Chapitre 18
L'amour est une mer sans rivage, une nuit sans aurore, une maladie sans médecin, une calamité sans patience, un désespoir sans apaisement... car si l'amour est en apparence une ivresse, il est intérieurement une lucidité.
Je suis allongé à côté de la blonde endormie dans la cabine avant, sa tête est enfouie sous les couvertures.
Je la regarde sans réussir à dormir.
J'ai l'impression d'être sur une autre planète, j'ai l'impression d'être en plein rêve...
Le cauchemar commençait à être long et je me sens soulagé qu'elle soit à nouveau à mes côtes.
Mes mauvaises habitudes étaient en train de me rattraper au galop...
J'étais une fois de plus en train de me construire une carapace indestructible, qu'elle seule arrive à briser en un sourire...
Cette fille est pas croyable...
Un rire discret s'échappe de ma gorge et je me lève en faisant attention à ne pas trop faire de bruit.
Frédéric est sur la banquette, il dort.
Rare de le voir à l'intérieur en été mais la température est relativement froide... Je frissonne et récupère la petite couverture à carreaux pour la mettre sur mes épaules nues.
Je prends ensuite quelques sachets d'une des malles remplies de provisions. Avec tout ça on va tenir un moment.
Je découvre du chocolat dans un petit papier en aluminium, mon visage s'illumine.
Ça va faire une éternité..
J'en englouti deux morceaux, un sourire débile aux lèvres.
Je me dirige vers la salle d'eau, ma main droite commence à me faire mal, et une fois de plus j'ai totalement oublié de prendre de l'alcool...
Je nettoie un minimum les plaies et lève les yeux sur le miroir en face de moi.
Il faut que je retrouve mon ancien cache-œil...
Je souffle un grand coup et prends la décision de réouvrir cette boîte...
Cette putain de boîte en bois...
J'entre dans la cabine arrière, elle est encombrée par pleins de trucs, mais je sais où ce trouve exactement chaques objets.
Je plonge ma main sous le lit et attrape cette boîte qui contient certaines de mes pires angoisses..
Mes jambes se mettent automatiquement à trembler quand j'ouvre le coffret.
Il est là...
Mon premier cache-œil, et cette lettre...
La lettre de mon père... Ce seul souvenir que j'ai de lui.
Je prends le cache-œil rapidement, comme si celui-ci était brûlant...
Je le déteste mais je n'ai plus le choix.
Je le jette sur la banquette, faisant sursauter Frédéric au passage.
Mais mon regard fixe toujours le bout de papier plié au fond de la boîte.
Devrais-je la relire ?
Ça fait tellement longtemps maintenant...
Je me pince les lèvres et prends la décision de l'ouvrir. Ce n'est qu'une lettre après tout...
" Nâo.
Mon fils, saches que ta décision de partir est bien fondée... Ta vie s'avère être beaucoup plus difficile que prévu.
Tes craintes sont justifiées mais n'oublies jamais que ta vie t'appartient entièrement, tu es encore jeune.
Ta mère n'accepterai certainement pas mes mots mais, tu es parfait.
Tu es mon fils, ma fierté.
Malgré ta différence tu as le droit d'être heureux, tu as le droit d'avoir mal, d'avoir peur...
Sois fort. Sois béni.
Je t'aime.
Mon père, J. "
Je m'égare totalement, relisant la lettre un nombre de fois incalculable...
" Sois béni " ?
Savait-il pour ma vraie nature ?
Il m'aurait menti à l'époque ?
Il disait que j'étais un Nahual mais à présent je sais que c'est faux.
Je suis quelque chose d'encore plus effrayant... D'encore plus maudit...
Mon père m'aimait. C'est certain, ma mère elle, je pense qu'elle avait peur... Et j'espère qu'elle se sentait responsable...
À cause d'elle, à cause de son geste, mon œil est resté inhumain...
Elle m'a attaqué, moi, son propre fils, alors que je ne voulais que la défendre.
Elle s'est servie du couteau, mais étrangement, je n'ai jamais eu de cicatrise.. seul cet œil, me rappelle tous les jours qu'elle m'avait brisé.
Comment peut-on vivre heureux après ça ?
Comment pourrais-je espérer vivre normalement ?
- Nâo... Ça va pas ?
Je lâche la lettre en hurlant.
Comme d'habitude... Elle est arrivée comme une ombre.
- Je sais pas trop. Dis-je les yeux humides.
- C'est quoi ? Elle regarde la lettre sur le sol.
- Un mot de mon père.
Elle ne répond rien, je pense qu'elle ne sait pas quoi dire. Je n'ai jamais parler de lui.
- Une lettre qu'il m'a écrit juste avant que je parte.
- Tu as quitter ton foyer à quel âge ? Elle parle calmement.
- J'étais encore jeune. Je passe ma main dans mes cheveux, Dix-sept ans.
Elle s'assoit à côté de moi, nous sommes à présent deux assis par terre, devant la cabine arrière.
Alors qu'elle était sur le point de dire quelque chose, un énorme bruit nous fit bondir.
C'est sur le pont, je fonce à l'extérieur, me cognant l'épaule droite dans la précipitation. Un cri de douleur s'échappe de ma bouche. Cette épaule est encore douloureuse...
J'ouvre la trappe et mon œil droit se ferme instantanément.
Il y a du monde.
Trois personnes sont en face de moi.
- Que voulez-vous ??? Hurlais je presque.
- Alors comme ça on frappe mes potes ? Grogne un homme d'une trentaine d'années.
Aïe.. Je sens que ça va partir en vrille.
Je lève légèrement les mains en l'air pour prouver ma bonne foi.
- Une petite dispute, un croisement de fer entre deux hommes sous alcool...
- Tu es bien sereint pour quelqu'un qui est seul... Ricane l'homme en tapant son poing dans sa pomme.
- Je n'ai rien à me reprocher. Je fronce les sourcils, J'ai juste rendu les coups.
L'homme se met à rire et me tourne le dos pour pousser ses amis à faire de même.
Ils ne sont pas spécialement intimidants...
Je soupire et lâche une mèche pour me couvrir un petit peu l'œil.
- Écoutez, je ne cherche pas la bagarre. Partez.
L'homme fit volte face et me dévisagea avec un sourcil levé, apparemment il n'ai pas du même avis.
Il s'avance, me faisant presque tombé dans la descente, et me crache au visage.
Mes yeux s'écarquillent et mes traits se raidissent... Il vient vraiment de faire ça ??
- Espèce de salopard... Grognais-je en le fixant, de mes deux yeux.
Il perd tout à coup toutes ses couleurs et fait quelques pas en arrière, ses lèvres tremblent mais il ne dit rien.
- Je...C'est bon on s'en va...
Je l'attrape par le bras et lâche d'un sourire moqueur :
- Alors, ça fait quoi de rencontrer le diable ?
Il hurle et détale, suivit de près par ses deux acolytes.
J'ai agis sans réfléchir...
Ok j'ai réussi à m'en débarrasser mais ils vont sûrement rependre la nouvelle aussi vite qu'une traînée de poudre...
Je retourne à l'intérieur, Eléonore et Frédéric me regarde sans bouger.
- On s'en va. Dis-je d'un ton sec.
- Maintenant ??
- Oui.
Le soleil n'est pas encore levé mais le temps presse.
Je commence alors à m'activer, courant à droite à gauche pour partir le plus vite possible.
Eléonore m'aide du mieux qu'elle peut.
Et enfin, quand le soleil se lève, nous quittons le rivage.
Je suis à la barre, le souffle court...
Il faut continuer à remonter la mer du Nord, sans faire de pauses.
Je regarde devant moi, la mer est calme et le temps semble dégagé, c'est parfait.
La blonde avance dans ma direction avec un regard interrogatif...
- Tu lui as dis quoi pour qu'il prenne la fuite comme ça ?
- Une connerie...
Une belle connerie même !
- Nâo, explique. Elle s'agace.
- J'ai dis que j'étais le diable, avec mon œil, il a eu peur. Je ricane pour dédramatiser la chose.
Elle sort un son digne du verbe "rouspéter" avant de poser ses fesses sur le pont, les bras croisés.
Elle est mignonne.
Je me rappelle alors d'hier soir...
J'ai craquer, mes émotions ont pris le dessus et elles ont parler à ma place.
J'ai dis cette phrase que je ne pensais jamais pouvoir dire...
J'ai avoué mes sentiments haut et fort.
Cette sensation est bizarre, je me sens léger, apaiser un peu.
Par contre je me sens honteux... Je n'ose plus la regarder trop longtemps... mon cœur bondit à chaque fois.
J'ai l'impression d'être fou
Fou amoureux...?
- NÂO ! Elle hurle en me montrant la poupe du voilier.
Un bateau moteur arrive droit sur nous, et à son bord je reconnais tout de suite le dit Tom ainsi que le mec qui est responsable des tongs que je porte actuellement...
Ce salopard est venu me chercher des noises et c'est moi le responsable ?! C'est tellement injuste.
Je n'allais pas faire de mal à ce Tom... Je voulais juste lui faire peur...
Je voulais qu'il regrette d'être aussi curieux et gentil avec un inconnu..
Ils arrivent à ma hauteur et j'avale ma salive de travers en découvrant que l'un d'eux tient un fusil en mains...
- Eléonore ! BAISSE TOI !!!!
Le bruit du fusil s'échappe, un cris et le son d'une chute...
J'hurle, et le temps s'écroule en une fraction de seconde.
Non...
Du sang...
La petite blonde est à terre...
×××××
TADADA !! Déjà la fin du chapitre !
A bientôt :D
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