Chapitre 45
– Allez Owen ! Encore dix pompes ! cria mon paternel, à fond dans le jeu.
– Non, encore vingt ! renchérit celui d'Emma, lui aussi content de ce « jeu » inventé il y a quelques instant.
Le jeu est simple.
Si je faisais dix pompes : j'avais le droit d'embrasser Emma devant eux.
Si je faisais vingt pompes : je pouvais repartir avec elle ce soir et non la laisser chez son père.
Si je faisais trente pompes : nos pères ne débarqueraient pas du jour au lendemain chez nous, sans prévenir personne. Et dire qu'ils comptaient vraiment faire ça, la blague...
Et si je faisais quarante pompes...
On a continué, continué, pour enfin arriver au stade des 100 pompes. À la base ce n'est pas si dur que ça, e faire autant de pompes. Mais je crois que le père d'Emma avait bien fait exprès, de préparer une bonne raclette. Il m'en avait remis à chaque fois, pour « prendre des forces ».
Tu m'étonnes.
Je comprends très bien, maintenant...
Si je réussissais les cent pompes, j'avais le droit à...
Ce qu'on arrête enfin avec ces stupides testes à la noix et... aussi le droit de demander Emma en mariage, plus tard. Ma brune avait manqué de s'étouffer en entendant cela. Normal, j'avais presque eu la même réaction.
Mais me voilà donc à terre, en train de réaliser les cinq dernières pompes manquantes. Je suis complètement essoufflé et cette stupide raclette me le rappelle très bien.
– Trois Owen ! s'exclama mon père, en me fixant encore.
– Putain... soufflais-je, en continuant encore ce stupide jeu.
– Dix de plus pour le gros mot ! Si tu veux faire des enfants avec ma fille, on oublie les mauvais mots ! répliqua immédiatement le paternel d'Emma, les sourcils froncés.
Dix pompes plus tard, mon supplice arrivait enfin à sa fin. Nos deux pères levèrent leurs mains en l'air, leurs pouces également. Emma se précipita vers moi, une bouteille d'eau à la main.
– Personne n'est mort, c'est le principal, chuchota-t-elle, en essuyant mon front avec une serviette de table.
– Je vois une lumière blanche, là, soufflais-je, encore et toujours à terre, mais cette fois couché au sol.
– T'es bête. Mais soit content, ton supplice est terminé, rétorqua-t-elle, en déposant un léger baiser sur ma joue.
J'avoue que je n'ai pu réprimer un grand sourire face à la mine déconfite du père d'Emma.
Et ouais.
On peut s'embrasser quand on le veut, désolé !
Après quelques minutes, je me relevais et pris place sur le canapé. Mon père avait un regard rempli de fierté, tandis que le paternel d'Emma était en train de me fixer.
– Je pense que c'est bon désormais. Tu es officiellement accepté dans la famille, dit-il soudainement, un sourire en coin.
Et dire qu'il m'avait dit ça il y a quelques jours plus tôt... On est toujours bon pour une deuxième officialisation, n'est-ce pas...
Emma me rejoignit ensuite, posant aussitôt sa tête contre mon épaule. Elle entrelaça nos doigts, toujours sous le regard intense de nos géniteurs. Elle se tourna légèrement vers moi, avant de commencer à parler :
– Merci pour ce que tu as fait. Je suis sûre qu'un autre mec n'aurait même pas été capable de faire ce que tu as fait, jusqu'à présent. Ça me fait plaisir. Plaisir de voir que tu tiens plus que tout à moi, pour endurer ces choses-là.
– Je t'aime, répliquais-je immédiatement, avant de sceller nos lèvres.
Et oui. Je n'abandonnerai pas de si tôt. Je la veux avec moi. J'endurerai les choses. Car après tout, je suis trop amoureux de ma brune.
– On se calme quand même les jeunes ! Emma, viens m'aider à préparer la table ! Christian, occupe toi de ton gamin ! reprit le paternel d'Emma, venant de rompre ce moment.
Ma brune laissait échapper un rire, amusée par la situation, puis partit ensuite rejoindre son père dans la cuisine. Quant à mon super géniteur, il s'avança vers moi, en posant aussitôt une main sur mon épaule.
– Beaucoup d'hommes auraient abandonné. Ça se voit. Tu es vraiment amoureux d'elle. Et elle aussi. Bien joué, fiston. Fais ton maximum pour la garder avec toi. Une fille comme ça, ne passe pas tous les jours, dit-il, le même sourire en coin que moi.
– Merci d'accepté notre relation. Même si tu as eu des différents avec son père, ça me fait plaisir de voir que la hache de guerre est enfin enterrée, continuais-je, en lui rendant son sourire.
Que ne fut pas notre surprise, quand nous avions vu, à peine rentrés à l'intérieur de la maison, deux hommes entrain de se tirer les cheveux.
Nos pères.
Ils s'étaient connus à l'armée et à ce qu'ils nous avaient dit et expliqués, ils étaient ennemis. La face d'Emma, ainsi que la mienne, s'était littéralement décomposée. Nos pères étaient ennemis ; super l'ambiance. Mais heureusement, Dieu étant avec nous ce soir, tout s'était bien passé. Ils s'étaient expliqués quant à la fameuse histoire qui les avait rendu ennemis. Voilà donc qu'ils étaient réconciliés.
Mes pensées furent subitement coupées par un portable vibrant dans la pièce. D'ailleurs, c'était le mien.
– Désolé, je dois répondre, dis-je à l'intention de mon père, avant de le récupérer.
Le nom affichait sur l'écran, ne me disait rien de très bon...
**
La fin du dîner s'était très bien passé, malgré les quelques enguelades de nos pères, pour certaines broutilles du passé. Emma avait bien vu que quelque chose me tracassait, étant donné que je ne parlais presque plus.
Nous étions désormais dans la voiture, une ambiance plutôt pesant régnant dans l'habitacle. Le trajet se termina enfin après un silence monstre. Rentrés à l'intérieur de notre appartement, Emma se retournait aussitôt, les bras croisés contre la poitrine, les sourcils froncés.
– Dis-moi ce qu'il se passe et Owen, n'essaye pas de me mentir, dit-elle sur un ton très sérieux.
Je soupirais, triste de ce que j'allais lui annoncer.
– Owen !
Il fallait qu'elle le sache. C'était obligé. Mais pour moi, c'était juste trop tôt...
Beaucoup trop tôt...
– Je repars en mission, lâchais-je enfin, en redoutant plus que tout sa réaction.
Emma se décomposa un peu, ne s'attendant sûrement pas à ça. On m'avait appelé quelques semaines plutôt pour m'annoncer que je repartirai dans environ six mois en mission.
Je croyais avoir le temps de plus profiter, mais de ce que j'avais entendu tout à l'heure au téléphone, je n'avais plu le temps...
Emma inspira, avant d'elle aussi me demandait ce que je redoutais le plus :
– Combien de temps ?
Trop long.
Beaucoup trop long.
- Onze mois.
**
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top