Chapitre 5


PDV Emma

Ok Emma, calme toi.

Tu lui as juste fait un "compliment".
Tu as juste "sympathisé" un peu avec lui.

Et.

Tu l'as juste maté comme une folle, vraiment en manque. Laissant bien-sûr, retenir ton regard sur quelques endroits.

Et merde.

Pourquoi ai-je fait ça ?
Pourquoi, juste au moment où j'ai entendu dire qu'il était dans l'armée, mon cœur s'est mit à accélérer ?

On ne va pas le nier, ce mec est vraiment, vraiment, vraiment très attirant. Il a un truc qui fait que tu es obligé de te retourner s'il passe par là.

Physiquement pas mal. Vraiment pas mal... Grand, très grand. Cheveux noirs corbeaux, yeux bleus hypnotisant. Petite barbe de trois jours. Et ne parlons pas de son sourire.

Mais en plus, savoir qu'il s'est engagé dans l'armée et également, qu'il est devenu caporal, m'a fait un truc. Déjà qu'il m'avait quand même fait de l'effet hier, alors là, on peut dire que ça a doublé.

Bon, je sais, j'aurais peut-être pas dû réagir comme ça hier...En même temps, quand quelqu'un me voit pour la première fois, en train de me balancer de poutre en poutre, c'est normal qu'il ait cette réaction.

Pour moi c'est très normal. Mon père m'a tellement entraîné étant petite, que j'ai obtenu de très bonne capacités physiques, sans me vanter.

Mais bon, je comprends un peu mieux maintenant. Il est dans l'armée, il protège les autres. Il a juste voulu faire ça, hier.

Disons que juste... je me suis laissée un peu emporter.

Mais !

Je me suis excusée, donc tout va bien !

Emma la bonne sainte, on aura tout vu.

Quand on se parle, je ne sais comment l'expliquer, mais il y a un truc entre nous. Je suis obligée de le rembarrer et en plus, monsieur ne se laisse pas faire, puisqu'il réplique à chaque fois. On pourrait dire qu'une sorte de jeu s'est installée entre nous. Au fond, il n'est pas méchant. Il faudrait juste que je sache une chose : son prénom.

J'essayerais d'en savoir plus si monsieur ose revenir au café. Disons qu'avec les deux cruches qui ne cessaient de le mater, ça va être un peu compliqué pour lui.

Enfin bon, je verrais bien.

Il faudrait d'ailleurs que je demande à mon père s'il le connaît. Il a encore de nombreux contacts dans l'armée et je pense qu'il serait apte à m'aider...
**

Les deux cruches venaient enfin de partir, me laissant donc seule avec Crystal pour le service. Je bénis ce jour comme jamais : Vendredi.

Le seul jour où ces deux folles partaient plus tôt. Et à chaque fois, la gente masculine se fait plus présente, juste après leur départ.

Je pense qu'ils ont pigé le truc.
Bien les gars, bien.

– Emma chérie, tu peux prendre ma place pour servir les chocolats chauds, s'il te plait ? Je dois m'absenter une trentaine de minutes environ pour aller récupérer quelque chose. Ça ne te gêne pas, j'espère ? me demanda subitement ma Crystal adorée.

– Bien-sûr que non, voyons. Je plains juste ceux qui oseront demander un chocolat chaud. Les miens sont très loin d'être à ta hauteur, répondis-je en lui souriant.

– Ne t'en fait pas ma chérie. Du temps que tu n'empoisonnes personne, tout va bien, répliqua-t-elle, un petit clin d'œil accompagnant ses paroles.

Je laissai échapper un rire et quelques minutes plus tard, Crystal partit donc.

Je commençai plus tard à débarrasser quelques tasses, ramasser la monnaie et aussi servir les clients présents. J'étais en train de nettoyer le peu de vaisselle, quand une voix grave m'interrompit :

– Un café s'il vous plaît.

Mon corps frissonna légèrement, avant que je ne me retourne pour croiser ses prunelles bleus remplies de malice.

– Je vais finir par croire que vous me suivez, dis-je sans tarder.

– Je n'oserai pas, voyons. Je passais juste par là et je me suis dit pourquoi ne pas aller voir cette magnifique serveuse.

Je ne sais pas si cela était un compliment sincère ou juste une vanne. Cela n'empêchait guère mes joues de se recouvrir d'une fine teinte rouge.

– Oh, vous parlez de la blonde ? Ou bien encore de l'autre blon... Ah j'oubliais, ces filles sont exactement les mêmes.

Il parut amusé de ma réponse, puisqu'il lâcha un petit rire.

– C'est vrai que niveau maquillage, elles ont fait haut. Je présume que vous ne les portez pas dans votre cœur ? demanda-t-il, en jouant un peu avec sa chaîne autour de son cou.

– Pas du tout. Elles sont juste là pour draguer, draguer et ah, j'oubliée, draguer. Enfin bref, je ne suis pas trop là pour me faire des amis, surtout avec ce genre de personnes.

– Je vois, je vois. Au fait, un espresso me suffira, s'il vous plaît, continua-t-il, en regardant la machine à café.

J'hochais simplement la tête et commençais donc à lui préparer son café. Je le lui donnais quelques minutes plus tard et il me remercia poliment. Je partis ensuite débarrasser les quelques tasses, avant de revenir à ma place. Étrangement, il ne cessait de me dévisager et de regarder tous mes faits et gestes.

– Sinon j'avais une question qui me trottait dans la tête, repris-je, en m'asseyant en face de lui.

– Je vous écoute, répliqua-t-il, une gorgée de son café avalée.

– Je pense que vous devez savoir mon prénom, vu les nombres de fois que l'on m'a appelé. Mais moi, je ne sais pas le votre. Ce serait impoli de ma part de vous le demander ?

– C'est vrai qu'en effet, je connais le votre. J'ai un jeu pour vous. Si vous devinez mon prénom, je vous donne un petit pourboire. Au contraire, si vous n'y arrivez pas, vous dînez avec moi un soir et je ne paye pas le café.

– Dites-moi plutôt que vous avez oublié votre porte-monnaie, ça ira plus vite, hein.

Il laissa échapper un rire pour la deuxième fois, qui cette fois me laissait pour trace quelques brefs frissons sur ma peau.

– Mauvaise joueuse, c'est ça ? reprit-il, les yeux pétillants.

– Pas du tout, on commence quand vous voulez, soufflais-je.

– Alors, c'est partit. À vous l'honneur, répliqua-t-il, en s'appuyant sur sa paume de main.

– Au fait, indice pour vous. Mon prénom commence par la lettre O, rajouta-t-il, quelques secondes plus tard.

– Oscar ? demandais-je directement.

Il secoua la tête de droite à gauche pour signifier mon échec.

– Oliver ? continuais-je.

Encore une fois le même geste.

– Octave ?

– J'ai une tête à m'appeler Octave ? ricana-il, tout souriant.

– C'est ça, alors ! rétorquais-je excitée.

– Raté, répondit-il simplement.

Génial...

Quel idée aussi d'appeler son fils par la lettre O  ? J'en connais pas des masses, merde !

– Hum... Omar ?

Il secoua la tête comme les fois précédentes.

– Il vous reste cinq minutes, reprit-il soudainement.

– Eh mais attendez ! Nous n'avions pas parlés de ça !

– Oups. On dirait que j'en n'ai parlé qu'avec moi-même. Pas grave. Quatre minutes désormais.

Je poussai un petit râle, tout en continuant à chercher son fameux prénom.

– Oh mon Dieu ! Olaf ! Comme dans la reine des neiges, c'est ça ?! m'écriais-je d'un coup.

Il se donna une petite tape sur le visage, plus précisément le front, avant de prendre la parole :

– N'importe quoi. Qui oserait appeler son enfant comme ça ? Pas croyable...

– Ce n'est donc pas ça ? soupirais-je.

– Non.

Bon sang, mais c'est quoi à la fin ?

– Deux minutes et treize secondes, me coupa-t-il de mes pensées.

Punaise...

– Hum... Oulakancha ? questionnais-je.

– Vous venez d'inventer ce prénom, je ne me trompe pas ? rétorqua-t-il, un sourire moqueur aux lèvres.

J'haussais les épaules, ne sachant même pas s'il existait ou non.

– Temps écoulé ! s'exclama-t-il, tout content.

– C'est pas vrai... râlais-je.

– Puisque vous avez mis autant de persévérance, je paye le café avec un petit bonus. Par contre, vous me devez un dîner, dit-il, les yeux pétillants de bonheur.

– Je compte bien dîner avec vous sachant que c'était le gage. Mais pouvez vous au moins me dire votre prénom ? pestais-je.

– Owen, répondit-il cash.

Je le regardais et vit qu'il abordait un petit sourire en coin.

– Owen ? Vraiment ? Je ne connaissais pas... dis-je, en réfléchissant.

C'est vrai, je n'avais jamais connu de personnes portant ce prénom. Pourtant j'aimais bien ; ça sonnait pas mal et je trouvais que cela lui allait plutôt bien.

– Je te laisse mon numéro, je t'appellerai plus tard, reprit-il, avant de commencer à se lever.

Attendez.
Repassons la cassette.
Il vient de me tutoyer, là ?

– Vous venez, enfin tu...

– On se connaît un peu maintenant. Je pense que nous avons passé le cap de total inconnu. Et puis, je préfère largement te tutoyer, sachant que tu dois avoir à peu près mon âge, me coupa-t-il.

En effet.
Très bon raisonnement.

– C'est vrai... Bon bah tiens, une feuille et un stylo pour écrire ton numéro, continuais-je, avant de sortir ces deux objets.

Il écrivait rapidement les quelques chiffres et me fit ensuite glisser le papier. Il sortit ensuite des pièces afin de payer son café, plus mon petit bonus.

– Bon allez, on se revoit bientôt. Salut ! s'exclama-t-il en me lançant un magnifique sourire, suivit d'un clin d'œil.

Je le scrutais, avant qu'il ne disparaisse du café. En me laissant seule derrière le comptoir.

Eh bien...
Emma, je crois que tu viens d'obtenir un rencard !

Et plus précisément, un super méga rencard !

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