Partie Deux

Bonjouuuuur, c'est l'auteur qui update ses fic une fois par an ! mdrr je sais même pas quoi dire de plus ? Peut être que ce chapitre est écrit depuis près de deux mois et que je l'ai pas posté parce queeeee -inséré ici une excuse valable- brefff voilà la deuxième partie de Touya est dans la merde, actuellement 6 parties de prévu (donc la fic sera fini dans 4 ans ? ouii on va y croire hein, c'est mieux que jamais)

Les TW du chapitre, euuh, géniteur défaillant (mais bon, c'est pas surprenant avec Touya en perso principale) Touya est toujours aussi vulgaire, et Hawks est sexy;

bisous bonne lecture et à l'année prochaine /o

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. Partie 2

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Touya se réveille avec l'envie de foutre le feu au connard qui s'acharne sur sa porte d'entrée. Tant pis si c'est encore la police. Tant mieux si c'est encore la police. Est-ce que c'est vraiment trop demandé de pouvoir juste dormir tranquillement pendant au moins deux petits jours sans être dérangé, ou ça aussi c'est illégal ?

C'est en continuant d'insulter la personne qui ose le priver de précieuses heures de sommeil, qu'il roule jusqu'à sa table de chevet et se débat avec la couette pour en extirper une main et atteindre la lampe.

Qui n'est pas là.

Ah. Oui.

(Elle repose en morceaux sur le sol à cause d'un piaf qui s'est invité dans la nuit, et a foutu le bordel dans l'appart -et dans sa vie.)

Il attend encore un peu, mais les coups n'ont pas l'air de vouloir s'arrêter. Alors il se lève, se drape avec une élégance indiscutable de la couette et se traîne hors de sa chambre en évitant les bouts de verre dans la moquette.

— Quoi ? grogne-t-il aimablement en ouvrant brusquement la porte.

Keigo Takami retient le battant juste à temps pour éviter d'être frappé en plein visage, et lui adresse un sourire un peu trop large qui agace aussitôt Touya.

Qui peut être d'aussi bonne humeur le matin à par un envoyé du diable ? (Mais Keigo travaillant pour son père, c'est finalement plutôt logique quand on y pense.)

— Bonjour Touya.

Comme la veille, l'assistant du magistrat est tiré à quatre épingles. Vêtu d'un costume gris sans doute fait sur mesure et d'une cravate bleue foncée sur une chemise claire, ses cheveux blonds plaqués en arrière par bien plus de gel que nécessaire, son apparence soignée dénote dans le couloir défraîchi aux murs fissurés de l'immeuble miteux où loge Touya.

Son sourire se fige un instant pendant que son regard glisse sur le corps de Touya. Ses yeux semblent s'illuminer d'une brève étincelle d'amusement qui disparaît aussi vite lorsqu'il remonte ses affreuses lunettes carré sur son nez. Il poursuit :

— Monsieur, votre père, vous invite à se joindre à lui pour le déjeuner.

Touya grimace à la formulation pompeuse. C'est tout à fait le style de son père de donner des ordres enrobés de fausse politesse. Et devant ce type de demande, il n'y a qu'une seule réponse possible :

— Non merci.

Il referme la porte mais Takami la bloque d'une seule main. C'est qu'il en a de la force le petit assistant du magistrat sous ses airs d'employé modèle en costume deux pièces.

— Je crains que vous n'ayez pas vraiment le choix, explique celui-ci avec un air contrit qui sonne faux.

— J'ai pas faim, marmonne Touya, en s'appuyant de tout son poids contre le battant de la porte. Puis j'ai cours ce matin, se souvient-il, ravis de trouver une vraie bonne excuse.

— Ce matin ? relève Takami avec un sourire malicieux tout en maintenant toujours la porte d'une main malgré la pression exercée par Touya. Il est bientôt midi, vous savez. Vous êtes légèrement en retard si vous comptiez assister à vos cours de la matinée.

— Quoi ? Merde !

Par réflexe, Touya tente d'attrapper son portable dans sa poche avant de se souvenir qu'il n'est vêtus que de son boxer et d'une couette, ce qui n'était pas le plus pratique pour ranger un téléphone. Lorsqu'il lève la tête, il croise les yeux amusés de Takami qui ne se gêne visiblement pas pour juger sa tenue. Touya lui adresse son meilleur regard noir -les mains occupée à maintenir son drapé autour de lui pour lui faire l'honneur d'un joli majeur, ce qui ne fait qu'élargie le sourire amusé de l'assistant.

— Il serait peut-être temps de vous habiller, propose aimablement celui-ci. Votre père vous attend pour midi et demi. Et ce n'est pas négociable.

— Putain, quel emmerdeur.

Renonçant à l'idée de fermer cette stupide porte, Touya abandonne le larbin de son géniteur pour retourner rapidement dans sa chambre. Il attrape son portable et le nombre hallucinant d'appels manqués et de messages non lus ne suffit pas à cacher l'heure. Touya soupire dépité.

11h42

C'est mort pour ses cours du matin. Ça va lui faire encore plus de boulot à rattraper en plus de toute la journée d'hier qu'il a passée au commissariat. S'il rate son année à cause de ce foutu piaf, Hawks aura intérêt à lui payer la réinscription à la fac. Oh, et aussi le loyer de son appart pourri qu'il devra subir une année supplémentaire. L'idée d'un Hawks sugar daddy lui tire un ricanement. Ça lui fait penser qu'il ne connaît même pas l'âge de ce type, il pourrait avoir le double du sien pour ce que Touya en sait. En fait, il ignore tout de son âme-soeur.

Cette constatation lui fait perdre son sourire et il retourne dans l'entrée. La porte est enfin fermée mais son invité indésirable a investi son sofa, son élégant costume gris clair jurant sur la housse rose délavé du canapé. Touya décide de c'est mieux pour sa santé mentale d'ignorer ce problème pour l'instant.

Avant toute chose, il a besoin d'une douche.

Lorsqu'il se débarrasse de sa fidèle couette et qu'il se glisse sous la douche, Touya a l'impression de ne pas en avoir prise depuis des jours. Il laisse l'eau chaude couler sur lui un long moment, détendre ses muscles raidis par la fatigue et son travail à temps partiel au bar. Mais si la brûlure de l'eau est suffisante pour effacer les traces physiques laissées par la journée précédente, elle n'est pas assez érosive pour emporter avec elle les souvenirs et les pensées qui tournent en boucle dans la tête de Touya.

Il a rencontré son âme sœur.

Et c'est un criminel recherché dans tout le pays.

Même après avoir reçu la visite de Hawks pendant la nuit, il a encore du mal à réaliser que c'est la réalité. Tout ça lui paraît tellement surréaliste que Touya a l'impression qu'il va bientôt se réveiller d'un très long rêve un peu tordu, et Tenko se foutra de lui pendant des jours en se moquant à quel point son subconscient peut être fleur bleu pour imaginer ce genre de scénario absurde.

Mais non. C'est la réalité. Hawks est son âme-soeur. Et il est l'âme-soeur de Hawks.

Et quel impact cette réalité va-t-elle avoir sur sa vie ? Est-ce qu'on va juste l'emmerder avec ça quelques mois puis tout le monde va finir par oublier ? Il y a sans doute peu de chance que l'univers lui fiche la paix aussi facilement. Le plus probable c'est qu'on se serve de lui jusqu'à pouvoir attrapper ce fichu cambrioleur, comme dans le plan qu'à suggéré Keigo Takami à la police.

Keigo Takami qui l'attend d'ailleurs dans son canapé, se souvient Touya.

Il ne se dépêche pas pour autant. Peut-être même que s'il reste suffisamment longtemps sous la douche, l'employé finira par se lasser et partir. Bon, il sait très bien que ça n'arrivera pas, son connard de père n'est pas du genre à accepter que ses larbins ignorent ses ordres et abandonnent leurs missions. Mais si, au moins, Touya peut faire rager son géniteur en arrivant le plus tard possible à ce putain de déjeuné, il ne va pas s'en priver.

Il finit par sortir de la douche (parce que c'est quand même lui qui paye l'eau) et prend à peine le temps de s'essuyer. Il laisse ses cheveux dégouliner sur ses épaules le temps de filer dans sa chambre et d'attraper le t-shirt le plus horrible de sa garde robe. Celui d'un groupe de métal bien gore que Touya n'écoute même pas et qu'il réserve spécialement pour les rencontres avec son père. Associé avec un jean délavé tellement troué qu'on se demande comment il tient encore en un seul morceau, et des grosses godasses noires avec des piques, sa tenue est parfaite.

Quand il retourne dans la pièce principale, Takami est toujours sur son canapé, il joue avec une plume rouge aussi longue que son avant bras et qu'il fait tourner entre ses doigts.

— Qu'est-ce que c'est ? demande-t-il depuis le coin cuisine en ouvrant les placards pour trouver de quoi manger (parce qu'il a menti, il crève la dalle).

— Une plume de faucon teintée. C'est de là que Hawks tire son nom, explique Takami. Parce qu'il signe toujours ses cambriolages en en laissant une derrière lui.

Il lui adresse un regard mutin par dessus le dossier miteux du sofa, la plume camouflant son sourire lorsqu'il ajoute :

— On dirait bien que tu as eu de la visite, je l'ai trouvé sur le canapé.

Touya se fige et retourne lentement vers lui. Difficile de le nier quand l'autre tient la preuve des faits entre ses doigts. Pourquoi cet abruti de piaf à laissé ça derrière lui, il était pas déjà assez dans la merde à peut être ?

Devant l'évidence, Touya décide que jouer les naïfs est sans doute la meilleure stratégie pour esquiver la question implicite. Il n'a vraiment pas envie de parler de sa brève rencontre avec Hawks, surtout pas avec le larbin de son géniteur. De toute manière, il n'y a rien à en dire.

— Quoi ? s'exclame-t-il surjouant l'étonnement. Il m'a cambriolé ?

Il tourne la tête dans tous les sens comme s'il cherchait un éventuel élément manquant, même si, au vu du sourire amusé qui fait briller les yeux de l'assistant même derrière ses affreuses lunettes, celui-ci n'est pas dupe du tout.

— C'est vrai que maintenant que tu me le fais remarquer, je crois qu'il manque ma télé écran plat géante, mon iMac, tu sais celui qui est méga cher, et aussi un grille-pain flambant neuf et de la bouffe dans le frigo. Tu crois que mon père pourrait faire quelque chose pour ça ? Si ça l'emmerde de tout racheter, j'accepte aussi les virements et les chèques..

Takami a un éclat de rire franc qui surprend un peu Touya. Il ne s'attendait pas à ce que l'employé apprécie son trait d'humour, et il ne peut s'empêcher de lui adresser un petit sourire en coin.

Avant que l'autre ne lui coupe toute envie de rire en annonçant :

— Et si nous allions demander directement à votre père ?

Il se lève du canapé et ouvre la porte d'entrée comme s'il était chez lui.

— Après-vous, dit-il accompagnant son invitation à sortir d'un mouvement de la main exagéré. Votre père vous attend avec impatience.

— Ça, j'en doute fort, réplique Touya.

Il soupire lourdement pour lui faire comprendre à quel point ça le fait chier de venir, mais attrappe portable, clé et un paquet de gâteaux pour la route. Il le précède dans le couloir pendant que Takami claque la porte derrière eux.

Lorsqu'il avance dans le couloir, Touya remarque tout de suite les deux types en survêtement qu'il a croisé la veille. Il se demande ce qu'ils foutent encore là. Est-ce qu'ils ont traîné toute la nuit dans le couloir ? Il n'a pas le temps de se poser plus de questions que Takami se dirige directement vers eux. Il leur parle rapidement à voix basse, avant de leur confier la plume et de revenir attendre l'ascenseur aux côtés de Touya.

— C'était qui ces types, demande Touya une fois que les portes de l'ascenseur se sont refermées derrière eux.

Il croise son regard dans le miroir terne de l'habitacle et s'amuse de la différence qu'il y a entre l'assistant, en costard les cheveux blonds gominés, et son propre look d'ado métalleux, ses cheveux sombre encore humide qui se barrent dans tous les sens. Il faut d'ailleurs qu'il refasse bientôt sa coloration, ses racines blondes platines presque blanches jurent avec sa teinture noire.

— Des policiers en civil, répond Takami. Ils sont censés s'assurer que vous n'ayez pas de visite.

— Oh. Efficace.

— N'est-ce pas ? ironise l'assistant et sa voix prend un ton mesquin lorsqu'il poursuit : Certains vont avoir des problèmes aujourd'hui.

Ils arrivent au rez-de-chaussé à ce moment-là et Touya n'a pas le temps de poursuivre qu'ils sont déjà dehors. Une énorme berline noire les attend au pied de l'immeuble bloquant une partie de la circulation de la rue.

— Discret, commente Touya.

Il ne peut s'empêcher de grogner lorsque Takami passe devant lui pour ouvrir la portière arrière et lui fait signe de rentrer. Si son père à besoin de larbin pour faire la moindre action, ce n'est pas son cas, et qu'on le prenne pour un abruti de riche incapable l'agace prodigieusement.

Par pur esprit de contradiction, il fait le tour de la voiture et monte de l'autre côté. Il ignore le petit sourire amusé de l'assistant quand celui-ci le rejoint sur la banquette arrière et se mure dans le silence pendant tout le trajet.

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— Monsieur le procureur vous attend dans son bureau, les informe la secrétaire lorsqu'ils se présentent à l'accueil.

La femme ne cache pas son dégoût devant la tenu de Touya et il ne peut se retenir de lui adresser un doigt d'honneur. Il n'a jamais aimé cette vieille peau qui bosse pour son père depuis des années, et c'est totalement réciproque. Quand il était petit, il avait fait croire à ses frères et sa sœur qu'elle était une sorcière et ça lui est visiblement resté en travers de la gorge. Ils avaient adorés la rendre folle quand leur père la chargeait de les surveiller pendant qu'il restait travailler tard. Depuis, elle n'a jamais cessé de les fusiller du regard lorsqu'ils viennent rendre visite à leur père, ne cachant jamais son mépris, surtout quand Touya en est la cible.

Takami l'a remercie d'un sourire charmeur qui lui est aussitôt rendu. Et Touya constate avec écoeurement que la secrétaire semble complètement subjuguée par l'assistant.

— On dirait que la sorcière t'aime bien, fait Touya à voix basse, une fois dans le couloir.

— On dirait qu'elle t'aime pas, réplique Takami sur le même ton.

Aucun d'eux n'a le temps d'ajouter quoique ce soit : ils sont arrivés devant le bureau du magistrat.

Touya surprend le bref coup d'œil que l'assistant jette sur lui avant de toquer avec assurance contre la porte en bois massif. La voix revêche qui les invite à entrer fait grimacer Touya et il laisse Takami le précéder dans le bureau, le temps de prendre une grande inspiration et de se composer une expression décontractée pour affronter son père, Enji Todoroki.

— Touya, commence celui-ci sans même relever la tête de sa paperasse. Tu es en retard.

— Que veux-tu, rétorque Touya, un brin moqueur. J'aime me faire désirer.

Ça suffit pour que le magistrat lâche enfin ses papiers et lève les yeux, même si c'est pour lui adresser un regard purement désapprobateur. Il n'y a toujours eu que la provocation pour attirer l'attention de son père.

— Tu ne devrais pas faire le malin, le sermonne-t-il, comme si Touya avait encore dix ans. A cause de tes conneries, mon nom est partout dans la presse à scandale.

Touya roule des yeux, il aurait dû se douter que la seule chose qui contrarie son géniteur c'était seulement qu'on écorne son image publique.

— Je t'avais pourtant prévenu de ne pas donner tes empreintes à ce programme stupide, poursuit-il et la désaprobation suinte dans chacun de ses mots. Regarde dans quoi tu t'es fourré.

Un tas de jeu de mot incluant le mot fourré et un certain piaf, défilent soudain dans l'esprit de Touya qui doit se mordre la langue pour ne pas répliquer qu'il n'est pas question de fourrer qui que ce soit pour le moment.

— Toutes ces histoires d'âmes-soeurs ne sont qu'un prétexte pour recenser les empreintes de la population et mieux la surveiller. Et toi, tu t'es laissé berné par des légendes pour adolescente en mal d'amour. Tout ceci n'est qu'un coup monté pour me nuire, comme si mon fils pouvait avoir des liens avec un criminel. Quelle blague, tu n'es même pas gay !

— Ah oui ? relève Touya, quelque peu amusé que sa supposé homosexualité soit ce qui énerve le plus son géniteur.

Comme pour le prendre à partie, il tourne la tête vers Takami qui, depuis le début de la discussion, se tient exagérément droit, les mains croisées derrière le dos, dans un simili de posture militaire. Accrochant son regard, l'assistant se contente de hausser légèrement les épaules, comme pour répondre à son interrogation, puis reporte toute son attention sur son patron.

— J'espère au moins que tu n'as pas fait de nouvelles conneries, continue ce dernier sans relever l'échange. Il est hors de question qu'un Todoroki soit poursuivi en justice. Et certainement pas pour acoquinance avec ce voleur.

— Quoi, ricane Touya. Ton larbin t'as pas tenu au courant ? J'ai eu de la visite cette nuit.

Le larbin en question se raidit lorsque le regard du magistrat se porte sur lui. Mais Touya ne manque pas l'expression colérique de son géniteur qui s'émousse le temps d'une seconde. Avant de reprendre, plus ferme à son intention.

— Tu devrais prendre exemple sur lui, au lieu de te moquer. Il est plus jeune que toi mais à réussi sa vie, lui.

— Oh oui, une grande carrière de larbin professionnel, ironise Touya soudain agacé par la présence de ce type auquel son propre père porte plus d'intérêt qu'à lui.

— Tu es vraiment insupportable, grogne le magistrat, se pinçant l'arrête du nez pour contrôler sa colère. Keigo, ordonne-t-il, faisant sursauter son assistant. Va nous chercher à manger.

— Tout de suite monsieur, accepte ce dernier, bien trop heureux de s'échapper du bureau pendant au moins quelques minutes.

— Pas du tout un larbin, hein, se moque Touya pendant que celui-ci disparaît dans le couloir, puis il réalise : On devait pas aller au restau ?

— Tu crois que j'ai autant de temps à perdre ? rétorque Enji. Et puis, je ne veux pas que tu me fasse honte avec ta tenue de racaille.

— Quoi, tu n'aimes pas ? s'indigne faussement son fils. Je me suis fait beau juste pour toi.

— Assieds-toi et ferme là, s'exaspère le magistrat.
Il lui désigne les deux sièges en face de son bureau d'un vague signe de la main puis replonge dans ses papiers. Juste pour l'énerver, Touya commence à arpenter la pièce de long en large, s'assurant de faire le plus de bruit possible. Il commente le moindre détail, critique la couleur des rideaux, la texture des fauteuils, le choix des tableaux accrochés au murs et même l'épaisseur du tapis. Puis, comme son père continue de l'ignorer, il finit par lui obéir et va s'asseoir.

Directement sur le bureau.

Ça a au moins le mérite de lui faire lever les yeux de ces fichus dossiers, mais il n'a pas le temps de le réprimander qu'il est interrompu par le retour de son assistant.

— Génial des sandwichs, soupire Touya quand Takami pose le plateau qu'il a apporté sur le bureau. On mange comme des rois ici. J'espère au moins qu'ils sont pas au fromage.

Mais il en attrape quand même un parce qu'il crève de faim et que le paquet de biscuit qu'il a dévoré dans la voiture (en s'assurant bien sûr, de laisser le plus de miettes possible sur les magnifiques sièges en cuirs de la berline) ne lui a pas suffit.

— Joins toi à nous Keigo, invite Enji alors que l'assistant s'apprête déjà à repartir. Et relate moi les dernières avancées du dossier, tu seras certainement plus fiable que Touya.

Touya lui adresse son meilleur regard noir. Bien sûr qu'il n'est au courant de rien du tout, ce connard prend juste plaisir à le rabaisser devant son subalterne.

— Bien sûr Monsieur, acquiesce Takami en prenant place sur le siège le plus éloigné de Touya, toujours perché sur le bureau.

— Oh, alors c'est ça ? Je suis un de tes dossiers maintenant. Moi qui me demandait d'où te venait ce soudain intérêt pour ma vie.

— Ne complique pas les choses, Touya. Soit déjà reconnaissant que je me charge de ton cas malgré la tonne de travail que j'ai en ce moment.

Touya lève les yeux au ciel. À l'entendre, il devrait se prosterner à ses pieds pour bien vouloir s'occuper de lui. Mais il ne lui a jamais demandé de fourrer son nez dans ses affaires. Il se débrouille très bien tout seul depuis des années et il n'a franchement pas besoin de son regard désapprobateur sur le moindre de ses faits et gestes. Il a déjà donné pendant bien trop longtemps. Hors de question de venir quémander de l'aide à son père, ça lui ferait bien trop plaisir.

— Donc, reprend Enji, ignorant le regard mauvais de son fils pour s'adresser à l'assistant. Touya a mentionné une visite. Hawks s'est montré ?

— Oui Monsieur. Comme prévu il a pris contact avec votre fils, bien que je m'attendais pas à ce qu'il le fasse aussi tôt.

— Bien, fait le magistrat et Touya se sent comme un pantin dans sa propre vie. Qu'est-ce que ce délinquant t'as dit ? poursuit-il en s'adressant à son fils cette fois.

— Oh, il m'a demandé en mariage bien sûr.

Touya jubile en entendant Takami s'étouffer de surprise et ça lui donne assez d'assurance pour continuer :

— On a fêté la nuit de noce en baisant toute la nuit, si tu savais tous ce qu'il peut faire avec sa langue, il-

— Ça suffit Touya ! s'énerve Enji pendant que son assistant n'en peut plus de tousser.

— Excusez-moi, souffle Takami, les joues rouges.

Il attrape un verre d'eau sur le plateau qu'il boit à grandes goulées pour faire passer sa toux et se recomposer un visage de façade sous le regard amusé de Touya, fier de son petit effet.

— Si tu n'es pas capable de rester sérieux deux minutes, tu peux sortir d'ici ! continue son père emporté par la colère.

— Avec plaisir !

Touya n'a pas besoin qu'on lui dise deux fois, il saute aussitôt du bureau et file dans le couloir. Il passe en vitesse devant la secrétaire, en profitant pour lui tirer la langue et se délecter de son air outré lorsqu'elle y aperçoit son piercing.

— Touya, attendez s'il vous plaît !

La supplique de l'assistant lui parvient au moment où la porte de l'immeuble se referme derrière lui. Et si Touya se résout à l'attendre, c'est seulement parce qu'il n'a pas l'énergie pour dévaler les marches jusqu'à la rue et s'enfuir en courant.

— Oh, vous voilà, fait l'assistant avec soulagement lorsqu'il franchit à son tour le seuil du bâtiment.

Il a encore les joues rouges de gêne ce qui arrache à un sourire narquois à Touya.

— Je comprends que vous ne vous entendez pas beaucoup avec votre père, poursuit Takami, ce qui fait ricaner Touya, c'est l'euphémisme du siècle. Mais il veut juste vous aider.

— Il veut surtout ne pas entacher son image. Avoir un fils criminel n'est pas bon pour les affaires.

— Je suis certain qu'il s'en fait plus pour vous que vous ne l'imaginer, affirme Takami.

Et il à l'air tellement convaincu par ce qu'il dit que Touya ne peut s'empêcher de se moquer de lui.

— Tu devrais arrêter de l'idéaliser, ou tu vas finir par tomber de haut. Crois moi, je sais de quoi je parle.

Touya lui adresse un sourire mauvais mais Takami n'y réagit pas, se contentant de l'observer longuement, puis il finit par soupirer en secouant la tête.

— Peu importe pour le moment. J'ai besoin de votre coopération pour le plan. Tout comme vous, on aimerait vous éviter la prison.

— Oh oui, super plan d'afficher ma gueule partout, raille Touya sans cacher son ironie. Il parait qu'il y a des mecs de la fac qui prévoient de me kidnapper à cause de votre idée à la con.

— Vraiment ? s'inquiète aussitôt l'assistant, bien loin de partager son amusement. C'est problématique. Je vais demander à ce qu'on vous accorde un garde du corps.

— Je n'ai pas besoin de garde du corps, le contredit aussitôt Touya.

Rien que l'idée d'avoir un gorille qui lui colle aux basques le terrifie, Tenko ne va jamais cesser de se foutre de sa gueule si ça arrive.

— C'est juste une connerie qu'un mec à dit pour rigoler, poursuit-il, mais Takami l'ignore.

L'assistant fouille dans la poche intérieur de sa veste et en sort un bout de carton qu'il tend à Touya.

— Voici ma carte, explique-t-il. Envoyez-moi votre emploi du temps, même si c'est peut être une simple blague, il ne faut pas prendre votre sécurité à la légère.

Il met de force sa carte dans les mains de Touya qui finit par la prendre, même s'il sait déjà qu'il ne l'utilisera jamais. Il ne prend même pas la peine de la regarder avant de la fourrer au fond de sa poche.

— Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, fait Takami d'une voix lente, comme si au contraire, il aurait aimé le retenir encore un peu. Voulez-vous que je demande à ce qu'on vous dépose directement à l'université ? J'ai juste à appeler le chauffeur et-

— Pas la peine, le coupe Touya en lui tournant déjà le dos pour descendre les marches. Je vais y prendre le métro.

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Il ne va pas à l'université. Malgré ce qu'il a affirmé, il n'est pas certain que ce ne soit qu'une blague de mauvais goût. Et il craint aussi le regard des autres étudiants sur lui. Après sa journée au commissariat et la conversation avec son père qui, comme d'habitude, se révèle toujours très épuisante, il n'a ni l'énergie, ni l'envie, de les affronter maintenant.

Alors il rentre directement chez lui avec l'objectif très clair de se jeter dans son lit et d'ignorer le reste du monde pendant plusieurs heures.

Mais son plan est rapidement contrecarré par un ado avec un désastre capillaire bicolore qui fait le pied de grue devant la porte de son appartement.

— Shoto ? Qu'est-ce que tu as encore fait à tes cheveux ? s'exclame Touya, avant de se reprendre. Non, je veux dire : qu'est-ce que tu fous là ? T'es pas censé être au lycée ?

Son petit frère hausse les épaules, son visage impassible contrastant avec son excentrique coupe de cheveux : la moitié gauche teinte en rouge tandis que la droite est totalement décolorée en blanc.

— Je voulais te parler.

— Y a une invention très pratique pour ça, c'est pas très connu, ça s'appelle le téléphone, ironise Touya tandis qu'il déverrouille sa porte.

Sans répondre, Shoto regarde alternativement à droite et à gauche dans le couloir, comme s'il cherchait quelque chose, avant d'entraîner Touya à l'intérieur de son propre appartement et de claquer la porte derrière eux.

— T'es stupide ou quoi ? fait Shoto (et Touya juge très drôle que son petit frère le traite de stupide alors qu'il a une couleur de cheveux pareil). Je vais pas t'appeler alors que le gouvernement espionne toutes tes conversations téléphoniques.

— C'est quoi ça encore ? Pourquoi le gouvernement espionnerait mes conversations téléphoniques.

Devant le regard méprisant que lui adresse Shoto (tout en réussissant l'exploit de garder un air impassible), Touya juge que c'est le moment idéal pour se faire le café le plus fort qu'il n'ait jamais bu.

— Tu crois quand même pas que toute cette histoire avec Hawks est vraie ? lui demande Shoto alors que Touya s'installe à côté de lui dans le canapé, sa tasse remplie à ras-bords entre les mains.

Touya hausse un sourcil et avale une gorgée qui lui brûle la gorge. Il n'aime pas vraiment le café, mais comme tout bon étudiant qui se respecte, il en a souvent besoin pour s'éclaircir les idées et se maintenir éveillé après son travail ou en période de partiel.

Ou lorsque son petit frère sèche le lycée pour venir lui parler de théories du complots.

— Quoi ? Toi aussi tu ne crois plus aux âmes-soeurs ? Faut que t'arrête d'écouter les conneries du géniteur, à l'entendre le monde entier conspire contre lui.

Shoto soupire comme s'il avait dit la plus grosse connerie de l'univers.

— Je sais très bien que les âmes-sœur sont réelles. Père a toujours eu du mal avec le fait de donner ses empreintes digitales au gouvernement, mais lui aussi sait que la correspondance des empreintes existe vraiment.

— Alors quoi ? Tu es venu me faire la morale ? s'agace Touya, il a déjà bien assez à supporter avec son père, il n'a vraiment pas besoin que Shoto s'y mette aussi.

— Bien sûr que non., je veux aussi rencontrer la personne qui m'est destinée. Peu importe si je dois donner mes empreintes au gouvernement. Je viens juste te prévenir que Hawks n'est pas vraiment ton âme-soeur.

Touya reste un instant ahuri devant l'affirmation de son cadet. C'est la deuxième personne aujourd'hui à lui dire que Hawks ne peut pas être son âme-sœur et, même si depuis le début lui-même n'est pas ravi de se retrouver liée au criminel, le fait qu'on réfute systématiquement le lien entre eux ça commence prodigieusement à le gonfler.

— Pourquoi ? demande-t-il, sans parvenir à masquer l'agressivité dans sa voix. Parce que je suis pas gay ? Ou peut-être parce que je suis pas assez bien pour lui ?

Shoto le regarde les yeux légèrement écarquillés. Chez lui, cela traduit un ébahissement des plus total.

— C'est lui qui est pas assez bien pour toi, affirme -t-il et toute la colère de Touya disparaît aussi vite qu'elle est apparue (de toute manière c'est impossible de rester en colère contre Shoto). C'est bien pour ça qu'il ne peut pas être ton âme-sœur.

Touya reste un moment silencieux, sirotant son café, avant de soupirer :

— Ok, je t'écoute. C'est quoi ta théorie ?

Les yeux de son frère s'illuminent et Touya cache un sourire derrière son mug. Malgré les années, il est toujours amusé de voir à quel point Shoto peut s'emballer pour ce genre de sujet. Il a toujours eu un intérêt particulier pour tous ce qui touche aux conspirations, trouvant parfois lui-même de nouvelles théories, plus ou moins imaginatives.

— Je pense que c'est un piège, annonce-t-il très sérieusement, et devant le haussement de sourcil de Touya, il reprend : Ça fait quelques années que Hawks à commencé ses cambriolages. Au début il s'attaquait qu'à de petits arnaqueurs, quelques violeurs pour venger les victimes. Mais au fil des mois, il a commencé à voler des personnes plus riches, plus connues. Même si elles sont toujours coupables de crimes impunies. C'est pour ça que le gouvernement le craint. Bientôt, il va s'attaquer à des hommes politiques, et va déterrer tous les petits secrets qu'ils aimeraient garder cachés.

Touya avale une nouvelle gorgée de café, jusque-là, ce que dit Shoto est plutôt logique. Le chemin de Hawks, le Robin des bois moderne, se rapproche grandement des instances politiques du pays. Déjà dans la dernière affaire, une liste de noms avait incriminé quelques célébrités et des proches du pouvoir.

— Peut-être, mais c'est quoi le rapport avec moi ?

— J'y viens. Le gouvernement à peur de lui, et cherche donc à l'arrêter. Et quel meilleur moyen que de lui tendre un piège en lui faisant croire que son âme-soeur à été arrêtée à sa place ?

— Oh je suis sûr qu'il y en a des tas d'autres, ironise Touya.

— Hawks est altruiste, il s'attaque seulement à des criminels pour venger leurs victimes. Il leur donne tout l'argent de ses vols et ne garde rien pour lui. Il n'est pas du genre à laisser quelqu'un être condamné à sa place. Encore moins si c'est son âme-sœur.

— Je vois toujours pas en quoi ça explique qu'il n'est pas mon âme-sœur.

— Mais réfléchis ! Tu penses vraiment que Hawks a pu laisser ses empreintes sur un de ses cambriolages, alors que ça fait deux ans qu'ils n'ont jamais rien trouvé pour l'incriminer ? Ils ont juste créé de fausses preuves ! Et ils t'ont choisi toi en bouc émissaire, parce que tu es le fils du magistrat le plus droit du pays. Ils savent très bien que père ne peut pas rester sans rien faire et qu'il va faire en sorte d'arrêter ce voleur. CQFD.

— CQFD, répète Touya en ricanant, Shoto ferait mieux de retourner au lycée plutôt que de laisser son esprit divaguer sur des pentes complotistes. Donc tu penses qu'ils ont fait ça... juste pour faire chier le vieux ?

— Surtout pour arrêter Hawks, rectifie Shoto. Mais si ça peut mettre des bâtons dans les roues à notre père, ils en profitent aussi.

Un sourire carnassier se dessine sur les lèvres de Touya, lorsqu'il réplique :

— Alors si ça peut faire chier ce gros con, qu'ils m'utilisent autant qu'ils veulent !

— Touya...

— De toute façon, que ça soit vrai ou pas, ça change pas grand-chose pour moi. Je suis dans la merde dans les deux cas.

— Ça change que tu ne dois pas t'impliquer émotionnellement avec Hawks.

Touya hausse un sourcil, surprit que son frère vienne jusqu'à chez lui pour le mettre en garde contre ce genre de chose alors que les sentiments des autres ont toujours tendance à lui passer loin au-dessus de la tête.

— Je ne comptais pas le faire.

— Bien sûr que si. Tu te laisses toujours emporter par tes émotions, le contredit Shoto.

Et même s'il n'a pas forcément tort, Touya ne peut pas le laisser dire ça sans réagir. Il a sa fierté tout de même.

— Quoi, tu te prends pour un psy maintenant ? raille-t-il. Tu me diras, tu auras plus de réussite que dans le domaine de la coiffure, poursuit-il en attrapant la partie blanche de la frange de son frère.

— Tu vois, fait remarquer Shoto en repoussant sa main. Tu cherches à changer de sujet, parce que tu ne sais pas faire face à tes émotions. C'est pour ça que tu n'arrives pas à t'entendre avec père, tu ne contrôles pas ta colère.

— Ah bon ? Moi qui pensais que c'était parce que c'est un connard qui veut contrôler ma vie, je me suis bien planté alors !

Shoto fronce les sourcils, semblant un peu confus.

— C'est du sarcasme ? demande-t-il, après un instant de réflexion.

— Exact, Monsieur le psy, ricane Touya.
Il sait très bien que son frère a du mal avec le second degré, et si ça peut lui permettre de détourner la conversation (parce qu'il cherche effectivement à changer de sujet) il ne se prive jamais de l'utiliser.

— Mais sérieusement, reprends rapidement Touya pour ne pas lui laisser de temps de réflexion. Qu'est-ce qui s'est passé avec tes cheveux ?

— C'est juste un ami qui voulait s'entraîner à faire des couleurs, répond vaguement Shoto avec un haussement d'épaule pour signifier que ce n'est pas très important.

Mais Touya ne compte certainement pas le laisser s'en sortir si facilement, surtout que son petit frère n'avait jamais mentionné la moindre amitié depuis le début de sa scolarité.

— Ah oui ? dit-il, mine de rien. Tu dois beaucoup l'aimer cet ami pour le laisser s'amuser comme ça avec tes cheveux.

Shoto hausse encore une fois les épaules, toujours avec cet air impassible qui le caractérise.

— Il est gentil.

— Mmh mmh, fait Touya en s'installant plus confortablement dans le sofa. Dis-moi en plus.

— Y a rien à dire de plus, se défend maladroitement Shoto mais ses joues rougies prouvent le contraire. Je vais y aller.

— Et après c'est moi qui ne sait pas faire face à mes émotions, se moque Touya lorsque Shoto bondit presque du canapé pour s'enfuir vers la porte.

— Ça n'a rien à voir, je t'ai dis toutes les informations que j'avais. Maintenant il faut que je retourne au lycée.

— Oh, d'un coup le lycée est plus important que de passer du temps avec ton grand frère préféré ?

— Je n'ai pas de préféré entre Natsuo et toi, répond très sérieusement Shoto ce qui fait éclater de rire Touya. Et n'oubli pas que le gouvernement espionne tes conversations téléphoniques ! lance-t-il avant de claquer la porte derrière lui.

.

~oOo~

.

Après la fuite de son petit frère, Touya en profite pour enfiler des vêtements plus confortables que les fringues "spécial réunion avec le géniteur" puis ouvre le frigo à la recherche de nourriture plus appétante que le petit sandwich généreusement offert par son père.

Il fixe un moment le vide intersidéral qui habite son réfrigérateur avant de le refermer en soupirant. Il est grand temps de faire les courses.

Mais au lieu de se rendre au magasin, il prend le métro pour aller chez Tenko. Son meilleur doit encore être à la fac, mais Touya à le double des clés et ses placards débordent de nourritures instantanée que Tenko n'arrivera jamais à finir tout seul. En fait, Touya lui rend service en l'aidant à consommer un ou deux bols de nouilles de temps en temps. Il lui évite sans doute un infarctus ou une intoxication à manger toute cette malbouffe. Vraiment, Touya est un super ami qui se préoccupe de la santé de son meilleur pote.

C'est ce qu'il se dit, lorsqu'il s'installe dans son canapé hyper confortable, un pot de ramens fumants entre les mains et qu'il allume la console dernière génération de son ami.

Tenko n'est même pas surprit de le retrouver, sommeillant à moitié devant la télé lorsqu'il rentre en fin d'après-midi.

— Tu pourrai répondre à ton portable de temps en temps, connard, se contente-t-il de faire remarquer en guise de salutation, avant de se glisser à côté de lui pour lui foutre une raclée à Mario Kart.

— Je l'ai éteint, l'informe Touya en baillant. Il arrête pas de sonner, j'ai plein de notifs insta d'inconnus qui m'envoient des messages. Et je te parle même pas de twitter. Mec, les gens sont fous, qu'est-ce que ça peut bien leur foutre que ce putain de cambrioleur soit mon âme-soeur ? Y a même des journalistes qui veulent m'interviewer.

— Tu vas en faire ?

— Certainement pas, je vais pas les laisser écrire des merdes sur moi.

— Dommage, tu pourrais te faire payer. Ça te permettrai de t'acheter de la bouffe au lieu de piquer celle des autres, rétorque Tenko en donnant un coup de pied dans le pot de ramens vide abandonné sur la table basse.

— Quoi, je vais pas vendre mon cul au média alors que mon meilleur pote est pété de thune.

— C'est vrai, tu dois garder ton cul pour ton petit piaf maintenant, ricane Tenko.

Touya lui fourre son coude dans les côtes pour se venger, mais ça ne le déconcentre même pas assez pour lui faire perdre la course.

— Toujours aussi nul, conclut Tenko lorsque Touya finit bon dernier.

— Certains passent pas leur nuit à jouer aux jeux vidéos juste pour écraser leur pote forcé de travailler pour survivre.

— Pauvre chaton, se moque encore Tenko. Demande à ton pigeon de te filer son butin. Je suis sûr qu'il sera ravi d'être ton sugar daddy.

La remarque fait étrangement échos à ses propres pensés de la matinée et Touya ricane en lui envoyant un coup de pied dans les genoux que Tenko n'arrive pas à éviter.

— Arrête de te foutre de ma gueule, j'aimerai bien t'y voir.

— Ça risque pas d'arriver, ricane Tenko et Touya n'est pas certain d'à quelle partie de sa phrase il fait référence.

Il le pousse à l'autre bout du canapé avec ses pieds pour se venger, s'étalant de tout son long sur le fauteuil.

— Tu es vraiment le plus horrible des amis.

— On a les amis qu'on mérite, réplique Tenko et il se venge en le poussant pour le virer du canapé. En attendant, l'horrible ami que je suis, te rappelle que tu vas être en retard au boulot si tu te magnes pas un peu.

Sur le sol, Touya enfonce son visage dans le tapis moelleux (qui a bien gentiment amortit sa chute) et grogne, pas motivé pour aller bosser. Il a passé l'après-midi à somnoler entre deux parties de jeux vidéos, mais ça ne lui a clairement pas suffi pour rattraper son sommeil en retard. Trop occupé à se torturer l'esprit à cause de toute cette histoire d'âme-soeur pour vraiment se reposer. Il n'a clairement pas l'énergie nécessaire pour affronter la soirée qui l'attend, d'autant plus que le vendredi il y a toujours plus de monde qu'en semaine.

— T'es en vie ? fait Tenko en lui donnant un coup de pied dans le flanc juste pour vérifier. Je peux y aller à ta place si tu veux.

— Certainement pas, marmonne Touya sans relever la tête pour autant. T'as une mesure d'éloignement contre tous les alcools de la Terre.

— Qui a décidé ça ?

— Moi, la dernière fois que tu as foutu le bordel parce que tu avais bu une bière.

— Quoi, se défend Tenko, en lui foutant un nouveau coup. Je suis sûr que ce type l'avait bien cherché.

— C'était un mannequin en plastique, abruti !

— C'est bien ce que je dis, ces trucs font flipper tout le monde.

Finalement, parce qu'il faut bien qu'il y aille un jour (et parce que Tenko n'arrête pas de le frapper dans le ventre) Touya se résigne à quitter la douceur du tapis, certainement plus confortable que son propre lit. Il récupère ses affaires éparpillées un peu partout et en profite pour lui voler un paquet de chips puis file avant que son ami ne puisse protester.

L'appartement de Tenko est à deux rues du bar et il ne lui faut que quelques minutes de marche pour s'y rendre. En arrivant, il découvre un petit attroupement sur le trottoir devant l'entrée principale, ce qui est des plus inhabituel. Bien que le vendredi, il y ait toujours plus de monde, le Black Fog reste un petit bar de quartier fréquenté par une clientèle d'une dizaine d'habitués. Il n'y a jamais eu la queue avant l'ouverture, ni autant de nouvelles têtes que Touya n'a jamais vu auparavant. Il sent sur lui les regards lourds qui le dévisagent lorsqu'il les dépassent pour aller rejoindre la porte de service, et il est pratiquement certain que ces gens savent qui il est.

— Eh bien, fait son patron, Kurogiri, quand il le rejoint derrière le comptoir après s'être changé. On dirait que ta petite célébrité à attiré du monde.

— Ça va être un enfer, soupire Touya. Comment ils ont su que je bossais ici ?

— Un client a dû parler de toi sur les réseaux, réponds Kurogiri en haussant les épaules, et Touya se demande si ce n'est pas son patron lui-même qui à fait fuiter l'info.

.

~oOo~

.

Lorsqu'il rentre chez lui après le service le plus épuisant de sa vie, Touya ne peut même pas s'écrouler dans son canapé parce que quelqu'un s'y trouve déjà.

Il reste un instant figé sur le pas de la porte, puis jette un coup d'œil dans le couloir, remarquant seulement maintenant que les policiers en civil ne sont plus là. Il referme lentement le battant et s'appuis dessus, dévisageant l'intru, installé bien confortablement entre les coussins, ses bottes noires croisées négligemment sur la table basse.

— Tu comptes venir tous les soirs ? soupire Touya au bout d'un moment à se toiser l'un autre dans le silence.

Hawks porte toujours un masque de tissus noir qui lui couvre la moitié inférieur du visage jusqu'au nez, mais Touya voit ses yeux se plisser, une lueur amusée dansant dans ses prunelles dorées et il devine facilement son sourire.

— Seulement si tu me le demande, il répond doucement et sa voix grave un peu étouffée par son masque à quelque chose d'envoutant.

— Ça ne risque pas, rétorque Touya. J'aimerai avoir des nuits tranquilles.

— Oh mais je me ferai un plaisir de veiller sur tes nuits.

Hawks appuie ses propos d'un clin d'œil et le charme que lui trouvait Touya se rompt aussitôt. Il se demande d'ailleurs si ce n'était pas un effet du lien, ou juste à cause du manque de sommeil qui semble être en bonne voie pour devenir chronique.

Peu importe, il verra ça plus tard. Après plusieurs jours à dormir de préférence. Il va se concentrer sur le problème le plus important pour l'instant : remplir son estomac.

Il se redresse, quittant le soutien rassurant de la porte dans son dos et se dirige vers la petite kitchenette du deux pièces. Évidemment, son frigo est toujours aussi désespérément vide (mais il l'ouvre quand même, juste pour vérifier s'il ne c'est pas remplit magiquement dans l'après-midi) il ne va plus pouvoir échapper à la corvée de course bien longtemps.

— Comment t'es entré au fait ? marmonne-t-il en attrapant le reste de fromage en tranches, dernier survivant du réfrigérateur (parce qu'il a un goût de carton).

Il ne l'a pas réalisé la veille, anesthésié par la fatigue, mais sa porte n'a aucune marque de crochetage et n'a donc pas été forcé. Hawks n'escalade pas les quatre étages pour passer par la fenêtre quand même ? Ça serait suicidaire. Et particulièrement stupide vu que l'immeuble est sensé être surveillé par les forces de l'ordre.

— Un magicien ne révèle jamais ses secrets, fait Hawks et Touya entends le sourire dans sa voix. Sauf à sa jolie assistante bien sûr.

Touya roule des yeux, est-ce que ce type est vraiment en train de flirter avec lui ? C'est vraiment ça son âme-sœur ? Un mec lourd, qui pense qu'il peut l'attirer dans ses draps avec quelques phrases aux doubles sens peu subtiles ? Finalement la théorie de Shoto n'est peut être pas si bête, il n'y a aucun moyen qu'il soit liée avec un type pareil.

— Qu'est-ce que tu fais ? demande Hawks par-dessus son épaule.

Touya sursaute. D'un coup, Hawks est derrière lui sans qu'il ne l'ait entendu bouger. L'assiette qu'il vient de prendre lui échappe des mains et tombe sur le plan de travail. Le bruit strident leur fait grincer des dents mais heureusement, elle n'est pas cassée.

— Bordel ! grogne Touya. Ne fait plus jamais ça.

Il n'ose pas se retourner, sentant la présence un peu trop proche de Hawks dans son dos. Il profite d'attrapper deux tranches de pain de mie pour donner un coup de coude en arrière (qui n'atteint malheureusement pas sa cible), fourre une part de fromage entre les deux et place le tout sur l'assiette miraculée avant de l'enfourner au micro-onde.

— Alors ? insiste Hawks comme s'il n'avait pas failli lui donner une crise cardiaque.

— Croque-monsieur, souffle Touya, agacé.

Il profite d'avoir terminé la préparation de son repas pour s'éloigner du plan de travail ce qui lui permet d'observer un des épais sourcils blond de Hawks se hausser, lorsqu'il ajoute, dubitatif :

— Au micro-onde ?

— C'est pas si horrible que ça et-eh ! Qu'est ce que tu fous ?! s'exclame Touya lorsque Hawks coupe l'appareil avant la fin du minuteur et en sort son casse-croûte.

— Tu as une poêle ? l'ignore le cambrioleur en ouvrant le frigo pour attraper du beurre.

— Ça va, je te dérange pas trop ? Fait comme chez toi surtout !

Comme Touya ne paraît pas disposé à lui sortir l'ustensile demandé, Hawks se met à fouiller dans les différents tiroirs, récupérant au passage une spatule en bois.

— C'est bien meilleur à la poêle qu'au micro-onde, se justifie Hawks. Et puis, ajout-il en lui lançant un coup d'œil. Je te dois bien ça.

Il ne précise pas vraiment pourquoi. Est-ce que c'est parce qu'il squatte à nouveau son appartement ou à cause de toute cette histoire d'âme-soeur, qu'il se sent responsable (à juste titre) de tous les problèmes actuels de Touya ? Enfin, peu importe, s'il veut s'emmerder à lui faire la cuisine, Touya ne va pas l'en empêcher.

— Placard du haut, marmonne-t-il en s'adossant au meuble le plus proche.

— C'est vraiment le pire endroit pour ranger une poêle.

— Quoi, tu es cuisiniste en plus de cambrioleur ? raille Touya.

Hawks se contente de rire tandis qu'il sort la fameuse poêle, et Touya l'observe mettre le beurre à fondre à feu doux.

— Tu peux t'en faire un, si tu veux, propose Touya après avoir un peu hésité, après tout un presque inconnu lui fait à manger dans sa propre maison, il peut bien lui offrir le repas.

Hawks lui lance un regard amusé et une nouvelle fois Touya se fait la réflexion que ses iris jaunes ne peuvent pas être naturels. Il se demande quelle est la vraie couleur de ses yeux.

— C'est une tentative pour voir mon visage ? fait Hawks, les yeux rieurs. Pour manger, ajoute-t-il devant l'incompréhension visible de Touya. Il faudrait que j'enlève mon masque.

— J'en ai rien à faire de ta sale gueule ! s'énerve aussitôt Touya, mais au lieu de le prendre mal, le voleur se contente de rigoler.

— Je plaisante, assure-t-il. De toute manière, j'ai déjà mangé.

Sur ces mots, il se reconcentre sur le sandwich qu'il fait lentement griller dans la poêle, ignorant le regard noir de Touya. Ce dernier croise les bras, agacé, mais décide de laisser couler pour cette fois et se contente de fixer son invité indésirable. Il a du mal à cerner l'homme masqué qui semble plus amusé par la situation qu'autre chose. Est-ce qu'il vient seulement à cause du lien ? La nuit précédente, il disait vouloir une conversation sérieuse, mais jusqu'ici il s'est contenté de phrases bâteaux et de plaisanteries. Et maintenant il se retrouve à lui préparer un repas.

Il n'a même pas pris la peine d'enlever ses gants, noirs, comme le reste de sa tenue. Un pantalon large fourré dans des bottes militaires et un haut à capuche en lycra tellement moulant qu'il ne cache rien de ses épaules larges et musclées. Même son cou est dissimulé par le col qui se fond avec le masque de tissus qui lui couvre le nez, laissant à peine deviner l'angle de sa mâchoire. Seul le haut de son visage, ses yeux dorés allongés par un trait de liner rouge et ses cheveux blonds dont les mèches ondulés tombent sur son front, sont visibles, laissant à l'imagination de Touya d'inventer tout le reste.

— C'est prêt.

Hawks sort Touya de ses pensés quand il lui tend son assiette dont le pain bien doré et le fromage fondant lui mettent tout de suite l'eau à bouche. Pourtant il ne l'attrape pas immédiatement et dévisage le voleur dont les yeux sourient de plus belles.

— Ce n'est pas empoisonné.

— Mmph, fait très intelligiblement Touya.

Il lui prend le plat des mains et va s'installer dans son canapé. Le sandwich grillé lui brûle presque les doigts mais ça ne l'empêche pas de mordre à pleines dents dedans. Et, ouais, c'est vachement mieux qu'au micro-onde.

— Alors ? demande Hawks en le rejoignant.

Il s'assied sur le bord de l'accoudoire du côté le plus éloigné de Touya, qui hausse mollement les épaules.

— Ça passe, dit-il en reprenant une bouché, mais au vu de ses yeux brillants, Hawks est peu dupe.

— Bon, reprend Hawks après un long moment de silence. Je crois qu'il faut qu'on parle.

— Hm, ouais.

Touya se penche pour déposer l'assiette vide sur la table basse et lèche le bout de ses doigts pour les débarrasser des dernières traces de fromage fondu. Il jette un coup d'œil au cambrioleur qui le fixe, le regard un peu vague, il semble chercher ses mots et Touya ne compte certainement pas l'aider à les trouver. C'est à cause de lui, tout ça, qu'il se débrouille tout seul.

— Je..., commence finalement Hawks encore un peu hésitant. Je suis désolé, à cause de ma négligence, tu t'es retrouvé entraîné dans tout ça.

Touya hoche vaguement la tête sans répondre. Au moins il reconnaît que c'est entièrement de sa faute.

— Mais, poursuit le voleur, et ses yeux se plissent, trahissant son sourire. Je suis tout de même heureux de pouvoir te rencontrer.

Le regard inquisiteur qu'il pose sur lui rend Touya mal à l'aise. Sa gorge s'assèche et un nœud lui broie les entrailles alors que les mots "âmes-sœurs pèsent silencieusement entre eux.

Ce n'est pas son genre de fuir, au contraire il affronte les autres avec bravache. Il s'est suffisamment fait dicter sa vie par son géniteur pour savoir qu'il ne veut plus jamais laisser quelqu'un décider pour lui. Mais là, la situation lui échappe totalement.

Comment les gens réagissent lorsqu'ils rencontrent leur lié pour la première fois ? Est-ce qu'ils se sautent dans les bras ? Même s'ils ne connaissent rien de l'autre ? N'est-ce pas étrange de désirer le contact d'un inconnu, qu'ils auraient sans doute ignoré s'ils n'avaient pas eu les mêmes empreintes ? Pourquoi devrait-il laisser un soi-disant destin choisir quelqu'un pour lui ? Tout ça n'a aucun sens.

Il n'a jamais vraiment réfléchi au fait d'avoir une âme-sœur. Il sait qu'il en a une, comme tout le monde. Mais il n'a jamais pensé pouvoir la rencontrer un jour, et encore moins dans de telles circonstances. Avant on ne donnait ses empreintes qu'entre familles proches ou parfois dans des agences de dating. Le dossier dactylogrammes est une première au niveau national et beaucoup de personnes sont encore hésitantes, persuadé qu'il s'agit d'un système de contrôle mis en place par le gouvernement. Si Touya avait donné ses empreintes le jour de sa majorité c'est parce que son père lui avait strictement interdit de le faire. C'était un moyen de rébellion comme un autre, une façon de fêter ses dix-huit ans. Il ne s'attendait pas à ce que son âme-soeur fasse de même et n'avait fonder aucun espoir de la rencontrer de cette manière.

Mais maintenant, elle se retrouve face à lui. Tout ça lui paraît totalement irréel et il ne peut s'empêcher de répliquer, plus abruptement qu'il ne l'aurait voulu :

— Mon frère pense que c'est un piège.

Il n'avait pas prévu d'en parler, mais il a besoin de mettre une certaine distance entre Hawks et lui. Il ne croit pas vraiment à la théorie de son frère. Ou plutôt, il aimerait beaucoup qu'elle soit fausse parce qu'il à déjà développé un certain affect pour le voleur. Pas de l'amour, loin de là, mais plutôt une sorte d'affection induite par le fait de savoir qu'il est son âme-sœur. Un peu comme l'attachement inné qui se crée entre un enfant et le chiot qu'on lui offre à Noël. Pas que le voleur soit un chien. Au contraire, c'est un humain. Et Touya ne peut s'empêcher d'appréhender l'intérêt ambigu sorti de nul part qu'il ressent pour cet inconnu. Ça pourrait être un effet secondaire du lien, un genre de coup de foudre un peu étrange et incompréhensible. Ou tout simplement une création de son cerveau sursaturé par les événements qui s'enchaînent dans sa vie depuis deux jours. Mais tout ça va trop vite, et cette perte de contrôle sur ses propres sentiments, ça lui fait peur.

— Un piège ? répète Hawks, surprit.

— Une ruse du gouvernement pour te capturer.

— Ah oui ? Et toi, tu en penses quoi ?

Passé le moment d'étonnement, le voleur semble finalement peu affecté par l'information. Comme si elle n'était pas importante. Ou qu'il n'y croit tout simplement pas. Ses iris dorés flamboient presque sous l'intensité du regard qu'il pose sur Touya, attendant son avis.

Encore une fois, Touya sent une pression désagréable peser sur ses épaules. Il sait très bien la réponse que Hawks attend de lui. Et c'est quelque chose qu'il ne peut pas lui donner.

Alors il se contente de hausser les épaules, feintant la désinvolture.

— J'en ai rien à foutre, souffle-t-il. Je veux juste qu'on me fiche la paix.

Il évite les yeux jaunes qui cherchent les siens et récupère son assiette vide pour aller la déposer dans l'évier. Il attrape également la poêle utilisée par Hawks et se met à faire la vaisselle, se servant de ce prétexte pour ne pas avoir à affronter le regard scrutateur du voleur. Il redoute d'y lire une émotion qu'il n'a pas envie de connaître. Que ce soit de la colère, de la tristesse, de la compassion, ou pire : son approbation.

— Je vois, fait Hawks dans son dos et Touya ne parvient pas à déterminer ce que le voleur peut bien en penser. Eh bien, c'est pour ça que je suis venu, reprend t-il après un instant de silence. J'ai une solution pour qu'ils te laissent tous tranquille.

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