Chapitre XLI : Monsieur, mon mari ( parti 2 )

( démarrez la vidéo , détendez vous et bonne lecture)

Acte 3 : Vers l'inattendu....

Il m'aimait, je le voyais ; il m'aimait, je le savais, mais chaque mot qu'il disait semblait trahir tout le contraire.
Edmond Rostand






Adeola.



Ryan s'arrête devant une porte sans enseigne, l'ouvre d'un geste décidé, et me fait signe d'entrer. Je le suis sans poser de questions, intriguée. Une fois à l'intérieur, je découvre un magasin de CD à l'allure vintage, avec des étagères en bois débordantes de pochettes colorées.Un léger parfum de vinyle flotte dans l'air.

— Tu aimes la musique, affirme-t-il en sachant déjà la réponse.

J'hoche la tête avec un léger sourire, et il referme la porte derrière nous. Mon regard s'émerveille aussitôt en tombant sur une rubrique "Afropop" bien fournie. Sans attendre, je lâche sa main et m'approche pour parcourir les étagères, mes doigts glissant sur les boîtiers Je cherche ce qui pourrait me toucher, me transporter. Je cherche... Tems, voilà tout.

Ryan attrape un CD que je venais juste de reposer. L'artiste ne me dit rien.

— Tu connais ? demande-t-il en me tendant la pochette.

Je secoue la tête, curieuse.

Sans un mot, il sort la cassette et la glisse dans un vieux lecteur disposé à côté. Il me tend un casque, ses yeux scrutant mon visage, visiblement curieux de mon avis. Une douce mélodie commence, enveloppant mes oreilles. Je ferme les yeux et écoute attentivement, laissant la musique m'atteindre. Après une minute, je retire le casque et lui rends.

— C'est pas mal, dis-je, un sourire énigmatique sur les lèvres.

— Pas mal ? C'est le meilleur ! rétorque-t-il avec un sourire fier.

Je fais mine de bouder, prête à le contredire :

— Si c'est ça ton "meilleur", l'Afrique du Sud doit vraiment manquer de talent. Laisse-moi te montrer ce qu'on appelle de la vraie musique en Afrique de l'Ouest.

Je récupère un CD que j'avais mis de côté, glisse la cassette dans le lecteur et lui tend le casque. Pendant qu'il écoute, je fredonne intérieurement les premières notes d'un classique : Ojuelegba.

Lorsqu'il enlève le casque, il me lance un regard amusé.

— Pas mal, dit-il avec un sourire taquin.

Je lève un sourcil, amusée.

— En Afrique, on est les maîtres de cette rubrique, alors aucun commentaire ne va me vexer.

Il rit doucement avant de demander :

— Et selon toi, l'Afrique du Sud excelle dans quoi ?

Je fais mine de réfléchir avant de m'exclamer :

— L'amapiano, bien sûr !

Il soupire théâtralement, feignant le désespoir, ce qui me fait éclater de rire.

— Écoutez de la vraie musique, les enfants, lance-t-il avec un sourire moqueur.

— Et vous, les vieux, acceptez que vos goûts ne valent rien, rétorqué-je, malicieuse.

Il arque un sourcil et s'éloigne vers une autre section. Quelques instants plus tard, il revient avec une cassette et me remet le casque. Dès les premières notes, je reconnais la voix de Kendrick Lamar sur Be Humble.

— Hé ! Tu me vises, là ! protesté-je.

— Peut-être que oui, peut-être que non, répond-il en riant.

Je fais la moue, et son rire devient plus franc. Un employé de la boutique passe à côté, et je l'interpelle.

— Vous avez du Tems ? J'aimerais faire découvrir de la bonne musique à quelqu'un.

Elle acquiesce et pointe une pancarte indiquant Feminine Voice. Sans attendre, je saisis la main de Ryan et le traîne jusqu'à l'endroit indiqué. Là, je choisis un single au hasard, l'insère dans le lecteur et me tourne vers lui.

— Si tu fais un commentaire, je te boude, le préviens-je en souriant.
Son sourire s'élargit, et il s'installe pour écouter. Une fois la chanson terminée, il retire le casque.

— Je t'ai déjà entendue fredonner ça, murmure-t-il.

Je marque un temps d'arrêt, surprise. Ses yeux pétillent, et son sourire s'élargit. Je ne peux m'empêcher de rire avec lui.

— Tu veux prendre des CD ? demande-t-il.

— Qui achète encore des CD à notre époque ? Un simple abonnement Spotify suffit.

Il pousse un soupir dramatique en s'adossant à une étagère.

— Le vrai goût mérite d'être conservé, dit-il en croisant les bras.

Je finis par céder, attrapant deux ou trois CD. Ce ne sont pas forcément mes préférés, mais il y a tant d'artistes que j'admire. Ryan se dirige vers le comptoir pendant que je continue d'explorer. Mon choix s'arrête sur H.E.R.

La main de Ryan sur mon épaule me sort de ma contemplation.

— Tu as fini ? demande-t-il.

Je retire le casque et hoche la tête. Il me montre une boîte contenant deux vinyles avec un sourire satisfait.

— J'espère que tu as de quoi les lire, plaisanté-je.

— Bien sûr, répond-il avec assurance.

Dehors, l'atmosphère est vibrante, lumineuse, avec des rires et des klaxons qui résonnent. Ryan propose :

— Je connais un endroit qui vend des crêpes. Tu en veux ?

— Celles où le glaçage dépasse toujours la pâte ?

— Je ne compte pas te faire mourir de diabète, t'inquiète.

Nous marchons jusqu'à une échoppe bondée, où des jeunes, des couples, et même des familles attendent patiemment. Ryan me fait asseoir à une table pendant qu'il rejoint la file. Je sors mon téléphone, mais ne peux m'empêcher de l'observer. Il parle à la vendeuse, et tous deux se tournent un instant vers moi.

Je détourne rapidement les yeux, feignant de faire autre chose. Je finis par prendre une photo des CD avec la rue illuminée en arrière-plan, puis je poste un cliché de la rue sur Instagram, attendant les premiers likes.

— Tu veux devenir influenceuse ? ironise Ryan en revenant avec deux crêpes.
Je lève les yeux, croise son regard taquin, et range mon téléphone avant de saisir ma part. Il me tend sa veste :

— Mets les CD dans ma poche.

Je m'exécute, puis mords dans la crêpe, appréciant la combinaison parfaite de fraises et de chocolat.

— Pour quelqu'un qui disait vouloir éviter le diabète, tu n'as pas aidé, dis-je en riant doucement.

— Si ça arrive, je prendrai mes responsabilités.

Nous mangeons en silence avant de rejoindre un Uber. La soirée, douce et légère, s'efface derrière la vitre tandis que nous rentrons.

Je me laisse tomber sur le canapé du salon, retirant mes chaussures dans un soupir d'épuisement. Mes orteils me lancent légèrement, alors je les masse machinalement, savourant cette petite délivrance après une journée trop longue. Mon ventre bien rempli réclame un sommeil digestif. À défaut, je me contenterais d'un live du dimanche soir pour me laisser emporter sans réfléchir.

— Darling, viens voir ! — La voix de Ryan s'élève depuis le premier étage.

Je lève les yeux en direction des escaliers, hésitant. Mes chaussures à la main, je finis par m'y traîner sans grande envie. Une chose est sûre : une fois là-haut, je ne redescendrai plus ce soir.La montée se fait à pas lents, mes pieds nus rencontrant la fraîcheur des marches en bois.

Il m'entraîne dans son bureau. Pieds nus, je ressens la fraîcheur du sol sous mes pas tandis que j'entre dans la pièce impeccable. Tout est immaculé, méthodiquement rangé, comme si cet endroit était tiré d'un magazine d'architecture. Une telle perfection me donne presque envie de marcher sur la pointe des pieds, comme si je risquais de perturber l'harmonie.

Ryan s'affaire près de son bureau, une boîte entre les mains. Je m'approche doucement des cadres couverts de draps blancs, attirée par une curiosité involontaire.
La curiosité me pique. Je soulève légèrement un des draps, jetant un regard furtif vers lui pour m'assurer qu'il ne m'observe pas.

Mais il est concentré sur ce qu'il fait. Je rabats rapidement le tissu, tentant de résister à l'envie de regarder de plus près.

Sous les draps, quatre cadres reposent face contre le mur. Je tourne légèrement le premier et, à ma surprise, une exclamation me trahit.

Oh !

C'est une photo de nous deux, sûrement prise lors de notre mariage. Une vague de souvenirs confus m'envahit.

— C'est René qui a ramené ça, commente Ryan, sa voix brisant le silence et me faisant presque sursauter. Tu veux l'accrocher ?

Je secoue la tête, rapidement.

— T'as raison, c'est vraiment moche comme photo, ajoute-t-il avec un sourire indifférent avant de retourner à ses affaires.

Il se retourne vers sa boîte, et je détourne mon attention vers une autre cadre . Je retourne une deuxième photo, plus poussiéreuse cette fois. En essuyant légèrement la surface avec le drap, mes yeux s'écarquillent. Mon souffle se bloque.

C'est Ryan. Plus jeune, sans barbe, ses cheveux tressés en nattes simples. Il est allongé sur du sable, torse nu, son corps éclairé d'une lumière qui souligne chaque détail de ses traits. Mon regard s'attarde sur le tatouage familier sur son torse.C'est troublant.

— Tu fais du voyeurisme, darling ?

Sa voix amusée me sort brutalement de ma contemplation.

Je retourne immédiatement la photo, prise en flagrant délit. Mes joues brûlent, et je l'entends rire doucement derrière moi en se rapprochant.

— Attends, je vais te montrer le plus beau, dit-il en sortant un autre cadre de la pile.

Il essuie soigneusement la poussière avec le drap avant de me tendre la photo.

Cette fois, je reste sans voix. il est méconnaissable, presque irréel. Ses locks tombent sur ses épaules, et il est à nouveau torse nu. La lumière joue sur son corps, un subtil contraste de noir et blanc avec une lueur violette dans ses yeux. Le cliché , c'est une œuvre d'art, une fusion parfaite entre la sensualité et le mystère.

Un frisson me parcourt, et mon esprit se perd dans des pensées que je n'ose formuler.

— C'est Émy qui l'a faite, raconte-t-il doucement. C'était sa première œuvre originale de moi.

Elle avait du talent, pense je

Je reste figée, incapable de détacher mes yeux de la photo. Sa voix résonne doucement à mes oreilles, mais mon esprit s'embrouille.

Émy.

Je sens mon cœur se serrer à l'entente de son nom. Ses mots résonnent dans un étrange mélange de fierté et de mélancolie. Je me tourne vers lui, cherchant à déceler ses émotions. Mais il sourit, un sourire sincère et presque apaisé.

Est-ce qu'il l'aime encore ?

Cette question, aussi intrusive que soudaine, me remplit de honte immédiate. Pourquoi est-ce que je pense à ça ?Pourtant, la question persiste, elle tourne en boucle dans ma tête. Ryan, comme s'il avait lu dans mes pensées, sa main se pose doucement sur la mienne, me ramenant à l'instant présent.

— Adeola,je ne vais pas te mentir , dit-il, son ton sérieux contrastant avec son sourire sincère. J'ai aimé Emilliana. Mais je ne t'associe pas à elle. Tu ne combles aucun vide, Adeola. Tu es toi-même, et tu as ta place.

Je baisse les yeux, touchée par ses mots, me retrouvant à la fois émue et perdue. Une étrange chaleur monte en moi, et sans vraiment comprendre pourquoi, j'ai envie de pleurer. Ou peut-être de sourire. Pleurer pour qu'il me réconforte en me réfugiant dans ses bras, ou sourire pour lui montrer que je comprends, que je suis là.

La musique de son ordinateur change soudainement, emplissant la pièce d'un morceau de R. Kelly. Il attrape ma main et me tire doucement.

— Viens danser.

— Je ne veux pas danser, Ryan, protesté-je, secouant la tête.

Mais il m'entraîne malgré tout, un sourire malicieux sur les lèvres.

— Allez, je sais que tu peux danser maintenant. Je suis sûr que tu n'étais même pas née quand ce morceau faisait fureur.

— J'étais née, répliqué-je avec force plus que je l'aurai espère .

— Alors prouve-le, dit-il, son ton défiant.

Il me fait tourner, et malgré moi, un éclat de rire m'échappe, léger et cristallin. Je ne peux m'empêcher de céder à l'instant, glissant mes bras autour de sa nuque, même si mes pas maladroits peinent à suivre les siens. Ses mains trouvent mes hanches, fermes mais douces, guidant mes mouvements.

Nos sourires s'entrelacent, et le son de nos rires se mêle, emplissant la pièce d'une chaleur imprévisible. Mon pied heurte soudainement le sien, provoquant un cri de détresse exagéré de sa part qui me fait rire de plus belle. Je tente de me dégager, mais nos pieds s'entremêlent dans un chaos joyeux, et je manque de nous faire tomber.

Alors que nous retrouvons notre équilibre de justesse, une vague d'euphorie m'envahit. Je me raccroche instinctivement à lui, mes bras toujours enroulés autour de sa nuque. Il me regarde avec un mélange de moquerie et d'amusement, ses yeux brillants d'une lumière qui semble adoucir tout ce qui nous entoure

— Tu vois, tu sais danser, dit-il avec un sourire espiègle.

— N'en demande pas trop non plus, réplique -je, amusée.

— Oh, la prochaine fois, tu twerk, alors prépare-toi !

Je m'arrête pour éclater de rire, secouant la tête, incrédule. Mon rire finit par entraîner le sien, et la légèreté du moment nous enveloppe.

— N'y pense même pas ! dis-je entre deux éclats de rire. Je ne twerkerai jamais, même dans tes rêves les plus fous.

— Sérieux ? fait-il en affichant une mine faussement boudeuse.

Je prends la même expression que lui, ce qui déclenche une nouvelle vague de rires incontrôlables.

— ... Je garde espoir pour le twerk, dit-il finalement en haussant les épaules avec un sourire taquin.

Nos pieds s'emmêlent maladroitement au milieu de la pièce, et dans un mouvement spontané, il me fait tourner avant de me ramener contre lui. Un geste simple, presque anodin, mais chargé d'émotion.Nos regards se croisent, et dans cette proximité, je ressens quelque chose d'indéfinissable. Car lorsqu'on est attentif à l'autre, même le plus petit contact peut devenir bouleversant.

C'est tout aussi romantique que lors du mariage des Jones, mais cette fois, il n'y a personne. Juste nous deux, pieds nus, à la maison, avec pour DJ un ordinateur et un disque fraîchement acheté.

Nos rires s'estompent à mesure que les fautes diminuent , laissant place à une douce intimité. Je pose ma tête sur son épaule, et il resserre son étreinte.

Je crois que j'adore le parfum de mon mari.

j'adore quand Ryan le porte

J'adore ce parfum

Mon cœur bat à tout rompre, et mon estomac se noue agréablement. Pour un rien, je l'adore.

Il dépose un baiser léger sur ma tête, puis continue de me guider doucement sur les dernières notes de la chanson. On reste ainsi, enlacés, bercés par le moment.
La musique change, laissant place à une mélodie de afro-caribéen . Je tente de m'éloigner, mais il attrape ma main.

— Tu vas où ? demande-t-il avec un sourire amusé.

— Je ne sais pas...

— Chut... me coupe-t-il. Allez, tu peux le faire.

— Mais...

Il lève les yeux au ciel, exagérant une expression désespérée qui me fait rire.

— Quelle épouse froussarde j'ai... Allez, un, deux, trois... Un, deux, trois...

Je me laisse guider, suivant ses pas sans vraiment m'en rendre compte. Je ris de nouveau, sentant une légèreté m'envahir. Lentement, mes doigts quittent les siens, et il me laisse danser seule, m'observant avec attention, son regard rempli d'une tendresse que je n'ose pas décrypter.

— Parfait pour aller en boîte de nuit maintenant, plaisante-t-il.

— Hé ! protesté-je en tendant les mains vers lui.

Il rit, reprend mes mains dans les siennes, me fait tourner sur moi-même avant de me ramener contre lui, cette fois de dos. Je me laisse aller à ce mouvement fluide, ses mains dans les miennes me donnant l'illusion d'avoir les bras croisés.

Je sens ses lèvres effleurer mon cou, et un frisson me traverse. J'essaie de m'éloigner, mais il me retient doucement.

— Tu as peur des suçons maintenant ? murmure-t-il à mon oreille.

Je tourne la tête vers lui, souriant légèrement avant d'acquiescer, un peu gênée. Il imite mon geste, amusé.

— Tu n'apprécies plus que je t'embrasse, c'est ça ?

— No.. ! m'empresse-je de répondre en rougissant furieusement.

Son rire chaud résonne près de moi, et il me fait tourner pour que je lui fasse à nouveau face. Son sourire taquin ne me quitte pas, mais je croise les bras, déterminée à ne pas céder.

— Tu es imprévisible, dis-je finalement.

— Et toi, coquine, rétorque-t-il avec un sourire en coin.

Je fais un « oh » de surprise, mes lèvres se scellant aussitôt pour ne pas tomber dans son piège. Le silence s'étire, lourd mais maîtrisé. Je soutiens son regard, décidée à ne rien laisser transparaître.

— Je vois... murmure-t-il enfin, sa voix glissant comme une caresse à peine audible.

Voici une version améliorée et immersive avec une transition fluide :

Je laisse échapper un « oh » de surprise, m'arrêtant juste à temps pour ne pas tomber dans son piège. Je pince les lèvres, préférant rester silencieuse, résolue à ne pas céder à son jeu.

— Je vois... souffle-t-il, hochant doucement la tête, une ombre de sourire flottant sur ses lèvres.

La musique continue, mais il ne semble plus y prêter attention. Avec une aisance calculée, il s'approche du canapé tout proche et s'y installe, son regard toujours ancré sur moi. D'un geste délibéré, il tapote ses genoux, m'invitant sans un mot.

— Viens. Tu me dois un baiser, dit-il d'une voix basse, presque douce, mais teintée d'un défi à peine voilé.

Je hausse les sourcils, le défiant à mon tour.
— Non, je ne te dois rien du tout, rétorqué-je avec une assurance feinte, bien que mon cœur batte à tout rompre.

Il lève les mains, feignant une capitulation dramatique, son sourire moqueur toujours en place. Je croise les bras, satisfaite, et me dirige vers la porte sans un regard en arrière.

— Bonne nuit, Ryan, murmuré-je doucement avant de disparaître dans ma chambre.

Il ne bouge pas, me laissant partir, mais je sens son regard qui brûle encore dans mon dos. Je referme la porte derrière moi, un soupir s'échappant de mes lèvres, et m'appuie contre elle comme si elle pouvait me protéger de lui.

La lumière tamisée de la chambre éclaire faiblement les murs, projetant des ombres dansantes qui semblent murmurer ses mots. Je reste immobile, mon souffle court, incapable de calmer les battements désordonnés de mon cœur.

Je ferme les yeux, mais la chaleur de son regard, la profondeur de sa voix, et l'ombre de son sourire s'infiltrent dans mes pensées. Je revois son geste, la manière dont il avait tendu la main, comme si tout cela n'était qu'un jeu dont il connaissait déjà l'issue.

— Arrête, Adeola, murmuré-je à moi-même, ma voix tremblante, presque suppliant.

Je secoue la tête, mais l'écho de ce moment persiste, s'accrochant à moi comme une brume tenace. Je m'approche du lit, mes gestes mécaniques, cherchant désespérément à détourner mon esprit. Pourtant, ses mots me hantent encore, et ce regard... ce regard qui semblait percer à travers mes défenses, refuse de disparaître.

Il me faut une douche.

Je me déshabille rapidement et ouvre le robinet, oubliant encore une fois de mettre un bonnet. L'eau chaude ruisselle sur mes épaules, mais je soupire en réalisant l'ampleur de ma distraction : je vais encore perdre une éternité à sécher mes tresses. Tout ça à cause d'un homme... un homme maudit, qui s'enveloppe de parfums si envoûtants que je ne peux penser à autre chose.

En sortant de la salle de bain, une brise légère effleure ma peau encore tiède, mêlant fraîcheur et frisson. Minou surgit dans l'obscurité, miaulant doucement et se frottant contre ma jambe. Je m'arrête, me rappelant que je l'avais totalement oublié, et je caresse distraitement sa tête.

Je descends les escaliers pieds nus, mes cheveux encore humides collant légèrement à ma nuque. L'air nocturne s'infiltre dans ma chemise de nuit légère, faisant danser le tissu contre mes jambes. Chaque pas sur le bois du vieil escalier semble amplifié dans le silence de la maison. Un bâillement m'échappe, étirant ma fatigue jusque dans mes os.
Au bas des marches, une lueur inattendue attire mon regard. Une lumière vacillante provient du salon, projetant des ombres tremblantes sur les murs. Mon rythme s'accélère.

J'aperçois l'écran d'un téléphone abandonné sur la table basse. Mon souffle se suspend, et mes pas ralentissent instinctivement. À mesure que mes yeux s'habituent à la pénombre, une silhouette masculine se dessine, affalée dans le canapé. Ryan.

Je m'arrête à la dernière marche et, d'un geste rapide, j'allume une lumière tamisée. La douce clarté rompt l'obscurité sans brutalité, mais elle suffit à révéler ses traits. Il lève la tête vers moi, un verre vide à la main, son expression étrangement détendue. Pourtant, quelque chose dans son attitude, peut-être dans cette immobilité calculée, suggère qu'il me cache quelque chose.

Ses yeux sombres captent immédiatement les miens, comme s'il m'attendait.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demandé-je finalement, ma voix à peine audible, juste pour briser ce silence oppressant.

Un sourire narquois étire ses lèvres. Il lève son verre, un geste paresseux mais chargé de cette ironie qui me rend folle.

— J'attends, dit-il, avec une lenteur déconcertante. J'attends la visite d'une femme merveilleuse. Une qui, peut-être, daignera m'offrir un baiser, puisque la mienne refuse obstinément.

Je fronce les sourcils, le fixant, mon agacement refoulé à peine dissimulé.

— Très drôle, Ryan.

Mon ton est plat, mais à l'intérieur, mon cœur s'emballe encore.

J'entre dans la cuisine et attrape une boîte de thon que je vide dans la gamelle de Minou. Il se précipite dessus, ses miaulements se transformant en petits bruits de mastication pressée. Pourtant, même dans ce moment anodin, une sensation étrange me parcourt. C'est comme si un regard insistant pesait sur moi, glissant sur ma peau nue encore fraîche de la douche. Je me retourne brusquement, mais il n'y a que l'ombre des meubles, immobiles dans leur silence nocturne.

Quand je reviens au salon, Ryan est toujours là, cette fois assis un peu plus redressé son dos appuyé contre le canapé, une main posée négligemment sur l'accoudoir. Ses yeux sombres trouvent immédiatement les miens, et je sens une chaleur furtive monter à mes joues. Peut-être devrais-je remonter directement me coucher... L'idée de l'affronter, même dans le calme apparent de la nuit, me semble insurmontable. Pourtant, avant que je puisse me détourner, sa voix grave rompt le silence :

– Viens par ici.

Il tapote doucement l'espace à côté de lui sur le canapé. Je reste immobile un instant, hésitant, mais il continue de me regarder avec cette assurance tranquille qui rend mes refus inutiles. Je finis par m'approcher et m'asseoir, en veillant à maintenir une certaine distance entre nous. Mes mains se nouent sur mes genoux, trahissant ma nervosité.

— Qu'est-ce qu'il y a, Ryan ? murmuré-je finalement, rompant le silence oppressant.

Il pose lentement son verre sur la table basse,se tournant lentement vers moi. Son visage soudain plus sérieux. L'ombre des lampes tamisées dessine des contours nets sur ses traits, accentuant son regard perçant. Quand il se penche légèrement vers moi, son parfum mêlant des notes boisées et une subtile trace d'alcool effleure mes narines ni désagréable ni oppressant.

— Je veux comprendre, Adeola, dit-il, sa voix basse résonnant doucement entre nous. Quels sont tes doutes par rapport à moi ?

Ses mots tombent comme une enclume, brisant mes défenses. Mon souffle s'accélère légèrement, mais je lutte pour garder un semblant de contrôle. Mon regard croise le sien, et je sens que mentir serait futile.

— Je... Ce n'est pas toi. C'est moi, je doute de tout ça...

— Tout ça ? répète-t-il en inclinant légèrement la tête, son ton à la fois intrigué et patient.

J'avale difficilement, mes doigts se crispent sur le tissu léger de ma chemise de nuit.

— Notre mariage... Ce que tu ressens, ou plutôt... ce que tu ne ressens pas. Je ne sais pas où je me tiens avec toi.

Un silence lourd s'installe, seulement troublé par le faible bourdonnement du réfrigérateur dans la cuisine. Ryan finit par se tourner entièrement vers moi, ses yeux cherchant les miens.

— Écoute-moi, Adeola. Je ne prétends pas être parfait . Et peut-être que je ne te donne pas tout ce que tu mérites. Mais je suis là, avec toi. Je ne veux pas de cette distance entre nous.

Sa voix s'adoucit, et quelque chose en moi vacille.

— Si tu veux me tenir à l'écart, je ne te retiendrai pas. Mais dis-moi le pourquoi.

Je détourne le regard, mes yeux trouvant refuge sur le mur face à nous. Le cadre de la télé, légèrement incliné, semble presque nous observer. Les souvenirs de notre journée ensemble me reviennent malgré moi : le restaurant, la balade, la boutique de CD... Des instants simples, mais étrangement agréables.

Sa main effleure ma joue, me forçant doucement à tourner la tête vers lui. Sa paume est chaude, et ce simple contact enflamme un nœud de chaleur dans mon ventre.

— Si tu ressens ne serait-ce qu'un fragment de ce que je ressens, dis-le-moi, murmure-t-il. Mais ne garde pas tes doutes pour toi.

Mon souffle se bloque. Ses yeux sombres capturent les miens, et je suis incapable de détourner le regard. Pourtant, mes yeux dérivent un instant vers ses lèvres.

L'embrasser ?

Cette pensée me traverse avec une intensité déconcertante, et mon cœur tambourine dans ma poitrine. Trop longtemps pour être innocente, cette hésitation n'échappe pas à Ryan.

— Tu regardes mes lèvres, murmure-t-il, un léger sourire en coin.

— Non, je...

Ma voix se brise lorsqu'il se penche légèrement, réduisant l'espace entre nous.

— Laisse-moi essayer, Adeola, chuchote-t-il, son souffle effleurant ma peau.

Je ne bouge pas. Peut-être est-ce la fatigue, peut-être la sincérité dans sa voix, mais lorsque ses lèvres effleurent les miennes, une chaleur douce et envahissante s'empare de moi.

Son baiser est lent, patient, presque timide au début. Mais quelque chose de plus intense se cache sous cette douceur. Mes mains trouvent ses épaules, tremblantes, et je m'accroche à lui comme si cela pouvait m'ancrer dans ce moment irréel.

Quand il recule légèrement, nos visages restent proches, son souffle chaud caressant ma peau.

— Tu vois, ce n'était pas si difficile, murmure-t-il avec un sourire qui semble presque tendre.

Je hoche la tête, incapable de parler. Mais ce n'est pas suffisant pour moi. Je m'approche de lui, mes paupières se fermant instinctivement. Sa main trouve ma taille, m'attire à nouveau. Cette fois, je ne réfléchis plus, je m'abandonne à cette intimité brûlante, consciente que ce jeu dangereux pourrait me coûter plus que je ne l'imagine.

Lorsque nos lèvres se séparent à nouveau, je sens une différence en moi, un changement subtil mais puissant. Ryan pose sa main sur ma joue, ses yeux brillants d'une lueur que je ne lui avais jamais vue auparavant.

— Tu es pleine de surprises, murmure-t-il, un sourire en coin.
Je détourne le regard, mes joues en feu.

— Peut-être que toi aussi, dis-je doucement.

Son rire grave résonne doucement, enveloppant la pièce d'une chaleur inattendue. Cette fois, je ne fuis pas. Je reste blottie contre lui, ma tête reposant sur son épaule, laissant la nuit nous couvrir d'un voile fragile mais apaisant.

Avec la ferme résolution de rester à la limite du possible... ou de l'inévitable.








NDA : nous voici

     J'aimerais avoir votre avis sur ce chapitre; en principe je ne contrôle pas trop mon imagination, je me laisse distraire et j'écris
   Et pour celles qui demandent le début de la vraie romance, je crois que la romance à déjà commencé ou je sais pas trop dites moi ce que vous en pensez. Il est l'aube chez moi alors bye
N'oublie pas les like et les commentaires.

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