Chapitre XXII: intimité
( démarrez la vidéo , baissez le volume et détendez vous. Bonne lecture ❤️🩹)
Acte 2🤎: Les luttes intérieure et les non-dits
Le plus intime en nous n'est pas ce que nous montrons, mais ce que nous taisons, ce qui réside dans les profondeurs de notre âme.
Rainer Maria Rilke
Adeola.
À mon réveil, je me suis retrouvé seule dans le lit. Une vague de soulagement m'envahit en constatant son absence. Je ne me rappelle même pas quand le sommeil m'a emportée la veille .
Descendue, je m'éclipse discrètement hors de la maison, glissant un simple "bonjour" dans sa direction. Il était dans le salon, fixé devant la télévision. Il a dû me trouver étrange, mais je n'y prête pas attention.
J'ajuste mes lacets avant de monter sur le tapis de course, lorsque Solaya fait son entrée, lunettes de soleil sur le nez, une gourde à la main , l'air éclatant. Elle rayonne d'une énergie qui tranche avec la mienne.
— Il me faut une séance de massage et de relaxation, dit-elle en s'asseyant sur le banc à côté de moi, un soupir d'épuisement dans la voix retirant ses lunettes.
— Pourquoi donc ? lui demandai-je, intriguée.
—J'ai dû border quatre gosses hier soir, au lieu de trois. Et le pire, c'était le quatrième... Il a passé la nuit à râler sur la prolifération des supermarchés et les produits avariés. S'il est si concerné, je l'envoie faire les courses !
Le rire cristallin de Lala derrière nous résonne , interrompant Solaya.
— Ils ont finalement organisé une fête hier ? demande Lala, un sourire malicieux aux lèvres.
— Non, c'était plutôt une séance de beuverie annuelle, avec en prime un cours d'économie mondiale pour moi ! réplique Solaya, moqueuse.
Elles échangent un regard complice en riant légèrement, tandis que moi, je reste en retrait, un sourire timide aux lèvres.
— Ça va, toi ? demande Lala, une once d'inquiétude dans le regard.
Je lui adresse un sourire rassurant.
— Oui....Ryan s'est endormi a peine arrivé et....juste un peu fatiguée à cause des séances photo.
Un matin , j'avais laissé mes cheveux en afro pour aller travailler et contre toute attente cela a captivé l'équipe. Madame Reba et les photographes m'ont convaincue de poser pour le prochain numéro, car l'idée de Kindia n'avait pas été totalement abandonnée. Je me sentais nerveuse, mais les filles, elles, étaient bien plus excitées que moi. Lala m'a même montré des poses photographiques emblématiques, lorsque j'ai émis l'idée à titre de mannequin qu'elle est .
— Tu l'as finalement fait ! s'enthousiasme-t-elle. Ma belle-sœur va faire la couverture, tu vas faire la couverture !
— Je ne sais même pas si je ferai la couverture, murmuré-je, tentant de tempérer ses attentes.
— Peu importe, tant que tu es dedans, je vais acheter cent magazines... tu vas faire la couverture !
Je lance un regard suppliant vers Solaya pour qu'elle m'aide à calmer Lala, mais elle hausse les épaules, amusée.
— Ne t'inquiète pas, elle ne sera pas la seule à en acheter cent.
Je lève les yeux au ciel, amusée, puis me lève pour enfin monter sur le tapis de course. Après avoir ajusté mon casque audio, je lance la machine et la musique emplit mes oreilles.
Depuis que le magazine a exploré le thème du sport, la course est devenue une échappatoire pour moi. Je ne peux plus me passer de ces sessions du samedi où je cours pendant trente minutes, laissant la tension s'évanouir au rythme de mes pas . Solaya aussi y veille personnellement , même si pour nous chaque mois passe à la salle devient un nouveau record
A chaque foulée, je sens mes pensées se libérer, comme si le battement de mes pas pouvait chasser mes doutes. L'air chaud envahissait mes poumons, me rapprochant de cet équilibre fragile entre évasion et lucidité.
La playlist en mode aléatoire, je me laisse envelopper par une mosaïque d'émotions : tantôt douces, tantôt intenses, parfois un mélange des deux. Les yeux fermés, je m'immerge dans une bulle personnelle, loin de tout. Dans cet espace, il n'y a que moi. Et pourtant, une sensation persiste, une empreinte chaude et douce, celle de son souffle contre ma nuque. Mon corps frémit à ce souvenir, malgré la douche froide de ce matin.
Son parfum, subtilement boisé, imprègne chaque pièce de la maison. Même maintenant, il semble imprégné dans ma peau, comme une marque invisible. Cette sensation refuse de s'effacer, et je tuerais pour enfin mettre un nom sur elle.
Je vérifierai en rentrant... Non !
Qu'est-ce que je raconte ?
Je ne vais rien vérifier du tout.
C'était juste sous l'emprise de l'alcool. Il m'a sûrement prise pour une autre, murmure une voix en moi. Toute la nuit, il n'a pas cessé de fredonner une certaine "Emy". J'étais simplement au mauvais endroit, au mauvais moment, encore une fois.
Oui, j'aurais dû simplement poser le remède sur la table de chevet et m'en aller. Je ne referai plus cette erreur. Je ne veux pas tout gâcher, je veux qu'il reste... celui qui apaise mes angoisses, celui qui devine mes émotions sans même que je parle, celui qui me caresse la tête, sans jugement.
« Tu as tout gâché », murmure une petite voix, aiguisée comme une lame.
Je sens mes pensées déraper, ma bulle éclater, et soudain mes pieds se dérobent. Je suis projetée en arrière , percutant une surface solide avant de sombrer.
Des voix confuses autour de moi me ramènent , la silhouette de Solaya se découpant au-dessus de moi, son visage empreint d'inquiétude.
— Merci,...... merci , monsieur, dit Solaya en m'aidant à me redresser.
— Ce n'est rien, répond une voix masculine derrière moi, calme et rassurante. Ce genre d'accident arrive de temps en temps. Un instant d'inattention, et tout peut basculer
Je me tourne pour le remercier et rencontre ses yeux, un homme de teint clair, taille moyenne, aux bras puissants qui me font rougir légèrement.Encore un peu sous le choc,
je me redresse totalement , le rouge me monte aux joues. Je détestais me sentir vulnérable devant des inconnus mais je fini par murmurer un faiblement :
— Merci beaucoup...
— Pas de quoi, dit-il, un peu gêné se décalant et reprend son chemin.
— Pourquoi tu dors sur le tapis de course ? me réprimande Solaya, alarmée.
On dirait qu'elle est plus affectée que moi.
— Je... je ne dormais pas.
— Bien sûr que si ! La séance est terminée. On rentre, tu iras te reposer chez toi.
Elle me prend par le poignet, me tirant vers la sortie comme si elle traînait Ewia hors d'un supermarché . Cela me fait sourire, et un léger rire s'échappe.
— Ça te fait rire, hein ? gronde-t-elle en descendant les escaliers. J'ai failli faire une crise cardiaque !
— Promis, je ferai attention la prochaine fois, dis-je avec un sourire d'excuse et lui fais les yeux doux
— Me fais pas les yeux de Dimitry, sinon je te punis.
— Bien reçu, Maman, répondis-je en hochant la tête.
On éclate de rire toutes les deux en rejoignant le parking, nos affaires en main.
— T'as mal nulle part, j'espère ? me demande-t-elle, toujours sur le qui-vive, dans son rôle de maman-poule.
— Non, tout va bien, Maman.
— En tout cas, on pourra remercier ce gars aux gros bras musclés qui t'a rattrapée. Ils étaient énormes, on aurait dit ma cuisse !
— Solaya !
— Quoi ? Faut dire les choses comme elles sont !
Son rire entraîne le mien, et je me sens finalement un peu plus légère, soulagée de cette tension .
À peine ma voiture passe les grilles de la propriété que des frissons remontent le des pieds à la tête.Mon regard se pose sur sa voiture, garée au même endroit où je l'avais laissée hier soir, me rappelant que cette étrange tension est loin d'être dissipée.
Je descends lentement et récupère mes sacs de courses à l'arrière, mes pensées brouillées par un mélange de nervosité et de calme apparent. En traversant le salon, je remarque que la télévision est allumée, projetant une lumière douce dans la pièce plongée dans la pénombre. Mon cœur bat un peu plus vite alors que j'entre dans la cuisine et le vois, de dos, près du four. Minou est à ses pieds, minuscule comparé à lui, lui tournant autour en miaulant plaintivement.
Une délicieuse odeur de rôti embaume la cuisine, je pose mes sacs sur la table avec précaution . Il brise le silence au moment où sa voix résonne:
— Bonsoir, Darling.
Il ne s'est pas encore retourné. Je murmure un "bonsoir" hésitant, espérant que la conversation en reste là, comme ce matin.
— Attends ! dit-il en se tournant vers moi, un plateau rôties à la main.
Il le pose sur l'îlot central. L'odeur de la viande épicée me chatouille les narines, déclenchant une vague de salive. Avec un léger sourire, il saisit un torchon et s'essuie les mains, puis s'approche de moi. Je sens mon corps reculer instinctivement lorsqu'il attrape mes mains dans les siennes.
— Hier... est-ce que j'ai eu un comportement déplacé ?
demande-t-il avec un sérieux inattendu.
Je secoue la tête, mais son sourcil levé trahit son doute.
— Ne garde pas ça pour toi, Adeola. Je t'ai prise dans mes bras sans ton consentement, et c'était irrespectueux. Pardonne-moi, s'il te plaît.
— C'est rien... t'étais saoul, alors...
— Ce n'est pas une excuse, répond-il avec gravité. Je suis sincèrement désolé.
Je hoche la tête, hésitant à lui répondre quand j'aperçois Minou, qui grimpe sur l'îlot pour approcher le plateau.
— Minou ! criai-je au même instant où Ryan se retourne aussi, agrippant le chat par la peau du cou.
Minou se débat, et Ryan hausse les épaules, une lueur de malice dans les yeux.
— Tu me manques de respect tout le temps, souligne-t-il avec une pointe de taquinerie. Et maintenant, tu veux profiter de mon dur labeur ?
Minou proteste avec un miaulement plaintif, et Ryan se tourne vers moi, ses yeux brillants de malice. Je tends les bras pour le récupérer, mais Ryan le lève un peu plus haut, taquin.
— Alors, Minou, c'est ça ton vrai caractère ? Tu essaies de me faire passer pour le méchant ?
Minou continue de se débattre en s'inclinant vers moi, tendant une petite patte en quête de secours.
— Tu n'iras nulle part, murmure Ryan, faussement sévère. Ma femme ne te sauvera pas aujourd'hui.
L'appellation "ma femme" résonne étrangement en moi, et une chaleur douce envahit mes joues. Il finit par poser Minou au sol, qui ne perd pas une seconde pour courir dans mes bras.
— Le traître, peste-t-il, en souriant. Va te changer, on va manger.
À peine posé, Minou file vers sa gamelle où Ryan a déposé quelques morceaux de viande, et je les observe un instant avant de quitter la pièce me demandant le quelle des deux ne supporte pas l'autre.
Dans la chambre, je me débarrasse de mes vêtements et prends une douche rapide, l'eau chaude me réconfortant. J'enfile une robe ample avant de retourner dans le dressing, le cœur battant légèrement.
Son parfum... ?
La question surgit dans mon esprit, écartant ma rationalité. Avant de me raisonner, je fouille dans ses tiroirs, mes doigts effleurant des cravates, des montres luxueuses, des boutons de manchette, jusqu'à une boîte élégante. En l'ouvrant, un parfum boisé et envoûtant s'en échappe. Deux flacons se trouvent là : Terre d'Hermès et un autre flacon sans étiquette.
Et la fragrance qui l'obsède tant provient de ce flacon sans étiquette , malgré ne pas avoir trouvé de réponse claire. Je souris, amusée par ma propre audace, referme soigneusement la boîte, puis redescends.
Dans le salon, Ryan est assis sur le canapé face à la télévision, une table basse garnie devant lui. Minou s'enroule autour de ses jambes, l'air suppliant.
— Si tu continues, je te mettrai dans le four la prochaine fois, le menace Ryan en plaisantant, juste au moment où j'arrive.
Je récupère Minou, fronçant les sourcils vers Ryan.
— Tu es cruel, murmuré-je, mi-sérieuse, mi-amusée.
Il rit .
— Ce chat est un cannibale, dit-il, faussement outré. Il pourrait dévorer ses congénères s'il en avait l'occasion.
— Il aime juste le viande cuite, répondé-je en caressant Minou. N'est-ce pas, Minou ?
Minou miaule en guise de réponse, et je le pose sur mes genoux, prête à déguster mon plat. Ryan m'observe alors que je trempe un morceau de pain dans une sorte de bouillie crémeux .
— Qu'est-ce que c'est ? demandé-je en goûtant.
— Goûte et tu verras si ça te plaît, répond-il, souriant légèrement.
Je prends une bouchée. La viande est savoureuse mais les épices me surprennent, brûlant légèrement ma bouche. Ryan me tend un verre d'eau avec un regard complice.
— On mange la viande dans le pap , pas avec pain, explique-t-il.
— Tu aurais pu le dire, protesté-je en m'étouffant presque avec l'eau .
Il rit , puis retourne son attention vers son film, un de ces drames afro-américains qu'il adore et dont je ne comprends que des bribes.
Je prends une bouchée, plus lentement cette fois. La saveur épicée s'adoucit, laissant place à un goût subtil et agréable. C'est... plutôt délicieux.
Je mange en silence, tandis que mes pensées glissent vers Lagos. Je me revois avec Ife, lors de ces soirées où, en sortant de l'université, on partageait de la viande grillée, accompagnée d'un bol de dégué. C'était des moments de liberté, d'insouciance, une chaleur que je n'ai plus ressentie depuis longtemps.
Des souvenirs pleins de vie, contrastant cruellement avec la froideur de ce mariage... fictif.
Oui, ce mariage n'est qu'un arrangement, une façade que tout le monde a sûrement percée à jour maintenant. Je vais devoir retourner à Lagos, à ma vie d'avant.
Je lève les yeux, mon regard se posant discrètement sur cet homme en face de moi. Nous avons partagé des jours... et surtout des silences.
Un miaulement m'arrache à mes pensées. Je détache un morceau de viande pour Minou, qui mange avec enthousiasme. Peut-être pourrais-je l'emmener avec moi ? Non, il serait mieux ici, avec lui . Je peine déjà à prendre soin de moi-même à Lagos ; comment pourrais-je vraiment veiller sur quelqu'un d'autre ?
Malgré les apparences, je sais Ryan en prendra soin.
Peut-être même que ce repas deviendra un souvenir précieux. Un petit fragment de bonheur à emporter, une douceur inattendue dans ce passage trouble de ma vie.
— Darling ? m'appelle Ryan d'une voix douce.
Ce surnom, qu'il utilise si souvent désormais, résonne étrangement en moi. Je lève les yeux, et il me fixe avec une expression inquiète.
— Tout va bien ? demande-t-il.
Je hoche la tête, avalant difficilement une bouchée pour masquer ma nervosité.
— Dis-moi ce qui te tracasse, Darling, murmure-t-il avec une douceur surprenante. Tu as le droit de partager ce qui t'effraie ou te rend triste. Alors, parle-moi.
Son ton doux me déstabilise, mais je ne peux m'empêcher de savourer cette chaleur dans ses mots.
Prenant une grande inspiration, je lui murmure :
— Ce... mariage... va être annulé, n'est-ce pas ?
Ryan ne quitte pas mes yeux, puis prend doucement ma main gauche, la levant pour que je voie l'anneau qui y brille.
— Qu'est-ce que tu as au doigt ?
— Une... bague, répondis-je.
— Non, pas juste une bague. C'est une alliance. Ce qui signifie que tu es ma femme, et je suis ton mari.
— Mais... c'est pour de faux.
— Ça n'a jamais été faux, Adeola. Je suis ton mari, jusqu'au jour où tu décideras autrement.
Je hoche la tête, tentant de contenir l'émotion qui me submerge. Ses paroles résonnent dans mon cœur, lourdes de sens et de promesses implicites.
— Maintenant, mange ce repas que Minou et moi avons préparé pour toi. Ensuite, tu pourras réfléchir à ce que tu nous feras comme petit-déjeuner demain pour nous remercier.
Je souris malgré moi et acquiesce. Il me regarde manger, sans détourner le regard, jusqu'à ce que je termine mon assiette. Puis, discrètement, je m'éclipse avec mon ordinateur, prête à me replonger dans mes écrits pour essayer d'oublier, ne serait-ce qu'un instant, la complexité de ce mariage .
Debout devant l'entrée, je le regarde monter dans sa voiture, la grille déjà ouverte. Ses mouvements sont sûrs, précis. Il vérifie ses rétroviseurs avant de jeter un dernier coup d'œil vers moi.
– Verrouille bien les portes avant d'aller te coucher, me rappelle-t-il encore une fois, comme une habitude ancrée
La dernière fois que je ne l'ai pas fait, c'était parce qu'il m'en a empêchée... y repenser me donne des frissons, mais pas désagréables. Sa voiture passe sous la grille qui se referme lentement derrière lui, et en un instant, il est parti. Demain, il a une vente importante à conclure à la capitale. Partir ce soir est plus pratique pour lui.
Je me retrouve seule dans cette vaste maison, un silence presque imposant régnant autour de moi. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas retrouvée seule ici, entourée de cette immensité paisible. Je referme la porte d'entrée et sors par la porte-fenêtre qui mène au jardin, là où l'air est plus léger et le soleil, maintenant doux, caresse ma peau avec une tendresse apaisante.
Je m'avance jusqu'à la piscine, sentant sous mes pieds nus le contact frais du carrelage. J'abaisse doucement ma robe de mes épaules, laissant apparaître mon maillot de bain. Lentement, je descends les marches de la piscine, l'eau fraîche entourant mes jambes, puis mes hanches, jusqu'à ce qu'elle atteigne mes épaules. La température est parfaite, enveloppante, comme un baume apaisant après une longue journée.
Après ce bref moment dans l'eau , je sort m'essuie avec une serviette et m' sur la chaise longue . La chaleur douce du soleil se mélange à la brise légère qui caresse ma peau encore humide de la piscine. Je prends une grande inspiration et compose un appel vidéo pour Ife, l'écran de mon téléphone capturant les éclats scintillants de l'eau derrière moi. Dès qu'elle décroche, un sourire fatigué s'étire sur mon visage.
« Enfin ! » — je souffle avec un mélange d'exaspération et de soulagement. —« Ça fait un moment que j'essaye de te joindre ...»
La voix moqueuse d'Ife, accompagnée du bruit de fond de son salon, résonne doucement dans mes écouteurs.
«Du calme, sweet mama, j'étais un peu occupée ! », — répond-elle, son son bol de riz en main, le bruit léger de la cuillère heurtant la porcelaine.
Je secoue la tête en riant. Ife, toujours égale à elle-même, semble indifférente au temps qui passe, comme si les minutes s'étiraient différemment pour elle.
« Depuis deux semaines, tu te fais désirer c'est ça ?» — je taquine, la lumière dorée du crépuscule glissant sur mes épaules.
« Ouais , je suis une femme extrêmement convoitée , raconte-moi. Il paraît que tu profites du soleil, là ? En maillot ? Montre-moi tes si jolies fesses, baby ! »
Elle hausse un sourcil avec un sourire espiègle, sa voix prenant un ton provocateur qui me fait éclater de rire.
« Je ne vais pas te montrer mes fesses ! » Je ris en secouant la tête, la chaleur sur mes joues rivalisant avec celle du soleil.
«Oh, tu te refuses à moi ? D'accord, j'accepte... ton mari a gagné, lui.»
Je laisse échapper un soupir en levant les yeux au ciel.
« Quoi ? N'importe quoi »
« T'es en maillot dans SA maison, chérie. Et ne viens pas me dire qu'il ne se passe rien entre vous ! »
Je sens mes joues se réchauffer davantage, et un frisson involontaire .
« Il est pas là, c'est pour ça que je suis en maillot...»
« Ah bon ? Et il se passe quelque chose ?» insinue-t-elle, ses yeux brillants de curiosité à l'écran.
Je secoue la tête, revivant les derniers événements des deux semaines passées.
« Raconte-moi, chérie. Je veux tout savoir .»
« En fait... ses parents sont au courant qu'on faisait semblant ou du moins....un peu comme ça .»
« Purée !» — lâche-t-elle, et son visage s'agrandit à l'écran.
« Et depuis, sa mère n'est plus revenue, et... c'est devenu un peu bizarre, ces temps-ci.»
Elle lève un sourcil, attentive, tandis que je glisse mes doigts sur le verre de ma chaise longue, traçant des motifs imaginaires pour calmer mon anxiété à ce sujet
« Il t'a proposé de divorcer ?». — demande-t-elle en plissant les yeux.
« Non. Je lui ai posé la question... et il veut toujours que je reste sa femme. Pendant dix ans, comme convenu.»
« Et toi, qu'est-ce que tu veux ?» — Son ton se fait plus doux, et je sens sa sincérité malgré la distance.
Je prends une profonde inspiration, les mots se formant dans mon esprit avant de franchir mes lèvres.
« Je veux pas rentrer à Lagos... j'aime la vie que je mène ici. J'ai des amis... des gens qui ne me jugent pas... je respire mieux ici.»
Ife reste silencieuse un instant, ses traits devenant presque tendres à travers l'écran, avant de murmurer :
« Je comprends. Mais au fond de toi, veux-tu vraiment rester mariée avec lui ? »
Je hoche lentement la tête, incapable de lui donner une réponse ferme
« Honnêtement... je ne sais pas. Mais c'est toujours ma meilleure option.»
« Mon bébé» , répond-elle d'un ton affectueux. « Si jamais il te fait quelque chose de bizarre, appelle-moi...»
« Non, non, il n'est pas comme ça !»
« Tishiiii... Tu le défends ? Il te fait vraiment des choses bizarres alors ? »
« Non, rien de ce que tu imagines. On est juste devenus un peu plus... proches qu'avant. »
« Dis-moi clairement ce qu'il te fait, jeune fille !»
« Eh bien... Il me prépare à manger, il me demande comment je me sens... comme d'habitude, quoi.»
« Shieee ! Il te drague !»
« Non, ce n'est pas de la drague. »
« Écoute, quand un homme cuisine pour une femme, c'est de la drague. »
« Donc, ça veut dire que je le drague aussi quand je lui fais à manger ? »
Je la vois poser son bol avant de se mettre à danser devant la caméra, chantant une chanson en yoruba aux paroles un peu... suggestives. Cela me fait éclater de rire.
« Arrête avec tes idées farfelues ! » lui dis-je en essayant de rester sérieuse.
« Laisse-moi tranquille, je pense ce que je veux, et toi, fais ce que tu veux avec ton mari ! » dit-elle en chantant à nouveau.
Je souris. Quand elle s'y met, il est impossible de l'arrêter. Elle finit par se calmer et revient devant l'écran. Un sourire malicieux aux lèvres.
« Bon, vous faites quoi d'autre après vous être cuisiné des petits plats ? »
« Rien d'autre » , dis-je, un peu vexée. « Bon, assez parlé de moi ! Et toi, qu'est-ce que tu fais ces derniers temps ?»
Elle me répond avec un sourire énigmatique, avant de rire de façon presque diabolique.
« Et c'est quoi ça ? Ne me dis pas que ça a quelque chose à voir avec... "des phares" ?»
Elle hoche la tête avec un air mystérieux.
« Oui, des phares ! Des putains de phares à lunettes. Des phares qui sentent bon et sont si bons...»
Elle mime un évanouissement, ce qui me fait éclater de rire.
« Il a de l'assurance, ton "phare" ? » je demande, amusée.
« Oh oui ! Il dévore toutes les assurances du pays à lui seul.»
« Prends un pied-de-biche, au cas où ce phare devient trop éblouissant pour toi.»
« Rabat-joie ! Il est mignon, très gentleman, et en plus, il est architecte. »
« Sacré parcours !»
« Merci, baby !»
« Je crois que je t'ai perdue...»
« Tout comme je te perds aussi quand ton mari te cuisine...»
« Arrête avec tes sous-entendus bizarres ! »
Elle éclate de rire, et je sais qu'elle continuera ses remarques pendant un moment. Nous parlons de tout et de rien, et après une heure de discussion, nous finissons par raccrocher.
Le soleil s'est couché sans que je m'en rende compte. Je remets ma robe et rentre à l'intérieur, Minou me suivant à mes pieds. Après avoir préparé son repas, je m'attaque à un sandwich spécial et monte à l'étage.
La chambre est plongée dans l'obscurité. Les rideaux épais bloquent toute lumière extérieure, et la climatisation maintient une douce fraîcheur. Je me débarrasse de mon maillot de bain, prends une douche et m'allonge sur le lit. Sans lui à mes côtés, il paraît si grand, presque vide.
Je quitte finalement le lit pour m'installer sur la moquette du petit salon adjacent, tirant légèrement un rideau pour laisser passer un filet de lumière. Mon sandwich, une bouteille d'eau, et la voix d'Omah Lay résonnent doucement dans la pièce sur "Johanna". Allongée sur la moquette, une couverture à mes pieds et mon e-book ouvert sur mon ordinateur, je me plonge dans la lecture, bercée par la musique et l'ambiance apaisante de la pièce.
Minou vient plus tard se rouler en boule contre moi, et je lui fais une place sous la couverture. Sa chaleur réchauffe l'espace sous la couverture, et je m'endors peu à peu, le cœur léger, dans cette douce tranquillité.
NDA : Le chapitre est long mais les stars, pardonnez moi 🙏
Bien qu'on se soit pardonné et que vous avez pardonné à Ryan pour les récentes évènements. Je veux connaître vos impressions durant ce chapitre ? : concernant Adeola ? concernant Ryan ?
JE VEUX TOUS SAVOIR
Et es ce que vous pensez que la démarche Ryan est sincère ? Cachant une part de lui tous restant avec Adeola ?
N'oublie pas de voter
A très bientôt mes stars ⭐️
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