Chapitre XI:how-are-you ?



( démarrez la vidéo, baissez le volume et détendez vous . Bonne lecture)

Acte2 🟤:  Lutte intérieure et les non-dits





« Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit. »
Mark Twain










Ryan.

La route défile sous mes yeux, mais ma concentration vacille sous la tension qui pèse lourdement dans la voiture. Le silence est presque palpable, interrompu seulement par le ronronnement de mon moteur. Mon regard reste fixé sur la chaussée, tandis que je tente de maîtriser la rage qui gronde en moi.

— Que ce soit la dernière fois que tu mets les pieds chez moi, murmuré-je, la voix basse et tranchante .

Je ne tourne même pas la tête vers elle, mais je sens son regard se poser sur moi, cherchant une faille dans ma façade glaciale. Elle hésite, puis se lance, l'audace teignant ses mots.

— Depuis quand venir chez toi pose problème ? demande-t-elle, la tension dans sa voix trahissant sa nervosité. C'est à cause d'elle ?

Sa question résonne dans la voiture. Je prends une inspiration, profonde, lourde de reproches que je peine à contenir.

— Elle ? Oui, c'est à cause d'elle, répliqué-je, ma voix glaciale tranchant l'air .

Je peux sentir sa surprise, presque tangible dans l'air devenu encore plus épais. Elle fronce les sourcils, tentant de comprendre l'ampleur de la situation.

— C'est pourquoi tu étais obligé de me traîner dehors devant elle ?

Le feu passe au rouge, et je m'arrête brusquement. Je pivote lentement vers elle, mon regard la clouant sur place.

— Alice , lâché-je, ma voix inflexible. C'est la dernière fois que tu parles de ma femme sans la vouvoyer, même dans mon dos.

Le choc se lit sur son visage, ses traits se figent. Elle n'a jamais vu cette facette de moi, du moins pas avec cette froide détermination. Elle tente une défense désespérée, sa voix vacillant entre la colère et la jalousie.

— Qu'est-ce qu'elle a de plus que moi ? ose-t-elle demander, la voix teintée d'une vulnérabilité qu'elle peine à dissimuler. Dites-moi ? Tu nous baisées toutes les deux ?

Ses mots, chargés de ressentiment, me percutent, mais je reste impassible. Il le faut.

— Elle ? Elle est ma femme, elle porte mon nom, rétorqué-je avec une froideur . Qu'importe que je te baisée, tu lui dois un respect irréprochable. Et peu importe que la terre soit en train de brûler, tu attends que je me pointe au bureau. Suis-je clair ?

Sa bouche s'ouvre, prête à répliquer, mais elle se ravise, consciente que la moindre parole de plus pourrait sceller son sort. Je sens sa résignation, une petite victoire qui laisse néanmoins un goût amer dans ma bouche.

— Oui... je ne le ferai plus, murmure-t-elle .

— Très bien, dis-je en relâchant légèrement la pression sur le volant. Maintenant, explique-moi l'affaire plus en détail.

Elle prend une inspiration avant de se lancer dans son explication, sa voix maintenant plus docile, plus prudente.

— Le personnel dit qu'au début, la cliente se plaignait du coût. Ensuite, elle a mentionné une légère irritation.

— Et malgré tout ça, elle a quand même acheté ? demandé-je, ma voix redevenue calme, presque détachée.

— Oui, avant de revenir avec... l'accusation, continue-t-elle, sa voix se faisant plus ténue à chaque mot.

— Tu as préparé une entrevue avec elle ?

— Oui

Je hoche la tête, laissant un soupir m'échapper. Cette affaire est mineure, sans importance, mais il faut la régler avant qu'elle ne devienne un problème plus sérieux. Je relâche l'accélérateur, la voiture glissant avec une fluidité retrouvée.

Le reste du trajet se fait dans un silence lourd, seulement rompu par le grondement du moteur, m'emportant vers mon planning de la journée .






Le soir venu , je me retrouve dans le bureau de mon frère, jouant distraitement avec une balle de baseball. Je la lance contre le mur, la rattrapant à chaque rebond, le rythme régulier me permettant de me recentrer. Mon téléphone vibre sur mon torse . Encore des messages de Lala. Elle persiste à me contacter, malgré tous mes efforts pour la bloquer. Rien n'y fait.
    Elle cherche toujours un moyen de m'attendrît , mais je ne tombe plus dans son piège. J'en avais assez avec note père.

Je fais défiler ses messages sans les lire, puis m'arrête sur celui d'Adeola.

De Adeola :

*Le code, c'est 112233. C'est ce que j'ai pu trouver.*

    Je me demande comment s'est passé son entretien. L'idée de contacter la directrice du magazine pour m'assurer qu'Adeola ait une chance m'a effleuré l'esprit , mais je me retiens. Cela semble lui tient vraiment à cœur. Peut-être qu'elle a besoin de le faire par elle-même.
Mais si nécessaire, j'improviserai. Ses qualifications sont solides, bien plus qu'elle ne le croit, et je sais que sa famille s'attend à ce qu'elle atteigne un niveau de carrière digne de leur nom.
J'ai moi-même fait semblant d'oublie qu'elle devrait travailler avec moi pour ne pas l'avoir perpétuellement sous mes yeux.

— Toi, tu ne devrais pas rentrer voir ta femme ? interrompt mon frère, étalé sur son fauteuil avec un sourire narquois.

— Et toi, tu ne devrais pas aller retrouver les tiens ? répliqué-je, sans lever les yeux de mon téléphone.

— Solaya est sur les nerfs en ce moment , je me fais petit . Autant éviter de la contrarier, rétorque-t-il, une pointe de désespoir dans la voix.

Je laisse échapper un léger rire.

— Vive la vie conjugale, plaisanté-je, mais je note le froncement de sourcils qui suit.
Il est clairement agacé.

— J'ai envie d'aller au Karaba, soupire-t-il, un air abattu peint sur son visage.

Cela me fait sourire.

— Tu veux que je t'y emmène ? proposé-je, amusé par sa détresse.

Il me lance un regard désespéré, ce qui m'arrache un éclat de rire. S'il veut tant y aller, pourquoi ne pas simplement emmener Solaya avec lui ?

— Hé, j'ai une idée. Si on y allait à quatre, toi, moi, Solaya, et Adeola ? propose-t-il soudainement, son ton se faisant plus enthousiaste.

Je secoue la tête, mon sourire s'évanouissant.

— Oublie Adeola et moi. Va avec ta femme, répliqué-je, tranchant .

— Rabat-joie. Tu devrais faire attention que Papa ne remarque pas que tu le mènes en bateau, prévient-il, mi-sérieux, mi-taquin.

— Si tu fermes ta gueule, cinq ans, ce n'est pas la fin du monde, rétorqué-je, fermant la discussion.

— En cinq ans, tout peut arriver, murmure-t-il, pensif.

— Rien ne va se passer, affirmé-je en me levant, mettant fin à la conversation.

Je lui renvoie la balle qu'il attrape sans effort.

— Passe une bonne soirée, et dis bonsoir aux trois diables de ma part, ajoute-je en quittant la pièce.

— J'ai envie de les vendre, ces temps-ci. Un conseil : ne fais pas d'enfants, marmonne-t-il alors que je me dirige vers la porte.

— Ça risque pas, répondis-je en riant.

   Je quitte le bureau avec un sourire en coin, prenant l'ascenseur jusqu'au parking. Mon estomac commence à me rappeler qu'il est temps de manger. Alors que je m'approche de ma voiture, une autre voiture, juste devant moi, clignote ses phares. C'est Alice. Je l'ignore, faisant mine de ne rien avoir vu, et monte dans ma propre voiture. J'ai trop faim pour m'engager dans une nouvelle dispute stérile .

Elle doit comprendre que son comportement est inutile. Adeola n'est l'ennemi de personne, certainement pas le sien.

De retour chez moi, je retrouve Adeola dans le salon, au téléphone. Elle raccroche rapidement en me voyant entrer.

— Bonsoir, me salue-t-elle avec une douceur teintée de timidité.

— Bonsoir. Comment s'est passé l'entretien ? demandé-je, le ton adouci.

Un sourire éclaire son visage, une première pour moi ,malgré ses efforts pour rester sérieuse. Elle semble apaisée, comme si un poids venait de s'envoler.

— J'ai été reçue, mais comme je n'ai pas d'expérience réelle, je dois faire un stage d' un mois pour voir si je progresse, dit-elle, visiblement contente.

— C'est bien. As-tu besoin de quelque chose ? proposé-je.€

Elle secoue la tête, presque trop rapidement.

— Non, non, j'ai tout ce qu'il me faut, répond-elle .

— D'accord, dis-je en montant les escaliers pour regagner ma chambre.

Je me change rapidement et redescends.
Le salon est vide, elle a dû remonter dans sa chambre. J'entre dans la cuisine, mon ventre réclamant son dû. J'ouvre le frigo, notant sa rigueur. Chaque fois qu'elle utilise quelque chose, elle le remplace. Je l'apprécie, même si cela me monte à quel point elle est méticuleuse, je ressent à peine un quelconque changement .
     Mes restes de pizza d'hier trainaient dans le fond alors que deux Tupperware sont posés  au dessus , probablement ses restes. L'idée de les prendre me traverse l'esprit, mais je me ravise.

Je sors quelques légumes, un pain plat, de la viande, et des assaisonnements avant de refermer le frigo. Je sors les ustensiles nécessaires et commence à cuisiner, me perdant dans les gestes simples et répétitifs. La cuisine se remplit peu à peu des arômes apaisants du repas.

Préparer mon propre repas me ramène à une réalité qui m'avait échappé : depuis que je suis soit disant « marié », je dois cuisiner moi même si je veut manger fait maison .
Autrefois, ma mère , Solaya ou les femme de ma famille prenaient soin de moi, s'assurant que j'avais toujours de quoi manger. J' avais toujours un truc à réchauffé qui traînais dans mon frigo pas juste des pizzas surgelées . Mais ces jours-là semblent désormais bien lointains .

  C'est peu être l'une des raisons pour le quel , ils tenaient tand à ce que je sois marié .

  Je soupire , verse un filet d'huile dans la poêle, le crépitement de la viande me ramenant à l'instant présent. Je chasse ces pensées de nostalgie et me concentre sur ce que je maîtrise : cuisiner, apaiser cette faim qui me tenaille, et préparer la suite.





                   La semaine passa, apportant un rythme inédit. Elle n'était plus là chaque soir à mon retour, comme c'était le cas il y a quelques semaines. Parfois, elle rentrait après moi, parfois avant, puis disparaissait aussitôt pour se coucher.

       Allongé sur le canapé du petit salon attenant à mon bureau, je fixe le plafond, absorbé par mes pensées. Soudain, j'entends la porte de mon bureau s'ouvrir doucement. Les bruits de talons qui claquent sur le parquet me font me redresser. Je m'attends à voir mon frère, prêt à me lancer une nouvelle provocation, comme à son habitude. Mais c'est Alice. Je pousse un soupir fatigué et lui fais un geste de la main, lui indiquant de partir. Pourtant, elle s'avance malgré tout.

Elle sort une bouteille de son sac et la pose sur la table. Je fronce les sourcils en reconnaissant le whisky. C'est le sien, celui qu'elle aime tant, et chaque gorgée évoquerais des souvenirs partagés.

  — Pourquoi as-tu amené cette bouteille ?  Demande je .

Ma voix est marquée par l'irritation.

—C'est pour m'excuser de la dernière fois,  dit-elle, sa voix brisée par la tension.

— Je ne veux pas de tes excuses. Pars.

   Elle tombe à genoux près de moi, son visage marqué par une tristesse palpable. Je fronce les sourcils, je déteste ses genres de mise en scène.

  —  Je suis désolée, Ryan. Je sais que j'ai réagi de façon excessive. Je ne voulais pas venir, et je ne le ferai plus... J'ai juste peur que tu l'oublies , que tu m'abandonnes....

Je la coupe, ma voix glaciale.

—  Arrête. Laisse-la en dehors de ça. Elle n'a rien à voir avec ton comportement déplacé.

Alice baisse la tête, ses épaules se secouant légèrement.

— D'accord, je comprends que c'était déplacé. Mais j'avais peur que tu m'oublies, que tu me laisses seule.

Je soupire intérieurement, me lève du canapé, la regardant d'un regard dur.

— Et maintenant ?

— Je resterai à ma place, murmure-t-elle, la voix à peine audible.

— Et où est ta place ? je demande, la tension dans ma voix palpable.

Elle me fixe, les yeux emplis de désespoir, hésitant à dire ce qui lui déchire le cœur. Mais je ne cède pas, elle doit accepter si elle veut qu'on continue , ou qu'on en restes là.

—C'est auprès de l'homme qui me baise de temps en temps, murmure-t-elle, le visage défait.

— Très bien. Lève-toi. Que ça ne se reproduise plus.

    Elle hoche la tête, les larmes aux yeux, et se redresse. Je lui fais signe de s'asseoir à côté de moi sur le canapé. Elle obéit, et je prends trois verres, ouvrant la bouteille de whisky qu'elle a apportée. Je nous sers tous les trois, comme avant. Elle prend son verre, moi le mien, et nous trinquons en silence.

—  Je suis allée au cimetière l'autre jour, dit-elle, la voix tremblante. La pierre tombale a été refaite.

— Oui, l'autre se dégradait, réponds-je, une note de douceur dans ma voix.

—  J'ai remplacé tes fleurs par les miennes, de très belles tulipes, ajoute-t-elle, son regard s'illuminant brièvement.

— J'espère qu'elles étaient fraîches... murmure-je.

— Elle déteste les fleurs sèches, dit Alice en riant légèrement, et je ris avec elle.

   Le whisky et les fleurs fraîches étaient tout ce qui pouvait faire battre son cœur. Les souvenirs affluent, lourds de nostalgie.

La vibration de mon téléphone sur la table interrompt ce moment de mélancolie. C'est un message d'Adeola, m'informant qu'elle a fini sa journée. Mes parents nous ont invités à dîner chez eux. Je lui réponds que je vais partir immédiatement.

Alice soupire en voyant mon expression changer. Elle a clairement lu le message. Je pose mon verre sur la table et referme la bouteille.

— Tu t'en vas déjà ? ,demande-t-elle, la déception dans la voix.

— Oui, réponds-je simplement.

Elle mord sa lèvre inférieure, évitant de commenter. C'est mieux pour elle. Je tente de ramasser les verres, mais elle m'arrête.

—Vas-y, je vais ranger, dit-elle.

     Je me lève, ajuste mes vêtements, et lui jette un dernier regard. Nos yeux se croisent, elle me sourit faiblement. Je m'avance vers la porte, en sors, et ma secrétaire, toujours à son poste, me souhaite une bonne soirée. Je lui rends son salut.

   Je m'arrête devant le building du magazine et appelle Adeola. Elle raccroche rapidement, et je sens un coup léger sur ma vitre. Je débloque la portière et l'ouvre pour elle. Elle monte, referme la portière, et attache sa ceinture.

— Bonsoir, dit-elle, la routine dans la voix.

— Comment ça va ?  je demande, cherchant à introduire un peu de variété dans notre interaction.

— Bien, répond-elle, juste au moment où je reprends la route.

    Le silence entre nous est confortable, dépouillé de toute prétention. Elle ne réclame rien, ne se fait pas remarquer. Elle pourrait disparaître sans laisser de trace, et cela ne me dérangerait pas. C'est mieux ainsi, chacun reprendra sa route comme si de rien n'était, à la fin de tout cela.

   Les portes de la propriété familiale s'ouvrent, révélant la lumière qui éclaire l'intérieur. Les préparatifs sont visibles, ma mère adore faire les choses en grand, même si elle n'accueille que deux ou trois invités. Je l'ai vue préparer des dîners de famille assez souvent pour savoir qu'elle prend plaisir à recevoir.

   Je jette un coup d'œil à Adeola, qui semble calme. Je soupire, éteins le moteur, enlève ma ceinture et ouvre ma portière. Elle fait de même. J'enlève ma veste, déboutonne mes manches et les replie. Quand je l'approche, elle attrape mon bras, et nous nous dirigeons vers l'entrée.

   Ma mère nous accueille avec chaleur, le sourire aux lèvres, et nous conduit à la terrasse où la table est magnifiquement dressée. Des plats colorés décorent la table. Dimitry et Ewia, mes jeunes neveux, se précipitent vers moi, se disputant pour être pris dans mes bras. Je les soulève tous les deux. Ewia se serre contre mon cou, se plaignant de la barbe qui la pique, tandis qu'ils continuent leur bataille dans mes bras. Leur mère rappelle que leur rivalité pourrait causer ma mort .

Je reste silencieux, sachant bien que je suis leur oncle préféré. La tendresse que j'éprouve pour eux me permet d'accepter leurs caprices. Je dépose Dimitry à sa place, boudeur, et Ewia, qui refuse de descendre malgré les menaces de sa mère. Je caresse la tête du plus jeune, Dany, qui est timide mais cache un petit pyromane en lui, capable d'exploits surprenants.

Je pose Ewia sur ma chaise à la gauche de mon père , et prends place près d'Adeola. Mon père sourit en nous voyant.
Nous ne nous parlons plus depuis mon mariage, et cela reste inchangé. Le dîner se déroule et je me contente d'observer. Ma mère et Solaya forcent Adeola à participer à leur discutions , posant des questions et demandant son avis sur tout. Elles doivent avoir remarqué son anxiété.

Adeola donne l'impression d'avoir vécu en marge, se contentant de rester en retrait.

— Alors Ryan, j'ai entendu dire que ta femme travaille ? demande mon père, brisant le silence entre nous

Je le fixe, puis fais comme si je n'avais pas entendu. Si c'est là son plan pour me provoquer, il se trompe. J entend mon frère et ma mère éclaté de rire.

Mon père soupire et se tourne vers Adeola.

— Alors, ma petite, comment ça va au travail ?

— Ça va, dit-elle, un peu gênée. Ça fait juste une semaine que j'ai commencé.

— J'espère que tes collègues se comportent bien avec toi. Sinon, n'hésite pas à me le dire, je pourrais acheter ce magazine pour toi.

Elle secoue la tête, touchée par la franchise de mon père.
— Non, non, ce n'est pas nécessaire. C'est inutile.

—  Il n'y a rien d'inutile. Tu es ma fille maintenant, et je ferai tout pour te rendre heureuse. Et si jamais mon fils se conduit mal avec toi, préviens-moi.

Je reste silencieux, laissant mon père dans ses élucubrations. Pour le moment, il semble plus préoccupé à divertir la galerie qu'à vraiment m'atteindre .

Le dîner s'étire, ponctué par les sous-entendus acérés de mon père et les réprimandes bienveillantes de ma mère. La table, autrefois abondante, se vide peu à peu des plats colorés après que les femmes se lèvent, les couverts à la main, pour ranger avec l'aide des domestiques. Il ne reste plus que nous trois à table : mon frère, mon père et moi.

Mon frère, avec un sourire en coin, brise le silence pesant.

— Sérieusement, tu viens de battre ton propre record de silence ce soir.

Je laisse échapper un sourire imperceptible.

— Je n'avais pas trouvé l'utilité d'ouvrir la bouche.

Les yeux de mon père se plissent d'agacement.

— Bon, d'accord, j'abandonne. Combien de temps vas-tu m'en vouloir ?

Je le fixe, détaché, avec une froideur calculée.

—Jusqu'à ce que j'oublie.

Il soupire profondément, se lève avec une résignation visible.
—Tu me remercieras un jour. Et ce jour-là...

Mon frère s'esclaffe.
— Je serai là avec mon téléphone pour immortaliser le moment en réel.

Les mots de mon frère résonne sur la terrasse , mêlé aux soupirs de mon père qui s'éloigne, visiblement irrité. Nous avons toujours pris plaisir à jouer de sa patience. Alors que mon frère et moi éclatons de rire, la tension accumulée se dissout dans la légèreté de notre complicité.

Je consulte ma montre : il est tard. Je me lève, suivis par mon frère. Nous nous dirigeons vers la cuisine, où les voix animées des femmes se mêlent aux bruits des domestiques s'affairant.

— Vous voilà enfin, s'exclame ma mère en nous voyant, les mains chargées de plats à ranger. Avez-vous fini d'énerver votre père ?

Mon frère, avec une malice enfantine, répond :

— Il s'est dégonflé.

Ma mère, un sourire malicieux aux lèvres, ajoute :

—Vous savez que mon mari n'est plus tout jeune. Si vous le tuez, je récupère vos épouses.

Je pose ma main sur l'épaule d'Adeola, la rapprochant de moi.
— En attendant qu'il ne meure, moi je récupère ma femme, dis-je en regardant ma mère.

Adeola se tourne vers moi, ses yeux exprimant un mélange de soulagement et de fatigue. Je lui fais un signe discret, lui indiquant que nous devons partir. « On y va, » lui dis-je doucement.

Ma mère, tentant de nous retenir, dit :
—Vous pouvez passer la nuit ici, si vous le souhaitez. Ta chambre est toujours prête.

Je secoue la tête.

—Aucune envie.

Mon frère, amusé, lance :
— Tu ne demandes pas l'avis de ta femme avant ?

Je tourne les yeux vers Adeola, qui secoue la tête avec un sourire .
— Vous voyez, on rentre chez nous, dis-je avec fermeté.

Adeola salue les enfants, leurs voix encore pleines de vie et leurs câlins affectueux réchauffant l'atmosphère. Elle adresse un dernier sourire à ma mère avant de me suivre jusqu'à la voiture. Je lui ouvre la portière avec un geste protecteur, et elle s'installe avec un soupir de soulagement. Je fais de même, et le moteur démarre, le grondement du moteur semblant chasser les derniers échos de la soirée.

Nous rentrons chez nous, chacun se dirigeant vers sa chambre, la douceur de la nuit englobant notre foyer. La journée se dissout lentement, laissant place à un calme apaisant, alors que nous nous laissons aller à la tranquillité de notre espace privé.

Bonne journée.

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