Chapitre 11
J'entends mon cœur battre comme si celui-ci était placé dans mon crâne...
Mes paupières refusent de s'ouvrir et ma bouche est aussi sèche qu'un morceau de calcaire.
La seule chose dont je suis sûr c'est que mon dos est contre le sol, je suis allongé.
J'ai été décrocher...
J'essaie de bouger mais mon épaule droite me fait horriblement souffrir, il faut que j'arrive à me remettre tout ça en place.
Je me redresse difficilement et attrape mon bras en appuyant ma paume contre le sol, un craquement me donne un haut le cœur violent, j'ai rarement autant souffert...
Une fois cette torture terminée j'observe ce qu'il m'entoure en essuyant le sang séché sur le coin de ma bouche, un seau vide est posé près de moi et une assiette remplie de viande est posée sur un petit matelas jauni.
Je fronce les sourcils, je me souviens avoir entendu quelqu'un me dire de rester en vie.
Mais qui était-ce ?
•clic•
Le bruit du verrou attire mon attention et je cache mon visage derrière mes bras en cas d'attaque comme tout à l'heure.
Mes yeux restent fermés quelques secondes mais rien ne se passe.
- Je suis très impressionné, tu es le premier Nahual à survivre dans de telles conditions... C'est Claudio, il s'agenouille pour me faire face, tu viens d'exploser les records... Il rit.
- De quoi tu parles? Je demande fébrile.
- La plupart du temps les gens de ton espèce tiennent deux semaines avant de révéler ce qu'ils sont vraiment. Il soupire et plonge son regard glacial dans le mien, Mais toi, tu t'obstines à garder ton apparence humaine après deux mois, pourquoi ?
Mon cœur se comprime, les gens de mon espèce... Ça veut dire qu'Éleonore aussi est en train de subir ça.
J'ouvre la bouche, je suis sur le point de lui demander si elle est vivante, mais... Il ignore peut-être sa vraie nature.
- Claudio, ta mémoire est si courte ? Je tousse... Ma gorge est nouée par le manque d'hydratation.
Son sourire disparaît et il fronce les sourcils. Il s'approche et porte sa main autour de mon cou.
- Qu'est-ce que tu racontes ?? Il grogne en resserrant sa prise.
- J...Je..ne le contrôle p..as... Je lance en essayant de repousser sa main mais je suis à bout de force.
Il me relâche et se redresse.
Son regard est encore plus flippant que la dernière fois, j'ai l'impression qu'il hésite à me tuer, là tout de suite.
- Tu sais quand tu es parti, j'ai été très triste... Tu ne parlais que de toi, de tes parents, il souffle, mais tu n'as jamais su qui j'étais moi... Il s'adosse contre le mur bétonné, moi aussi j'étais seul, mon père est un chasseur de primes qui ne s'est jamais occupé de moi... Tu étais mon seul ami et tu m'as abandonné.
Je reste figé, les lèvres tremblantes...
Je ne sais absolument pas quoi répondre. Je n'avais pas le choix.
- Enfin le passé c'est le passé, je t'ai retrouvé maintenant, il sourit, et je voudrais voir ce que tu es vraiment.
Il s'approche et plante quelque chose dans mon bras encore sensible, je geinds et tourne ma tête pour voir ce qu'il vient de faire.
Une seringue...
Ma tête devient tout à coup très lourde..
Il vient de me droguer.
- Essayons une autre méthode... Il chuchote alors que je perds peu à peu connaissance.
Je vois flou, je n'arrive plus à bouger, ma respiration est lente et je ne comprends plus rien...
Je crois qu'il me déplace jusqu'au matelas, mon ventre est en contact avec quelque chose d'agréable.
Je n'ai vu que sur le sol noir de crasse mais je comprends vite que Claudio se trouve juste derrière moi, il s'agite.
Alors que je rassemble toute mon énergie pour me tourner je sens qu'il attrape mon bassin, je me débats mais il arrive malgré tout à tirer sur le peu de tissus qu'il me reste.
C'est pas possible...
J'hurle et soulève mon pied pour le cogner mais il me rend le coup dans le dos avant de coller son corps contre le bas de ma carcasse presque inerte.
Mon torse est contre le matelas froid et je sens son poids s'alourdir au dessus de moi.
- A...rrête... Claudio...D..égage !! Je lâche le souffle coupé.
- Montre-moi ta vraie nature... Susurre t-il en déposant sa main sur ma partie la plus intime.
- ARRÊTE !!!
Mon cerveau cogne et mon plasma sanguin pulse dans mes veines, ça ne peut pas être possible.
Mes ongles sont agrippés au rebord du matelas et je tente de me hisser hors de ses bras mais mon état physique est pathétique...
Cela fait apparemment deux mois que je suis ici...
Deux mois sans utiliser mes muscles comme il faut...
Je suis aussi fragile qu'un vieillard...
- J'aimerais te goûter... Il embrasse le bas de mon dos et je retiens des sanglots.
Alors que je pense être arrivé au bout de mes forces physiques et mentales, une sensation de puissance envahit mon âme.
J'ouvre à nouveau les yeux et découvre que ma vision est devenue rouge. Je vois littéralement en rouge.
Ma mâchoire se crispe et je sens une douleur légère à l'intérieur de ma bouche.
Mes dents...
J'ai l'impression qu'elles grandissent...
Serait-ce...
Je regarde mes doigts et un sourire se dessine automatiquement sur mes lèvres.
Il faut que je garde connaissance.
Les mains perverses de Claudio glissent le long de mes cuisses et j'en profite pour bondir en avant.
Une fraction de seconde suffit pour que je sois sur mes jambes, j'ai la sensation d'être immense, je lève le visage pour m'apercevoir que le haut de mon crâne frôle le plafond de la cellule.
Je suis gigantesque.
Suis-je toujours aussi grand quand je...
Mes pensées sont coupées par les applaudissements de Claudio, toujours à genoux sur le matelas jaune.
- Une merveille... Il éclate de rire et se lève, les bras en l'air pour affirmer son contentement.
J'ouvre la bouche et tente de lui répondre mais je n'y arrive pas, ma voix rauque à disparue.
Elle est à présent remplacée par un grognement sourd, profond...
Je regarde mes avants bras, eux aussi ne m'appartiennent plus, ce sont de longs membres grisâtres et veineux...
- Tu es... Il s'approche, donc si spécial... Il tend sa main vers moi, sa tête m'arrive au milieu du ventre, la septième merveille du monde.
Je m'avance et envoie mon bras pour le faire décoller mais il recule et s'enfuit aussi vite que l'éclair et referme la porte derrière lui.
Un rugissement s'échappe de ma gorge et je perds l'équilibre, il...
Il m'a à nouveau piquer avec une seringue...
°°°
Je suis réveillé depuis un petit moment déjà, je suis en train de manger la viande séchée servant à me garder en vie.
J'ai remis mon caleçon sale et je me suis installé sur le matelas complice de ma tentative de viol...
Il était sur le point de le faire.
Un frisson de dégoût parcourt mon être et j'avale ma bouchée de travers.
Comment peut-on devenir aussi écoeurant ?
Lui qui m'a tellement soutenu à l'époque...
Je tousse et attrape un bol rempli d'eau.
Ma captivité devient vivable mais pour combien de temps ? D'après ses dires je suis ici depuis deux mois déjà.
Maintenant qu'il sait à quoi je ressemble quand je me métamorphose il ne gagne plus grand chose à me laisser croupir ici...
Sauf si, c'est l'attente de mon rendez-vous avec la faucheuse.
Je n'en sais rien.
Je me laisse tomber sur le côté gauche et pose ma main sur mon œil droit, je me demande quel animal je suis quand je perds le contrôle de mon corps.
Un ours ? Un loup ?
Aucune idée.
Mais j'étais grand.
Je passe ma main dans mes cheveux pour les plaqués en arrière, ils ont poussés, ma barbe aussi.
Je dois avoir l'air d'un naufragé à la Robinson Crusoé, mes forces sont limitées et j'ai du perdre un quart de mon poid...
Et Éléonore ? J'espère qu'elle se porte mieux que moi, j'espère qu'elle est déjà loin avec Frédéric, qu'ils vont bien et que nos chemins ne se recroiseront jamais...
Des larmes envahissent mon visage et je me place en position fœtal, je suis fatigué de tout ça...
Je ne devais pas m'attacher à cette fille, je devais juste lui rendre un coup de main mais au final, je me suis plutôt offert un cadeau empoisonné.
Les femmes...
Je ne peux m'empêcher de rire en essuyant mes larmes.
...Ce sont vraiment des créatures dangereuses.
•clic•
Hum ?
La porte s'ouvre.
Je ne prends même pas la peine de bouger. Si il veut me tuer, qu'il le fasse, et vite.
- C'est lui ?
Cette voix... C'est l'homme qui m'a ordonner de rester en vie plus tôt dans la journée, ou peut-être hier. J'ai perdu tout calcul du temps ici.
- Hé toi, Il me donne un léger coup de pied, Claudio pense que tu es spécial, tu confirmes ?
Je ne réponds pas.
- Je te parle Nahual !!
- Nâo... Je lance sans pour autant bouger d'un centimètre.
- Nâo ? T'es quoi au juste ? Il ricane, Un espagnol ?
- Non.
- Alors, tu confirmes les propos de Claudio ?! Il redonne un coup de pied.
- J'en sais rien.
- Je vais te raconter une histoire si tu es d'accord... Il s'assoit à mes pieds et sort une cigarette.
- J'ai tout mon temps... Je grimace ironiquement.
- Bien. Il allume sa cigarette et souffle la fumée devant lui, Les Nahuals sont des créatures magiques ou mythologiques qui viennent des terres Amérindiennes, ils sont pour la plupart, d'après les légendes, des réincarnations d'animaux classique. Il se racle la gorge, mais il existe d'autres espèces, des êtres encore plus improbables...
Je tends l'oreille, intrigué par son récit.
- ... Tu connais les Wendigowak ?
Je secoue la tête de droite à gauche en lançant un regard dans sa direction.
Il tapote sa cigarette pour faire tomber la cendre au bout de celle-ci.
- Ce sont des créatures reconnues comme maléfiques et inhumaines, les anciens peuples indiens parlaient même d'être envoyés par le diable lui-même. Un frisson traverse ma colonne vertébrale et je mange ses paroles, concentré, Physiquement, Le Wendigowak était émacié à un point extrême, sa peau desséchée tirée et tendue sur ses os. Avec ses os poussant contre sa peau, elle-même de la couleur des cendres grises de la mort, et ses yeux repoussés au plus profond de leurs orbites, le Wendigo ressemblait à un squelette récemment déterré de sa tombe. Il écrase son mégot et soupire, Ils étaient pour la plupart, des humains punis.
- Humains punis ? Je demande.
- Le cannibalisme était la cause de leurs transformations physique. Mais tout ceci n'est pour beaucoup, qu'une légende parmi tant d'autres.
Je reste un moment silencieux, la créature qu'il vient de décrire...
Non c'est impossible.
- Tiens, il me laisse un paquet de cigarettes et un briquet d'essence avant de se remettre sur ses pieds et de refermer la porte, Réfléchis, lance t-il en partant dans une ambiance pesante.
C'est étrange mais son monologue m'a fait du bien, il m'a rappelé mon père et ses histoires qu'il me racontait pour calmer mes peines étant enfant.
Sa voix douce et en même temps très masculine m'a apaiser un court instant.
Je me demande qui il est, sûrement un chasseur, collègue de Claudio.
Son histoire paraissait banale mais je ne pense pas qu'il m'ait raconté cette légende indienne pour faire la discussion avec un Nahual.
Il semblait plus dans l'intention de m'apprendre quelque chose d'important.
La description qu'il a fait ses créatures me provoque encore un frisson de terreur, ce que j'ai cru voir tout à l'heure était semblable à ses mots...
Mon père m'avait appris que j'étais un Nahual, se serait-il trompé ?
Serais-je quelque chose d'encore plus effrayant...?
Je reprends une position assise et jette un coup d'œil dans le reflet d'eau froide se trouvant dans le bol.
Mon œil droit me fait toujours aussi peur... Cette réaction peut paraître débile... Après tout c'est mon œil que je vois.
J'attrape le bol entre mes mains et bois une petite gorgée et je récupère le paquet de cigarettes.
Je ne fume pas mais ça attire mon attention depuis son départ, je les comptes, une, deux, trois, quatre.
Quatre cigarettes.
Je porte l'une d'elles à mon nez.
L'odeur est horrible.
•aaaaaah•
Un hurlement lointain m'étonne et je me redresse, c'était un cris de femme..
Je me lève et colle mon oreille contre la porte métallique.
Des bruits de pas tout aussi lointains m'atteigne, c'est peut-être un nouveau capturé...
Je soupire et décolle mon oreille, je me demande si je suis dans un bâtiment en bord de mer ou non et le plus important, je me demande toujours où se trouve Éléonore...
J'ai beau me torturer mentalement pour ne pas y penser, elle hante mon esprit..
- Arrêtez !!! Hurle une voix que je reconnais instantanement.
Eléonore.
Est-ce que j'hallucine où est-ce que c'est vrai ??
Elle serait toujours ici alors.
Je ne peux pas les laisser lui faire du mal.
Cette fille n'a rien fait et elle est inoffensive...
je commence à tambouriner contre la porte en hurlant de toutes mes forces, espérant attirer l'attention de quelqu'un, mais en vain...
Je finis par me laisser glisser contre la porte, le cœur lourd...
Pour eux je ne suis pas une menace, grâce à Claudio je sais qu'ils peuvent droguer les gens s'ils retiennent prisonniers ici.
Je continue à taper contre la porte, le dos appuyé contre celle-ci.
La résonance finit par m'emmener dans une transe étrange...
Je perds la tête..
Si ça se trouve elle n'est pas là et c'est mon esprit qui me joue des tours... Comme la voix de ma mère que j'entends par moment.
Une idée traverse mon esprit, ça peut marcher.
- CLAUDIO !!! JE VAIS TE DIRE CE QUE JE SUIS, OUVRE !!! Je recommence à tambouriner de toutes mes forces contre la porte, me faisant presque mal.
- tu es disposé à parler maintenant ? Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? Susurre t-il derrière la porte.
- Ouvre et je te le dis.
A ma grande surprise il obéit, je me retrouve face à lui. Il arbore un sourire gigantesque, toujours aussi effrayant.
- Je t'écoute mon ami.
- Je suis un Nahual. Je commence tout en jetant un coup d'œil furtif dans le couloir.
- C'est faux. Il fronce les sourcils, Manuel ne t'a pas expliqué ? Tu es spécial Nâo, tu n'es pas un homme, ni un Nahual.
Je baisse la tête et soupire, il ne comprend rien. J'ignore ce que je suis et il ne le comprend pas... Si ma ruse ne marche pas, rien ne marchera..
- Tu as raison je suis spécial.
Il avance d'un pas et pose sa main sur mon épaule droite, me volant une grimace de douleur.
- Suis-moi.
×××××
Fin du chapitre.
Nâo arrivera-t-il à sortir des griffes de Claudio ?
Prochain chapitre très bientôt. (:
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