Chapitre XXXVIII : Entre ses bras

( Démarrez la video et détendez vous . Bonne lecture 📖 🎄)


Acte 3 : Vers l'inattendue.....


Il y a des vérités que l'on enferme, mais leur écho finit toujours par troubler le silence.
Marguerite Yourcenar

    




Adeola.








Je sursaute lorsque l'alarme de mon réveil brise le silence matinal. D'un geste maladroit, je tends le bras et tapote l'écran une dizaine de fois avant de réussir à l'éteindre. Ce satané truc a un talent  pour anéantir mon sommeil en une fraction de seconde. Je me demande quel génie chez Apple a conçu ces alarmes aussi agaçantes qu'irritantes ? Un véritable génie du désagrément, sans aucun doute.

Un léger grincement attire mon attention, me forçant à entrouvrir les paupières. Appuyée sur mes coudes, je remarque Minou en train de jouer avec la porte de ma salle de bain, ses petites pattes griffant le bois avec une énergie débordante. Il est déjà bien réveillé, lui.

Contrairement à lui, je ne l'ai jamais été. Avec un soupir résigné, je rassemble le peu de courage qu'il me reste et me lève pour rejoindre la salle de bain. Heureusement, demain, c'est le week-end, ce qui me permettra de traîner un peu au lit. Rien qu'à cette pensée, un mince sourire étire mes lèvres. Pour l'instant, il faut bien faire avec.

Après une douche chaude qui me ramène doucement à la réalité, j'enroule ma serviette autour de ma poitrine et me dirige vers mon dressing. Mes doigts effleurent les cintres en quête d'une tenue convenable. Bien que la majorité de mes vêtements se trouvent dans la chambre de Ryan, j'ai pris soin de garder quelques pièces ici. Partager sa couche, en ce moment, me semble impensable. Rien que l'idée de rester dans cet espace me fait frissonner.

Je choisis une jupe longue plissée bleue et une chemise à carreaux assortie. En ouvrant le tiroir de mes sous-vêtements, je découvre qu'il est désespérément vide.

Super, il ne me manquait plus que ça. Mon panier à linge aussi déborde. Je soupire , je vais devoir récupérer quelques affaires à l'étage. Dans sa chambre.

Ce n'est pas comme s'il allait me tuer si j'y entre  ?  Après tout, on est deux adultes.
Pour autant, une vague d'appréhension serpente en moi. Je remets mon short et mon t-shirt, puis quitte ma chambre à pas feutrés. Hier soir, honteuse, je n'ai même pas osé descendre. J'aurais préféré me fondre dans le sol plutôt que d'affronter une fois de plus son regard moqueur et ses piques.

Je pousse doucement la porte de sa chambre, baignée dans l'obscurité. Le froid du plancher sous mes pieds me rappelle que la climatisation y est toujours réglée à un niveau glacial . Une manie de Ryan que je ne comprendrai jamais.

Je m'avance prudemment, un pas après l'autre, jusqu'à ce que mes yeux s'habituent à l'obscurité . Mon regard glissant instinctivement vers le lit où son corps repose, à moitié dissimulé sous une couverture. Sa silhouette est immobile. Il dort toujours.

Je m'engouffre dans le dressing, la  lumière vive des néons éclaire instantanément la pièce, me permettant de récupérer ce dont j'ai besoin : quelques sous-vêtements, deux sacs et une paire de chaussures. Ce sera suffisant pour un moment.

Chargée de mes affaires, je retourne dans la chambre, mais cette fois, elle est baignée d'une lumière tamisée.

— T'es venue passer la nuit près de ton mari, tshada ? marmonne-t-il, la voix alourdie par le sommeil.

Un petit sourire effleure mes lèvres.

— On est le matin, je te signale.

— Ah, dans ce cas, un baiser matinal ? Ça fait une éternité que je n'y ai pas eu droit, réplique-t-il avec une plainte feinte.

Un rire léger m'échappe, mais sa remarque glisse sur moi sans vraiment m'atteindre. Je continue mon chemin vers la porte.

— Attends, lance-t-il soudain alors que je suis presque sortie.

Je tourne légèrement la tête et croise son regard. Appuyé sur un coude, son torse nu émerge de sous la couverture. Un bâillement large déforme ses traits .

— J'ai oublié de te prévenir hier, ajoute-t-il en se frottant les yeux. Les Jones ont appelé. Ils souhaitent travailler avec toi, alors je leur ai donné ton numéro.

Mes sourcils se froncent sous l'effet de la surprise. Les Jones ? Je m'avance de quelques pas, cherchant à déceler s'il divague encore à cause de son réveil difficile

— Quels Jones ? demandé-je doucement.

— Loïc et Samantha. Atlanta. Tu te souviens ?

— Les fiancés, dis-je en me remémorant leurs visages.

— Dix sur dix, se moque-t-il avec un sourire narquois.

Je plisse les yeux, perplexe.

— Pourquoi voudraient-ils travailler avec moi ? Vous êtes leurs clients, pas moi.

Il pousse un long soupir dramatique, laissant sa tête retomber sur l'oreiller. Puis il me fait signe d'approcher. Avec hésitation, je pose mes affaires sur le bout du lit et m'avance. À côté de lui, plusieurs feuilles traînent en désordre, ainsi que son ordinateur portable encore en veille. Un rapide coup d'œil me suffit pour comprendre qu'il a probablement fait une nuit blanche.

Sur sa table de chevet, un détail attire mon regard. Mon livre. Il l'a vraiment lu. Le marque-page en est la preuve.

L'idée me surprend et me réchauffe, bien malgré moi.

— Viens dans mes bras, murmure-t-il, un sourire en coin, en ouvrant les siens largement.

J'aperçois les fines lignes des tatouages sur son torse, leurs courbes presque hypnotiques dans la lumière tamisée. Je tire la langue face à son invitation, ce qui fait apparaître un sourire narquois sur ses lèvres.

— T'inquiète, ta langue sera en sécurité, murmure-t-il avec un regard pétillant de malice.

— Arrête tes idioties et dis-moi pourquoi les Jones veulent "travailler avec moi", rétorqué-je, les bras croisés, pour masquer mon agacement.

Il arque un sourcil, surpris.

— Tu ne te souviens vraiment de rien ?

Je lève les yeux au ciel, exaspérée. Si j'étais au courant, je ne serais pas ici à le supplier pour des réponses. Il arbore un sourire idiot et satisfait, comme s'il savourait ma frustration.

— Faisons un marché, propose-t-il en se redressant légèrement. Je rafraîchis la mémoire de ma petite soularde, et en échange, tu m'embrasses.

Je soupire, presque lasse. Ce genre de propositions de sa part n'a rien de surprenant, et je ne suis même plus choquée.

— Tu sais que tu perds tout ton charme à force de dire des bêtises, non ?

Son sourire s'élargit, révélant ses fossettes à travers sa barbe.

— Alors, tu me trouves charmant ? murmure-t-il d'un ton faussement innocent. Darling, je suis toujours charmant. Mais là, vois-tu, je me sens seul. Étouffe moi avec tes fesses, s'il te plaît.

Je pince mes lèvres, m'efforçant d'ignorer la chaleur qui monte à mes joues. Malgré moi, son ton amusé et son sourire insolent me rappellent nos moments légers... ceux d'avant. Je détourne le regard, murmurant :

— Ryan, je me fiche de ta solitude.

J'ai presque craché cette réponse, regrettant instantanément mon ton sec.  Il arque un sourcil, puis, dans un soupir exagéré, abandonne en se laissant retomber sur son oreiller. Il ne semble pas vexé.

— D'accord. Mais si je te surprends encore à loucher sur mes lèvres, je te volerai ce fameux baiser.

— Je ne louche pas, rétorqué-je, rouge de honte. Maintenant, dis-moi ce que les Jones veulent, et on en termine.

Il m'adresse un coup d'œil amusé avant de tendre le bras vers la table de chevet. Il attrape mon livre posé à côté de son ordinateur, dont l'écran en veille clignote doucement. Il feuillette quelques pages d'un air détendu, ses paupières mi-closes.

— Où en étais-je avec ce mystérieux Carter ? Ah, Voilà.  marmonne-t-il, presque pour lui-même, plongeant dans une lecture improvisée.

Je le fixe en silence, la tête légèrement penchée. Une partie de moi est agacée par son manque de sérieux, mais une autre se surprend à noter des détails absurdes : la façon dont la lumière met en valeur sa mâchoire, l'air concentré qu'il adopte même pour faire semblant...

Il serait magnifique en photo.

Quoi ? En photo ?

Reprends-toi, Adeola !

Je me redresse mentalement, décidant qu'il est temps d'arrêter ce jeu dans lequel il semble si à l'aise. Si Ryan croit contrôler la situation, autant y mettre fin rapidement. Moins cela durera, mieux ce sera pour ma fierté.

Prenant une inspiration discrète, je me redresse lentement et, dans un élan d'audace que je ne me connaissais pas, mes genoux s'enfonçant légèrement dans le matelas. Une main de chaque côté de son oreiller, je me penche au-dessus de lui. Son sourire s'élargit encore, ses fossettes presque provocantes.

— Tu te fais courageuse, murmure-t-il, la voix pleine de malice.

— Un baiser et tu arrêtes tes conneries, lancé-je avec assurance, bien que mon cœur batte à tout rompre.

— Et si je refuse ? rétorque-t-il, défiant.

Je tente de me redresser, signifiant ainsi la fin de toute négociation. Mais il prédit mon mouvement et, d'une main ferme sur ma hanche, me fait basculer sur le lit. En un instant, il se retrouve au-dessus de moi, la couverture créant une barrière subtile mais inévitable entre nos corps.

Son regard triomphant et ce sourire arrogant m'irritent autant qu'ils me troublent.

— Tu promets un baiser, mais tu veux fuir ? s'amuse-t-il, sa voix teintée de malice.

— Visiblement, tu as des réclamations. Oublions ça, les Jones m'expliqueront eux-mêmes, grogné-je, tentant de masquer ma gêne.

— Quelle femme cruelle j'ai épousée, soupire-t-il faussement. La solitude de ton mari ne te fait rien ?

— Tu comptes te plaindre encore longtemps, ou viens chercher ton baiser ? répliqué-je, mi-énervée, mi-amusée.

— Avec plaisir.

Il se penche vers moi, ses lèvres frôlant presque les miennes. Mon souffle s'accélère malgré moi. Je ferme les paupières, espérant en finir rapidement. Mais rien ne vient. Pas de contact. Pas même un effleurement. Seulement son souffle chaud, suspendu près de ma bouche .

Son souffle chaud effleure mes lèvres. Mon corps se raidit, et je ferme instinctivement les yeux, espérant que cela se termine vite. Mais rien ne vient.

Pas de contact.

Pas même un effleurement.

Seulement son souffle chaud, suspendu près de ma bouche . Les secondes s'étirent, et je ressens toujours son souffle, proche, sans contact.

J'ouvre lentement les paupières, et nos regards se croisent. Ses lèvres ne sont qu'à quelques centimètres des miennes.J'ouvre les yeux lentement. Son regard, empreint d'amusement, croise le mien.

— Embrasse-moi, murmure-t-il, son regard espiègle brillé d'amusement.

— Parle d'abord, murmuré-je à mon tour, ma voix à peine audible.

Il semble savourer chaque instant, son regard insistant plongeant dans le mien. Je sens mes joues chauffer, mes battements cardiaques s'accélérer. Une audace inattendue me saisit alors.

Sans réfléchir davantage, je comble la distance entre nous, posant mes lèvres sur les siennes. Ses yeux s'écarquillent de surprise, mais il ne recule pas. Au contraire, il accueille mon geste, ses lèvres réagissant légèrement sous les miennes.

Quatre secondes.

Je romps le contact rapidement, mes joues brûlantes.

— Ça... ça te suffit ? lâché-je d'une voix tremblante.

Un sourire encore plus large se dessine sur ses lèvres. Son pouce effleure doucement mon menton, faisant à peine entrouvrir mes lèvres.

— Ça, ce n'était pas un baiser, murmure-t-il. Recommençons pour de vrai.

Je secoue frénétiquement la tête, posant une main sur sa bouche pour l'empêcher de continuer. Mais il attrape mon poignet, riant doucement.

— Pervers, lâché-je avec une pointe de nervosité.

— Moi, pervers ?

J'hoche frénétiquement la tête. Son rire, doux et chaleureux, s'échappe, accompagné d'un sourire faussement déçu. Je sens le rouge me monter aux joues, trahissant une gêne que je tente désespérément de cacher.

—– Trop tard pour reculer, murmure-t-il, ses doigts frôlant ma joue. Si tu es gênée... ferme les yeux.

Mon souffle se coince dans ma gorge.

Fermer les yeux ?

Je sens chaque battement de mon cœur résonner dans mes tempes. Je ferme mes paupières avec hésitation, tentant de calmer l'orage en moi, mais son odeur boisée, musquée, sature mes sens. Il est si proche.
Trop proche.

Une partie de moi voudrait se révolter contre cette soumission à mes propres désirs, exacerbés par son assurance. Mais chaque battement de mon cœur résonne dans mes oreilles, martelant ma confusion et mon appréhension

Un léger contact. D'abord, c'est une caresse douce, à peine réelle. Son nez effleure le mien, et son souffle chaud se mélange au mien. Puis, ses lèvres rencontrent les miennes. Le monde bascule.

Je retiens ma respiration, le souffle suspendu entre l'envie et la peur.

Ma première pensée : C'est brûlant.

Ma deuxième pensée : Je ne veux pas que ça s'arrête.

Le baiser est hésitant, presque chaste, mais chaque seconde qu'il dure semble dévorer quelque chose en moi. Mon ventre se tord sous une chaleur nouvelle, quelque chose d'intense, d'incontrôlable. Sa main se pose délicatement sur ma nuque, son pouce dessinant des cercles sur ma peau.

Je tremble, mais je ne peux m'empêcher de répondre. Mes lèvres bougent contre les siennes, maladroites mais pleines de cet instinct brut que je ne reconnais pas en moi.

Il s'écarte brusquement, juste un instant, et je reste là, suspendue, le souffle court, les yeux encore fermés. Une vague de frustration me traverse avant que ses lèvres ne reviennent, cette fois plus affirmées, plus pressantes.

Je me sens submergée, perdue dans une chaleur dévorante qui s'installe au creux de mon ventre. Mon corps réclame plus, mon esprit vacille entre abandon et résistance.

– Tu embrasses vraiment mal, chuchote-t-il contre ma bouche

Mais il ne finit pas sa phrase, comme s'il ne pouvait plus attendre. Ses lèvres reprennent les miennes, cette fois avec une urgence brûlante, un besoin qui fait écho au tumulte qui gronde en moi.

— mais je vais... murmure-t-il encore en se retirant mais pas trop .

Il ne finit pas sa phrase, reprenant aussitôt mes lèvres avec une urgence nouvelle. Comme s'il avait deviné ce qui se jouait en moi, ce conflit entre raison et désir.

— ...m'occuper de ça., complète-t-il finalement.

Sa langue traverse doucement la barrière de mes lèvres, invitant timidement la mienne à le rejoindre. Je frissonne à cette sensation nouvelle, si intime. Le baiser devient plus profond, plus envoûtant. Ses doigts glissent le long de ma joue, jusqu'à mon oreille, éveillant des frissons à chaque passage. Je me perds dans cet instant. Mon esprit se vide, mes préoccupations s'évaporent. Il ne reste que lui et moi, ce moment suspendu hors du temps.

Je me sens fondre dans le matelas, cherchant à m'agripper à lui, à cette peau douce sous mes doigts, à la fermeté rassurante de ses muscles. Mes cuisses se frottent involontairement contre les siennes, et cette proximité amplifie la chaleur entre nous. Je suis consumée par une fièvre intérieure.

Mais pourquoi fait-il si chaud, tout à coup ? La climatisation est-elle tombée en panne ?
Sa langue franchit la barrière de mes lèvres, et la rencontre de la sienne avec la mienne m'enivre, me fait perdre pied. Je frissonne face à cette intrusion, à cette intimité humide qui réécrit tout ce que je pensais savoir. Ses doigts effleurent ma joue, glissent jusqu'à mon oreille, et l'intensité du moment me fait presque perdre l'audition. Tout ce qui m'importait—ma fierté, mes préoccupations, mes doutes—s'évanouit dans ce baiser envoûtant.

Il ne reste que lui et moi, ce moment suspendu hors du temps.

Je me sens fondre dans le matelas, cherchant à combler cette faim nouvelle, mes mains explorant instinctivement sa nuque et la courbe de ses épaul,  m'agrippant à lui, à cette peau douce sous mes doigts, à la fermeté rassurante de ses muscles. Mes cuisses se frottent involontairement contre les siennes, et cette proximité amplifie la chaleur entre nous. Je suis consumée par une fièvre intérieure.

La température monte, un degré après l'autre, jusqu'à ce que je ne sache plus si c'est le délestage ou l'électricité entre nous qui a éteint la climatisation.

— Att... Attends...

Ma voix tremble, brisant à peine le silence. Ses lèvres quittent les miennes, mais l'écho de son souffle reste contre ma peau. J'ouvre lentement les paupières, découvrant son visage au-dessus du mien. Son expression est indéchiffrable, mélange d'envie et de retenue. Sa respiration est saccadée, à l'unisson avec la mienne.

Sans réfléchir, mes yeux se ferment à nouveau, et il revient à moi, ses lèvres capturant les miennes comme si elles y appartenaient mais avec une douceur amplifiée par la tension du moment. Son corps se redresse doucement, m'entraînant avec lui. Ses bras soutiennent mon dos et le bas de mes reins, m'attirent plus près.

Je sens mes genoux s'enfoncer dans le matelas, mes mains agrippant sa nuque, comme si me séparer de lui était inconcevable, et nos corps s'alignent dans une danse instinctive.

Puis, nos lèvres se séparent pour reprendre une goulée d'air, mes yeux s'ouvrent. Nos regards se croisent, et ce que j'y vois me bouleverse  :  Troublé, tendre, profond—il me contemple comme si j'étais la seule chose qui comptait dans cet instant.

— Tu veux continuer ? murmure-t-il, sa voix douce effleurant mes lèvres.

Sa question est un murmure presque inaudible, que je peine à comprendre mais son doigt qui glisse sur ma cuisse traduit mieux que ses mots ce qu'il attend de moi. Mon dos frissonne sous l'effet de ce contact, rallumant une alarme dans mon esprit. Je tente de reculer, prise d'un réflexe défensif, mais ses bras puissants me retiennent avec une douceur ferme.

— Ce n'est pas grave, souffle-t-il, cherchant à me rassurer. Sa voix est calme, dénuée de tout reproche.

Un étrange apaisement m'envahit. C'est comme s'il savait exactement comment me calmer, sans me forcer.

— C'est le meilleur baiser matinal qu'on m'ait offert, ajoute-t-il, un sourire taquin dans la voix, ses lèvres mordant légèrement le lobe de mon oreille.

Ses mots sont légers mais porteurs d'une chaleur presque tangible.

Son souffle caresse ma peau, me tirant un frisson incontrôlé. Pourtant, ce n'est pas seulement la chaleur du moment qui m'envahit, mais une pudeur troublante, une émotion presque étrangère, comme si cet instant avait effleuré quelque chose de profondément enfoui.

Je détourne légèrement mon visage, les joues brûlantes, et pose ma tête sur son épaule. Mes bras se referment doucement autour de lui, dans une étreinte hésitante. Peut-être pour chercher un peu d'ancrage face à ces sensations nouvelles qui bousculent mon calme habituel. Ou peut-être, oui, pour savourer une pointe inattendue de bonheur.

Impossible de comparer ça avec un baiser d'adolescence, aussi doux ou exaltant qu'ils aient pu être.

— C'est de loin aussi la meilleure chose qu'on m'ait faite, murmuré-je, la voix tremblante, à peine un souffle contre son oreille.

Je passe mes doigts dans sa barbe soigneusement taillée. Elle est douce sous mes mains, soyeuse, et elle dégage un parfum floral subtil — de la rose, peut-être ? Je n'en suis pas sûre, mais cela me plaît.

Son sourire éclatant illumine son visage, ses lèvres prenant une teinte légèrement plus vive, comme si elles reflétaient les miennes. Lorsqu'il dépose un baiser sur ma joue, puis sur ma mâchoire, il descend lentement jusqu'à la base de mon cou, exposée par mon t-shirt qui s'est légèrement affaissé. Une vague de chaleur parcourt mon corps, me laissant vulnérable. Je frissonne malgré moi, mes tétons nus réagissant au contact de l'air frais et de son souffle chaud.

Je l'arrête juste avant qu'il atteigne une zone plus sensible. Sa réaction est immédiate : un rire franc et léger qui dévoile ses fossettes.

— Umfazi oyintanda, tu veux des suçons de ton mari, hein ? Alors, je vais t'en faire !

Ses lèvres s'approchent dangereusement de mon cou, et je tente de m'échapper de ses bras. Mais très vite, je réalise que sa force n'a rien à voir avec la mienne.

— Non ! Non ! criai-je à moitié, en me débattant. Ryan, arrête !

— D'accord, d'accord, on garde ceux-là, dit-il en riant, faussement conciliant.

Je lui assène une tape sur l'épaule, essayant de reprendre contenance.

— Tu fais dans le sadisme maintenant ? le taquinai-je, encore essoufflée.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Arrête tes bêtises ! répondis-je avec une voix tremblante, incapable de trouver mieux.

Il esquissa un sourire amusé, toujours dans cet état de légèreté contagieuse.

— Je ne juge pas, hein. Je respecte, mais je ne suis pas fan des menottes, ajouta-t-il, faussement sérieux.

Son rire cristallin finit par déclencher le mien, comme une bulle de chaleur qui éclate dans ma poitrine. Il se penche alors et dépose un chaste baiser sur mes lèvres, mais cette fois, il ne va pas plus loin.

Il caresse doucement ma joue, son regard intense accrochant le mien. Une sensation étrange me traverse, comme si je devenais importante, spéciale. Comme si, à cet instant précis, il ne voulait pas me laisser partir, même s'il savait qu'on se retrouverait bientôt. Et j'aime ça.

Ses yeux, ancrés dans les miens, me donnent une impression étrange : celle d'être unique, précieuse. Même si je le voulais je ne pouvais pas détourner le regard.

— Tshada, ne me fuis pas, d'accord ? murmure-t-il d'une voix grave et posée.

J'acquiesce instinctivement, incapable de répondre autrement , lui offrant la promesse implicite qu'il cherche. Lentement, ses bras desserrent leur étreinte, me laissant enfin me relever.

Je me lève et descends du lit, ramassant mes affaires sur le repose-pied. Même alors, je sens son regard qui me suit comme une caresse invisible.

Je mordille l'intérieur de ma joue pour chasser la chaleur persistante de mes pensées. Alors que je rassemble mes esprits, je me tourne vers lui pour aborder le sujet initial qui nous avait menés à cet égarement.

— Et les Jones ? demandai-je en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille.

Il soupira longuement, exagérant son exaspération, mais un sourire ravageur flottait toujours sur ses lèvres. Ces lèvres qui, quelques minutes plus tôt, m'avaient fait perdre pied.

Il se laissa tomber sur le lit comme s'il n'avait plus aucune énergie.

— Vérifie dans ton bloc-notes. S'ils te proposent un poste de consultant, négocie un gros chèque, lança-t-il en s'étirant paresseusement.

— Ça tombe bien, j'ai envie d'une voiture de luxe, répliquai-je en lui tournant le dos, un sourire amusé aux lèvres.

— N'oublie pas mes Calvin Klein, ajouta-t-il dans un murmure moqueur.

— J'en ai rien à cirer, rétorquai-je en descendant les escaliers.

Dans ma chambre, l'émotion de l'instant persiste, me laissant à moitié euphorique. Je laisse tomber mes affaires sur le lit, incapable de penser à autre chose. Devant le grand miroir, je passe mes doigts sur mes lèvres encore brûlantes du contact des siennes. Un rire nerveux m'échappe.

— Adé, t'es devenue complètement folle, murmurai-je, un sourire idiot collé au visage.

Pour la première fois, je suis d'accord avec cette petite voix. Je suis folle, oui. Folle de ce qu'il peut me faire ressentir. Mon regard se porte alors sur mon alliance. Elle m'a toujours semblé belle, mais aujourd'hui, elle a quelque chose de précieux, presque sacré.

Un bruit me sort de mes pensées : l'alarme de mon téléphone. Je le prends, mes yeux s'écarquillant en voyant l'heure : 7 h 40.

— Et merde !

Je jette le téléphone sur le lit et me débarrasse rapidement de mon T-shirt et de mon short. Dans l'urgence, je choisis un ensemble marron dans mon sac. Alors que je remonte mes sous-vêtements, une sensation étrange me fait froncer les sourcils.

Une humidité.

 Ce ne sont pas mes règles . Impossible

Je retire le protège-slip et l'inspecte. Pas une trace de sang, mais un fluide transparent

— Ne me dites pas que...

Un rire nerveux s'échappe de mes lèvres.

Je suis officiellement folle








NDA : Officiellement deuxième chapitre vient d'être déposé

Merry Christmas à tous🎄🧑‍🎄
J'espère que mon cadeau vous plais . Je ne vais pas trop parler aujourd'hui et merci pour les like de la semaine

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