiseau est à moins de deux heures de marche !
Philippe se redressa brutalement, retrouvant espoir, se leva d'un bond, et prit Ariane dans ses bras, fou de joie.
Elle éclata de rire et annonça d'une voix faible :
- Euh, Philippe, je sais qu'on s'est beaucoup rapprochés cette semaine, mais là, tu m'étouffes...
Il la lâche, l'air contrit, mais elle lui sourit gentiment, et il éclate de rire à son tour.
Charles, un peu en retrait, observe la scène avec un sourire amusé. Il s'approche soudain et annonce :
- Philippe, je sais que tu es très content d'avoir enfin trouvé l'Oiseau, mais il faut encore qu'on arrive à s'en emparer, donc ne perdons pas de temps !
Philippe se retourne vers lui d'un air soudain grave :
- Tu as raison... Allons-y !
Il regarda Ariane, qui soupira puis les entraina de nouveau entre les arbres...
Au bout d'une longue heure de marche, les trois compagnons débouchèrent enfin dans une grande clairière. En y pénétrant, Philippe remarqua aussitôt trois choses : Un, l'Oiseau. Immense, entièrement doré, il était attaché à un arbre solitaire au milieu de la clairière. Deux, son gardien, le terrible Vrael, était tourné vers eux, comme s'il savait qu'ils allaient sortir de la forêt à cet endroit. Trois, la clairière était beaucoup trop régulière pour être naturelle... Vrael ne lui laissa guère le temps d'examiner plis en détail la clairière, et il prit la parole :
- Ah ! Enfin vous voilà... Je vous attend depuis longtemps...
Les trois amis échangèrent un regard entendu, puis passèrent à l'action : Ariane sortit - et chargea - sa sarbacane,tandis que Philippe et Charles dégainaient leurs épées et se précipitaient sur le sorcier en hurlant. Vrael laissa échapper un ricanement méprisant, puis écarta les bras et proféra d'une voix d'outre-tombe :
- Nir-Van ne li Heda... Grönga xi Wan !
Aussitôt, Charles et Philippe s'immobilisèrent, comme stoppés dans leur course par un obstacle invisible. De petit cristaux de glace se formèrent sur leur visage et, en quelques secondes, ils étaient prisonniers d'un épais cocon gelé. Vrael éclata d'un rire machiavélique et déclara, s'adressant clairement aux deux congelés :
- Vous ne pensiez tout de même pas avoir une chance de me battre ?
Dans son dos, Ariane sourit, les mains cachées derrière elle :
- Bien sûr que non ! Ils n'étaient qu'une distraction...
Vrael se retourna lentement, cherchant Ariane - qu'il avait oubliée - du regard. En effet, pendant que les garçons se précipitaient vers Vrael, elle s'était décalée de manière à se placer derrière lui.
- Quoi ? Parle clairement, humaine !
Soudain, avec un sourire angélique, Ariane sortit sa sarbacane de son dos, la porta à sa bouche et souffla de toutes ses forces. Vrael, comprenant soudain, leva les bras pour proférer un nouveau sortilège, mais il était trop tard... Le dard se ficha dans sa jugulaire, et il s'effondra dans un râle. A l'instant où sa tête toucha le sol, Charles et Philippe furent libérés de leur prison gelée. Ils se précipitèrent vers leur amie, qui contemplait la dépouille du sorcier d'un air catastrophé. Ils s'arrêtèrent brusquement lorsqu'elle releva vers eux des yeux baignés de larmes, et elle articula dans un sanglot :
- Qu'ai-je fait ? En...en tuant Vrael, je viens de déclencher la colère de Skiron et de ses sbires... Je ne serais plus jamais en sécurité dans la forêt... Où vais-je aller ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top