ChapitreIX : Premiers pas vers l'inconnu

(Démarrez la vidéo , baissez votre volume et détestez vous. Bonne lecture ) .

Acte1🟤:  Mariage et poids du devoir


« Il faut savoir se tourner vers l'avenir avec courage, car chaque nouveau départ est une chance d'inventer un avenir meilleur.» Albert Camus















Adeola.




Nous arrivons à Johannesburg tard dans la nuit. J'ai dormi tout le long du voyage, mon corps cédant à son mécanisme automatique face au stress, qui n'a cessé de croître à mesure que l'avion se rapprochait de sa destination. Le stress d'être à nouveau près de lui. Et maintenant , je me retrouve dans l'incertitude, ne sachant pas ce qui m'attend.

Ewia, endormie dans mes bras, m'a réconfortée pendant le vol. La petite s'est rapidement attachée à moi, tout comme moi à elle. Elle et son frère, assis à mes côtés, sont devenus mes petits anges gardiens, leur habitude de prendre l'avion rendant ce trajet plus supportable.
Tandis que j'attends les autres qui descendent lentement et que le personnel s'occupe de nos innombrables bagages, je berce doucement la petite pour éviter qu'elle ne se réveille. Ses petits mouvements me ramènent à la réalité, à cette ville qui s'étend devant moi.

Lorsque les bagages sont enfin récupérés, René prend les devants pour nous mener hors de l'aéroport privé.
Dimitry court immédiatement vers un véhicule où son père l'attend. Leur rencontre éclate en rires joyeux.

Mon regard, cependant, se fixe immédiatement sur Ryan. Mon cœur rate un battement. Sa présence, imposante, accentue mon stress déjà palpable, et sa manière de me fixer me donne l'envie irrésistible de disparaître sous terre. Il s'avance vers moi, et c'est à ce moment précis qu'Ewia se réveille, réclamant son attention en tendant ses petits bras vers lui .

"Merci, petite,"murmuré-je silencieusement.

— Bonne arrivée,dit-il, d'un ton neutre, comme si rien ne pouvait le troubler.

—Me... merci, bégayé-je, incapable de dissimuler ma nervosité.

—Que c'est beau l'amour, lance Lala, amusée par la scène.

Je remercie mentalement la nuit qui masque mon visage. Si seulement il faisait jour, tout le monde aurait vu à quel point je tremble de gêne.
Ryan prend Ewia dans ses bras, et je sens un poids se lever de mes épaules, mais mes jambes, elles, menacent toujours de céder.

— Je croyais que tu devais rentrer directement à Londres, questionne-t-il sa sœur, son ton se faisant plus sévère.

— Hey oh, t'es pas mon père non plus, je fais ce que je veux, réplique-t-elle en s'éloignant, ses talons claquant contre le sol.

Ryan se tourne vers moi, me faisant signe de le suivre. J'obéis sans un mot, mes pas hésitants derrière lui.
Il m'ouvre la portière d'une voiture magnifique, un modèle à la fois élégant et séduisant, qui semble taillé sur mesure pour lui. Je m'installe.

— Lesquelles sont tes affaires ? demande-t-il.

Je lui indique mes valises du doigt. Il s'éloigne avec Ewia, qui s'amuse à gratter sa barbe.

J'entends le coffre se refermer quelques minutes plus tard, puis il prend place à côté de moi, bouclant sa ceinture. Je l'imite, mes mains légèrement tremblantes.

—Comment tu vas ? Sa voix brise le silence.

— Je vais bien, réussi-je à articuler, même si ma voix trahit mon malaise.

—Content de l'entendre ,répond-il, démarrant la voiture.

Alors que nous roulons dans la ville, je ne peux m'empêcher d'observer Johannesburg à travers la vitre.
Les rues sont calmes, presque désertes à cette heure tardive. Les gratte-ciel illuminés se dressent majestueusement, leurs lumières se reflétant sur les vitres des immeubles environnants. Des enseignes au néon clignotent, ajoutant une touche de couleur à la nuit sombre. .

À un feu rouge, Ryan me demande si j'ai faim.
Je secoue la tête, incapable de dire plus qu'un "non" timide. Les pâtisseries que j'ai englouties dans l'avion suffisent à apaiser mon estomac noué.

Nous quittons le centre urbain pour nous enfoncer dans un quartier plus calme.Les maisons ici sont somptueuses, se distinguant toutes par leur architecture unique.

Une grande grille s'ouvre devant nous, et la voiture s'engage dans une allée bordée de végétation luxuriante. Le moteur s'arrête enfin, marquant la fin de notre voyage.

—Bienvenue chez moi, dit-il en refermant le coffre.

— Merci,murmuré-je, toujours aussi intimidée.

Je l'aide avec le reste des valises, que nous déposons dans le salon. Celui-ci est d'une élégance sobre, un style minimaliste aux tons gris et beiges. Une gigantesque lustre circulaire trône au milieu du plafond, baignant la pièce d'une lumière douce, presque féerique.

—Suis-moi, dit-il, me tirant de ma contemplation.

Je le suis à l'étage, où il ouvre une porte et m'invite à entrer.
— Ce sera ta chambre. Installe-toi. Il est tard, on discutera demain.

Sur ces mots, il tourne les talons et monte encore plus haut, disparaissant à l'étage supérieur. Je prends une grande inspiration avant d'entrer dans ce qui sera désormais ma chambre.
La pièce est vaste, bien plus grande que celle que j'avais à Lagos. J'allume les quatre éclairages au plafond, qui inondent l'espace d'une lumière chaude. Le lit, immense, trône au centre de la pièce, flanqué d'un petit bureau, d'une coiffeuse, et d'un miroir qui dépasse largement ma taille. Une porte à droite mène à une salle de bain attenante et à un dressing qui pourrait bien être une chambre à part entière.

Je monte le reste de mes affaires, ferme la porte et file sous la douche. Une fois changée, j'explore l'extérieur par la fenêtre. La vue donne sur un jardin parfaitement entretenu, illuminé par de petites veilleuses, et ce qui semble être une piscine étincelante au clair de lune.

J'ouvre un tiroir du meuble bas qui contient des draps et des serviettes. Après avoir fait mon lit, je m'y glisse, les yeux rivés sur le plafond.

Le canapé long de la villa me manque déjà. Comment vais-je faire pour occuper tout l'espace de ce lit ? Mes pensées vagabondent alors que je place les oreillers d'un côté pour tenter de me sentir moins seule.

Finalement, je m'endors, enveloppée dans une couverture qui m'offre une douceur réconfortante.

Le lendemain matin, c'est la faim qui me tire du sommeil. Les rayons du soleil caressent doucement mon visage, filtrant à travers les rideaux, comme pour m'encourager à me lever.

Mon estomac grogne, rappel cruel de tout ce qui a changé.
.Je m'extrais du lit, la tête encore lourde des événements récents. Une douche rapide me réveille tout à fait, mais la nervosité qui m'habite ne s'évacue pas aussi facilement.

En descendant les escaliers, mon cœur rate un
battement. Il est là, de dos, au milieu du salon. Son allure imposante et la froideur de la maison accentuent mon malaise.

Mon cœur s'emballe.

.— Bonjour, murmurai-je, ma voix à peine un souffle alors qu'il se retourne lentement pour s'asseoir dans le canapé.

Il se retourne lentement, ses gestes mesurés, pour s'asseoir dans le canapé. Sa présence remplit la pièce, et je me sens petite, insignifiante. Il porte un costume cravate cendre, impeccable, chaque détail soigneusement choisi. Il dégage une autorité presque intimidante, contrastant avec mon malaise grandissant

Dans une main, une tasse de café, dans l'autre, son téléphone. Il me regarde, et je sens mon estomac se nouer.

—Bonjour, répond-il avec une voix grave et posée. Comment s'est passée la nuit ?

—J'ai... bien dormi, balbutié-je, mes mots se perdant dans l'air avant d'atteindre leur destination.

Je me sens ridicule, vulnérable sous son regard scrutateur.

Il me fixe, et pendant un instant, je me demande ce qu'il voit en moi. Puis, d'un geste nonchalant, il me fait signe de m'asseoir face à lui. Mes mains tremblent légèrement lorsque je m'installe. Il pose sa tasse sur la table basse, entre nous, à côté d'un petit sac.

Mon cœur bat toujours la chamade. Qu'est-ce qu'il attend de moi ?
Sans un mot, il pose sa tasse sur la table basse, révélant un petit sac posé à côté. Ses mouvements sont mesurés, précis. Il sort une boîte d'iPhone du sac et me la tend.

— Un nouveau téléphone et ton opérateur économique,dit-il. J'y ai enregistré mon numéro. Appelle-moi si tu as besoin de quoi que ce soit.

Je prends la boîte, mes doigts frôlant les siens, une brève mais intense sensation de froid contre ma peau chaude. Il enchaîne en me tendant une carte bancaire et un papier avec quatre chiffres inscrits dessus. Je ne pose aucune question, comprenant immédiatement ce que cela signifie. Puis, il me tend une clé de voiture.

— Mon père t'a offert une voiture. Elle est dans le garage. Tu peux la conduire pour te familiariser avec le quartier. Un chauffeur te sera assigné dans la semaine...

—Non, le coupé-je, ma voix tremblant légèrement. J'aime conduire moi-même.

_ Très bien

Il lève un sourcil, mais ne proteste pas. Il continue, toujours sur ce ton neutre et détaché

— La maison est composée de deux étages. De ce côté se trouve la cuisine, tu peux l'utiliser, mais j'ai horreur de la saleté. De l'autre côté, il y a la buanderie et une petite bibliothèque, tu peux les utiliser aussi. À ton étage, au fond, il y a mon bureau. N'y entre pas. Le deuxième étage est également interdit. Le jardin est à ta disposition, mais fais attention où tu mets les pieds. À part mon bureau et le deuxième étage, tu peux disposer des autres pièces comme bon te semble.

J'acquiesce, enregistrant chaque mot, essayant de ne pas montrer que mon cœur s'emballe à l'idée de cette cohabitation étrange. Il jette un coup d'œil à sa montre, puis se lève avec une aisance naturelle

— J'allais oublier, ajoute-t-il. Les lundis, mercredis et vendredis, deux femmes de ménage passeront. Et le vendredi, c'est le jardinier. Je te les présenterai plus tard. Quelqu'un va aussi passer pour installer un coffre-fort dans ton dressing. Les cadeaux de mariage envoyés par les invités se trouvent dans cette pièce. Ouvre-les. Mange et prends soin de toi. Si tu as des inquiétudes, appelle-moi

Sur ces mots, il tourne les talons et quitte le salon sans un regard en arrière. Quelques minutes plus tard, j'entends le vrombissement du moteur de sa voiture qui s'éloigne. Le silence retombe sur la maison, m'enveloppant comme une couverture trop lourde ,marquant le début officiel de cette nouvelle vie.

"Sacrée nouvelle vie," murmuré-je pour moi-même, un soupir léger s'échappant de mes lèvres. Le silence qui s'ensuit est assourdissant.

Je reste là un moment, seule, essayant de comprendre en quoi ma vie s'est t'il changer .

Puis, poussée par une vague de résignation, je me lève et me dirige vers la cuisine. C'est un espace vaste et lumineux, décoré avec le même soin que le reste de la maison. Tout est en ordre, presque trop parfait. Les serviettes, les tasses, les couverts, les appareils électroménagers ,tout est à sa place, chaque chose minutieusement organisée. Cette précision maniaque me met mal à l'aise.

Je ouvre le frigo remplis soigneusement de la même précision maniaque , sort deux œuf .
Je sors une petite poêle, casse deux œufs, et tranche un morceau de pain. Le silence est pesant, seulement interrompu par le crépitement des œufs dans la poêle. Le simple geste de cuisiner m'apaise un peu, mais la tension ne disparaît pas totalement
Assise sur un tabouret près de l'îlot central, je mange en silence, observant les moindres détails de la cuisine comme si j'essayais de m'y ancrer.
En allumant le nouvel iPhone, un message s'affiche immédiatement.

De Ryan :

*Code d'entrée : 130492
Code wifi : 25EmRy13*

Je fixe l'écran, un peu perdue. Si je n'avais pas allumé ce téléphone, je serais restée enfermée sans moyen de communication.
Un frisson me parcourt, mais je le chasse rapidement. Après avoir terminé mon petit déjeuner, je lave la vaisselle, essuie l'îlot pour ne laisser aucune trace de mon passage, puis je retourne dans ma chambre pour finir de déballer mes affaires

Le reste de la matinée se passe dans un état de semi-automatisme. Je range mes pagnes, accessoires, bijoux, et produits dans les tiroirs et placards disponibles. Chaque geste est empreint d'une certaine mélancolie, un souvenir fugace de la maison que j'ai laissée derrière moi.

L'après-midi avance lorsque la sonnette retentit, me tirant brusquement de mes pensées. Mon cœur s'emballe, une pointe de panique me saisit. Je me dirige vers l'interphone, la voix un peu tremblante.

—Qui est-ce ?

— Bonjour Madame,répond une voix masculine. C'est Monsieur qui nous envoie. C'est pour le coffre-fort.

— Oh... j'arrive.

Je descends les escaliers, ouvre la petite porte de service et laisse entrer deux hommes. Ils me saluent poliment, mais leur présence me met mal à l'aise.
Je leur montre le chemin, leurs outils en main, tandis que je les suis à distance, ne sachant pas vraiment où me mettre.
Les minutes s'égrènent, me paraissant interminables, jusqu'à ce qu'ils finissent enfin leur travail. Ils m'expliquent rapidement le fonctionnement du coffre, puis s'en vont sans un mot de plus.

Je termine de ranger mes affaires. Il est déjà 19 h. Mon estomac grogne à nouveau, me rappelant qu'il est temps de manger.

Je me rends dans la cuisine, mais mes pensées sont ailleurs, tournant sans cesse autour de Ryan. Devrais-je lui envoyer un message pour lui demander s'il souhaite que je cuisine pour lui ? Ou ce qu'il aimerait manger ?
Je vais vivre chez lui et à ses crochet pendant un moment autant servir à quelque chose.
Mon pouce flotte au-dessus de l'écran, hésitant, avant que je n'efface le message . Je tape et efface plusieurs messages, incapable de trouver les mots justes. Chaque tentative me laisse plus confuse que la précédente.

Soudain, le téléphone vibre dans ma main. Un message de Ryan.

De Ryan :

Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as besoin de quelque chose ?

Je prends une profonde inspiration avant de répondre.

Moi :

Je voulais juste savoir à quelle heure tu rentres ?

De Ryan :

Ne te préoccupe pas de moi, fais ce que tu veux et va dormir.

Le ton est ferme, presque autoritaire , comme s'il s'agit d'un ordre .Je repose le téléphone, l'éteignant d'un geste brusque.

Je me prépare un simple jollof rice, une recette simple et rapide .
Après avoir mangé, je sors dans le jardin pour profiter de la fraîcheur de la nuit. Les étoiles brillent au-dessus de moi, et l'eau de la piscine scintille doucement. Je m'approche du bord, hésitante. Je ne sais pas nager, un détail qui me semble soudain terriblement important. L'idée de me noyer seule ici, dans cette maison silencieuse, m'envahit d'une peur sourde.

Je m'éloigne de la piscine et me dirige vers une balançoire, installée près des parterres de fleurs. Le vent est doux, presque apaisant. Je me balance doucement, les pensées vagabondant, perdue dans ce nouvel univers qui m'est encore étranger.

Il est près de 21 h lorsque je décide de rentrer. Toujours aucune nouvelle de Ryan. La maison est plongée dans l'obscurité, seulement éclairée par la lumière tamisée des lampes.
Je verrouille partiellement la porte d'entrée, un geste instinctif pour me sentir en sécurité,m'assurant que tout est en ordre, puis je monte dans ma chambre.

Le jour suivant, je rencontre les femmes de ménage, deux femmes d'âge mûr, amicales mais discrète. Leur présence me rassure un peu. Après leur passage, je m'attèle à déballer les cadeaux de mariage, plus de soixante présents en tout. Je ne reconnais aucun des noms sur les cartes, maischaque cadeau semble avoir été choisi avec soin.

Parmi les cadeaux, je trouve des livres de cuisine, ce qui m'arrache un sourire. Les cuisines, ici, sont une œuvre d'art en elles-mêmes, et j'ai hâte d'y créer quelque chose de délicieux. Il y a aussi des serviettes de table, des bouteilles de vin et de champagne, des albums photo, des bougies parfumées... Je tombe même sur des réservations pour un week-end romantique, et je ris doucement, un rire teinté de mélancolie. Ces attentions me touchent, même si elles viennent de personnes que je ne connais pas.

Le soir, je guette son retour, mais il rentre tard, encore une fois. Il monte directement à l'étage, ne s'atardant sur aucune interaction. Le lendemain matin, en me levant, je trouve un carnet d'adresses sur la table basse du salon. Ryan est déjà parti. Sa voiture n'est plus dans le garage.

Au bout de deux semaines, je commence à ressentir un ennui lancinant, malgré les longues heures que je passe à discuter avec Ife. Quatre heures par jour au téléphone, c'est presque devenu une habitude. Pourtant, la maison me semble de plus en plus grande, de plus en plus vide.

Ryan, lui, rentre tard le soir, repart très tôt le matin, comme une ombre qui s'efface à chaque instant. Le week-end, il s'accorde une grasse matinée à ce que je pense ou disparaît rapidement dans son bureau ou sort, me laissant seule avec mes pensées.
Nous ne nous parlons pas beaucoup , juste des politesses échanger lorsqu'on se retrouve dans une même pièce. Notre silence est paisible, laissant une distance visible entre nous que aucun de nous ne cherche à raccourcir

Mardi, 10h23.

Ce matin, une fine pluie a balayé la ville, laissant derrière elle une fraîcheur agréable. Je me sens perdue, cherchant désespérément comment occuper ma journée. Lagos me manque terriblement. Là-bas, j'avais toujours quelque chose à faire, quelqu'un à voir , quelque chose à fuir . Ici, je me sens emprisonnée dans cette maison trop parfaite, trop silencieuse.

Je scrolle sans but sur Instagram, et tombe sur une publication de Lala. Elle déguste une glace, l'air insouciant, et sa photo, postée il y a seulement quelques minutes, a déjà récolté une multitude de "j'aime" et de commentaires. Son compte est certifié, rien de surprenant. Elle dégage une énergie que je trouve contagieuse, et je me rends compte à quel point je n'ai plus eu de nouvelles d'elle, de Solaya ou de René depuis l'aéroport. Elles avaient été si aimables avec moi. Je décide de lui envoyer un message, sans vraiment réfléchir.

À peine le message envoyé, Lala me répond instantanément, me demandant mon numéro. Je lui envoie, et quelques minutes plus tard, je reçois un appel WhatsApp.

Je décroche.

— Hello girl ! commence-t-elle avec son enthousiasme habituel.

— Hello, comment tu vas ? lui demandé-je, un sourire se dessinant malgré moi.

— Tu sais même pas ! J'ai passé la semaine à harceler ton mari pour avoir ton numéro, mais évidemment, ce type m'a bloquée ! Il ne m'aime pas, et je te plains d'être avec lui. Il est au moins gentil avec toi, j'espère ?

Je sens une vague de malaise monter en moi, mais je tente de rester positive.

— T'inquiète, il est gentil avec moi, dis-je en espérant que cela suffise.

— Bon, qu'est-ce que tu fais aujourd'hui ? me demande-t-elle, sa voix pétillante à l'autre bout du fil.

— Je ne sais pas, je viens de finir ce que j'avais à faire, répondis-je avec un soupir à peine audible.

— C'est parfait ! Je vais te faire découvrir un peu de Jozy. Habille-toi, la princesse de jozy arrive !

Cela me fait rire.

— D'accord, réponds-je en souriant.

— J'espère que ton mari hystérique n'est pas là ? ...Je peux l'appeler hystérique ? Même si c'est ton mari, je peux l'insulter un tout petit peu en ta présence ?

Je ris encore une fois, la voix de Lala me rassure et me met à l'aise.

— J'accepte "hystérique". Il est parti travailler, de toute façon.

— Parfait ! Prépare-toi, j'arrive.

Une trentaine de minutes plus tard, Lala arrive, au volant d'une magnifique voiture blanche, vêtue d'une robe rose pâle qui moule parfaitement son corps de mannequin et de grandes lunettes de soleil. Elle rayonne, et je ne peux m'empêcher d'admirer sa confiance. Je la rejoins, vêtue d'une robe plus simple, fleurie. Elle me promet de m'intégrer totalement après cette journée.

— Alors, c'est quoi le programme ? lui demandé-je en m'installant à ses côtés.

— Je suis le programme ! lance-t-elle en riant, avant d'appuyer sur l'accélérateur. Commençons par le quartier le plus proche !

Entre shopping, visites et restaurants, je n'ai pas une minute pour m'ennuyer. Lala me traîne de magasin en magasin dans un immense centre commercial, me faisant essayer des vêtements tout en se défiant de toucher le plafond de la carte bancaire de son frère.
À un moment, je dois l'arrêter, terrifiée par la somme que nous avons déjà dépensée.

Je n'ai jamais dépensé autant de ma vie.

Même si Ryan est gentil avec moi, il ne faut pas en abuser. Je repense à ma belle-mère, toujours prête à me rappeler que je n'ai jamais travaillé de ma vie et que personne ne voudrait d'une matérialiste comme moi. Les seuls billets que je pouvais dépenser sans culpabilité étaient ceux de mon salaire, quand je travaillais dans l'équipe marketing.

Lala insiste pour que nous fassions un dernier restaurant avant de nous séparer, car elle risque de manger seule à la maison. René est en voyage, et moi aussi, je me retrouve souvent à manger seule. Nous profitons donc de cette soirée ensemble.

Deux verres de vin suffisent à me rendre légèrement pompette, un contraste frappant avec les deux verres de whisky amer que j'avais enfilés lors de ma nuit de noces. Le stress, c'est quelque chose qui ne me quitte jamais vraiment.

Lorsque nous arrivons devant la maison, je prends mes sacs et la remercie pour cette journée.

— Merci pour la journée, Lala.

— T'inquiète, je suis là pour un bout de temps. Mais je suis déçue de ne pas avoir touché le fond de la carte. On essaiera une prochaine fois, dit-elle en me faisant un clin d'œil avant de démarrer.

Je saisis le code pour entrer et ouvre la porte. À ma grande surprise, les lumières du salon sont allumées. Mon cœur s'emballe. Ryan est-il déjà rentré ? Je ne l'avais pas prévu.
Je me dis que j'ai peut-être laissé les lumières allumées par inadvertance, mais l'odeur de son parfum me confirme sa présence. Mon cœur bat à tout rompre, et la panique monte en moi.

Je m'apprête à monter discrètement les escaliers quand il sort de la buanderie, juste à côté des escaliers.

— Bon... bonsoir, balbutié-je, tentant de masquer ma nervosité.

— Bonsoir, répond-il, les yeux rivés sur son téléphone.

Mon stress atteint son paroxysme.

— J'étais avec Lala, m'empressé-je d'ajouter, avant qu'il ne me pose la question.

Il lève enfin les yeux vers moi, et je me fige.

— Ne la laisse pas t'entraîner dans ses délires ni conduire tout le temps. Ma sœur est inconsciente.

C'est tout ce qu'il dit avant de retourner dans la pièce d'où il venait. J'entends les bruits de ses activités à travers la porte.
Je reste plantée là, figée pendant plusieurs minutes, essayant de comprendre ce qui vient de se passer. Puis, lentement, je monte les escaliers jusqu'à ma chambre.

Ses réactions sont toujours aussi énigmatiques pour moi. Après m'être rafraîchie, je descends dans la cuisine pour récupérer une bouteille d'eau. Ryan est assis sur le canapé, un saladier en main, regardant un film afro-américain.

— Évite de susciter des soupçons sur notre mode de vie. Tout le monde croit que nous sommes un couple passionné, me signale-t-il sans même se retourner.

— D'a... d'accord, balbutié-je, encore une fois déstabilisée.

— Demain, on doit aller quelque part, m'informe-t-il toujours sans me regarder.

— D'accord, répondis-je une nouvelle fois avant de remonter les escaliers.

Je retourne dans ma chambre et ferme la porte à clé. Ife m'appelle à cet instant, et je décroche avec un soupir de soulagement.

— Hoo, tu as eu une journée bien chargée aujourd'hui ? conclut-elle.

Vu l'absence de messages et de photos de détresse, elle a deviné que ma journée était particulière.

— Oui, je suis allée faire du shopping avec Lala, lui dis-je.

— C'est qui, elle ? demande Ife, curieuse.

— Ma belle-sœur. Ne sois pas jalouse, c'est sa petite sœur. On a presque le même âge, je crois.

— Hoo, woo, madame passe du temps avec sa belle-famille, plaisante-t-elle, me faisant rougir.

— Elle est comme toi, lui dis-je en souriant.

— Comme moi ?

— Oui, un vrai rayon de soleil et une tornade à la fois.

— C'est ce que je suis !

— Oui, un rayon de soleil.

— Et toi, tu es la meilleure de toutes croissant au chocolat , me répond-elle, sa voix teintée d'affection.

— Pourquoi je suis un truc qu'on mange, moi ? lui demandai-je en riant.

— Oui, tout le monde a envie de te "manger". D'ailleurs, tu te souviens de Kaleb ?

— Oui, celui en gestion ? dis-je en m'installant confortablement dans mon lit, prête à écouter la dernière séance de ragots de ma meilleure amie.

Apparemment, il a raconté à des gens que nous sortions ensemble et que je l'avais trompé en me mariant ou que j'avais trompé mon mari avec lui .
Ife a failli le mettre sous terre . Ils ont fini chez le DRH, et il s'est pris une mise à pied, tandis qu'Ife s'en est sortie indemne, pour mon plus grand soulagement.

Après plusieurs sujets qui n'avaient rien à voir l'un avec l'autre, je finis par m'endormir vers deux heures du matin, soit une heure à Lagos.

C'est un coup à ma porte qui me réveille le lendemain, me rappelant que je dois me rendre quelque part avec Ryan aujourd'hui. Je me lève en sursaut et crie un "Je me prépare déjà !" en direction de la porte.

Je finis par descendre au bout d'une trentaine de minutes. Ryan est debout, un café à la main.

Il porte simplement un jean, un t-shirt et une veste, une tenue décontractée pour une fois. Je suis également en jean et chemise, mes cheveux en natte. Il faudra que je trouve un salon de coiffure. Je demanderai à Lala en rentrant.

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