Chapitre XLIX : Oui , oui ....voila

( démarrez la vidéo, détendez vous et Bonne lecture)

Acte 4 : Fragilité et révélation




On s'aime comme un orage, bruyant, brûlant, imprévisible... mais toujours inévitable. — Tayc







Adeola.

      Le joint fait lentement son effet, et la pièce semble enveloppée d'une brume douce et cotonneuse. Les rires s'estompent peu à peu, remplacés par un silence paisible. Ama s'est allongée sur le canapé, une couverture enroulée autour d'elle, tandis que Solaya fixe la télévision, ses yeux mi-clos.

Je reste assise sur le tapis, le regard perdu. La chaleur de l'alcool et de la fumée s'estompe, laissant place à un étrange mélange de fatigue et de lucidité. Je serre mes genoux contre ma poitrine, mon cœur alourdi par un flot de pensées que je ne peut plus ignorer.

Ma vessie aussi fait pression. Je me leve avec une lenteur maladroite, le sol sous mes pieds semblant tanguer comme si j'étais sur un bateau en pleine tempête. Chaque pas vers la salle de bain me paraissait interminable, comme si la porte se trouvait à des kilomètres.

— So... j'ai la tête qui tourne... dis-je, ma voix un peu floue.

— Je t'avais dit d'y aller mollo, répondit Solaya en me lançant un regard moqueur.

Elle se leva pour m'aider, glissant son bras sous le mien avec une douceur presque maternelle. Une fois dans la salle de bain, je m'assis sur la cuvette, lâchant un soupir de soulagement alors qu'elle, sans cérémonie, s'allongeait dans la baignoire vide, un joint fumant encore coincé entre ses doigts. L'odeur de la fumée s'entremêlait avec celle de l'humidité et des produits de nettoyage bon marché, créant une atmosphère étrange, presque intime.

Je me laissai aller, le bruit de l'urine frappant la porcelaine remplissant le silence. À cet instant, c'était la chose la plus relaxante au monde, presque cathartique.

— Demain, si tu rentres chez toi, tu vas faire quoi ? demanda Solaya d'un ton sérieux, rompant la tranquillité de l'instant.

Je soupire à nouveau, le bruit de mes dernières gouttes d'urine résonnant dans la pièce silencieuse. Mes yeux s'attardent sur le plafond jauni par le temps et la fumée. Ici, rien n'est vraiment blanc.

— Je sais pas... Je vais juste rentrer... , dis-je, ma voix traînant légèrement sous l'effet de l'alcool.

Elle tire une longue bouffée de son joint avant de laisser échapper une volute de fumée, des cercles parfaits qui se dissipent dans l'air vicié.

— Tu sais, j'étais là quand on a annoncé ton mariage, lance-t-elle soudain.

Son ton est neutre, presque détaché, mais ses mots réveillent un souvenir que je préfère oublier. Je revois la salle, les regards pesants, la voix solennelle de mon père. Solaya était assise près de moi ce jour-là, tandis que je faisais face à l'homme qui, en l'espace de quelques minutes, était devenu mon fiancé.

Tel un témoin muette du moment, elle a assisté au moments où ma vie avait pris un virage que je ne contrôlais plus.

— C'est pas cool, continua-t-elle, une pointe de compassion dans la voix. Tu n'as pas eu le choix. Tu t'es mariée contre ta volonté, et j'imagine même pas ce que tu ressens maintenant. La tromperie, ça devient presque banal quand ce sont les femmes qui en souffrent. Dans ton cas, je comprendrais que tu te sentes piégée.

Ses mots frappent juste. J'ouvre la bouche pour répondre, mais rien ne sort.

Elle marqua une pause. Le silence, lourd, semblait amplifié par l'écho de la salle de bain. Moi, toujours assise sur la cuvette. Elle, allongée dans cette baignoire usée. Un drôle d'endroit pour une discussion si sérieuse, mais cela semblait parfaitement naturel à cet instant.

— Tu aimes Ryan ? demanda-t-elle enfin, son regard scrutant le mien.

Je ne sais pas si elle affirme ou si elle me pose la question. Je secoue simplement la tête. Je n'ai pas envie de savoir. La réponse, qu'elle soit oui ou non, ne changera rien.

— Que tu l'aimes ou pas, on s'en fiche, reprend-elle après un moment. Mais sur le papier, c'est ton mari. Il te doit du respect. Et si lui est incapable de te le donner, il va falloir que tu l'exiges.

— Comment ? dis-je dans un murmure.

Elle se redressa légèrement, me fixant intensément.

— Il te fait des trucs bizarres ? Il te menace ?

— Non, répondis-je, songeuse. Non, il ne m'a jamais menacée pour quoi que ce soit.

— Tu as peur de lui ?

— Pas vraiment... non.

Elle esquissa un sourire amusé.

— Alors pourquoi tu hésites à prendre ce qui te revient de droit ? Être une épouse, c'est un boulot à plein temps, tu sais.

Je tire la chasse sans bouger, mon esprit engourdi par ses paroles. Elle continue de fumer, ses traits illuminés par une lumière tamisée qui filtre à travers la porte entrouverte. Solaya a une force que je ne possède pas, une aura de résilience qui me fascine.

Elle m'invite à la rejoindre dans la baignoire. Après avoir ajusté ma culotte, j'enjambe ses jambes et m'assieds en face d'elle. Le froid de la céramique me fait frissonner, mais c'est une sensation agréable après la chaleur étouffante de l'appartement.

— Lyan m'a aussi trompée, commence-t-elle, sa voix plus douce maintenant. Je ne sais pas combien de fois, mais il me l'a avoué une fois. On s'est mariés très jeunes.

Elle fait une petite pause, comme si elle voulait rassembler ses pensées. Ses yeux semblent perdre leur éclat pour un instant, avant qu'un sourire doux ne vienne illuminer son visage. Elle pose son joint sur l'étagère près de la baignoire, les gestes légers, presque rêveurs.

— Vous vous êtes rencontrés comment ?

Sa tête se redresse légèrement, et elle me fait un jolie sourire , un vrai, rempli de nostalgie.

— Facebook . J'ai reçu une invitation et j'ai accepté. Il a liké mes photos... enfin, à l'époque on disait "j'aime". On a discuté pas mal de temps sur Messenger, et ça a tout de suite collé entre nous. Quand il est rentré à Jozy, on s'est vus pour la première fois dans un fast-food. Il était tout mignon mais il stressait comme pas possible.

Elle laisse échapper un petit rire qui adoucit son récit, et je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour.

— Une semaine plus tard, il m'a proposé de sortir avec lui, reprend-elle. Je l'attendais, cette proposition. Tellement que certaines nuits, je ne dormais même pas. Je passais des heures à imaginer notre premier rendez-vous, son sourire, ses gestes.

Un éclat dans ses yeux, une chaleur dans sa voix. C'est fascinant de la voir se plonger dans ces souvenirs, presque comme si elle y retournait en pensée.

— On est sortis ensemble pendant trois mois, et puis est venu le moment de son départ pour Londres. Mon copain allait se retrouver à l'autre bout de la Terre pendant neuf mois.... Neuf mois.... Je n'étais pas prête à l'attendre.

Elle marque une pause, son regard se perd dans un coin de la salle de bain. Puis elle reprend, plus doucement.

— Je lui ai proposé de rompre ce jour-là. C'était un 20 août. Je me souviens encore de tout ce que je lui ai dit. Il avait du mal à l'accepter, mais il a fini par céder. Il a insisté pour m'appeler un taxi une dernière fois. Le taxi s'est garé, il a donné mon adresse, réglé la course, et m'a ouvert la portière. Je me suis assise, et il a refermé la porte. Une fermeture douloureuse, comme un adieu.

Je m'imagine toute la scène au fil de ses mots, les détails me transportent.

— Au moment où le taxi allait démarrer, il a arrêté le chauffeur et s'est tourné vers moi. Et là, il m'a dit, mot pour mot : « So, tu m'attendrais si je devenais ton mari ? »

Elle rit doucement, comme si cette mémoire était à la fois douce et amère.

— J'étais complètement choquée par sa demande indirecte. Le chauffeur éteint le moteur aussitôt. Il a ouvert la portière et s'est mis à genoux près de moi. Tout le monde dans la rue s'est arrêté pour regarder. T'imagines pas la pression !
Son rire résonne dans la pièce, et je me détends à mon tour. Je m'adosse contre la baignoire et étends mes jambes près de sa tête, en l'écoutant attentivement

— Il a ramassé un bout de fil de fer sur le sol et l'a enroulé autour de mon doigt, poursuit-elle. Et il m'a juré qu'il reviendrait avec une vraie bague, mais qu'il voulait connaître ma réponse sur-le-champ.

Elle s'arrête pour rire, presque gênée. Je m'installe un peu plus confortablement dans la baignoire, mes pieds effleurant ses cheveux.

— Je n'ai pas vraiment réfléchi, avoue-t-elle. J'ai dit oui. Le chauffeur a démarré, et moi, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Je m'attendais à ce qu'il m'envoie un message pour dire qu'il avait changé d'avis, que tout ça n'était qu'un coup de folie , pour que je jette ce fichu fil de fer par la fenêtre. Mais non.

Elle marque une pause et me regarde avec un sourire malicieux.

— Le lendemain, il est venu très tôt chez moi pour rencontrer ma mère. Ils ont discuté, et il est reparti sans même venir me dire au revoir. Mon stress était à son comble, je me faisais mille films dans ma tête.

Elle éclate de rire toute seule cette fois, et je récupère son joint qui brûlait toujours doucement sur l'étagère.

— Ses parents sont venus la semaine suivante, et ma mère a commencé à comprendre que j'allais réellement me marier. En un clin d'œil, c'était fait : une vraie bague au doigt et un mari qui allait me quitter pour neuf mois dès la semaine suivante. C'était horrible... Ce n'était plus juste un copain que j'accompagnais à l'aéroport, c'était mon homme. Un vrai gamin à l'époque. Je te montrerai les photos quand on sera rentrées.

J'acquiesce en silence, fascinée par leur histoire.

— C'est juste cette partie qui est émouvante. Ensuite, il a vécu trois ans à l'autre bout du monde. On se voyait deux semaines tous les neuf et trois mois pendant les vacances. Il devenait de plus en plus homme à chaque fois qu'il descendait de l'avion. Les femmes s'intéressaient à lui malgré qu'il soit marié, et ça a entraîné disputes, crises de jalousie, et pleurs. On se disputait tout le temps, et puis un matin, j'ai su que j'étais enceinte .

Elle prend une longue inspiration, le regard plus grave.

— Dimitry est arrivé quelques mois plus tard . Mais au lieu qu' enfant nous aide à trouver un équilibre dans notre nouvelle vie, on s'est appliqués tous les deux à se déchirer. Et finalement, on en est arrivé à demander le divorce.
Je laisse échapper un « oh » de surprise. C'est difficile d'imaginer qu'ils aient eu envie de divorcer un jour, vu à quel point ils semblent proches aujourd'hui.

— Sois pas surprise, murmure-t-elle. À ce moment-là, il ne vivait plus vraiment avec nous. Il venait pour voir Dimitry ou pour laisser de l'argent. Nous avions disparu, sans laisser de trace . J'étais une nouvelle maman malheureuse et fatiguée .

Sa voix tremble, et une ombre passe sur son visage.

—Puis un jour......un jour, j'ai craqué. J'ai failli... j'ai failli brûler mon fils.

Sa voix tremble légèrement, et son visage trahit une douleur encore vive.

— Lyan m'a surprise ce jour-là. Il m'a enfermée dans la chambre toute la journée. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Le lendemain, c'est René qui m'a ouvert la porte. Elle a ordonné à Lyan de m'aider à me laver et à tirer mon lait. On est restés plus de deux heures dans la salle de bain. Je pleurais, et lui, il bouillonnait de rage. René lui avait interdit de crier sur moi. C'était mon seul sursis.

Elle s'arrête quelques secondes, ses souvenirs la submergeant.

— Après la douche, j'ai mangé. René m'a ordonné d'allaiter à présent. Lyan était contre le fait de me donner Dimitry, mais ça lui a coûté une gifle, et moi j'ai encaissé sa haine.

Elle marque une nouvelle pause, et le silence devient roi entre nous. Je ne sais pas consoler les gens, alors je me tais.

— Les bras tremblants, j'ai pris mon bébé et je l'ai nourri, sous son regard haineux. Dimitry, lui, était juste content de retrouver ma poitrine. C'était un bébé aussi mignon que joyeux. Dans l'après-midi, René nous a énoncé des règles à suivre. Elle se fichait qu'on ne s'aimait plus ou qu'on veuille divorcer. On était parents, et ça ne changerait jamais.

Elle soupire, le regard dans le vide.

— Ces règles ont régit notre quotidien pendant un mois sous sa surveillance. J'ai réappris à aimer mon fils, indépendamment de l'amour que je pouvais porter à son père. J'ai jonglé entre mon rôle de mère et mes études, même si je voulais tout arrêter. Ma mère et René étaient contre.

Son regard descend vers moi . En un instant elle chasse la lueur de tristesse et me sourit .

— Ne prend pas les choses comme ça . À l'époque, on s'aimait, mais on ne savait pas comment vivre ensemble. C 'était ça notre problème

En y repensant, René avait cette façon de vous confronter sans détour, comme s'il vous plaçait devant une évidence. Si Ryan et moi n'étions plus vraiment des étrangers l'un pour l'autre, c'était en grande partie grâce à elle. En deux semaines à peine, elle avait réussi à nous pousser à vivre pleinement notre mariage, comme si nous étions un couple depuis toujours. Et dire que je n'imagine même pas ce que ça aurait donné au bout d'un mois...

— Après ça , tout était redevenu calme dans la maison. Continue-t-elle. René allait et venait, habilement, pour nous laisser de l'espace. Puis, une nuit, il me l'a avoué. Avant même que je ne l'apprenne par d'autres. Avec une étrange sérénité, il m'a confié qu'il avait passé la nuit avec une autre femme. Je n'avais pas cherché à en savoir plus, mon cœur s'était fermé sur le coup. J'ai simplement ouvert la porte et l'ai mise dehors, sans éclat de voix, sans colère. Mais intérieurement, je m'étais effondrée.

Son regard fixé un instant le mien avec quelle qu'elle ne reprenne.

_ Je me rappelle encore des pensées qui tournaient en boucle dans ma tête cette nuit-là. Les mêmes pensées qui te traversent l'esprit à cet instant , que tout est de ta faute . Que si je n'avais pas sombré dans une dépression post-partum ou si je n'avais pas accouché....., les choses auraient pu être différentes. Dans mon désespoir, j'avais pris la décision de courir chez ma mère. Je ne voulais pas rester seule avec cette vérité, de peur de plonger à nouveau dans les abîmes. Mais cette fois, je n'étais plus seulement une femme ; j'étais une mère.

Elle s'effondre sûr la céramique mais son regard vif.

_ Ma mère, comme toujours, avait su quoi faire. Elle m'avait organisé une soirée entre femmes, entourée de ses copines. Elles étaient toutes plus âgées que moi, mais ce soir-là, j'avais réussi à me fondre dans la masse, cherchant à noyer mes pensées dans leurs rires et leurs discussions.

— Merci... Merci beaucoup, dis-je doucement, coupant Solaya pour la première fois.

Elle me répondit par un sourire radieux, sincère. Ce qu'elle avait fait pour moi, c'était comme ce que ces femmes avaient fait pour elle, comme si nous étions des sœurs. Une sœur et une mère que je n'avais jamais eues.

— C'est rien, Adeola. J'ai toujours rêvé d'avoir une petite sœur, répondit-elle avec tendresse. Tu tresses les cheveux de ma fille, alors pour moi, tu es de ma famille.
Je ris, un brin nerveuse.

— Ton critère de sélection est vraiment bas, plaisante-je.

— Mon fils veut aussi t'épouser, alors ça suffit largement, ricana-t-elle à son tour.

Nous éclatons de rire. Le bruit du mégot que je jette dans le petit panier métallique résonne doucement dans la pièce. Puis mon regard se pose à nouveau sur elle.

— Et après ? Comment as-tu fait ?

Elle reprit, son ton plus sérieux cette fois :

— Elles m'ont bourré le crâne avec toutes sortes de bêtises. Je te fais pas dire. À ce moment-là, on était déjà en instance de divorce. Je voulais signer, malgré ses efforts pour se racheter. Il était devenu doux comme un agneau à l'approche de Pâques.

On rit ensemble, sûrement aidées par l'herbe que nous avions fumée un peu plus tôt.

— Tu sais quoi ? J'en ai profité au maximum. Je le laissais dormir sur le canapé quand j'avais cours tôt. Je l'envoyais faire les courses lorsqu'il voulait passer du temps avec son fils. J'étais la méchante belle-mère de Cendrillon, et il obéissait sans broncher.

Elle marque une pause, perdue un instant dans ses souvenirs. Puis, un sourire un peu mélancolique sur les lèvres, elle ajoute :

— Mais une nuit... la conne que je suis a laissé son horloge biologique parler pour elle. Au lieu qu'il parte à mon retour, je lui ai proposé de rester. Ce soir-là, après avoir couché Dimitry, je l'ai entraînée dans la chambre . Ce soir-là, il m'a fait l'amour.

Solaya éclate de rire, un éclat franc et presque libérateur. Je reste figée, ne comprenant pas son expression.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demandé-je, légèrement gênée.

— J'ai envie de baiser, ricane-t-elle. Et comme par hasard, le matin du tribunal, j'ai fait un test de grossesse. Deux barres. Ewia était en route.

J'écarquillai les yeux.

— Sérieusement ?

— Oh oui, répondit-elle en riant. J'étais en colère noire. Je suis arrivée au tribunal, et je lui ai balancé le test à la figure. Moi, je bouillonnais de rage, mais lui, il riait. Il était heureux, le salaud.

Son ton oscillait entre amusement et nostalgie.

— On nous a mis à l'écart pour discuter, car nous n'étions plus seulement trois, mais quatre désormais. Il a recommencé son numéro, ses promesses à deux balles. Et comme la faible que je suis, j'ai accepté de ne pas divorcer. Mais j'ai gardé les papiers... juste au cas où.

Je souris, amusée par la tournure des événements.

— Alors, c'est pour ça qu'il se tient tranquille, conclus-je.

— Exactement .

Un éclat de rire nous secoue toutes les deux, un rire léger, complice, qui résonne contre les parois de la salle de bain.

— Tu veux savoir comment j'ai eu Danis ? me demande-t-elle.

J'acquiesce instantanément, piquée par la curiosité. Elle calme son rire en inspirant profondément avant de commencer :

— Je m'étais amusée à concocter un aphrodisiaque au labo et, comme je suis une lumière, j'ai décidé de le tester sur moi-même.

Elle marque une pause, l'air faussement dramatique.

— Et t'imagines même pas dans quel état il m'a trouvée dans notre chambre. Je t'épargne les détails, mais après ça, il m'a formellement interdit de ramener quoi que ce soit du labo à la maison, encore moins de tester mes expériences sur moi-même. Quelques mois plus tard... boom, j'avais encore un gros ventre. On voulait appeler le bébé Aphrodite si c'était une fille. Malheureusement pour lui , c'était un garçon.

On rit à nouveau, et j'imagine Danis avec un tel prénom. Son père aurait eu du mal à s'en sortir.

Le silence retombe doucement tandis qu'elle se lève un instant, me laissant seule dans la baignoire. La sensation tiède enveloppe encore ma peau, et je ferme un instant les yeux, savourant la fraîcheur de la céramique contre mon dos. Solaya revient rapidement et se recouche à côté de moi.

— Je suis allée vérifier si Ama était en vie , elle dort comme un bébé, me rassure-t-elle.

Je hoche la tête, le regard perdu sur le plafond. Un silence s'installe, doux et pesant à la fois . La fraîcheur de la baignoire m'aide à rester éveillée malgré la fatigue qui pèse sur mes paupières.

— Solaya... tu peux me parler de Ryan ? Il était comment avant tout ça ?

Elle soupire et se laisse glisser contre le rebord, sa peau effleurant brièvement la mienne.

— Je ne veux pas jouer les rabat-joie, mais Ryan a toujours été un homme à femmes. Elles défilaient comme il changeait de chemise.

Je soupire à mon tour. Rien d'étonnant. Après tout, il a tout pour plaire.

— Mais après l'histoire avec Emilliana, tout s'est arrêté, poursuit-elle. Emilliana était... sa différence. Ça se voyait. Un peu comme avec toi.

Je relève brusquement la tête, surprise par ses mots.

— Ça se voit qu'il t'apprécie , ça tu peu en été sur . Mais ça n'excuse pas ce qu'il a fait. Et cette Alice... qui couche avec le mec de sa meilleure amie et le revendique fièrement ?

Son ton s'élève légèrement sur ces derniers mots.

— La meilleure amie est morte, conclus-je simplement.

Solaya soupire et se redresse légèrement, une lueur de colère dans le regard.

— J'aurais dû la gifler quand elle a osé me donner des leçons, murmuré-je, amère.

Un rire bref et sans joie m'échappe.Qui remercie la maîtresse de son mari ? Seulement moi ?

— Non, contredit Solaya. T'étais classe, du début à la fin. Elle ne mérite pas que tu fasses un scandale. T'es notre beauté silencieuse.

Je souris tristement.

— Je suis surtout une pleureuse, plus qu'autre chose.

Je ris avec elle, le cœur un peu plus léger.

— Tu sais, si je n'étais pas venue au spa aujourd'hui... on aurait consommé notre mariage pour la première fois. Et peut-être que j'aurais été au plus bas en l'apprenant après.

Elle caresse distraitement mes orteils, et son regard ne trahit aucun jugement, seulement une forme de compréhension muette.

— Peut-être qu'il est avec elle, en ce moment. Comme je ne suis pas là pour remarquer son absence...

Un frisson me parcourt. L'idée me serre le ventre. Solaya s'appuie sur son coude, pensant à ce que je viens de dire. Puis, avec un sourire en coin, elle lance :

— Fais-lui regretter d'avoir un jour baissé sa culotte face à une autre femme.

Ses mots résonnent en moi.

— On s'en fiche si vous n'avez jamais couché ensemble, c'est entre vous. Mais aller voir ailleurs, ça, c'est contre les règles du mariage. Et tu te retrouves même en position de force.

Un instant, une idée germe dans mon esprit. Peut-être que je pourrais obtenir un divorce plus rapide avec ce motif ? Mais si ça se savait, il pourrait répliquer qu'on n'a jamais couché ensemble... Ce qui ne jouerait pas forcément en ma faveur.

Dans nos sociétés, tout le monde se fiche des sentiments d'une femme. On nous répète chaque jour que notre corps appartient à notre époux.

Ça me rappelle cette angoisse, ce soir où il a laissé ses doigts survoler mon sous-vêtement. J'avais eu peur qu'il ne l'incline simplement pour prendre ce qui lui revenait de droit. Mais il ne l'a jamais fait.

Je soupire face à cette pensée. Je lui cherche encore des excuses.

— Je ne sais pas comment, mais je vais lui faire regretter, promis-je à mon amie.

Elle me gratifie de son plus beau sourire, avant d'afficher une grimace d'excitation.

— Je te soutiens à dix milliards de pour cent ! Et si tu veux des infos, n'hésite pas à me contacter.

— Son frère ne t'en voudra pas ? Je ne veux pas te créer de problèmes...

Elle hausse les épaules avec un sourire assuré.

— T'inquiète. Si c'était eux, ils n'hésiteraient pas une seule seconde à se couvrir l'un l'autre. Alors nous aussi, on doit être soudées.

Je souris et accepte son aide. Des idées un peu diaboliques me traversent l'esprit, et je me laisse porter par mon imagination.

— Je connais une diseuse de bonne aventure, si tu veux lui reprocher aussi ses futurs agissements ? plaisante-t-elle.

— Pas mal comme idée, comment je—

— Viens, on y va tout de suite. J'ai envie de bouger.

Elle se lève d'un bond, mais je l'arrête en posant une main sur son bras.

— Solaya... on est ivres et on a fumé, lui rappelé-je.

Elle plisse les yeux comme si l'information avait du mal à s'imprimer dans son esprit.

— Si on se fait arrêter pour conduite en état d'ivresse, c'est rien. On a épousé les princes de cette ville. Un coup de fil et c'est fini.

— Sauf si c'est le Saint-Esprit qui nous arrête avant la police.

Elle cligne des yeux, réalisant l'absurdité de notre état, puis soupire.

— T'as raison... Ils ont pas d'autorité sur le Saint-Esprit.

Elle s'assoit en bordure de la baignoire et, sans prévenir, se laisse tomber sur moi. On rie tout les deux en même temps que nos ventres gargouillent en même temps.

Un long soupir nous échappe, et cette fois, on est d'accord sur une chose : il faut qu'on mange.

Elle m'aide à sortir de la baignoire et nous nous dirigeons ensemble vers la cuisine, en passant devant Ama qui dort paisiblement sur sa moquette.




NDA : vœux de ce soir : Avoir un histoire d'amour solide comme celui de lyan et solaya  ou tous au moins tombé sur une belle sœur comme solaya

Time to talk : Vos avis , Adeola pense à quoi de diabolique selon vous ?

Vote et merci au Republication sur TikTok et au vote .
À demain 22 h , pour l'épisode tant attendus

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