Chapitre XXVI : Jeu d'Ombres et de Lumière

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( demarrez la video , baissez le volume et detendez vous . Bonne lecture )


Acte 2 : Les luttes intérieure et non-dits (fin)








L'amour véritable, c'est quand le silence entre deux personnes devient une conversation.
David Tyso





















Ryan.



— C'est tout ce à quoi tu dois veiller en mon absence. Et, s'il te plaît, ne laisse pas ce record industriel se faire trop remarquer.

Lyan hoche la tête, un léger ennui flottant dans ses yeux alors que j'achève mes recommandations. Demain, je dois partir pour New York, un voyage que je n'anticipe pas avec enthousiasme, mais il faudra bien y aller. En mon absence, c'est à lui de prendre les rênes. Lui et moi, on n'a jamais été rivaux, même pour les petites choses de la vie. Nous sommes deux faces d'une même pièce, comme dans le mythe du roi-lumière, dont nos prénoms ont été tirés. L'un couvre les arrières de l'autre, et vice versa.

— Tu l'emmènes avec toi, cette fois ? demande mon jumeau, un sourire espiègle flottant au coin de ses lèvres. Il semble beaucoup plus intéressé par ce sujet que par mes directives.

Il connaît mon avis sur la question, et je me fiche qu'on dise que je la cache. Ça pourrait même passer pour romantique — un homme qui protège son épouse précieuse, hors de portée. Ça arrange mes affaires, et ça lui convient aussi, apparemment.

— Non, répondis-je en faisant craquer mon cou.

Il laisse échapper un soupir de déception. Une part de lui aimerait sans doute voir mon avis changer, juste pour le frisson de l'inattendu. Je passe une main dans ma barbe un peu trop poussée. Gérer une barbe, c'est un travail constant. Sans entretien, on ressemble vite à tout sauf à quelque chose de respectable.

— Je croyais que c'était l'amour fou, maintenant, me nargue-t-il avec un ton ironique.

On pourrait dire qu'on essaie de faire plus que de la simple cohabitation. Ce matin, elle est partie tôt, comme tous les matins depuis le début de la semaine, après avoir laissé mon petit-déjeuner sur la table. Elle veille toujours à cuisiner, même lorsque son emploi du temps est chargé.

— Faut croire qu'on a nos préférences, répondis-je vaguement.

— Et tu crois qu'aller faire un tour sur un autre continent sans elle, ça va t'aider à te rapprocher ? ironise-t-il encore.

Je souris.

— Elle a un travail, idiot, je peux pas la traîner autour du globe comme un accessoire.

Il plisse les yeux, l'air pensif, avant de hocher la tête.

— Alors, invite-la à la réception. Elle va adorer, surtout que c'est pour Pâques.

Dans  quelques jours seulement . Devrais-je lui offrir un cadeau ? Je n'ai pas la moindre idée de ses goûts. Adeola est une énigme à elle seule. Et à ces réceptions, elle s'ennuie généralement, alors l'emmener de pays en pays pour ça... Je ne suis pas convaincu.

— T'as offert quoi à Solaya pour votre première année ? lui demandai-je, cherchant conseil auprès de "l'expert".

Il me lance un sourire insolent.

— On est restés enfermés et on a fait l'amour toute la journée.

Je soupire. Ces deux-là, au début, étaient tout sauf conventionnels.

Nous n'avions que vingt-deux ans. En plein dîner, mon frère avait soudain annoncé qu'il voulait se marier. Ma mère avait recraché ce qu'elle buvait, et mon père s'était presque étouffé. J'avais entendu dire qu'il avait rencontré une fille exceptionnelle, mais je n'imaginais pas que ça irait aussi loin. Mon père avait tenté de le dissuader les jours suivants, mais la réponse de Lyan avait été simple : "Pourquoi attendre, si je sais que c'est elle que je veux ?"

Solaya avait vingt et un ans, en deuxième année de biochimie. Elle aussi voulait ce mariage. Nos parents avaient d'abord cru à une grossesse, mais rien de tout ça. Ils avaient fini par céder à contrecoeur, à condition qu'elle termine ses études avant de tomber enceinte, et que Lyan en fasse de même. Le jour de leur mariage, ils étaient heureux, même si nos parents faisaient grise mine. J'avais parié leur divorce avec Mike, mais rien ne s'était passé comme prévu.

Et aujourd'hui, je lui dois cent mille rands s'ils ne divorcent pas avant septembre prochain.

— Ce qui ne peut pas être ton cas, parce que t'as jamais vu la couleur de sa culotte, lance-t-il pour me narguer.

— Et t'en es fier, je suppose, soupirai-je, affalé dans le fauteuil.

Elle aime les vêtements... ou les chaussures... ou peut-être le maquillage. Des choses de son quotidien. Je soupire intérieurement. Adeola, rends-moi la tâche un peu plus facile.

— Attends, tu cherches vraiment un cadeau ? me demande-t-il, surpris.

J'aimerais lui envoyer une pique cinglante, mais je me retiens. Il pourrait être utile si je joue la carte de la sincérité.

— Ouais, soufflai-je d'un air faussement désespéré. Tu pourrais pas glaner quelques infos auprès de Solaya ?

— Je te promets rien, mais je vais essayer. Mais dis-moi... pourquoi, au juste ?

Il me lance un regard en coin, à peine moqueur.

— Pourquoi quoi ?

— Tu comptes être sérieux avec elle ?

— Je suis coincé avec elle pour un moment. Autant rendre le temps un peu plus agréable pour deux, répondis-je en soupirant.

Je fixe un instant le plafond avant de me lever.

— Je te laisse les commandes, lui dis-je en me dirigeant vers la porte.

— Ces derniers temps, tu rentres plus tôt que d'habitude, me taquine-t-il.

— Tu devrais en faire autant, le petit Danis aimerait jouer avec son père.

Il fait la grimace, et je quitte la pièce. Dans l'ascenseur, je descends au sous-sol. Ma voiture est garée quelque part dans le parking, et je fais clignoter les phares pour la repérer.

Je me demande ce qu'elle a préparé pour ce soir. Hier, elle avait fait des pâtes aux crevettes. J'aime l'idée de découvrir mon dîner sans savoir ce que ce sera.

Je m'approche de ma voiture et aperçois une silhouette adossée contre la portière. Alice. Je soupire en m'avançant. Elle s'écarte lentement pour me laisser ouvrir la portiere, sans un mot ni un regard de ma part.

— Ryan, faut qu'on parle, murmure-t-elle, sa voix basse presque une supplication.

— On n'a rien à se dire, Alice, répondis-je sèchement sans me détourner. On a pris notre plaisir. Maintenant, c'est fini.

— Alors, ça veut dire que pendant tout ce temps, tu...

Je me retourne vers elle, et dans ses yeux, je lis un mélange de confusion et de tristesse.

— Tu ne m'aimes pas, Alice. N'essaie pas de te convaincre du contraire.

— Comment tu peux savoir ça ? me lance-t-elle, désespérée.

— Je le sais. Maintenant, rentre chez toi.

Je m'installe dans le siège conducteur et ferme la portière. Elle reste immobile un moment, puis finit par s'éloigner. Je démarre, fais marche arrière, et me dirige vers la sortie du parking.





Je rentre chez moi et gare ma voiture derrière celle de ma femme. Chaque fois que je fais cela, elle vient me réveiller tôt le matin. En passant la porte, j'aperçois la lumière de la cuisine, j' entre et la trouve, absorbée par ses préparatifs, vêtue d'une camisole et d'un pagne noué à sa taille. Elle lance un simple "Bonsoir, Ryan" d'une voix légère.

Mon nom prend une couleur différente quand c'est elle qui le prononce, presque comme un murmure familier et distant à la fois.

— Bonsoir, darling, répondis-je en m'approchant de l'îlot.

Sur l'îlot trône son ordinateur allumé, affichant une page blanche. Elle devait être en train d'écrire. Je pose ma veste, vide mes poches, plie mes manches, puis me rapproche d'elle. Elle roule des boulettes de viande dans ses mains.

— En quoi je peux aider ? demandai-je.

Elle me jette un regard, m'analysant brièvement.

— Tu vas pas te changer ?

— Non, on dîne d'abord.

Elle continue de rouler la viande avec des gestes précis et concentrés. Mes yeux glissent sur sa main : elle n'a plus sa bague. Je suis sur le point de lui demander pourquoi, mais des pas résonnent dans le salon. Je sens mon corps se raidir et le sien aussi. D'une main, je touche son épaule pour la rassurer, puis quitte la cuisine.

— Salut, fiston, m'accueille la voix sonore de mon père en écho dans le salon.

Il est là, accompagné de son secrétaire, plantés dans MON espace comme dans une salle d'attente publique. J'inspire, essayant de maîtriser l'agacement qui monte.

A croire que ma maison est devenue un centre touristique où chacun se croit en droit de faire des allers-retours

— Salut, Papa. Qu'est-ce que tu fais ici ? lâché-je sans détour.

Il ne se déplacerait pas simplement pour s'enquérir de ma santé.

— C'est comme ça que tu accueilles ton vieux père ? s'exclame-t-il d'un air faussement enjoué. Oh, voilà la maîtresse de maison !

Je me retourne, et la vois à mes côtés. Elle s'approche de mon père, qui la prend dans ses bras.

— J'ai appris que tu étais tombée malade. Ça va mieux ?demande-t-il avec un souci presque paternel.

— Oui, oui, répond-elle avec un sourire discret, puis elle se tourne vers le secrétaire. Bonsoir, Monsieur.

Je reste en retrait, les regardant se comporter comme s'ils étaient dans une scène parfaitement orchestrée. Après quelques mots échangés, mon père s'installe dans le canapé, et sort deux bouteilles de vin de palme du sac que tient son secrétaire.

— Ma petite, j'espère que tu connais ça ?

Elle hoche la tête avec enthousiasme.

— Alors ces deux bouteilles sont pour toi. Ne laisse pas ton mari y toucher, dit-il, taquin.

— D'accord, répond-elle sur le même ton.

Mon père rit, et elle quitte le salon emportant les bouteilles vers la cuisine. Aussitôt, je me tourne vers lui, m'exprimant en xhosa pour aller droit au but.

Kwenzeke ntoni apha? (Qu'est-ce que tu es venu faire ici ?) lui demandai-je .

Uyabona ke, awusenayo ncipheko, nyana wam. (Tu n'as décidément plus de patience, fils.) , réplique-t-il en se moquant, avant de me faire signe de m'approcher.

Je m'assois face à lui. Son secrétaire me tend une enveloppe que j'ouvre : un rapport d'enquête , celui dont j'attendais des nouvelles depuis des mois.

Ndiphinde ndayivula uphando, njengoko ubundicelile. (J'ai rouvert l'enquête, comme tu me l'as demandé.) m'annonce-t-il.

Il est venu pour honorer notre deal. Celui qui m'a poussé à accepter ce mariage sans protester. Pourtant, quelque chose dans son regard me dit qu'il n'a pas fini.

Kwaye? (Et ?)

Uyakungxamela ke ngelixesha, ubuphangele ngaphezulu kwamhlanje. (Tu es décidément bien impatient ce soir.) Uthathile isigqibo sakho? (Tu as pris ta décision ?)

Andifuni ukumcinezela. (Je ne veux pas la répudier.)

Il sourit largement à cette réponse, satisfait. Il hoche la tête, son regard se faisant plus sérieux.

Umama wakho undinike umkhondo onomdla... (Ta mère m'a laissé entendre quelque chose d'intéressant...)

Andifuni bantwana. (Je ne veux pas d'enfants.) , le coupai-je avant qu'il n'aille plus loin.

Mna, ndifuna umzukulwana okanye intombazana. (Moi, je veux un petit-fils ou une petite-fille.)

Usenabo abathathu kakade. (Tu en as déjà trois.)

Mhlawumbi kunjalo, kodwa khumbula ukuba lo mtshato ngumanyano lwezoshishino kuqala. (Peut-être, mais souviens-toi que ce mariage est avant tout un accord commercial.) Ngoko ke, makhe ndicacise: ukuba ufuna ukugcina umfazi wakho, yenza umntwana, uqiniseke ngezithungo zenu. (Alors, je vais reformuler : si tu veux la garder, fait naître ton héritier, solidifie votre union.)

Ucinga ukuba umntwana uzakusombulula konke? (Et tu penses qu'un enfant résoudra tout ?)

Ewe, xabisa umfazi wakho. (Oui, honore ta femme.) dit-il avec cette insistance pesante.

« ukuhlonipha .... » « Honorer... » ce mot qu'ils aiment tous lancer, ignorant le fait que ce mariage n'a jamais été consommé. Je soupire intérieurement, me résignant à porter seul ce fardeau.

Ndiza kucinga ngako. (Je vais y réfléchir.) , dis-je en fixant un point invisible derrière lui.

Il allait ajouter quelque chose lorsque ma femme revient avec un bol de samoussas.

— Tonton, vous pouvez patienter encore un peu, le repas sera prêt dans quelques minutes.

— Ne te fatigue pas, ma petite, répond-il avec bienveillance. J'étais juste de passage. Une prochaine fois, je viendrai goûter ta cuisine. Il paraît que tu es meilleure que René et Solaya, Dimitry m'en a fait les éloges.

Un léger rire éclaire son visage.

— Je ne suis pas aussi douée qu'elles, mais ce serait un honneur.

— L'honneur est pour moi, répond-il, un sourire en coin, en me fixant du regard.

Elle s'incline respectueusement avant de retourner en cuisine. Il se lève et ajoute :

Ndiyathemba ukuba akuyi kuthatha xesha lide ukucinga, nyana. (J'espère que ta réflexion ne sera pas longue, fils.)

Kwaye ukuba yena akafuni? (Et si elle n'en veut pas ?) , demandai-je abruptement.

Un sourire énigmatique apparaît sur ses lèvres. Dans nos croyances, toucher une femme sans son consentement, même si c'est sa propre épouse, est interdit sous peine d'engendrer des démons. Et cette méthode est dramatiquement à l'opposé des valeurs qu'il m'a enseigné.

Mais amadouer sa femme pour avoir ce qu'on veut , n'a jamais été interdit.

Kule meko, kungenxa yokuba akakakulindeli ezizicelo zakho. (Dans ce cas, c'est parce que tu n'es pas encore à la hauteur de ses attentes.)

Son sourire s'élargit de plus lorsqu'il tourne les talon .

Ungakulibali ukumbulela, ngenxa yokububele bakhe. (N'oublie pas de la remercier pour moi, pour son hospitalité.) Uyintombazana enobubele. (C'est une brave fille.)

Je lui lance un regard noir alors qu'il marche vers la sortie, son secrétaire ouvrant la voie. C'est elle qu'on qualifie, et c'est à moi qu'on demande de glisser ma queue entre ses jambes.

Je le raccompagne jusqu'à sa voiture garée à l'extérieur. Son chauffeur démarre, et la berline s'engage dans la quiétude du quartier. Je rentre et change le code d'accès. Tout le monde le connaît bien trop désormais.





Je retourne à l'intérieur et me dirige vers la cuisine, ramassant les verres laissés sur la table. Elle est là, devant son ordinateur, absorbée par une vidéo de cuisine. Ça doit être une recette de riz, probablement.

— Mon père te remercie pour ton hospitalité, dis-je en posant les verres dans l'évier.

— D'accord, répond-elle, les yeux fixés sur l'écran.

D'ici, je remarque ses doigts qui s'entrelacent, un geste d'inquiétude que je lui connais bien. Elle fait cela quand elle veut parler, mais ne sait pas par où commencer. Je me rapproche et prends un tabouret, décidant de briser le silence.

— Parle, darling, je suis ouvert aux critiques ce soir, dis-je avec une pointe d'ironie.

Sur l'îlot repose un plat de boulettes de viande encore tièdes, leur odeur délicieuse attisant mon appétit. J'en prends une et la goûte, savourant la texture et les épices qui explosent en bouche.

— C'est vraiment bon, ce truc, murmurais-je en attrapant une autre boulette.

Elle hésite, puis se lance maladroitement :

— Il était là pour parler du... divorce ?

Je hausse les épaules en mâchant .Si tu savais...

— Non, il avait un tout autre sujet en tête.

— Lequel ?

— Pose une autre question, rétorqué-je sèchement.

Son regard surpris me dévisage, cherchant à comprendre. Je préfère éviter toute conversation pouvant lui faire penser que je pourrais un jour abuser d'elle ; car ça, ça va vraiment me contrarier.

Je continue de picorer les boulettes, appréciant leur goût réconfortant.

— C'est quoi, les règles du jeu, maintenant ? demande-t-elle, d'un ton plus tranchant que d'habitude.

Je la regarde, surpris par l'assertivité dans sa voix. C'est la première fois que je l'entends parler sur ce ton. Madame est vexée, sans doute parce qu'elle n'a pas obtenu de réponse satisfaisante.

— De quelles règles tu parles ? Sois plus claire.

Elle prend une profonde inspiration, et cela me fait sourire. J'ai l'impression de découvrir une facette inédite d'elle.

— Ton... affection, ton intérêt soudain pour moi... ça sert quel but ? lance-t-elle en soutenant mon regard.

Je termine la boulette que j'ai entre les doigts et me tourne vers elle, observant cette lueur de détermination dans ses yeux. Elle semble rassembler tout son courage, prête à faire face à n'importe quelle réponse.

— Tu rentres tôt, tu es toujours là... alors, c'est pour quoi exactement ? continue-t-elle.Redéfinissons les règles

Elle perçoit le changement, et ce changement l'effraie. Elle redoute l'inconnu, la possibilité que notre relation se transforme. Et, à vrai dire, cela m'effraie aussi un peu , si je suis honnête avec moi-même.

Son expression trahit son incompréhension mêlée à son angoisse. Je lève ma main et la pose doucement contre sa joue. Elle reste immobile, son regard suivant chacun de mes mouvements. Je caresse sa joue, savourant la douceur de sa peau

— Voilà ce qui change, darling, lui dis-je d'un ton apaisant. Tu n'as plus peur de moi.

Son visage est lisse, sans imperfection, et je me retiens de sourire. Elle n'a pas baissé les yeux une seule seconde, et je sens son cœur battre plus vite sous ma main.

— Je ne veux pas de ton affection, Ryan... Je veux que tout redevienne comme avant.

— Comment on était avant ?

Elle prend délicatement ma main et l'éloigne de sa joue.

— Avant, tu m'ignorais.

— Avant, tu stressais dès que j'étais trop près, tu sursautais au moindre contact.

Je reprends une autre boulette dans l'assiette, savourant cette conversation qui, malgré tout, me donne un sentiment étrange de proximité.

— Passer du temps avec toi ne m'ennuie pas. La cohabitation est devenue plus agréable ces derniers temps.

Sans attendre une réponse, je me lève avec mes affaires et prends une dernière boulette. Poursuivre cette discussion serait contre-productif.

— Tu as tout mangé, murmure-t-elle, presque pour elle-même en regardant le plat vide

Un sourire satisfait s'étire sur mes lèvres alors que je quitte la cuisine. Je récupère l'enveloppe laissée dans le salon et monte les escaliers . Arrivé dans ma chambre, je dépose mes affaires, puis descends dans mon bureau.

La lumière tamisée éclaire la pièce, et je m'assois, l'enveloppe en main. Je l'ouvre lentement, prêt à découvrir ce que mon père a trouvé

Cet accord avec mon père... J'avais posé une condition pour accepter ce mariage sans résistance : qu'il rouvre l'enquête sur la mort d'Emilliana. J'avais besoin de savoir s'il s'agissait d'un malheureux accident ou d'autre chose. À l'époque, l'enquête avait été close trop vite, et je n'avais pas le pouvoir de la faire rouvrir. Mais Amané lui le peut et il vient d'honorée sa part du marché.

Les documents sont là, le rapport de police, l'autopsie du chauffeur... Tout est conforme à la version officielle : un accident de la route banal, sans aucun élément suspect. Je soupire, rassemblant les papiers avant de les ranger dans un tiroir

Je soupire et range les documents dans un tiroir. Quelle longue journée...

— Il est temps de préparer ma valise, murmuré-je à moi-même en me levant.

Dans la salle de bain, j'ajuste ma barbe devant le miroir, le vrombissement léger de la tondeuse couvrant à peine la voix d'Adeola qui m'appelle depuis la chambre. Je fais mine de ne rien entendre, continuant mes gestes avec précision. Après trois appels, elle se tait, mais ne quitte pas la chambre . Elle n'ouvrira pas la porte de la salle de bain , je le sais. Même si je criais à l'aide, elle hésiterait sûrement à franchir ce seuil.

Une fois ma barbe parfaitement taillée, je range la tondeuse, puis ouvre la porte. Elle est debout au milieu de la chambre, les yeux agrandis par la surprise. Dans un sursaut, elle laisse tomber quelque chose. Ma montre.

— Tu aimes les montres, darling ? dis-je en la ramassant doucement, observant son visage qui se ferme.

— Non, répond-elle sèchement avant de tourner les talons. Le dîner est prêt.

Sans un regard supplémentaire, elle descend les escaliers. Je retourne prendre une douche rapide avant de la rejoindre. Dans la cuisine, elle se tient près de l'îlot, son assiette en main, les yeux fixés sur son ordinateur.

Mon assiette m'attend sur la table à manger, mais je la prends et la pose à côté d'elle, sur l'îlot. Elle fronce les sourcils sans dire un mot, une expression de distance volontaire marquant ses traits.

Un silence pesant s'installe entre nous, chacun absorbé dans son monde, elle en mangeant, moi en parcourant mes e-mails. De temps à autre, je la sens jeter un coup d'œil rapide dans ma direction, comme si elle guettait quelque chose.

— Je pars en voyage ce soir, dis-je en quittant des yeux mon écran.

Un léger soupir lui échappe, qu'elle tente de camoufler en portant la main à sa bouche. Presque un soulagement.

— Ton mari va te manquer tant que ça, darling ? ajouté-je, amusé.

Elle continue de m'ignorer. Je ne sais pas si ce sont ses hormones qui la rendent aussi distante ou si elle est simplement au bord de l'exaspération. Et cela me pousse à vouloir aller plus loin, curieux de voir jusqu'où elle peut retenir sa colère ou sa frustration.

— Ne t'en fais pas, tshata, tu me rejoindras dans deux jours, ajouté-je ton nonchalant.

Ma femme tourne la tête, l'incompréhension marquant ses traits. Jamais je ne l'ai emmenée en voyage avec moi, et pourtant, aujourd'hui, je change les règles. Pas par égard ou par besoin de sa présence. Plutôt pour éloigner mon père et ses visites impromptues .

— Tu vas où ? demande-t-elle, encore confuse.

— Je descends à New York demain. Toi, tu me rejoindras à Atlanta.

Elle entrouvre légèrement les lèvres, les referme aussitôt, puis prend une profonde inspiration.

— J'ai peur de l'avion, m'avoue-t-elle.

Je le sais déjà. Lala m'a envoyé une vidéo où Dimitry lui tenait la main pour la rassurer pendant un vol. Mais, malgré tout, j'ai envie qu'elle vienne. Ça fait peut-être de moi un salop, mais cela l'évitera de rester seul ici, où mon père pourrait venir à sa rencontre en mon absence.

Elle attend toujours une réponse, et je pose une main légère sur sa tête, caressant ses cheveux, un geste presque tendre.

— Ne t'en fais pas, je demanderai au pilote de te faire voyager la nuit, comme ça tu dormiras, dis-je avec un sourire que je cache à peine.

Son regard s'assombrit, une colère contenue qu'elle ne cherche même pas à dissimuler. Elle me fusille presque des yeux, et je me retiens de rire face à son expression enflammée.

Je termine mon assiette, la dépose dans l'évier, et nettoie rapidement, sentant toujours son regard qui me transperce. Si ses yeux étaient des lames, je serais en morceaux.

Finalement, cette soirée aura été plus divertissante que prévu.







Allongé sur le lit, j'entends la poignée de la porte tourner et aperçois la silhouette fine de ma femme se glisser dans la chambre. Elle s'approche du lit et glisse quelque chose sous la couverture avant de se redresser pour se diriger vers le dressing, sans même jeter un œil vers moi. Un bruit sec retentit alors qu'elle referme la porte derrière elle.

Intrigué, je tapote sous les draps, tâchant de deviner ce qu'elle a pu laisser là. Soudain, une vive douleur me fait retirer ma main : mon doigt vient de rencontrer quelque chose de poilu . Je retire aussitôt mes doigts en sentant une vive douleur — le truc m'a griffé.
Je plisse les yeux, et à travers la pénombre tamisée, une ombre bouge sous la couverture pour finalement s'étirer jusqu'à l'oreiller.

— Comme ça, c'est elle qui t'a entraîné pour me griffer, hein ?

J'attrape l'objet en question : le chat, fidèle complice de ses farces. De toute façon, je dormirai dans l'avion.

Je descends au salon plongé dans le noir, avant de monter jusqu'à sa chambre. Je frappe doucement, hésitant un instant.

— Darling, je sais que t'es là-dedans.

Aucune réponse.

— J'ai un truc à te demander, dis-je en jouant la carte de la persuasion.

J'entends des pas feutrés, puis la porte s'entrouvre, dévoilant sa silhouette en pyjama : un short et un petit camisole avec un V qui pourrait inspiré la vie . Elle ne porte pas ce genre de tenue quand elle dort dans ma chambre.

— Qu'est-ce qu'il y a ? me demande-t-elle avec indifférence.

Je lui montre le chat, qui se tortille entre mes mains, ainsi que ma main légèrement griffée. Elle le récupère.

— T'es un grand garçon, tu survivras, dit-elle en s'apprêtant à refermer la porte.

Je retiens la porte avant qu'elle ne se referme, sans trop savoir pourquoi.

— Tu ne montes pas ce soir ?

— Non.

— Pourquoi ?

— Parce que j'en ai pas envie.

Un sourire élargit mes lèvres malgré moi. Un instant, l'idée de rester, de la taquiner toute la nuit, me semble plus attirante que n'importe quel contrat ou rendez-vous. Mais je dois partir.

— Tu ne veux même pas souhaiter au revoir à ton mari ?

— Au revoir, mon faux mari.

— On se revoit dans deux jours, dis-je en insistant, histoire qu'elle ne l'oublie pas.

Je referme sa porte, gravis les marches de l'escalier, un sourire idiot toujours collé au visage. J'attrape mes valises, descends au rez-de-chaussée, et au moment où j'atteins le garage, je la vois sortir de la cuisine.

— T'as finalement décidé de venir me faire un câlin d'au revoir, darling ?

Elle lève les yeux au ciel.

— Ryan, va-t'en, s'il te plaît.

Elle remonte les escaliers, sans un regard en arrière.

— J'ai changé le code d'entrée, lançai-je en passant la porte d'entrée.

À peine ai-je dit ces mots qu'elle me rejoint dans le garage, les traits marqués par l'agacement.

— C'est quoi, le nouveau code ? demande-t-elle sèchement.

Je referme le coffre après avoir rangé mes affaires, la contourne pour ouvrir la portière.

— — Ryan, reprend-elle avec impatience. Le nouveau code, s'il te plaît

— Je comptais te l'écrire, mais si tu me demandes comme ça, je pourrais même me le tatouer.

— Bon Dieu, écris-le !

Je prends un carnet, note le code à six chiffres, déchire la feuille et la lui tends. Elle l'attrape sans un mot et s'éloigne vers la maison, tandis qu'un léger rire m'échappe en montant dans la voiture. La grille se lève, le moteur ronronne, et je m'éloigne, toujours amusé par ce dernier échange.












NDA : Qu'est que vous en pensez de ce chapitre ?
Je vais parlé très peu aujourd'hui alors à propos . Vous pensez quoi du comportement de mon fils face à ma go

Le petit rapprochement et le voyage prévue à deux, je veux tous entendre.

Bon dimanche à vous ; mes stars 🌟.

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