n31 - Mon Garçon


J'avais fini par m'endormir sur le canapé d'Hisoka, affalé sur Gon, lui aussi en train de dormir.
En me réveillant, la première chose à laquelle j'avais pensé avait été de regarder l'heure, ensuite j'avais réalisé ma position et avait un peu rougis.
Ma main dans les cheveux de Gon, je commença à les caresser doucement, pour ne pas le réveiller.
Sa bouche était légèrement entrouverte et il bavait un peu, il avait l'air paisible.

Mon regard dériva et tomba sur sa main, frôlant mon ventre découvert.
Je profitait de la friction quelques secondes et embrassa sa joue doucement, avant qu'il ne se réveille, ses yeux papillonnant adorablement.
J'aime tellement me réveiller à ses côtés, ça me tuera un jour.

Il réalise notre position et se recule brusquement, le rouge aux joues.

Je me demande quand est ce que l'un de nous deux finira par s'avouer nos attirances mutuelles.
Même en sachant que c'est réciproque- parce que c'est assez évident quand on y reflechit- j'ai l'impression de ne pas pouvoir lui dire.
Je suppose qu'il n'a pas besoin de quelqu'un comme moi dans sa vie, et qu'inconsciemment, j'essaie de le protéger. C'est un peu pathétique, je crois.

Je soupire tristement, et vois Gon froncer les sourcils en fixant un point derrière moi. Je me retourne et réalise ce que mon meilleur ami regardait.
Un tas de photographies trainent sur la table, celles de la dernière fois, celles d'aujourd'hui, et finalement, quelques unes de nous en train de dormir.

Ce gars est plus flippant que la saison deux d'American Horror Story, bordel.

-Celle ci est jolie. Dit Gon, montrant une photo où je suis seul, juste debout, regardant sur le cote, les mains jointes et les jambes un peu écartées.

-C'est moi.

-Oui, j'avais remarqué.

Je roule des yeux et passe une main dans mes cheveux blancs, avant de fouiller dans les photos et de finalement m'arrêter sur l'une d'elle.

Gon était assis sur le tabouret, les jambes écartés et les coudes sur les genoux, mains liées et le regard dur.
Mes yeux tombent sur ses jolies jambes bronzées, fines et musclées. Je me prend à vouloir les caresser, vouloir serrer sa tignasse de cheveux dans mes mains, lier mes doigts aux siens.

-Tu es beau sur celle ci. Finit par dire Gon, résonnant avec mes pensées actuelles.

Je fronce les sourcils, ha oui, je suis sur la photo moi aussi. Bordel, j'étais tellement concentré sur sa beauté que j'en avais oublié la mienne.
Woaw, heu, ça sonne super mégalomane, c'était pas voulu, hein.

Soudainement, je réalise qu'il vient de me faire un compliment et je sent mon sang monter jusqu'à mes joues, et remarque enfin qu'il me fixait depuis je ne sais pas combien de temps.

Je me tourne vers lui et nos lèvres se frôlent presque. C'est tellement ordinaire comme situation, tellement nous.

A croire qu'il y a vraiment un nous, finalement.

J'allais pour m'avancer d'avantage quand je réalise qu'on est toujours chez Hisoka, en face d'une pile d'images de nous dans des positions plus ou moins équivoques. Je souffle en fronçant les sourcils, dépassé par cette situation.
Gon recule et semble vexé, puis respire grand et reprend contenance.

Je suis tellement con, putain.
Au moins je le réalise, c'est bien.
Merde, j'en ai marre.

-Apres toute cette histoire, j'ai un endroit à te montrer, t'es libre ce soir ? Je finis par demander, plein d'espoirs dans la voix.

Il retourne brusquement la tête vers moi, surpris et entre ouvre la bouche. Il hésite à dire quelque chose avant de se raviser.

-C'est un rencard ?

Ha bah non, il ne s'est pas ravisé. Il aurait du, je pense.

-Oui.

Et il écarquille les yeux, et je pouffe de rire, il est beau, tellement tellement beau.

❆☼❆

Gon Freecs

Le temps passe et Hisoka reprend quelques photos supplémentaires, parce qu'il le peut, avant de nous libérer vers 20h, pour une raison que j'ignore. Il a été trop gentil aujourd'hui, trop simple, ça cache quelque chose.

Ou alors c'est juste un mec qu'on juge mal parce qu'on a des esprits étriqués qui ne supportent pas la différence.

Mdr, non, c'est lui qu'est bizarre, c'est tout.

-Allez viens, tu vas voir, c'est trop bien. S'enthousiasme Killua, me prenant la main.

Ce qu'il m'a dit tout à l'heure résonne dans ma tête, sans arrêt depuis que j'ai réalisé l'importance que ça avait eu.
Il a dit que c'était un rencard, et je ne sais pas, j'étais tellement surpris, je n'ai même pas pris le temps d'observer son visage, pour y déceler de l'humour ou autre chose me confirmant s'il était sérieux ou non. Peut être que c'était ironique, je ne sais pas, je suis complètement choqué et mes oreilles fument depuis.
Sa peau frottant la mienne me brûle, et j'essaie de suivre ses pas rapides sans tomber.

Il court tellement vite, je suppose que c'est l'idée de sortir avec un assassin, il est athlétique.

Tante Mito a dit « Ne prend jamais rien pour acquis, surtout pas quelqu'un. »

Mais j'ai besoin d'aide, je suis terrifié, et je sais que lui aussi, et pourtant il me tiens la main, comme si c'était ordinaire. Et d'une certaine manière ça l'est, parce que c'est nous et que ça a toujours fonctionné de cette manière. Mais c'était mon rôle de lui tenir la main, de le rassurer alors qu'il était effrayé et perdu. Les rôles se sont inversés, et je ne sais pas ce que j'en pense.

Quand je sors de mes pensées, les lampadaires de la rue agressent brutalement ma rétine et ma main est toujours enlacée à celle de mon meilleur ami.

Je le vois sourire soudainement et il tire sur ma main avant de tourner à droite, et je réalise qu'on pénètre sur une propriété en chantier.
Ce sont de grands immeubles en bétons encore en travaux, dont il manque encore les vitres et où traînent quelques pots de peintures vides. Des palettes de bois sont empilés à côté d'une porte vitrée- sans pourtant aucune vitre- Qui est grande ouverte.

Killua tire sur ma main et nous fait rentrer à l'intérieur.

-C'est pas illégal ce qu'ont fait, la ? Demandais-je et Killua se tourna vers moi avant de se laisser aller à un rire franc.

Il redresse la tête vers moins, le fantôme de son sourire élargissant encore ses traits, les sourcils haussés.

Il est magnifique.

-Gon, je tue des gens, c'est pas une infraction dans un petit bâtiment isolé qui vas m'avoir, tu sais.

Il lance un second rire qui résonne dans la pièce et lache ma main, s'enfonçant dans le couloir sombre. J'allume immédiatement mon téléphone et éclair mon chemin avec le flash. J'observe Killua au dessus de moi, escaladant les marches dans une souplesse fascinante, les mains dans les poches comme si ça ne lui demandait aucun efforts. Ses mouvement sont précis et rapides, et ne font presque aucuns bruits.

Un vrai tueur professionnel, non mais je vous jure comment il se la pete, impressionnant.
Non je rigole, il est trop beau, je suis un gros fanboy la tout de suite.
Il doit y avoir de la bave sur le sol tellement je suis en train de me liquéfier.

Il se retourne vers moi, toujours les mains dans les poches et dans une nonchalance apaisante, et m'observe en fronçant les sourcils.

-Ça te dérange pas, je veux dire, si t'es pas à l'aise avec l'idée et tout ... Il fait traîner la fin de la phrase, ses yeux de chatons me suppliant.

Honnêtement, je ne suis pas très bien dans l'idée, mais il a l'air d'y tenir, et je vendrais mon âme rien que pour voir un sourire passer la barrière de ses lèvres, alors je hoche la tête et il exauce mon souhait avant de reprendre sa route.

La nuit a fini par tomber juste après qu'on ait quitté la demeure d'Hisoka, et nous arrivons au dernier étage de l'immeuble, Killua tourne à droite et semble chercher quelque chose.

-Essaie de trouver une échelle, il doit y en avoir une pas loin.

Il jette des coups d'œil partout et son visage s'illumine quand il en aperçois une sur un des balcons. Il ouvre la porte sans hésiter et se met à la soulever sans aucun problème. Je vois ses muscles se contracter sous l'effort et il me faut quelques secondes pour reprendre ma respiration.
Il me tuera, c'est certain.

Il positionne l'échelle en dessous d'une trappe au plafond grande ouverte que je n'avais même pas remarqué, vérifie qu'elle est stable et une fois cela fait, il se décale. Il me tend une main et m'incite à monter et fais une révérence ridicule.

J'attrape sa main en roulant des yeux et pose mon premier pied sur l'échelle. Je comprend rapidement que celle ci monte vers le toit et la détermination augmente, alors je grimpe en essayant de paraître le moins ridicule possible. Je suis agile et doué en sport, mais à côté de lui, je suis pire qu'une crevette grise.
Je tremblote légèrement et une fois arrivé en haut, je souris fièrement. Je me retourne pour le voir galerer autant que moi et qu'elle déception quand je le vois monter dans la même aisance que toute à l'heure.

Putain Killua tu casses les couilles à être parfait.

Une main attrape la mienne, et il m'emmène près du bord du toit. Il s'assoit face à l'horizon, les jambes pendues dans le vide, les bras appuyés sur le rebord. J'ai un peu peur qu'il tombe, et je vais pour le mettre en garde quand je me rappel que je ne suis pas sa mère, je me ravise donc et m'assois dos au vide, les pieds biens posés sur le sol.

-Tu regardes pas la vue ? Il demande et semble un peu déçu, alors je tourne la tête vers l'arrière et mes yeux s'ouvrent grand.

Je n'avais même pas réalisé la vue qui s'offrait à moi, et je m'en veut un peu. Je suis tellement tétanisé à l'idée qu'on se fasse prendre où meme par le fait que j'ai un rencard avec mon meilleur ami que je n'en profite pas.
Et quand je vois les lumières de la ville scintiller comme des étoiles peintes sur une nuit aux nuances violettes et oranges, et que des halos de lumières brillent au dessus de nous juste aux côtés d'une pleine lune à couper le souffle, alors je réalise.
Cet endroit est magnifique, et illégale ou pas, je suis content d'être venu ici.

-C'est fantastique, Killunet.

Un grand sourire illumine son visage et je trouve qu'il est vraiment souriant aujourd'hui, ce qui parait un peu louche pour Killua, le grand déprimé.

Je finis par me mettre dans le même sens que lui et sa main frôle la mienne alors qu'un frisson me parcoure. Il fait froid, un peu.

-Tu as froid ? Merde, si j'avais eu une veste je te l'aurais prêté. Désolé.

Je tourne ma tête vers lui et mon crâne tombe sur son épaule. Il entrelace nos doigts.

-Ne t'excuse pas, c'est génial. Chuchotais-Je contre son cou en observant la ville, mes cheveux virevoltant dans le vent, chatouillant sa nuque.

Il craque légèrement son cou et se repose sur mon crâne, puis embrasé le haut de ma tête.

Ça y est, c'est la, c'est maintenant.

C'est l'apogée, l'explosion, le paroxysme.

-Gon, dit, tu voudrais être mon copain ?

Mais je n'avais jamais répondu, je n'aime pas les étiquettes, nous sommes ce que nous sommes, et nous verrons bien plus tard ce que c'est supposé représenter. J'avais seulement souris, et l'avais embrassé tendrement, sur le toit de YorkShin, enlacé dans les bras de ce garçon.
Mon garçon.

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